En
ce dimanche, alors que les jeunes de nos paroisses vont s’avancer pour la
première fois pour recevoir le très saint corps du Seigneur, il est bon que
nous ressaisissions ensemble la réalité immense de la communion eucharistique.
Dimanche
dernier, nous avons reçu le miracle eucharistique de Noël 2013 comme un signe
de la réalité de la présence du Seigneur en son eucharistie. Redisons le haut
et fort en ce dimanche, en chaque eucharistie c’est Dieu Lui-même qui se fait
pain et qui se fait vin et ce n’est pas une manière de parler mais bien la
réalité de la présence de Dieu. Dieu est là dans le pain et le vin consacré ;
Dieu se donne à nous en communion pour
que nous demeurions en Lui, pour que nous soyons éclairés et portés par sa
présence, pour que nous vivions de sa vie, de sa grâce et de ses secours.
Ô
comme il est parfois malheureux, ô combien cela doit attristé le bon Dieu, que
de voir certains de ses enfants faire la première communion puis ensuite
l’ignorer, pour ensuite le remplacer par le tennis, la danse, le judo ou le
football. Comment préférer ces activités de loisir à Dieu Lui-même ? Dieu
désire nous nourrir de sa vie, nous nourrir de Lui et certains lui préfèrent
des futilités. Oh en nous disant cela je ne porte pas une accusation mais je
sombre dans la tristesse car écarter Dieu revient à constater que Dieu n’a pas
une réelle place dans la vie de ceux qui pourtant l’ont reçu au moins une fois.
Et j’entends bien souvent le fameux petit refrain du je suis croyant non
pratiquant et bien moi je suis nudiste non pratiquant. Sans rire vous percevez
avec moi qu’il n’est pas possible d’être croyant non pratiquant car comment
croire que Dieu est véritablement là, présent dans la tabernacle, comment
croire que Dieu se donne à nous en la Sainte Communion pour nous faire vivre de
sa vie et ne pas prendre le temps de Le recevoir. La formule « croyant non
pratiquant » n’est qu’une formule qui tend donner bonne conscience mais
elle n’en demeure pas moins fausse.
Bien chers enfants, aujourd’hui
vous allez faire votre première communion, ne permettez pas qu’elle soit
l’unique de vos vies mais demeurez fidèle au Seigneur qui va se donner à vous
totalement, pleinement et qui ne désire qu’une chose c’est vous nourrir au
moins chaque dimanche pour vous faire parvenir jusqu’auprès de Lui dans
l’éternité bienheureuse ; vivez avec le Seigneur qui vous accompagnera si
vous lui faites une place réelle, non pas une place optionnelle, la place du
temps perdu ou inoccupé mais une place essentielle en votre vie, une place
éternelle.
Parmi
la fameuse catégorie des croyants non pratiquant, il nous faut reconnaître que
leur pratique augmente proportionnellement aux difficultés qu’ils rencontrent
en leurs vies. Une maladie grave, un décès douloureux et le bon Dieu fait de
nouveau parti de leurs réalités. C’est ce que j’appelle faire du bon Dieu la
roue de secours de nos existences. Vous savez cette roue de secours à laquelle
on ne pense jamais mais qui s’impose à nous lorsque nous en avons besoin. Une
grave difficulté et on va faire un pèlerinage à Notre Dame de la Garde pour y
déposer un cierge en demandant au Seigneur que l’on a ignoré tout au long de sa
vie une grâce formidable et exceptionnelle. Certain dirait que c’est de
l’hypocrisie, mais je n’irai pas jusque là car il est certain que le Seigneur
demeure attentif à toute prière même si la relation de prière s’était tût
durant de nombreuses années… Et ce peut-être en ces moments difficiles où l’âme
retrouve le sens profond de la réalité qu’une expérience de Dieu peut-être
faite embrasant la Foi de celui qui était mécréant. Mais en même temps,
reconnaissons que ce n’est pas là le meilleur chemin car si nous nous rendons
disponible à l’action de la grâce tout au long de notre et bien le Seigneur nous
comblera tout au long de notre vie jusque dans l’éternité.
