Paroisses de La Bouilladisse – La Destrousse – Peypin – Belcodène

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Centre paroissial : 7, Bd. Francis CAPUANO - Place Notre Dame 13720 La Bouilladisse

samedi 15 décembre 2018

8 Décembre - 2ème Dimanche de l'Avent


Le début de l’évangile de ce dimanche pourrait nous apparaître comme quelque peu rébarbatif, en effet, nous pourrions nous interroger pour savoir quel est le sens de ces précisions politiques ou factuelles concernant l’empereur, le gouverneur etc… Mais ces précisions nous rappellent quelque chose d’essentiel à savoir que l’évangile, que la venue du Seigneur Jésus, son irruption dans l’histoire humaine appartient à une période historique précise, appartient à un lieu géographique précis. Oui le Christ est né à Bethléem et a parcouru les chemins de Galilée avant de donner sa vie à Jérusalem. Oui le Christ est présent dans un système politique particulier qu’est celui de l’occupation romaine. Oui le Christ appartient à ce peuple d’Israël qui occupe la région. Toutes ces précisions nous rappellent près de deux mille ans plus tard que Dieu s’est rendu pleinement présent en une période de l’histoire précise, en un lieu précis. Cela nous rappelle la réalité de l’incarnation, Dieu s’est fait homme en un temps, un lieu et une histoire.
Ainsi nous ne sommes pas dans l’ordre de l’idée ou de la théorie mais nous embrassons l’ordre de la réalité, nous reprenons conscience de l’affirmation si habituelle de l’incarnation. Et cette irruption de Dieu dans l’histoire humaine a été préparée par l’ensemble des prophètes depuis Abraham et en dernier lieu par le prophète St Jean-Baptiste qui, sur les bords du Jourdain, annonçait la venue du messie.
Et en voyageant en Terre Sainte, c’est bien cette réalité de la présence de Dieu sur cette terre d’Israël, de Palestine, de Jordanie, d’Egypte qui rejoint chaque moment des évangiles. Dieu était là, Dieu a marché ici, Dieu a enseigné là-bas, Dieu a mangé, navigué, demeuré en tel et tel lieu. En définitive, cela nous rappelle à tous que Dieu est proche, Dieu s’est fait proche en se faisant membre de notre humanité et Dieu se fait proche de nous aujourd’hui en se rendant pleinement présent en chaque eucharistie, en chaque moment de prière fervente.
Et nous ici, en ce temps de l’avent, nous sommes tous interpellés par cette voix de St Jean le Baptiste qui nous appelle à nous disposer à recevoir la visite de Dieu Lui-même. Oui Dieu est venu mais Dieu va venir, Dieu veut venir au plus profond de chacune de nos âmes et de nos vies. Il nous faut donc nous préparer à accueillir le Seigneur en ornant nos vies de grâces et de vertus, en nous attachant à la prière, à la rencontre avec le Seigneur. Et si bien sûr nous avons ce désir de préparer la venue du Seigneur particulièrement en ce temps de l’Avent, prenons conscience que notre vie toute entière n’est qu’un avent, notre vie toute entière n’est que ce temps de préparation à la rencontre du Seigneur dans l’Eternité bienheureuse.
Et si notre vie toute entière est comparable à ce temps de l’Avent, soyons certain que le Seigneur Lui-même ne nous abandonne pas sur ce chemin, le Seigneur Lui-même nous donne de recevoir la parole de ses témoins qui nous appellent à nous convertir, qui nous appellent à aimer, à prier, à rechercher dès maintenant l’union à Dieu.
Bien chers amis, soyons attentifs à ce que les témoins du Christ, ces témoins d’aujourd’hui nous disent car Dieu continue de travailler au cœur de notre humanité, car Dieu continue de nous rechercher nous et l’ensemble des membres de notre humanité.
Oui Dieu nous a tout dit en son Fils Jésus Christ mais Dieu se répète, Dieu se répète inlassablement à travers ses témoins vivants que sont les saints, à travers la parole de son Eglise. Oui Dieu continue à nous appeler à Lui alors ne soyons pas sourds à ses appels et comme jadis le peuple d’Israël s’est laissé conduire par St Jean Baptiste jusqu’auprès du Seigneur, laissons nous conduire par ces témoins d’aujourd’hui sur les chemins de la sainteté véritable.
Mais si Dieu continue d’agir en notre faveur en nous aidant sur ce chemin qui nous conduira jusqu’à Lui, Dieu nous demande également quelque chose, oui, Dieu nous demande quelque chose à tous et à chacun en particulier. Dieu nous demande d’être nous-même des St Jean-Baptiste, Dieu nous demande d’être ses témoins, d’être de ceux qui annoncent la venue du Royaume, d’être de ceux qui annoncent la présence de Dieu, qui proclament l’Amour infini du Seigneur.
Combien, cette année encore, vont vivre un Noël sans aucune conscience de ce qu’ils célèbrent ? Combien, cette année encore, vont réduire Noël à n’être qu’une fête de famille, qu’une fête gastronomique, qu’une fête de cadeaux ? Combien, cette année encore, vont ignorer cette venue de Dieu à Bethléem qui les rejoint aujourd’hui ? Surtout ne nous résignons pas à cet état de fait mais demandons au Seigneur de nous aider à être des St Jean Baptiste, à être ses témoins afin d’annoncer au monde la merveille du temps jadis et de notre temps. Ne nous taisons pas mais proclamons la venue du Seigneur. Et si nous avons l’impression de prêcher dans le désert qu’importe, ce fut le cas de St Jean Baptiste et il faut malgré tout entendu. Ne nous taisons pas mais proclamons la venue du Seigneur et dès lors ce temps de l’Avent ne sera pas simplement profitable à notre propre conversion mais il deviendra profitable au monde.
Amen.

25 Novembre - Solennité du Christ Roi


En ce week end de crise sociale, il est providentiel de célébrer la solennité du Christ Roi de l’univers qui nous permet de ressaisir que si chacune de nos vies est appelé à être présidée par le Christ Lui-même, si chacun de nous avons comme désir ardent de vivre toujours plus intensément dans le Christ, il nous faut reprendre conscience que la société elle-même, dans sa personnalité communautaire, est appelée à se laisser éclairer et guider par le Christ Lui-même.
Dire cela en notre société laïc et parfois même laïciste peut être quelque peu dérangeant mais il nous faut bien saisir que si nous désirons que le Christ soit le guide de notre société c’est bien parce que nous reconnaissons, dans le chemin qu’est le Christ Lui-même, nous reconnaissons le chemin de la plénitude de l’humanité en générale. Cette royauté universelle du Christ qui s’enracine d’abord en nos vies et qui doit tendre à embrasser l’ensemble des réalités communes n’est donc pas emprunt d’un autoritarisme déviant qui écraserait les aspirations humaines, bien au contraire, la royauté universelle du Christ doit permettre à l’humanité de se réaliser dans la justice et dans la paix, dans la vérité et dans la charité.
Car oui, le Christ est Roi, mais un roi serviteur : « Je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir » ; le Christ est Roi, mais un roi rédempteur : « Je suis venu pour donner ma vie en rançon pour la multitude » ; le Christ est Roi, mais un roi pauvre pour qu’en servant les pauvres nous partagions sa dignité royale ; le Christ est Roi, mais un roi obéissant au Père jusqu’au mépris de sa vie pour que par cette même obéissance nous recevions de Lui la dignité royale car comme le disait St Ambroise de Milan : « celui qui soumet son propre corps et régit son âme sans se laisser submerger par les passions peut-être appelé roi ».
Ainsi, la fête du Christ Roi est un appel adressé aux chrétiens et donc à chacun d’entre nous qui sommes dépositaires de son autorité royale d’éveiller en chaque homme l’amour du vrai et du bien en les conduisant, par leurs témoignages, à la connaissance de la vraie religion et de l’Eglise du Christ. Et le Pape Pie XI affirmait que « Si les hommes venaient à reconnaître l’autorité royale du Christ dans leur vie privée et dans leur vie publique, des bienfaits incroyables : une juste liberté, l’ordre et la tranquillité, la concorde et la paix publique se répandraient infailliblement sur la société toute entière ».
Cette autorité royale du Christ est donc bien loin des autorités politiques que nous connaissons habituellement car l’autorité du Christ ne se construit pas dans un consensus mais dans La Vérité qu’Il est en Lui-même, l’autorité du Christ ne se construit pas dans une imposition forcenée mais dans un appel à L’aimer en réponse à Son Amour dont Il nous comble. Point de barricades, point d’incendies mais la croix  qui se dresse sur le monde appelant à la Rédemption et au Salut. L’autorité Royale du Christ n’est rien d’autre que l’Amour avec un grand A, cet Amour exigeant mais de cette exigence du cœur qui désire être établi dans la plénitude de la relation avec le Christ Lui-même.
Mais si nous pouvons recevoir une dimension sociale de la réalité de la royauté universelle du Christ, ne restons pas au simple niveau des idées et considérons-nous nous même en nous interrogeant pour voir comment nous pouvons laisser le Christ étendre son règne en chacune de nos vies ? Pour voir comment nous pouvons être davantage les sujets du Christ Roi de l’univers ? Comment nous pouvons aussi travailler davantage, sous la conduite de l’Esprit Saint, à la venue et à la révélation de l’universelle royauté du Christ ? Et pour répondre à cela en nos vies, gardons cette prière qui peut nous accompagner en chaque moment de notre journée, prière qui ne réside qu’en ces quelques mots : « Seigneur donne-moi de faire non pas ce que je veux mais ce que Tu veux ».
Amen

