Au
cœur de ce carême, l’évangile de ce dimanche nous invite à nous poser la
question du mal, cette question qui traverse toute notre existence et qui
appartient à l’ensemble de l’expérience humaine. En effet, tout comme ces gens
de l’Evangile, il y’a parfois cette tentation d’expliquer le mal comme étant
une résultante du péché c'est-à-dire que si quelqu’un souffre c’est parce qu’il
a dû commettre un péché grave. Dans cette vision, le mal devient simplement la
dette du péché et, dans le prolongement de cette pensée, ce serait Dieu qui
nous punirait à cause de quelque chose de mal que nous aurions fait. Ou pour le
dire encore autrement, le mal subi serait dû à un mal commis.
En
entendant cela, peut-être vous dîtes vous que ce n’est plus la manière de voir
aujourd’hui et bien repensons simplement à la fameuse petite phrase bien
connue : « qu’est ce que j’ai fait au bon Dieu pour mériter
ça »… ou encore à tous ceux qui vont accuser le bon Dieu d’être l’auteur
et même l’instigateur du mal qu’ils subissent. Le décès d’un proche, la
maladie, la souffrance, tous les maux de l’existence deviennent dès lors source
de reproches adressés à Dieu. Et il est certain que si Dieu était l’auteur du
mal que nous subissons dès lors il serait tout à fait compréhensible qu’on le rejette.
Mais
le Seigneur Jésus dans l’Evangile de ce dimanche, vient mettre à bas cette
pensée néfaste. Le mal que l’ont subi n’est pas à priori une punition du péché
car rappelons-nous ce que le Seigneur nous dit par ailleurs : ce
n’est pas la mort du pécheur que je désire mais qu’il se convertisse et qu’il
vive. Et avec les psaumes redisons-le : « Dieu ne nous rend pas selon
nos offenses, Il n’agit pas envers nous selon nos fautes ». Ainsi, gardons
bien à l’esprit, que Dieu est totalement bon et que dès lors rien de mauvais ne
peut sortir de Lui, Dieu ne peut pas produire le mal car Il est Amour. Parce
que Dieu est Amour, tous les actes divins sont portés par son être qui est
Amour.
Mais
alors d’où vient le mal ? La première chose à reconnaître c’est que la
nature qui est imparfaite, la nature draine en son sillage son lot de
déficience maladive et élémentaires. Que l’on parle du cancer ou des
catastrophes naturelles, nous mettons le doigt sur l’imperfection de la nature.
La seconde chose à reconnaître c’est que l’humanité est une grande productrice
du mal, productrice par les guerres mais aussi par une mauvaise gestion des
biens de ce monde. Comment expliquer que l’on mette des milliards dans
l’exploration spatiale ou dans d’autres réalités secondes et que nous laissions
des populations mourir de faim et de soif…
Tout
en tenant cela dans un réalisme froid, pour nous chrétiens, il nous faut
reconnaître que ce mal là, dans ces différentes réalités, ce mal là n’est pas
celui qui est le plus à craindre. En effet, face à ce mal physique, il nous
faut craindre bien davantage le mal spirituel c'est-à-dire le péché.
Pourquoi ? Et bien tout simplement parce que le péché peut nous conduire
au rejet de Dieu et cela jusqu’à l’enfer. Le péché engendre le mal parfois physique
mais toujours spirituel et c’est bien lui qui est le plus à craindre.
Oh
j’ai bien conscience que cette manière de voir les choses n’est pas portée par
notre temps, mais c’est bien là la manière chrétienne de voir et de considérer
l’existence car nous devons toujours nous rappeler que nous sommes faits pour
l’éternité et que cette vie d’ici-bas n’en est que le préambule.
Ainsi,
pour grossir quelque peu le trait, il vaut mieux être mourant et saint plutôt
qu’en bonne santé et pécheur, bon c’est vrai qu’idéalement il vaut mieux être
en bonne santé et saint. Mais rappelons-nous toujours que les imperfections de
la nature nous n’avons que peu de prises sur elles alors que nous avons toute
amplitude d’action pour la sainteté de nos âmes car nous avons la capacité de
nous convertir peu à peu soutenu par la grâce, nous avons la capacité de
demeurer fidèle à la prière, nous avons la capacité de vivre des sacrements. Et
ce que le Christ est venu accomplir par sa passion, sa croix et sa
résurrection, c’est bien en vue de notre éternité, le Christ nous a sauvé de la
mort et du péché.
Alors
durant ce temps de carême, tâchons de vivre en vue de l’Eternité, de notre
union à Dieu, travaillons aux choses qui ne passent pas, à notre Eternité,
notre sanctification, notre salut, et, sans négliger aucunement notre corps,
tâchons d’établir nos âmes dans la grâce de la présence divine.
Amen.