Paroisses de La Bouilladisse – La Destrousse – Peypin – Belcodène

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samedi 21 juillet 2018

8 Juillet - 14ème Dimanche du Temps Ordinaire


« Un prophète n’est méprisé que dans son pays », cette parole du Seigneur dans l’évangile de ce dimanche est une constatation, constatation qui concerne notre nature humaine blessé par le péché, blessé en la confiance et en l’espérance qui nous font bien souvent défaut. Car que ce soit pour les gens de l’époque du Christ ou que ce soit pour nous aujourd’hui près de deux mille ans plus tard, nous pouvons constater que la nature humaine demeure essentiellement la même. Hier comme aujourd’hui la parole du Seigneur est toute à fait vraie : « un prophète n’est méprisé que dans son pays ».
Pourquoi, pourquoi ce mépris ? Et bien tout simplement car nous confondons bien souvent le message et le messager. Si nous connaissons le messager, si nous le connaissons en ces défauts et en ses faiblesses, si nous connaissons ses erreurs de jadis et bien dès lors, tout ce que ce messager pourra dire sera entaché de son histoire défaillante c'est-à-dire de son histoire humaine. Ainsi, quelle que soit la nature du message, le messager est inaudible à cause de ses errements passés.
Et cela va même plus loin car en revenant en l’évangile et en considérant le Christ comme messager, nous ne pouvons trouver dans la personne du Christ aucune défaillance, aucun péché, aucun errements mais pourtant, sa parole est rejetée tout simplement parce que les gens pensent le connaître. Les gens connaissent ses parents, sa famille ainsi le Christ ne peut surprendre car il appartient à une lignée et ne peut s’en extraire, ne peut étonner, ne peut pas porter une parole qui dépasse cette réalité d’appartenance.
Ce que montre cette réalité c’est ce défaut inhérent à notre propre fonctionnement, ce défaut qui consiste à mettre chaque personne dans une case bien définie, qui consiste à faire de la personne quelqu’un que nous cernons et qui ne peut dépasser les frontières que nous lui avons subjectivement fixées. Ce défaut est une erreur en de nombreuses dimensions. Tout d’abord, réduire la personne à ce que nous en connaissons cela revient tout d’abord à considérer que notre jugement quel qu’il soit est juste, totalement juste. Je pense que telle personne est comme ceci alors tout est dit. Et c’est ici, dans ce jugement péremptoire que va naître la médisance, la médisance qui naît au moment où l’on va partager le jugement que l’on a posé sur telle ou telle personne. La médisance qui est bien une maladie de notre humanité dans le déballage de jugement à l’emporte pièce qui alimente tous les commérages possibles et bien souvent sans aucune réalité objective. Mon jugement de l’autre s’établi sur ce que je pressens, sur ce que je ressens, je proclame mon ressenti qui se transforme peu à peu en ressentiment condamnant l’autre, ressentiment qui se propage et condamne l’autre dans le microcosme qui est le mien.
 Allons même plus loin, j’ai vue telle personne volée dès lors cette personne est une voleuse, un point c’est tout. Un acte est posé et cet acte devient qualifiant de l’ensemble de la personne qui l’a posé. Dans l’ordre de la justice et de la responsabilité c’est vrai, mais nous ne sommes pas de ceux qui devons rendre la justice qui ne se rend d’ailleurs que dans un prétoire. Pour nous, comme pour le juge d’ailleurs il nous faut essayer de rechercher les circonstances d’un tel acte, circonstances qui ne seront peut-être pas à la décharge de celui qui l’a posé, mais circonstances qui permettront de saisir le mouvement éthique de l’acte c'est-à-dire l’élan qui a conduit à un tel acte. Rien que ça, combien de fois prenons nous réellement le temps de le faire alors qu’il est si pratique de montrer un certain pouvoir en condamnant ouvertement un tel ou un tel.