11 Novembre - 32ème Dimanche du Temps Ordinaire


A l’écoute de l’Evangile de ce dimanche et en imaginant tout à fait la scène de cette pauvre veuve déposant sa précieuse obole nous pourrions rester sur la simple considération de la générosité de la veuve qui, comme le souligne le Seigneur, offre à Dieu en prenant sur son nécessaire. Cette générosité est en effet remarquable mais elle ne constitue que l’aspect visible de l’attitude intérieure de cette femme.
En effet, cette femme est généreuse pour le Seigneur mais par delà cette générosité, elle manifeste également la confiance qu’elle place en Dieu. Ce qu’elle donne au Seigneur fait parti de son budget nécessaire à sa subsistance et même, le Seigneur nous le dit, elle donne tout, tout ce qu’elle avait pour vivre. Avec notre esprit de moderne, nous pourrions dès lors penser à un acte de désespérance de cette veuve, elle donne tout à Dieu avant de rentrer chez elle pour mourir. Mais ce n’est pas ce que sous tend l’Evangile et nous ne voyons pas comment le Seigneur pourrait louer un tel geste qui conduirait à une issue funeste. Non, si la veuve donne tout ce qu’elle possède à Dieu c’est bien parce qu’elle met sa confiance en Dieu, sa Foi l’établi dans une confiance sereine qui lui permet d’être assuré que ce qu’elle a donné à Dieu, Dieu le lui rendra et cela au centuple. Cette attitude de la veuve est d’ailleurs loué par le Seigneur dans un autre passage en l’Evangile selon St Matthieu : « Ne vous souciez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez, ni, pour votre corps, de quoi vous le vêtirez. La vie ne vaut-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que les vêtements ? Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson, ils n’amassent pas dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Vous-mêmes, ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? ». Ainsi oui, la veuve a une telle confiance en Dieu qu’elle se dépouille de ce qu’elle a en se fondant uniquement sur la providence divine. Et si la veuve peut agir ainsi, c’est parce qu’elle n’a pas charge de famille, elle ne doit subvenir qu’à ses propres besoin et dès lors elle s’engage seule sur ce beau chemin de la confiance et de l’abandon.
A partir de là, que nous enseigne le Seigneur en ce dimanche. Tout d’abord, le Seigneur nous invite à ne pas juger, ne pas juger ce que nous voyons. Car tout comme dans l’Evangile nous aurions tôt fait de juger de la générosité des gens en fonction du montant qu’atteint leur don. Plus on donne, plus on est généreux. Mais cette lecture là est fausse car les plus pauvres peuvent donner bien davantage que les plus riches proportionnellement à ce qu’ils possèdent. Gardons nous donc de juger ce que font les autres et pour notre part essayons de trouver la juste mesure dans l’aide que nous pouvons apporter.
Ensuite, le Seigneur nous invite également à mettre notre confiance en Dieu à l’image de cette veuve que le Seigneur nous donne en exemple. Mettre notre confiance en Dieu, oh nous savons que c’est ce qu’il nous faut faire mais dans la pratique comment agissons nous, comment pensons nous les projets, les besoins qui sont les nôtres. Mettre sa confiance en Dieu ne signifie pas non plus manquer de prudence mais c’est bien permettre au Seigneur d’être celui sur qui l’on peut compter, Celui sur qui l’on s’appui. Bien souvent, nous menons nos affaires comme nous l’entendons sans que le Seigneur soit impliqué dans nos projets, dans nos choix, notre quotidien. Et c’est seulement si les choses ne vont pas comme nous le voulons que nous nous tournons alors vers le Seigneur que l’on considère alors un peu comme la dernière chance, la roue de secours. Mettre sa confiance en Dieu ce n’est pas cela. Au contraire c’est permettre au Seigneur d’être présent à chaque moment, de l’élaboration à la mise en œuvre car nous croyons que le Seigneur nous donnera la grâce du discernement pour faire les choix judicieux.
Et je me permets de citer une petit exemple d’un prêtre qui raconte : « Quand j’étais aumônier militaire, j’ai dû régler une situation pour le moins complexe qui a traîné sur plusieurs semaines. Je ne voyais pas comment m’en dépatouiller : j’avais beau tourner la question dans tous les sens, c’était inextricable, ingérable. Malgré mon engagement, les rencontres que j’avais proposées, les discussions enclenchées, les propositions autres issues de sortie, rien, nada, que dalle ! C’était, pour moi, une situation d’échec sur toute la ligne. Un jour, à la Messe – je célébrais seul – écœuré, j’ai dit au Seigneur : « Je n’en peux plus, je n’y arrive pas ; maintenant c’est Votre problème, votre affaire : je Vous refile “le pot de pus” : Vous Vous débrouillez avec ! » Je termine la célébration de la Messe et je commence à retirer les ornements, quand le téléphone sonne. C’était une des personnes liées à cette situation délicate qui me dit texto : « Padre : vous n’allez pas le croire – c’est inexplicable – mais il a dit oui, enfin ! » Mes yeux se sont remplis de larmes et j’ai bafouillé deux-trois trucs inaudibles tellement j’étais sous le choc avant de raccrocher. Instinctivement, j’ai tourné le regard vers la croix de l’autel et j’ai dit « Mais quel c… ! » Cela faisait plusieurs semaines que je me débattais avec cette affaire et pas une fois – moi qui suis prêtre de Jésus – je n’ai pensé à la Lui remettre explicitement entre les mains ! Bien sûr, je Lui en avais parlé mais comme on évoque un souci. Je ne Lui avais pas demandé de m’aider, d’éclairer ces personnes, de prendre les choses en main ! Je me croyais assez fort, suffisamment intelligent, raisonnablement diplomate pour régler la crise. Tu parles ! Quel orgueil ! C’est Dieu et Dieu seul qui est le Maître de la vie, du monde, du temps ».
Oh combien parfois nous oublions que Dieu désire avoir sa place pleine et entière en chacune de nos vies, combien nous oublions que Dieu peut bien plus que ce nous même pouvons faire, alors comptons sur le Seigneur en vivant à ses côtés, ayons une confiance absolue en Lui, de cette confiance ancrée dans l’Amour infini que Dieu nous porte.
Et en ce dimanche du centenaire de l’armistice, nous ne pouvons que penser à tous ces hommes qui ont donné leurs vies pour notre terre de France. Eux qui étaient cernés par la souffrance, le sang et la mort. Dans ces paysages funèbres nombreux sont les soldats qui ont permis à Dieu de les accompagner et voici deux petits exemples parmi une multitude :
Le Lieutenant Pierre Fourier de Rozières écrit à sa mère « si ma vie ne doit pas répondre à l’idéal que je me suis proposé, le Bon Dieu me fera la grâce de me reprendre à l’instant même où j’accomplirai un devoir utile. Il fera toujours pour le mieux ».
Pour Noël Groslière, soldat natif de Clermont-Ferrand, blessé au front, écrivant à sa mère le 20 avril 1917 de l’hôpital auxiliaire de Laval, sa « chance est due aux exercices de piété que [sa mère] a dû faire et aux reliques qu’il avait sur [lui] »
Même au milieu de l’enfer de ce conflit atroce, Dieu demeurait présent aux côtés de ceux qui comptaient sur Lui. Alors nous, en ces temps qui sont les nôtres, dans ces combats qui sont les nôtres bien moins atroces que ceux évoqués, comptons sur le Seigneur, abandonnons-nous à Lui et dès lors la paix s’établira en nos âmes car nos vies seront conduites par le Christ Lui-même.
Amen.

