« Bon
maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? », telle est
la demande qui est formulée au Seigneur dans l’évangile de ce dimanche et il
est bon de pouvoir être attentif à la qualité de sa demande car nous sommes
bien souvent habituer à d’autres types de demandes des demandes de guérisons,
des demandes de miracles et même de résurrection mais aujourd’hui, c’est toute
la densité de l’éternité qui semble être contenu dans cette simple
demande : avoir part à la vie éternelle ! La vie éternelle, nous le
savons, c’est bien elle que nous sommes appelées à désirer porter en cela par
la belle vertu de l’espérance, mais la désirons-nous vraiment ?
Désirons-nous le ciel, l’éternité, la béatitude, l’union à Dieu dans sa
gloire ? Peut-être serions-nous tentés de répondre oui du bout des lèvres.
Mais si tel est le cas, interrogeons-nous sur nos désirs, que désirons-nous,
que recherchons-nous, quel est le but à atteindre en nos vies. La question
ainsi posée écarte l’ensemble des choses matérielles car nous le savons, ces
choses matérielles peuvent nous combler mais juste un certain temps, un bref
instant. Nous pourrions dire le grand amour, le bel amour de celle qui nous est
destinée, de celui qui nous est destinée mais si l’amour comble il demeure toujours
pétri de ces imperfections qui le fortifie mais qui l’appelle toujours à se
dépasser. Mais nous le savons bien, la réponse essentielle à cette question de
savoir ce que nous désirons doit nous conduire à lever les yeux vers le ciel.
Oui, c’est bien le ciel que nous devons désirer comme un aboutissement, comme
l’établissement de notre plénitude, c’est bien le ciel que nous devons
rechercher dans la découverte de cette intensité rayonnante de l’amour divin
qui nous appelle à lui. Nulle question d’une fontaine de jouvence, nulle
question de vains plaisirs, de glorioles éphémères, si c’est l’éternité que
nous désirons alors recherchons l’Eternel et l’Eternel Amour, si c’est
l’éternité que nous recherchons suivons le Christ qui nous en ouvre les portes.
Car cette
recherche n’est pas affaire de raisonnement, de réflexion, d’option
fondamentale, cette recherche n’est pas affaire d’opinions, cette recherche
s’ordonne et s’articule dans cette suite du Christ qui nous convoque à
embrasser notre réalité par sa présence. Et c’est bien ce que le Christ demande
à cet homme riche qui l’interroge : « Ne commets pas de meurtre, ne
commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage,
ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère ». Voici présentés
ces commandements fruits des prophètes et expression de la pensée divine.
L’éternité suit donc un chemin balisé, un chemin définit, chemin que nous
refaisons du Christ Lui-même qui a quitté l’éternité pour nous en montrer
l’unique chemin qu’Il est Lui-même. Les commandements demeurent donc l’étalon
de mesure de notre attachement au Seigneur, l’étalon de mesure de notre désir
du ciel mais, mais le Christ désire aller plus loin, Il invite à la pauvreté à
sa suite : « va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors
tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi ». Devenir pauvre, voilà
l’invitation du Seigneur, devenir pauvre peut-être dans une pauvreté matérielle
mais surtout pauvre face au Seigneur, devenir mendiant de Dieu appelant de nos
désirs en chaque instants les secours de la grâce, l’illumination de la charité
divine, la clairvoyance de Dieu Lui-même. La pauvreté est toujours à considérer
sous ces deux aspects, matériel et spirituel car la pauvreté n’a de sens que
lorsqu’elle est vécue comme engagement à la suite du Christ. Ainsi, nous sommes
tous appelés à devenir pauvre, nous sommes tous appelés à nous dépouiller de
nous-même pour faire place au Seigneur, nous sommes tous appelés à mourir à
nous même pour laisser le Christ vivre en nous.
Alors chers
amis, en ce dimanche, relevons notre regard, quittons les considérations
bassement matériel qui nous encombrent bien souvent l’esprit, considérons le
Ciel, considérons Dieu Lui-même qui qualifie ce ciel que nous désirons,
laissons-nous saisir par l’éternité dévoilé par le Christ. Et les yeux emprunts
de la bonté éternelle oeuvrons dès maintenant à vivre de cette éternité. Nous
sommes faits pour l’éternité, nous sommes fait pour l’Amour qu’est Dieu
Lui-même, nous sommes fait pour être saisi éternellement par l’Amour divine
alors faisons de notre vie le préambule de cette béatitude, faisons de notre
vie l’expression de notre désir de Dieu, laissons Dieu habiter notre vie en la
construisant sous son regard selon le cordeau de son enseignement. Aujourd’hui
demandons au Seigneur la force, le courage et l’humilité de parcourir cette vie
en l’inscrivant déjà dans l’éternité qu’Il est Lui-même.
Amen.