Quoi qu’il en soit de tout cela, le Christ nous invite à une autre vision de la réalité, à une autre vision de la personne humaine. En effet, dans le respect de la justice et de la prise en compte de la responsabilité, nous sommes tous invités à condamner le péché sans condamner le pécheur, je répète, nous sommes tous invités à condamner le péché sans condamner le pécheur. Condamner le péché, pas de souci de ce côté-là, un acte est mauvais si sa matière est mauvaise, si les circonstances ne le dédouanent pas de son poids moral, si la volonté était claire, si la liberté était sauvegardée. Déterminer qu’un acte est mauvais cela requiert un certain discernement mais reste relativement aisé. Ainsi, après avoir effectué ce discernement nous pouvons considérer qu’un acte est mauvais mais cela ne doit pas nous conduire à une condamnation sans possibilité de rédemption. C'est-à-dire qu’il nous faut toujours garder à l’esprit qu’une personne ne se réduit pas aux actes qu’elle pose, garder à l’esprit que toute personne peut changer, garder à l’esprit que la conversion demeure une réalité de notre identité humaine.
Prenons un exemple en la personne de St Paul ? St Paul lui qui avait participé à l’assassinat de St Etienne, lui qui persécutait les chrétiens, il aurait très bien pu être condamné pour cela et pourtant il devint un des plus zélés apôtres du Seigneur allant jusqu’à livrer sa propre vie !
Ainsi il ne s’agit pas de considérer qu’aucun acte est mauvais, nous ne sommes pas au pays des bisounours, il ne s’agit pas non plus de considérer que la justice ne doive pas s’exercer dans son pouvoir de coercition, il s’agit tout en reconnaissant la gravité des actes posés, en laissant la justice faire son œuvre, il s’agit de permettre à la personne de retrouver le chemin du Bien, permettre à la personne de découvrir son Seigneur et Sauveur et dès lors de s’enraciner dans la vertu. La miséricorde se moque du jugement en ce sens où la miséricorde rejoint la personne dans sa réalité et l’appelle à changer de vie dans la reconnaissance du Christ Sauveur.
Et pour des matières plus légères dans l’ordre de la médisance, il s’agit de ne pas prêter foi à nos propres jugements qui sont bien souvent emprunt de nos propres forces et de nos propres faiblesses, ne pas prêter foi à nos propre jugement et rejoindre l’autre dans ses défaillances pour le soutenir dans le chemin de la vertu et de la sainteté. La médisance condamne et invite la société à faire de même, le chrétien lui rejoint l’autre dans sa grandeur, ses potentialités et son mystère, pour le relever, l’aider à avancer et à progresser.
Le jugement péremptoire condamne l’autre en le réduisant à n’être que ce que nous en percevons, conduit à placer l’autre dans une case, l’espérance permet à l’autre d’exister par delà ce que j’en comprends et en saisi, certain que chaque personne humaine peut devenir expression de la présence de Dieu qui me dépasse et dépasse toute chose.
Et pour revenir à l’Evangile, le manque de discernement peut évacuer le message en considérant les faiblesses du messager ; la Foi, quant à elle, voit au-delà des apparences et perçoit la grandeur du message malgré les faiblesses du messager.
Alors bien chers amis, il ne nous reste plus qu’une chose à faire, demandons au Seigneur de nous faire devenir véritablement chrétien c'est-à-dire  que notre Foi nous conduise à chasser de nos vies tout jugement péremptoire, tout jugement à l’emporte pièce, à chasser de nos vies toute médisance, et que notre Foi nous conduise à vivre porté par la volonté d’aider toute personne à être relevée par la miséricorde et à vivre du Christ Sauveur, à voir en chaque personne humaine un être aimé de Dieu qui désire le rejoindre et le sauver car c’est bien en cette manière d’agir et de vivre que nous serons véritablement chrétien. La Foi nous enseigne que Dieu ne nous a pas condamné mais qu’Il nous a sauvé à notre tour, ne condamnons pas mais conduisons chaque personne à se laisser sauver par le Christ.
Amen.


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