3 Novembre - 31ème Dimanche du Temps Ordinaire


L’Evangile de ce dimanche nous donne de recevoir du Seigneur Jésus les deux commandements les plus importants à savoir : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Ces commandements sont quelque peu déroutants car, d’une manière générale nous préférons avoir des directives claires qui recoupent l’ensemble des domaines qui composent l’existence, nous préférons un manuel des plus précis car il est toujours plus confortable de savoir ce qui doit être fait plutôt que de le rechercher soi même. Mais force est de constater que le Seigneur ne nous donne pas un annuaire de directives et de commandements, le Seigneur ne nous livre que deux réalités : l’amour de Dieu et l’amour du prochain.
L’amour tout d’abord. L’amour, aujourd’hui, l’amour est bien souvent réduit à n’être qu’un sentiment, sentiment éphémère qui va et qui vient en fonction des humeurs. Mais ce n’est pas la réalité de l’amour vraie qui, au contraire, est un amour combattif qui tend à l’éternité.
Dans la Parole du Seigneur nous pourrions retrouver la considération de l’amour comme étant un sentiment lorsque le Seigneur nous invite à aimer : de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit », jusque là tout va bien car ce sont des réalités quelque peu évanescente mais le Seigneur poursuit en nous invitant à aimer : « et de toute ta force ». Et oui, l’amour est aussi une question de force c'est-à-dire de volonté, l’amour se construit avec des efforts de la volonté. Ainsi oui, l’amour demeure certes un sentiment en son origine car l’amour nous porte vers ce qui est aimable, vers un bien qui nous apparaît comme tel. L’amour comme sentiment favorise le début de l’histoire mais c’est bien la volonté qui prend ensuite le relais. Oh non pas dans un volontarisme sec et exacerbé mais dans la volonté de préserver l’amour et de le faire grandir jour après jour. C’est bien cet amour là dont il est question dans l’Evangile. L’amour vraie prend sa source dans la reconnaissance du bien et se développe dans l’exercice de la volonté qui cherche à préserver et à faire grandir l’attachement au bien.
Et cela se vérifie bien dans l’ordre de l’amour de Dieu car en découvrant Dieu dans la réalité de son identité nous découvrons que Dieu est aimable et nous désirons vivre de sa grâce, de son salut, de sa présence. Cette découverte de Dieu nous conduit ensuite à mettre en jeu notre volonté afin de préserver et de faire grandir notre amour de Dieu.
Puis, c’est notre amour de Dieu qui nous fait ensuite nous tourner vers nos frères et sœurs, vers chacun de nos prochains. Eux que nous recevons non pas d’abord dans leur individualité mais que nous recevons dans cette communion de l’Amour que Dieu leur porte et que Dieu nous porte.
L’amour du prochain est un fruit nécessaire de l’amour de Dieu. Et en ce sens St Jean l’affirme d’une manière on ne peut plus claire lorsqu’il écrit : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur ». L’amour du prochain est un fruit nécessaire de l’amour de Dieu.
Mais dans l’un et l’autre domaine celui de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain, il y’a bien un combat qui est livré, combat porté par notre volonté. Dans l’ordre de l’amour de Dieu c’est ce combat contre nous-mêmes afin de permettre à Dieu de prendre toute Sa place. Et reconnaissons le, il faut un effort de la volonté pour prendre le temps de la prière quotidienne, il faut un effort de la volonté pour vivre en la présence continuelle du Seigneur, il faut un effort de notre volonté pour faire de notre vie une vie chrétienne. Et ce combat il est tout aussi vrai en faveur de l’amour du prochain, combat contre nous-mêmes encore, contre nos impatiences et exaspérations, contre nos inclinaisons naturelles, afin de pouvoir être bien disposé envers chacun… Et là encore, reconnaissons le, il faut un effort de notre volonté pour accueillir l’autre quel qu’il soit, il faut un effort de la volonté pour se rendre disponible à rendre service, il faut un effort de volonté pour demeurer toujours témoin de la charité envers tous.
Mais à ce moment là, considérant tous les combats qui sont à mener, tous les efforts à faire volontairement, et bien cela nous semble impossible. Et en nous considérant nous-mêmes avec un brin de réalisme nous ne pouvons que constater combien notre volonté est faible et inconstante… Combien de fois avons-nous vraiment voulu quelque chose sans pourtant tenir l’élan qui nous aurait fait atteindre le but. Oui notre volonté est faible. Mais comme toujours, lorsque nous n’arrivons pas tout seul à faire quelque chose et bien nous demandons de l’aide ; alors pourquoi ne pas le faire dans l’ordre de l’amour de Dieu et du prochain. Et bien sûr cette aide si précieuse qui fortifiera notre volonté c’est bien Dieu Lui-même et cela par sa grâce. C’est uniquement en nous appuyant sur le bon Dieu que nous pourrons peu à peu progresser dans l’ordre de l’Amour de Dieu et du prochain. Cela ne signifie pas que nous n’avons rien à faire, bien au contraire car comme nous l’enseigne Ste Thérèse de l’Enfant Jésus : « il faut toujours prier comme si l’action était inutile et agir comme si la prière était insuffisante ».
            Alors permettons à Dieu de nous porter jusqu’à Lui en faisant dans un même temps tout ce que nous pouvons faire, je dis bien tout ce que nous pouvons faire et si nous nous abandonnons à Dieu, et bien Dieu Lui-même fera le reste et je dirai même plus, Dieu Lui-même fera l’essentiel.
Amen.


dimanche 4 novembre 2018

2 Novembre - Commémoraison des fidèles défunts


Alors qu’hier, en la belle fête de la Toussaint, nous contemplions cette foule immense des saints du Ciel, la sainte Eglise notre Mère, nous invite aujourd’hui à prier pour tous les fidèles défunts. Et il nous faut peut-être retrouver le sens premier de la prière pour nos défunts.
Car en effet, nous le savons, notre prière n’est pas utile pour les âmes qui sont en Paradis. En effet, ces âmes là sont déjà établies dans la gloire du Ciel et si nous prions pour elle, je suis certain qu’elles déversent nos prières en faveur d’âmes qui en ont besoin. Mais alors, quelles sont les âmes qui ont besoin de nos prières ?
Pour répondre à cette question, il nous faut malheureusement évoquer les âmes qui sont en enfer. Ces âmes qui ont rejetées Dieu et son Salut et qui se sont condamnées à être séparées de Dieu jusque dans l’Eternité s’établissant en cet état éternel que nous appelons l’enfer. Là non plus, nos prières ne sont pas utiles à ces âmes qui se sont damnées car elles se sont coupées elle-même de la source de la grâce.
Si nos prières ne sont utiles ni pour les âmes qui sont établies dans la gloire du Ciel, ni pour les âmes qui se sont condamnées à l’enfer, alors pour qui nos prières sont-elles utiles ?
Nos prières sont utiles aux âmes qui sont aujourd’hui en purgatoire qui est comme l’antichambre du Paradis. En effet, l’Eglise notre Mère nous enseigne que :
Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté nécessaires pour entrer dans la joie du ciel.
St Grégoire le Grand nous enseigne que : « Pour ce qui est de certaines fautes légères, il faut croire qu’il existe avant le jugement un feu purificateur, selon ce qu’affirme Celui qui est la Vérité, en disant que si quelqu’un a prononcé un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pardonné ni dans ce siècle-ci, ni dans le siècle futur. Dans cette sentence nous pouvons comprendre que certaines fautes peuvent être remises dans ce siècle-ci, mais certaines autres dans le siècle futur.
Dès les premiers temps, l’Église a honoré la mémoire des défunts et offert des suffrages en leur faveur, en particulier le sacrifice eucharistique, afin que, purifiés, ils puissent parvenir à la vision béatifique de Dieu. L’Église recommande aussi les aumônes, les indulgences et les œuvres de pénitence en faveur des défunts.
Nos prières sont donc plus que précieuses, elles sont essentielles pour toutes les âmes qui sont aujourd’hui en purgatoire attendant l’instant d’entrer pleinement dans la béatitude éternelle.
Mais une question peut alors surgir, comment pouvons-nous savoir si une âme est en purgatoire ? Et bien reconnaissons humblement que cela échappe à notre entendement. Nous savons, par la grâce de l’Eglise, quelles sont celles qui sont dans la Gloire du Ciel lorsque l’Eglise reconnaît la sainteté par la proclamation de la canonisation. Mais, nous l’avons dit, la fête de la Toussaint célèbre tous les saints du Ciel ceux qui sont reconnus c'est-à-dire ayant été proclamés saint par l’Eglise mais également tous ceux qui sont inconnus. D’autre part, si l’Eglise reconnaît la sainteté de quelques uns de ses membres, a contrario l’Eglise n’a jamais décrétée qu’une âme était en enfer.
Ainsi, lorsque nous prions pour les défunts de nos familles, nous les confions à la miséricorde divine et s’ils sont déjà au Ciel nous pouvons demander au Seigneur d’appliquer nos prières et nos sacrifices à l’âme la plus oubliée du purgatoire. Alors oui, prions de tout notre cœur pour nos défunts et pour tous les défunts car c’est bien la seule chose mais aussi la chose la plus essentielle que nous pouvons faire. Par nos prières nous ne faisons pas que penser à nos défunts mais nous allons au-delà car nous leurs faisons du bien, nous leur venons en aide. La prière demeure cette manifestation de notre amour envers ceux qui nous sont chers et qui sont déjà entré dans l’éternité.
Et si nous avons des regrets pour tel ou tel défunt, regrets de disputes non résolues, de tensions et bien gardons bien à l’esprit que par notre prière nous agissons en leur faveur et d’une manière bien plus essentielle que ce que nous pouvions faire ici-bas.
Et dans l’ordre de la prière, le fait d’offrir une messe pour le repos de l’âme d’un défunt c’est appliquer à cette âme particulière la grâce infinie de la rédemption du Seigneur et cela demeure ainsi le plus beau cadeau que nous pouvons leur faire.
Alors en ce soir, prenons le temps de la prière pour nos défunts, présentons au Seigneur tous ceux de nos familles qui nous ont précédés dans la mort, confions à la miséricorde divine toutes les âmes du purgatoire car c’est bien là un acte éminent de charité que nous posons. Et n’hésitons pas non plus à offrir notre communion de ce jour pour nos défunts. Notre prière sincère et confiante touche toujours le cœur de Dieu et demain, lorsque le moment sera venu, nous percevrons tous les fruits éternels que nos prières ont suscités. Nous avons un fabuleux pouvoir dans la prière alors n’hésitons pas, n’hésitons jamais.
Amen.

