« Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le
premier à lui jeter une pierre », cette parole du Seigneur Jésus il
nous faut bien entendu la recevoir pour nous même et pour notre temps. Prenons
le temps de remarquer combien nous sommes prompts à condamner les autres,
remarquons combien notre société elle-même est prompte à condamner.
Mais
en ce dimanche, c’est davantage sur la question de la morale, au sens noble du
terme que je désire m’arrêter avec vous. La morale c'est-à-dire cet art de
déterminer ce qui est bon et ce qui ne l’est pas, cet art qui consiste à
discerner le bien du mal. Notre temps fait souvent de l’Eglise un bastion d’une
morale rétrograde, et les chrétiens avec à leurs tête les ecclésiastiques ne sont
considérés que comme des arriérés rejetant la modernité qui s’offre à eux. Et
cela va si loin qu’on ne sait plus ce qui peut être dit. Est-ce encore
acceptable aujourd’hui de dire que sont moralement condamnables l’avortement,
l’exercice de l’homosexualité, les relations sexuelles avant le mariage, les
fécondations in vitro et les autres techniques du même genre, le vol même dans
une déclaration d’impôt volontairement erronée ? Est-ce encore acceptable
aujourd’hui alors que l’avortement est remboursé par la sécurité sociale et
qu’il est considéré par beaucoup comme un progrès féministe, alors que les
relations homosexuelles sont promus jusque dans les spots de publicités, alors
que la fécondation in vitro et les autres techniques du même genre sont considérés
comme étant le fruit du droit à avoir son enfant, alors que le vol est bien
souvent considéré comme un arrangement rétablissant une certaine vision de la
justice. Et même dans notre assemblée, combien sont ceux qui vont considérer
tout cela comme moralement acceptable. Il semble qu’en notre temps, les notions
même de bien et de mal soient totalement dépassés, effacés par un relativisme
individualiste qui tend à rendre le mal acceptable et dénonce le bien jadis
honoré.
Bien
chers amis, il nous faut reposer sur la question de la morale un regard neuf et
éclairé en nous demandant tout d’abord comment discerner entre le bien et le
mal. Nous le voyons bien, si la morale est le fruit d’un consensus plus ou
moins démocratique, dès lors la morale n’a plus de substance car ce qui est
bien aujourd’hui peut-être mal demain, ce qui est mal aujourd’hui peut être
bien demain. Une telle morale n’a rien d’universelle mais demeure circonscrite
à un peuple, à une culture à un moment donné. C’est bien en ce sens que la notion
de morale laïque devient une absurdité intellectuelle car le bien, tout comme
le mal, transcende ces aléas culturels, historiques ou démocratiques.
Il
existe bien une morale universelle, pour tous, pour tous les temps. Et cette
morale là, cette morale universelle nous ne la recevons pas de nous-mêmes mais
nous la recevons de la Révélation divine et l’Eglise, dont la tête est le
Christ et l’âme l’Esprit Saint, et l’Eglise applique aux domaines émergeant de
notre modernité la Révélation pour en discerner le chemin moralement bon pour
tous. Dès lors, il ne s’agit pas de s’arranger avec la morale mais il s’agit de
poser un regard objectif sur notre propre agir en écartant toute
autojustification qui ne serait qu’illusion.
Redisons
le haut et fort en ce dimanche, ce n’est pas l’Eglise qui dit ce qui est bien
ou mal mais c’est la Révélation divine qui nous éclaire en ce domaine. Dieu, en
sa Révélation, nous donne les moyens pour discerner ce qui est bien et mal et
cela par l’intermédiaire de l’Eglise.
Cette
distinction est essentielle particulièrement en cette période troublée qui voit
de nouveau émerger de graves affaires de mœurs atteignant le clergé notamment
lyonnais. Et nos prières vont bien sûr vers ces victimes blessées en leur être,
blessées par ceux qui devaient témoigner de l’Amour divin et qui ont saccagés
ces âmes par des agissements ignobles et indignes. C’est une blessure pour
l’ensemble du peuple chrétien, c’est une blessure pour tous les prêtres qui se
retrouvent insidieusement soupçonnés dans l’esprit commun. Et à partir de là,
c’est tout le message de l’Eglise qui est attaqué, attaqué tout d’abord par les
agissements de ceux qui devaient en témoigner, attaqué par des lectures trop
rapides de quelques politiques et de nombreux médias. Et c’est bien là, en ce
moment, qu’il nous faut bien nous rappeler que le message de l’Eglise n’est pas
le sien, mais que l’Eglise, cette Eglise dont nous sommes tous, notre Eglise a
comme mission d’être messagère de la Révélation divine, messagère de Dieu
Lui-même. Un messager, plusieurs messagers ont gravement fautés en commettant
l’indicible, mais qu’importe les messagers, le message lui demeure identique
emprunt de grâce et de salut.
Ainsi
il nous faut non pas défendre les messagers coûte que coûte, mais il nous faut
défendre le message, il nous faut défendre la Parole de Dieu qui nous est
confiée à tous, il nous faut défendre l’annonce de l’Evangile portée par
l’Eglise, il nous faut être attentif à être nous même des témoins fidèles. Et
pour ce faire, ne laissons pas la modernité nous emporter dans ces funestes
sillages, tenons ferme la morale fruit de la Révélation et, sans être des
moralisateurs tenons bon sur le chemin de l’Evangile, sur le chemin qu’est le Christ
Lui-même, attachons-nous à la vertu et à la charité vécue. Nous ne sommes pas
parfaits mais nous sommes appelés à la perfection et le chemin de la perfection
se trouve balisée par la morale que Dieu nous livre en sa Parole. Pas de
consensus là dedans, mais la vérité du bien et du mal qui s’impose à nous.
Réveillons notre conscience afin de nous attacher à la vertu, rejetons toute
indolence, toute tiédeur, attachons nous au bien mais au bien véritable qu’est
Dieu Lui-même, attachons-nous à Dieu ! Amen.