Pour
illustrer quelque peu mon propos, et la réalité de la présence divine laissez-moi
vous donner le témoignage d’André Frossard. André Frossard, jeune athée, fils
du premier secrétaire du Parti communiste français, nous livre l’admirable
récit de sa conversion :
« Mon
père aurait voulu me voir rue d'Ulm. J'y suis allé à vingt ans, mais je me suis
trompé de trottoir, et au lieu d'entrer à l'Ecole Normale Supérieure, je suis
entré chez les religieuses de l'Adoration pour y chercher un camarade avec qui
je devais dîner. Ce que je vais vous raconter n'est pas l'histoire d'une
découverte intellectuelle. C'est le récit d'une expérience de physique, presque
d'une expérience de laboratoire.
Poussant
le portail de fer du couvent, j'étais athée d’un athéisme idiot. L'athée idiot
ne se pose pas de question. Il trouve naturel d'être posé sur une boule de feu
recouverte d'une mince enveloppe de boue séchée, tournant sur elle-même à une
vitesse supersonique et autour d'une espèce de bombe à hydrogène entraînée dans
la giration de milliards de lampions d'origine énigmatique et de destination
inconnue. J'étais encore cet athée-là en passant par la porte de la chapelle,
et j'étais toujours à l'intérieur. L'assistance à contre-jour ne me proposait
que des ombres, parmi lesquelles je ne pouvais distinguer mon ami, et une
espèce de soleil rayonnant au fond de l'édifice : je ne savais pas qu'il
s'agissait du Saint-Sacrement. Cette lumière, que je n'ai pas vue avec les yeux
du corps, n'était pas celle qui nous éclaire, ou qui nous bronze ; c'était une
lumière spirituelle, c'est à dire comme une lumière enseignante et comme
l'incandescence de la vérité. La signification de tout cela m’échappe. Mais
c’est alors que commence l’avalanche à rebours. Je ne dis pas que le ciel
s’ouvre ; il ne s’ouvre pas, il s’élance, il s’élève soudain, fulguration
silencieuse. Evidence de Dieu… Irruption déferlante de lumière, joie du
naufragé. Tout est dominé par la présence de Celui dont je ne pourrai plus
jamais écrire le nom sans que me vienne la crainte de blesser sa tendresse,
devant qui j’ai le bonheur d’être un enfant pardonné : je suis catholique. Elle
a définitivement inversé l'ordre naturel des choses. Depuis que je l'ai
entrevue, je pourrais presque dire que pour moi Dieu seul existe, et que le
reste n'est qu'hypothèse. »
Alors surtout chers enfants, ne
vivez pas ensuite comme si le bon Dieu n’existait pas, comme si vous aviez
achevé votre parcours de Foi en faisant votre première communion car s’inaugure
aujourd’hui pour chacun de vous un appel à la fidélité au sacrement de
l’eucharistie, à la messe. Et chaque dimanche le Seigneur Jésus vous guettera,
Il attendra jusqu’au début de chaque messe votre venue, Il l’espèrera de tout
son Amour pour vous. Dieu désire vous combler et pour vous il suffit simplement
de vous laisser combler par Dieu en vivant de sa vie, en le recevant chaque
semaine. Et pour nous tous qui accompagnons ces jeunes, pour les pratiquants
réguliers, pour les pratiquants irréguliers, pour les croyant non pratiquant,
rendons nous intérieurement disponible au Seigneur, ouvrons nos âmes et nos
cœurs à sa présence, Dieu désire tous nous combler aujourd’hui, laissons-nous
combler par Lui.
Et
nous tous, laissons-nous saisir par la présence divine, ouvrons nos âmes et nos
cœurs afin que le Christ Lui-même puisse faire sa demeure en nous, afin que
nous redécouvrions sans cesse l’Amour infini que le bon Dieu nous porte en sa
sainte eucharistie, en sa sainte messe, en la sainte communion où Il se donne à
nous.
Amen.