1er Novembre - Solennité de la Toussaint


Quelle joie en ce jour que de pouvoir quitter pour quelques heures les contingences de ce temps pour plonger notre regard dans l’éternité bienheureuse, quelle joie en ce jour que de pouvoir contempler et honorer cette foule immense des saints du Ciel, quelle joie que de pouvoir fêter tous nos frères et sœurs qui sont au Ciel !
Oh, les saints du Ciel nous en honorons plus particulièrement quelques uns tout au long de l’année, Ste Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, St Antoine de Padoue, Ste Rita, St Padre Pio ou encore St François d’Assise sont très certainement parmi ceux qui sont les plus honorés mais il y’en a tant et tant d’autres qui constituent cette foule innombrable des saints et saintes de Dieu. Tous ceux qui nous ont précédés et qui comme nous ont connu dans leurs vies tristesses et difficultés, souffrance et combat, qui comme nous menaient dans leurs vies le combat contre leurs propres défaillances. Car oui, les saints sont comme nous, originellement ni meilleur ni pire que chacun de nous. Les saints ne sont pas des êtres qui auraient été préservé de quoi que ce soit. En dehors de l’époque, leurs vies est bien comparable à la nôtre. Et pourtant, et pourtant nous nous concentrons bien souvent sur leur différence c'est-à-dire sur leur haut degrés de sainteté et de perfection faisant des saints des individus inatteignable, des êtres à part. Mais quelle erreur ! Quelle erreur, car en agissant ainsi, c’est la sainteté elle-même que nous considérons comme étant inatteignable, comme n’étant pas pour nous. Alors que, redisons le, les saints sont originellement comme nous car ce qui fait la différence ce ne sont pas les saints en eux-mêmes mais c’est bien l’action de Dieu en leurs vies. Et gardons bien à l’esprit que si Dieu a agit avec tant de prévenances et tant de grâces avec ceux qui sont devenus saints, Dieu désire agir de même avec chacun de nous. C'est-à-dire que les saints qui sont originellement comme nous ne sont devenus saints que par grâce, uniquement par grâce. Ils ont laissé la grâce agir en eux et c’est ainsi que Dieu a pu les modeler et les conduire peu à peu à cette conversion de chaque instant, à cette construction de la vertu en leurs vies, à cette sainteté que nous révérons en ce jour.
Posons-nous donc la question : est-ce que Dieu veut agir de même pour nous, pour chacun de nous ? La réponse est oui, oui Dieu veut nous faire grandir dans l’Amour de son Saint Nom, Dieu veut nous attirer à Lui pour nous conduire à nous laisser aimer par Lui et en nous donnant la capacité de L’aimer toujours davantage !
Mais alors qu’est ce qui nous manque à nous ? Et bien il nous manque tout simplement nous-mêmes. La grande vérité de toute sainteté réside dans cet abandon volontaire entre les mains de Dieu, cet abandon volontaire, je dis bien volontaire. Dieu veut nous combler mais nous, est-ce que nous nous laissons combler par Dieu ? Est-ce que bien souvent nous n’agissons pas comme des enfants trop gâtés qui rechignent à se mettre pleinement à la suite du Christ ? Malheureusement, bien souvent nous choisissons notre propre chemin en ne nous laissant pas guider par le Seigneur Lui-même.
Ainsi en reprenant les béatitudes, nous voulons bien obtenir le Royaume des Cieux, être consolé, recevoir la terre en héritage, être rassasié, obtenir miséricorde pour nous même, voir Dieu, être appelé Fils de Dieu, être dans l’allégresse et recevoir une récompense éternelle. Tout cela, pas de problème. Mais tout cela, encore selon l’Evangile, selon le Christ Lui-même, tout cela ce sont des fruits d’une autre réalité, fruit de la pauvreté de cœur, des pleurs, de la faim et de la soif de justice, de l’exercice de notre propre capacité à faire miséricorde, du cœur pur, de la recherche de la paix et encore de la persécution, de la diffamation et des insultes à cause de notre attachement au Christ… Tout cela bien souvent nous n’en voulons pas.
Nous voulons bien le Christ mais sans la croix, sans la passion et la mort. Et bien nous nous trompons nous même. Car c’est un véritable combat que de chercher à vivre véritablement uni au Seigneur, c’est un combat contre nous même, contre notre égoïsme, contre nos opinions qui prennent parfois le pas sur la Foi véritable, contre notre intelligence pervertie par l’époque actuelle, notre intelligence qui désire pourtant retrouver le chemin de la vérité du Christ et de l’Evangile...
Mais en considérant la sainteté comme étant cet effort contre nous même, nous pourrions avoir les jambes coupées, nous pourrions renoncer à tout effort, nous pourrions renoncer avant même d’avoir essayé. Mais ce que nous crie tous les saints du Ciel en ce jour c’est que le plus difficile c’est juste de vivre de Dieu, de s’abandonner entre ses mains, de construire sa vie dans une relation véritable avec le Seigneur. Le plus difficile c’est d’aimer Dieu, d’aimer Dieu véritablement au point que notre Amour pour Lui et son Amour pour nous nous transformera doucement, paisiblement comme seul l’Amour vraie peut le faire. Oh bien sûr les combats seront à mener mais aux côtés du Christ qui mènera l’attaque.
Ainsi en cette belle fête de la Toussaint, recommandons nous tous à l’intercession de tous les saints du Ciel, recommandons nous à leurs prières afin que nous puissions les suivre dans l’exemple qu’ils nous donnent tous et que nous puissions nous mettre véritablement à la suite du Christ afin que nous soyons les saints d’aujourd’hui, de demain et dans l’éternité. Les saints du Ciel nous appellent à les suivre jusque dans l’Eternité alors arrachons-nous à toute médiocrité et visons l’Eternité, visons Dieu qui désire faire des nous ses amis c'est-à-dire qui désire faire nous des saints. Et pour reprendre les mots de notre St Père le Pape François : « Demandons au Seigneur la grâce d’être des personnes simples et humbles, la grâce de savoir pleurer, la grâce d’être doux, la grâce de travailler pour la justice et la paix, et surtout la grâce de nous laisser pardonner par Dieu pour devenir des instruments de Sa miséricorde ».
Amen.

28 Octobre - 30ème DImanche du Temps Ordinaire


« Jésus, Fils de David, aie pitié de moi », ce cri qui parcourt l’évangile nous pouvons bien sûr le faire nôtre et il devrait d’ailleurs accompagner chaque instants de nos existences. Car, par ce cri jeté au pied du Seigneur, chacun reconnaît cette capacité qu’a Dieu de nous accompagner en chaque moment de notre vie. Par ce cri, l’homme reconnaît que Dieu n’est pas cet observateur impassible des déboires de notre temps et de nos propres déboires mais qu’au contraire, Dieu est celui qui désire rejoindre chaque difficulté, chaque souffrance pour être le soutient si nécessaire, pour être l’auteur du Salut qui permet à la lumière de jaillir au milieu des ténèbres. Par ce cri, l’homme reconnaît la proximité de Dieu, il reconnaît l’Amour de Dieu pour lui. Et surtout ne considérons pas que cette réalité n’est qu’un romantisme suranné, rappelons-nous que c’est bien l’essentiel de la Révélation du Seigneur Jésus en qui Dieu s’est fait proche de chacun de nous. Et, dès lors, nous pourrions, en ce dimanche, nous interroger : quelle est la place que nous donnons au Seigneur en nos vies, en chacune de nos journées ? Est-ce que le Seigneur ne trouve une place réelle que lors de la messe du dimanche ? Ou bien au contraire, est-ce que le Seigneur est véritablement la pierre fondatrice de notre vie, ce compagnon de route que Dieu désire être pour nous tous, cet ami véritable et aimant ?
Voilà bien là, la question essentielle de notre propre vie de Foi, de notre relation au Seigneur. Certains vont reprocher au Seigneur de ne pas agir dans leur vie mais est-ce qu’ils permettent à Dieu d’être présent dans leur existence, est-ce qu’ils permettent à Dieu d’agir en leur vie ? Si Dieu n’a pas sa place dans ma vie, si je ne me confie pas au Seigneur dans mes projets, mes actions, mes élans, si je ne m’en remets pas à la miséricorde divine reconnaissant mes propres limites et faiblesses, dès lors comment Dieu pourrait agir en mon existence ? Et pourtant nombreux sont ceux qui vont reprocher tant de choses au Seigneur qu’ils vont se séparer de sa présence rejetant la Foi comme une niaiserie et s’enfermant dès lors dans une existence sans avenir et sans sens en se coupant de la source de la vie.
L’aveugle de l’Evangile agit différemment. Il est aveugle. Son handicape il ne le reproche pas à Dieu. Il reconnaît, peut-être sans le dire, l’autonomie de la nature imparfaite qui draine en son sillage ses lots de déficiences naturelles ou maladives. L’aveugle n’accuse pas Dieu comme si Dieu avait voulu de sa volonté première qu’il soit aveugle, il n’accuse pas Dieu mais au contraire il se confie à Lui.
Et il y’a un court passage qui pourrait nous échapper mais qui est empli de sens. Jésus s’arrête et appelle l’aveugle qui se jette à ses pieds. Aussi bien vous que moi, à la place du Seigneur Jésus nous aurions tôt fait de rendre immédiatement la vue à cet aveugle sans poser de question car il semble tellement évident que ce que désire un aveugle c’est de retrouver la vue. Mais le Seigneur n’agit pas ainsi, au contraire le Seigneur lui pose la question « que veux-tu que je fasse pour toi ? ». Pourquoi est-ce que le Seigneur interroge l’évidence ? Et bien tout simplement pour permettre à l’homme d’exprimer sa Foi. Jésus ne guérit pas pour guérir mais Jésus guérit afin d’atteindre l’âme et de permettre à celui qui est guérit d’émerger à la Foi et à l’Eternité. Pour le dire autrement, la guérison miraculeuse, en plus d’être l’expression même de la bonté de Dieu envers ses enfants, est également le signe de sa puissance rédemptrice car la guérison du corps ne sert à rien si l’âme n’est pas conduite sur le chemin de la Foi et du Salut. Et l’aveugle va poser cet acte de Foi, cet acte de reconnaissance de la présence de Dieu, il va reconnaître que le Christ est Maître et Seigneur en l’appelant : « Rabbouni ». Il va reconnaître que le Christ a cette capacité de le sauver, de le sauver de son aveuglement et de le sauver en vue de l’Eternité. Et c’est ainsi que l’aveugle guérit grâce à sa Foi au Christ va se mettre à la suite du Christ.
Ainsi pour nous, réaffirmons de tout notre cœur notre Foi, notre attachement au Seigneur Jésus, confions-nous à Lui à chaque instant, vivons dans sa présence, adressons-nous au Seigneur bien souvent au long de nos journées et portons dans notre prière cette question que le Seigneur pourra nous adresser : « que veux tu que je fasse pour toi ? » et faisons que notre réponse soit simplement l’expression de notre désir d’être tout à Dieu.
Amen.

21 Octobre - 29ème Dimanche du Temps Ordinaire


« Le Fils de l’homme est venu pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » ces quelques mots que prononce le Seigneur Jésus nous devons les recevoir dans tout ce qu’ils signifient car à travers eux, le Seigneur Jésus nous dit pourquoi Il est venu, Il nous dit pourquoi Dieu Lui-même a quitté la gloire du Ciel et s’est fait simple créature en la personne de Jésus, pourquoi Dieu fait homme a enseigné et agi durant ces années de vie publiques, pourquoi Dieu fait homme est allé jusqu’à la mort sur la croix et s’est laissé enfermer dans un tombeau et enfin le Seigneur nous manifeste en quoi sa résurrection marque la réussite de sa mission.
Ainsi oui, « le Fils de l’Homme est venu pour servir » et il est certain que le Seigneur Jésus a servi l’humanité en permettant à l’humanité dont nous sommes de profiter de Sa Révélation, de la Parole de Dieu que le Christ a certes prononcer et qu’Il a également mis en acte. Gardons bien à l’esprit que Dieu n’était pas obligé d’agir ainsi, rien ne peut obliger Dieu à agir si ce n’est Lui-même. Rien n’obligeait le Seigneur à venir jusqu’à nous, rien n’obligeait le Seigneur à nous adresser directement la Parole, à se manifester par les actions et les miracles. Dieu n’était pas obligé. Mais Dieu a agi ainsi pour nous, Dieu s’est mis à notre mesure, Dieu a réduit son mystère pour nous le révéler à travers les simples mots du langage. Et afin que ce don qu’Il nous faisait traverse les siècles, Dieu a fondé l’Eglise dont nous sommes. Cette histoire de la présence et de l’action de Dieu en l’histoire de notre humanité, cette histoire sainte que nous connaissons tous il ne nous faut jamais nous y habituer mais il nous faut au contraire constamment en redécouvrir toute la grandeur, toute la bonté qu’elle laisse transparaître. Cette histoire sainte manifeste si bien la bonté de Dieu à notre encontre qu’il ne nous faut jamais nous y habituer.
Mais par delà toute la bonté et la sollicitude que cette histoire sainte manifeste, le Seigneur Jésus nous donne d’aller plus loin lorsqu’Il nous dit qu’Il est venu pour donner sa vie en rançon. Nous le savons bien, on paye une rançon lors d’une prise d’otage afin de libérer ceux qui sont enfermés. Mais alors quelle est cette rançon que le Christ a dû régler ? Qu’est ce qui nous emprisonne ? Qu’est ce qui contraint notre liberté ? Oh nous le savons bien, seul le péché a ce pouvoir en nous éloignant de Dieu, en nous enchaînant loin de nous-mêmes, en nous emprisonnant dans les ténèbres du mal. Mais en disant cela, rendons-nous bien compte que le péché est si dangereux, si pernicieux, si maléfique qu’il a fallu que Dieu se livre Lui-même au sacrifice de la Passion et de la Croix pour nous en délivrer !
Remarquons que si l’on considère la gravité d’une maladie en fonction de l’importance du remède, remarquons dès lors que le péché est cette lèpre virulente que seul Dieu peut éradiquer. Remarquons que si nous estimons la valeur de quelque chose au prix de son acquisition, remarquons dès lors que le prix de notre salut, de notre délivrance a été un prix d’une valeur infini. Ce prix de la passion et de la croix, d’un côté, nous montre à quel point Dieu a le désir de nous sauver, nous montre la bonté infini que Dieu a à notre encontre ; de l’autre côté il nous montre également tout le pouvoir du péché. Dieu a donné sa vie en rançon pour nous délivrer de la mort et du péché. Dieu s’est livré Lui-même réglant pour nous la dette de nos fautes. Dieu a payé l’addition pour nous et quelle addition ! Ô comme Dieu est bon envers chacun de ses enfants.
Et nous, nous qui vivons après ce temps, nous avons cette grâce de recevoir les enseignements du Seigneur, nous avons cette grâce de profiter de l’enseignement de l’Eglise du Christ, nous avons cette grâce de connaître ce que Dieu a fait pour nous, nous avons cette grâce de savoir le prix infini que Dieu a payé par Sa passion et par Sa croix, nous avons la grâce de vivre en présence du Seigneur victorieux de la mort, nous avons la grâce de vivre soutenu par le Seigneur Lui-même dans les sacrements qu’Il nous a donné, dans la prière qui nous uni à Lui. Oui le Seigneur a donné sa vie en rançon pour nous, pour chacun de nous, alors fuyons tout égarement, fuyons les ténèbres du péché qui ont couté si chers au Seigneur et attachons-nous à Lui, aimons le Seigneur de tout notre cœur car Lui nous a montré et nous montre chaque jour qu’Il a déjà tout fait pour nous, qu’Il a déjà tout fait par amour pour nous.
Le Seigneur a donné sa vie en rançon pour la multitude et nous a libéré des ténèbres, alors marchons avec Lui dès à présent jusque dans la béatitude.
Amen.

14 Octobre - 28ème Dimanche du Temps Ordinaire


A l’écoute de l’Evangile, nous aurions tôt fait d’en faire une ode contre les riches et les richesses et ainsi, nous aurions tôt fait de ne pas nous considérer comme destinataire des Paroles du Seigneur. Mais bien sûr, cet évangile n’est pas d’abord un pamphlet contre les richesses matérielles mais il est une mise en garde envers tout ce qui nous enchaîne, tout ce qui nous retient et nous cloue au sol.
Cet homme riche de l’Evangile est porté par un désir réel tel que l’exprime sa demande. Il veut savoir comment avoir la vie éternelle en héritage. Voilà bien là une demande emplie de Foi, la demande de quelqu’un qui sait ce qui doit être le plus essentiel, ce qui doit gouverner sa vie à savoir l’Eternité, le Royaume des cieux, la béatitude. Et le Seigneur Jésus le rejoint dans sa demande en reconnaissant sa Foi le Seigneur lui rappelle les commandements : ne pas tuer, ne pas commettre d’adultère, ne pas voler, ne pas faire de faux témoignage, ne faire de tort à personne et honorer son père et sa mère. Et en tout ceci, l’homme annonce son observance. Ainsi oui, extérieurement tout semble validé, les actes extérieurs sont en cohérence avec sa Foi et avec sa demande. Et remarquons qu’à cet instant, le regard que le Seigneur pose sur cet homme est un regard d’Amour, Dieu aime cet homme en ce qu’il a construit sa vie dans le respect des commandements et cela doit être pour nous un formidable encouragement. En effet, nous aussi, lorsque nous nous attachons à vivre dans la vertu, à vivre éclairé par l’Evangile en gouvernant nos vies selon les commandements divins, nous aussi, à ce moment Dieu pose sur nous un regard d’Amour. Mais le Seigneur ne se contente pas de ces belles actions, Dieu nous appelle tous à aller plus loin tout comme Dieu le fait avec l’homme de l’Evangile en lui demandant de tout abandonner pour Le suivre. Et c’est à partir de là que l’homme s’en alla tout triste. Nous pourrions là rester focaliser sur la question de la richesse mais comme je vous le disais cela dépasse les biens matériels car à nous aussi, à chacun de nous, quelle que soit notre situation financière, à chacun de nous le Seigneur nous demande de tout abandonner pour le suivre c'est-à-dire que le Seigneur nous demande de Lui donner la première place en nos vies.
Si cet homme s’en va tout triste c’est parce qu’il préfère sa richesse au Seigneur. Et bien pour nous, quelle est notre richesse qui nous retient ? Quelle est cette richesse qui n’est pas forcément d’or et d’argent mais qui peut même se trouver dans un attachement désordonné, dans des activités qui placent le Seigneur au second plan. Qu’est ce qui nous retient de vivre dans la radicalité de l’Evangile ? Et faisons attention, car bien souvent ce ne sont pas nos états de vie, nos situations qui vont être des freins à notre attachement au Seigneur mais c’est notre manière de vivre tout cela.
Il y’a une manière de travailler en compagnie du Seigneur que l’on soit employé de banque, policier ou plombier. Il y’a une manière d’habiter la solitude du veuvage ou du célibat par la présence du Christ. Il y’a une manière d’être en toute circonstance accompagné du Christ et embrasé de la Foi. Où que nous soyons, quoi que nous fassions, nous sommes tous appelés à suivre le Christ et ce ne sont pas là que des mots mais cela doit remettre en question bon nombre de nos attitudes car le chrétien doit transpirer la joie du Christ, doit vivre la compassion dans l’attention aux autres et aux plus faibles, doit être embrasé de charité en chaque instant, doit être un disciple de paix et de réconciliation et ça que nous soyons au boulot, à la maison, en train de faire nos courses ou que sais-je encore… est-ce que nous méritons le beau nom de chrétien à chaque instant ? Non me direz-vous avec une humilité vraie mais nous savons que nous sommes appelé à grandir et à progresser, nous savons que nous sommes appelés à être modelé par le Christ qui nous façonnera dans l’ordre de la grâce et de la vertu. Alors oui posons des actes de Foi mais surtout vivons en présence du Seigneur en étant fondé par ces temps quotidiens de prières qui nous remette face au Seigneur et nous rend disponible à être modelé par Lui, vivons en présence du Seigneur chaque moment, chaque instant et si nous nous égarons et bien tâchons de réparer nos manquements et courons à la source de la miséricorde divine qui est contenue dans la confession et l’eucharistie.
Ne faisons pas l’erreur de l’homme de l’évangile qui considère que ce chemin de sainteté n’est pas pour lui et qui dès lors s’enferme dans une tristesse jusqu’à son dernier souffle. La sainteté elle est pour chacun de nous alors mettons nous résolument à la suite du Christ, changeons en nos vies ce qui doit l’être, appuyons-nous sur la prière, sur la grâce et la miséricorde et vivons chaque moment comme des témoins du Christ car c’est là que se trouve notre joie et cette joie là, personne ne pourra nous l’enlever !
Amen.

mardi 2 octobre 2018

30 Septembre - 26ème Dimanche du Temps Ordinaire


« Celui qui n’est pas contre nous est pour nous », cette Parole du Seigneur Jésus dans l’évangile de ce dimanche pourrait nous apparaître simplement comme une lapalissade mais cette Parole est bien plus signifiante que cela. En effet, celui qui n’est pas contre l’annonce de la Parole de Dieu et donc celui qui ne lutte pas à sa diffusion dès lors il participe par son indifférence à l’engendrement du Royaume de Dieu. Il est certain que cette position n’est pas des plus heureuses car l’indifférence par rapport au Christ peut-être qualifiée d’indifférence par rapport au Royaume de Dieu, par rapport au Salut, par rapport à la Foi. Mais cette indifférence ne concerne que la personne elle-même et elle ne contraint pas les autres à rejeter la Foi ou à la suivre sur son chemin d’indifférence. Ainsi oui, encore aujourd’hui, celui qui n’est pas contre nous, contre le Christ, contre l’Eglise, contre la Foi, permet, par son indifférence même, la propagation du Christ, de l’Eglise et de la Foi. Et peut-être qu’en entendant la Parole du Seigneur nous pensons à quelqu’un dans notre entourage, quelqu’un qui peut être qualifié d’indifférent et bien tout en priant pour la conversion de cette personne il nous faut toutefois poser sur elle un regard positif car l’indifférence est un moindre mal par rapport au rejet. Et je dirai même que cette indifférence doit nous pousser à avoir du zèle dans l’annonce de la Bonne Nouvelle, à avoir du zèle dans notre propre témoignage chrétien, à avoir du zèle dans la mission. Gardons bien à l’esprit que c’est à nous, à chacun de nous que le Seigneur a confié l’annonce du Salut, à nous, à notre voisin aussi mais à nous, à chacun de nous.
Et dans cet ordre du témoignage il est certain que le scandale public est un frein notable dans l’annonce de la Bonne Nouvelle. Ce scandale qui conduit à être perçu comme mensonger car comment prôner la Foi sans la vivre et même au contraire, en portant un contre témoignage tel que ce que l’on peut qualifier de scandale. Alors bien sûr, nous pouvons penser aux scandales des tabloïdes mais ne nous exonérons pas non plus trop vite car nous avons, nous aussi, la capacité de produire par nous même des contre témoignages et nous pouvons songer à cette liste que dresse St Paul : « Amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes, […] ainsi que toute espèce de méchanceté », et oui, notre témoignage doit aller jusqu’au rejet de tout cela…
Et le Christ va même plus loin car Il nous dit : « si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le. Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le ». En prenant cette Parole du Seigneur au pied de la lettre nous serions tous manchots, estropiés et borgnes et il est certain que ce n’est pas ce que désire le Seigneur. Mais le Seigneur nous rappelle par ces images fortes ce qui doit être le plus essentiel dans nos vies à savoir la quête du Royaume des cieux, notre Eternité, notre union à Dieu. Le reste est important tout en étant second comme l’on comprit les martyrs qui ont préférés la mort au reniement de la Foi. Et dans cette perspective, nous pourrions nous interroger en considérant le temps que nous passons à nous occuper de notre corps, de notre bien être et en le comparant avec le temps que nous passons à nous occuper de nos âmes, à nous occuper de Dieu. Attention je ne dis pas que nous ne devons pas nous occuper de notre corps car le corps demeure le véhicule de l’âme mais nous sommes appelé à vivre l’adage : anima sana in corpore sano c'est-à-dire une âme saine dans un corps sain et pour ce faire, le Seigneur doit pouvoir prendre la première place en nos vies même dans nos agendas !
Alors en ce dimanche, demandons au Seigneur de nous aider à devenir ses témoins fidèles, que nous puissions vaincre en nos vies tout ce qui nous éloigne de Lui afin, qu’à l’image du Bienheureux abbé Fouque nous puissions vivre pour le Seigneur et ce en chaque instant de nos vies, Dieu premier servi, telle doit être notre devise.
Amen
                         

23 Septembre - 25ème Dimanche du Temps Ordinaire


Dans la seconde lecture tirée de l’épître de St Jacques, nous trouvons une réponse à cette question si habituelle porté par le commun. En effet, beaucoup s’interrogent pour savoir pourquoi est-ce que Dieu permet le mal sous-entendu que Dieu en est l’auteur premier. Et bien St Jacques nous rappelle cette vérité presque évidente à savoir que c’est bien l’homme lui-même qui demeure le responsable de la majorité du mal qui survient dans le monde. St Jacques nous le dit clairement : « Vous êtes pleins de convoitises et vous n’obtenez rien, alors vous tuez ; vous êtes jaloux et vous n’arrivez pas à vos fins, alors vous entrez en conflit et vous faites la guerre ». Et il est malheureusement aisé de corroborer les propos de St Jacques par les actualités. Ainsi oui, le mal est aussi le fruit du cœur de l’homme, le mal est aussi le fruit de nos propres cœurs. Mais ceci n’est pas un constat qui devrait nous conduire à une certaine résignation, cela doit nous rappeler que le véritable combat du Bien au sens large et noble du terme, le combat du Bien se joue en nous, en chacun de nous. Ce combat, si nous ne le menons qu’avec nos propres forces n’aura que peu de victoires mais nous, nous savons, que nous pouvons compter sur une force qui nous est bien supérieure, nous savons que nous pouvons compter sur le Bien personnifié, nous savons que nous pouvons compter sur Dieu Lui-même. C’est avec le Seigneur que nous sommes appelés à combattre en faveur du Bien véritable qu’est Dieu Lui-même. C’est avec le Seigneur que nous pourrons être les héros de nos propres vies, les héros du Bien véritable.
Je dis les héros du Bien véritable car le bien n’est pas quelque chose d’indéterminé qui serait formé par les mouvements d’opinion. Cette opinion si changeante qui peut transformer en un éclat de voix ou de lobbies un mal pour un bien illusoire. Le Bien véritable nous est révélé par Dieu Lui-même car le Bien n’est qu’une déclinaison de Dieu Lui-même.
Et c’est bien ce que les apôtres sont appelés à reconnaître, eux qui se chamaillent pour savoir qui est le plus grand et qui se voient adresser par le Seigneur le seul chemin de la grandeur du bien qui est celui de l’humilité et du don de soi. Et tout comme pour les apôtres jadis, nous sommes aussi appelés à une sainte méfiance envers le bien présenté par le monde. Ce bien présenté par le monde qui s’oppose si souvent à la Parole que Dieu nous adresse, qui s’oppose au respect de la vie, qui s’oppose aux réalités naturelles… Tout comme la vérité, le bien lui-même a une identité universelle et intemporelle car vérité et bonté appartiennent à l’identité même de Dieu.
Ainsi, il nous faut combattre en nos vies en faveur du Bien véritable en écartant les mirages de notre temps, il nous faut combattre en nous appuyant sur Dieu Lui-même qui met à notre disposition le soutient de sa grâce dispensée dans les sacrements, il nous faut redevenir comme des enfants qui attendent de Dieu force, protection, salut, grâce et miséricorde. Ne nous habituons jamais à nos défaillances, ne pensons pas que nos défauts nous qualifient, ne nous résignons pas à nos propres errements mais reprenons courage et livrons le combat dans la confiance en la force divine. Ne nous berçons pas d’illusion en nous pensant plus fort que ce que nous sommes mais attachons nous à la seule puissance qui porte le monde et ouvre à l’Eternité, attachons-nous à Dieu qui vaincra en chacune de nous.
Amen.

16 Septembre - 24ème Dimanche du Temps Ordinaire


« Si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? », ce questionnement que nous adresse St Jacques en la seconde lecture doit nous interpeller. Elle doit nous interpellée et surtout nous conduire à nous interroger pour savoir en quoi est-ce que notre Foi nous conduit à changer notre vie ? En quoi est-ce que notre Foi est le moteur de notre existence ? Ou encore, pour le dire autrement, en quoi est-ce que le fait de se savoir aimé de Dieu qui s’est offert en sacrifice pour notre salut et qui nous invite à l’accueillir toujours plus radicalement, en quoi est-ce que cette vérité de Foi transforme notre quotidien ?
Cette question, nous pouvons la porter en ce dimanche, demandant au Seigneur la grâce du discernement pour savoir comment vivre toujours plus fidèlement en Sa présence. Mais cette question, nous pourrions nous la poser chaque matin en nous interrogeant quotidiennement pour savoir ce que nous pourrons faire dans cette journée pour nous rapprocher du bon Dieu. Et cette interrogation, soyons certains que tous les saints et bienheureux l’ont portée, oh non pas dans la recherche d’un devoir accompli mais bien dans ce désir qui les animait de manifester à Dieu leur attachement et leur amour. Et cette recherche est bien vraie dans l’ordre humain, car lorsque nous aimons quelqu’un nous cherchons à le contenter à lui faire plaisir. Le fiancé se creuse la tête pour trouver comment manifester son ardent amour à sa fiancée. Et bien il doit en être de même pour nous dans notre relation à Dieu. Et lorsque nous nous laisserons portée par la Foi, lorsque nous serons véritablement habités par Dieu et bien dès lors nous agirons conformément aux desseins divins. Voilà bien ce qui qualifie les saints et les bienheureux, ils ont aimés Dieu au point de ne vivre qu’en fonction de cet amour, agissant en leurs vies porté par leur amour de Dieu. Et l’amour de Dieu, nous le savons, s’il prend sa source unique en Dieu Lui-même, qui doit être l’objet de notre désir le plus ardent, l’amour de Dieu se répand ensuite sur ceux qui nous entourent, sur nos prochains, sur tous ceux qui croisent notre route.
Et en cette année, c’est une belle figure de sainteté qui nous est donnée en la personne de l’abbé Jean-Baptiste FOUQUE. Lui, prêtre du Seigneur, brûlant d’un désir ardent de Dieu Lui-même, ancré dans la prière et la contemplation, ministre de la miséricorde par la dispensation du sacrement de la confession, a été conduit, par Dieu Lui-même, à œuvrer pour soulager les plus miséreux de ce peuple marseillais : protégeant les jeunes filles, offrant un toit aux orphelins, accompagnant les jeunes délinquant, soignant les malades… Que d’œuvres ont pour origines le travail et l’élan de l’abbé FOUQUE ! Mais ne nous y trompons pas, comme lui-même aimait à le dire, ce n’étaient pas ses bonnes œuvres, ce n’étaient pas ses bonnes actions, ce n’étaient pas ses « BA », mais l’abbé FOUQUE se reconnaissait comme n’étant que l’instrument de Dieu au service des plus pauvres de son temps. Comme tant de saints avant lui, il a été cette cheville ouvrière que Dieu a suscité afin de manifester Sa miséricorde, Sa tendresse, Sa compassion aux hommes d’antan et à chacun de nous qui le recevons comme modèle de sainteté. L’abbé FOUQUE a essayé de répondre tout au long de sa vie à l’interrogation de St Jacques, cherchant à œuvrer pour Dieu Lui-même, cherchant à servir Dieu par le service de ses frères et sœurs.
Quelle grâce de la Foi véritable qui s’enracine dans l’être, qui s’enracine dans l’individu mais pour se répandre sur le monde. Et bien nous aussi, bien chers amis, Dieu attend de nous que nous nous laissions guidé par Lui, que nous devenions ses instruments pour notre temps, ses missionnaires de l’unique rédemption obtenue par le Christ, ses disciples de la charité même de Dieu. Et l’abbé FOUQUE nous montre l’unique chemin qui fut emprunté par tous les saints. Ce chemin il s’enracine d’abord en Dieu Lui-même. Seule la proximité avec le Seigneur, seule la recherche fréquente de sa compagnie en la prière, seule la réception de la grâce dispensée dans les sacrements nous permettront d’être ces instruments dont Dieu a besoin. Oui, Dieu a besoin de nous, de chacun de nous mais avant que d’échafauder des plans qui ne seraient que nos plans, avant tout, il nous faut nous mettre au service de Dieu en nous laissant transformer par Lui.
Ainsi, en ce dimanche, prenons cette résolution de chercher à vivre toujours davantage avec le bon Dieu, et pour le reste, laissons le bon Dieu nous montrer ce que nous pouvons faire pour Lui en ce temps, en ce monde. Dieu seul importe, le reste nous sera donné en surcroît.
Amen.


9 Septembre - 23ème Dimanche du Temps Ordinaire


Par delà le miracle merveilleux qu’accomplit le Seigneur Jésus qui redonne la parole à un sourd presque muet en lui adressant cet ordre « Ephata », mot toujours prononcé à chaque célébration de baptême afin de demander que les oreilles du baptisé s’ouvre pour entendre la Parole de Dieu, que ses yeux s’ouvrent pour en voir les merveilles et que sa langue se délie pour proclamer ce qui aura été vu et entendu. Par delà le miracle de l’Evangile, c’est sur la première lecture que je désire m’attarder quelque peu avec vous.
            St Jacques dans son épître que je vous invite vraiment à relire dans sa totalité, St Jacques démasque une attitude qui est bien souvent la nôtre. Cette attitude consiste à poser un jugement de valeur en se fondant essentiellement sur l’apparence des gens, jugement qui va dés lors déterminer notre manière de nous situer par rapport à eux. Quelqu’un d’important, de riche ou de célèbre serait ainsi mieux considérer que le simple passant ou même le pauvre quêtant sa subsistance. Reconnaissons le, de manière habituelle, nous jugeons intérieurement à partir de ce critère de l’apparence, de la richesse, de l’importance. Ce jugement intérieur il nous faut le combattre car ce n’est pas la richesse, la gloire, le pouvoir, la renommée qui fait la valeur de la personne et nous le savons bien, on peut être riche et célèbre et être dans un même temps le dernier des renégats.
            Mais prenons ensemble un exemple, choisissez intérieurement un homme politique éminent, un scientifique reconnu, un philosophe loquace et un milliardaire philanthrope. Considérez cet aréopage prestigieux et placez maintenant au milieu d’eux Mère Teresa, une simple religieuse en sandale habillée d’un simple drap. Où se trouve la véritable richesse, la véritable grandeur ? Oh nous dirions tous : « du côté de Ste Mère Teresa » ; et nous aurions raison mais, tout en sachant cela, tout en croyant cela, nous jugeons bien souvent en fonction de l’apparence car, bien souvent, nous considérons que la valeur de la personne se mesure à l’aune de ses réussites ou de son compte en banque ou encore de sa position sociale. Réussite, compte en banque, position sociale, tout cela n’est que vanité et tout ceci passera bien vite et pourtant nous donnons à tout cela une grande importance. Pourquoi ?
            Et bien là encore, il nous faut reconnaître ce processus humain qui considère qu’en étant proche d’une personnalité, sa pâle grandeur rejaillirai quelque peu sur nous. C’est le fameux : « moi je connais untel ou untel » mais vanité que cela.
            Mais alors, comment faut-il construire nos relations ? Et bien il nous faut tout simplement et avant toute chose, reconnaître la grandeur inhérente à chaque personne humaine qui est créé par Dieu, que Dieu maintient dans l’existence, pour lequel Dieu a souffert sur le bois de la croix et ce jusqu’à la mort. La valeur de la personne elle est là, inscrite dans chaque individu. Ce socle essentiel se développe ensuite par la sainteté réelle de chacun, par son attachement à Dieu, par sa vertu. Le reste ce ne sont que des détails qui passeront. Ainsi il ne s’agit pas traiter moins bien le riche que le pauvre, il ne s’agit pas de traiter moins bien le pauvre que le riche mais il faut reconnaître à chacun son éminente dignité. Et c’est cette reconnaissance là qui nous fera nous tourner davantage vers les pauvres qui sont bien souvent en quête de considération, en quête de reconnaissance de leur dignité et même parfois de leur humanité. Combien il est malheureux de voir dans nos villes cette foule de passant qui occulte les pauvres de ses rues sans même leur adresser un regard, ces pauvres là n’existent pas pour eux, ils n’existent pas dans leur monde. Et bien pour nous il ne doit pas en être ainsi, un regard, un sourire c’est bien parfois l’élément qui peut rétablir l’être dans sa dignité.
            Alors surtout, ne jugeons pas en fonction de l’apparence, mais considérons chacun avec les yeux même de Dieu, reconnaissons à tous cette même valeur fondamentale et attachons-nous un peu plus aux pauvres aux yeux du monde qui sont peut-être les plus riches en termes de grâce et de sainteté, Dieu seul le sait.
Amen

2 Septembre - 22ème Dimanche du Temps Ordinaire


Hypocrites ! Hypocrites ! Telle est la parole que le Seigneur Jésus adresse aux pharisiens et aux scribes qui l’interrogent. Leurs hypocrisies se trouvent dans leur attachement à une manifestation extérieur de la Foi alors qu’ils délaissent leur intériorité. Leurs hypocrisies nous pouvons malheureusement la retrouver encore aujourd’hui constatant que l’exercice extérieure de la Foi, des sacrements, n’est pas le gage d’une intériorité épanouie et sanctifiée.
Ainsi, pour nous, pour chacun de nous, il nous faut être attentif afin de ne pas sombrer dans cette hypocrisie dénoncée par le Christ c'est-à-dire qu’il faut que les actes que nous posons dans l’ordre de la Foi soient portés par notre intériorité, par notre attachement quotidien au Seigneur Jésus. Les actes de Foi, les actes de la Foi devraient toujours être comme la continuité de notre attachement au Seigneur Jésus.
Et dans le sens contraire, il y’a ceux qui disent leur attachement au Seigneur sans jamais poser d’acte de Foi, sans vivre de la grâce des sacrements, sans recevoir le Seigneur en la sainte communion. Il y’a dans cet ordre là aussi quelque chose qui n’est pas ajusté car on ne peut dire que l’on a la Foi sans jamais poser les actes de la Foi.
Alors bien sûr, il y’a toujours une différence immense entre le don infinie que Dieu nous fait par la grâce des sacrements et la petitesse de notre Foi qui n’atteint bien souvent pas la taille d’un grain de moutarde mais le Seigneur le sait, et c’est bien une manifestation de Sa bonté envers nous que de nous combler bien au delà de nos propres mérites. Ainsi oui le Seigneur désire nous combler mais Il ne nous force pas à Le recevoir, Il attend un cœur qui L’appelle et Le désire.
Et nous le savons bien, notre Foi, si elle s’épanouit dans la grâce que le Seigneur nous communique par les sacrements, si elle se nourrit de Dieu Lui-même en la sainte eucharistie, notre Foi s’enracine avant toute chose dans notre propre relation avec le Seigneur. Sans notre propre relation au Seigneur, les sacrements que nous recevrions n’auraient pas de sens et nous serions dès lors des hypocrites tels ceux de l’Evangile.
Bien chers amis, je vous le dis et me le dis à moi-même, attachons-nous au Seigneur car c’est Lui seul qui nous sauve et nous donne de vivre en ce temps éclairé par sa présence aimante, qui nous donne d’affronter chaque chose porté par sa présence aimante. Et c’est en nous attachant à vivre en compagnie du Seigneur que chaque eucharistie réjouira nos âmes comme étant le moment de la rencontre intime avec le Seigneur, c’est en nous attachant à vivre en compagnie du Seigneur que chaque bénédiction reçue, chaque moment de prière, sera vécu dans la joie véritable de se savoir soutenu par le Seigneur. La religion catholique, la Foi catholique c’est d’abord vivre de la présence aimante du Seigneur Lui qui est l’hôte très doux de nos âmes. Les actes de religion, les actes de Foi deviennent dès lors non pas des rituels creux mais deviennent des actes d’Amour, des actes d’Amour de Dieu qui nous comble, des actes d’amour de chacun de nous qui désirons le Seigneur de tout notre cœur, de toute notre âme, de toutes nos forces.
La vie de Foi est une histoire d’amour entre nous et Dieu, nulle fleurs bleues là-dedans mais bien la réalité de l’Amour divin qui doit convertir chaque parcelle de nos vies, chaque battement de nos cœurs qui doit nous conduire à être des saints.
Alors en ce dimanche, demandons au Seigneur de nous aider à chasser de nos vies toute hypocrisie, demandons Lui surtout de nous aider à nous attacher à Lui en vivant chaque jour à ses côtés, le rejoignant souvent par la prière fidèle, le recherchant par la communion fréquente même en semaine. Que le Seigneur nous attire à Lui et nous donne d’être entièrement à Lui, sans hypocrisie mais en vérité.
Amen


26 Août - 21ème Dimanche du Temps Ordinaire


En cette période troublée que nous rencontrons et qui marque dramatiquement l’histoire de l’Eglise, il nous faut réentendre avec force ce que nous enseigne St Paul en la seconde lecture, lui qui nous rappelle que l’Eglise demeure unie au Christ qui est établi à sa tête, et par développement, il nous rappelle que l’Eglise est le corps du Christ, que l’Eglise est sainte même si elle est constituée de membres pécheurs.
Et ce rappel de Foi est essentiel car les graves atteintes que l’Eglise endure à cause de l’infidélité perverse de ceux qui, au contraire, devraient témoigner de la bonté de Dieu et de la dimension salvifique de l’Eglise, ces graves atteintes pourraient conduire à un rejet de l’Eglise en général et du sacerdoce en particulier. Mais si nous sommes membres de l’Eglise, si nous sommes fils et filles de notre Sainte Mère l’Eglise, notre attachement dépasse les contingences du temps car notre attachement il s’enracine dans la fondation que le Seigneur a faite de l’Eglise. Si l’Eglise se réduit à cette institution visible alors il est certain que la question de notre attachement pourrait se poser mais l’Eglise demeure l’Eglise du Christ qui a pour fondation les apôtres et comme témoins essentiels tous les saints. Notre attachement au Christ, c’est notre attachement à l’Eglise que le Christ a voulu, fondé et qu’Il continue d’accompagner. Notre attachement au Christ c’est notre attachement à l’unique Eglise du Christ.
Et en ces temps qu’il nous faut affronter, nous sommes tous invités à prier pour les victimes comme le soulignait le Pape François : « La douleur des victimes et de leurs familles est aussi notre douleur […] Je fais miennes les paroles de l’alors cardinal Ratzinger lorsque, durant le Chemin de Croix écrit pour le Vendredi Saint de 2005, il s’unit au cri de douleur de tant de victimes en disant avec force : « Que de souillures dans l’Église, et particulièrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement ! Combien d’orgueil et d’autosuffisance ! […] La trahison des disciples, la réception indigne de son Corps et de son Sang sont certainement les plus grandes souffrances du Rédempteur, celles qui lui transpercent le cœur. Il ne nous reste plus qu’à lui adresser, du plus profond de notre âme, ce cri : Kyrie, eleison – Seigneur, sauve-nous (cf. Mt 8, 25) »  ».
Cette douleur des victimes marquées à vie par ces atrocités nous encourage tous à être attentif afin que cela ne se reproduise pas. Comme nous y invite le Pape François : « Aujourd’hui nous avons à relever le défi en tant que peuple de Dieu d’assumer la douleur de nos frères blessés dans leur chair et dans leur esprit. […] Cette solidarité à son tour exige de nous que nous dénoncions tout ce qui met en péril l’intégrité de toute personne ». De plus le Pape François nous adresse à tous cette demande : « j’invite tout le saint peuple fidèle de Dieu à l’exercice pénitentiel de la prière et du jeûne, conformément au commandement du Seigneur, pour réveiller notre conscience, notre solidarité et notre engagement en faveur d’une culture de la protection et du « jamais plus » à tout type et forme d’abus ».
Et, ô combien notre cœur doit se serrer en considérant chacune des victimes, ô combien notre âme doit pleurer en considérant la souffrance du Seigneur qui est unie à celle de ses enfants ainsi outragés, et ô combien, dans un même temps, nous devons être renouvelé dans notre propre recherche de la sainteté qui seule permettra la guérison des blessures infligées et le témoignage de la bonté de Dieu en son Eglise. « Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui », que notre propre souffrance manifeste notre proximité envers chacune des victimes et qu’elle nous conduise tous à rechercher à être uni davantage au Christ. Que notre attachement au Christ et à son Eglise prédomine en chacune de nos vies à l’image de la Très Sainte Vierge Marie comme le rappelle le Pape François :
« Marie a su se tenir au pied de la croix de son fils. Elle ne l’a pas fait de n’importe quelle manière mais bien en se tenant fermement debout et à son coté. Par cette attitude, elle exprime sa façon de se tenir dans la vie. Lorsque nous faisons l’expérience de la désolation que nous causent ces plaies ecclésiales, avec Marie il est nous bon «de donner plus de temps à la prière » (S. Ignace de Loyola, Exercices Spirituels, 319), cherchant à grandir davantage dans l’amour et la fidélité à l’Eglise. Elle, la première disciple, montre à nous tous qui sommes disciples comment nous devons nous comporter face à la souffrance de l’innocent, sans fuir et sans pusillanimité. Contempler Marie c’est apprendre à découvrir où et comment le disciple du Christ doit se tenir. Que l’Esprit Saint nous donne la grâce de la conversion et l’onction intérieure pour pouvoir exprimer, devant ces crimes d’abus, notre compassion et notre décision de lutter avec courage ».
Amen.

19 Août - 20ème Dimanche du Temps Ordinaire


« Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle », ô combien cette affirmation doit nous réjouir au plus profond de nos âmes car elle résonne en nous comme la Révélation de notre propre destinée ! Oui nous sommes faits pour le Ciel, oui nous sommes faits pour la vie éternelle et si nous sommes, nous-mêmes, incapables d’atteindre le Ciel, si nous sommes, nous-mêmes, incapables de nous établir dans la vie éternelle et bien rendons-nous compte que Dieu agit pour nous, en notre faveur et même à notre place. Dieu nous offre cette Eternité que nous désirons en nous permettant par ses propres mérites d’être établi en son éternelle compagnie et ce dès à présent car nous goutons à l’Eternité en chaque eucharistie, en chaque communion.
L’Eternité n’est pas donc pas un état qui serait déconnecté de notre présent, l’Eternité se nourrit en chacune de nos âmes dès à présent. Rendons-nous compte qu’en chaque eucharistie, à chaque communion, Dieu, en se livrant à nous, s’établi en nos âmes et nourri en nous notre désir du Ciel, nourri en nous l’Eternité elle-même que Dieu est en Lui-même.
Oh bien sûr, tout cela échappe à notre entendement, à notre propre raison, et c’est notre Foi qui nous donne de pallier à la faiblesse de notre raison en recevant chacune des Paroles du Seigneur Jésus comme l’enseignement divin qu’elles constituent. Mais en cela, il n’y a rien de magique. Recevoir le corps et le sang du Seigneur ne suffit pas à nous établir en la vie éternelle comme une potion magique, car le corps et le sang du Seigneur ne sont pas des éléments de Dieu, ce ne sont pas des parties de Dieu. Le corps et le sang du Seigneur c’est le Seigneur Lui-même. Chaque parcelle d’hostie consacrée, chaque goutte de vin consacré sont pleinement et totalement Dieu. Et parce que la sainte communion nous donne de recevoir Dieu Lui-même, chaque sainte communion constitue un pas que Dieu fait pour nous rencontrer, pour venir en nos vies. Et c’est bien lorsque nous recevons véritablement le Seigneur que nous Lui sommes unis dès à présent. Recevoir véritablement le Seigneur c'est-à-dire non pas seulement en présentant nos mains ou notre langue pour Le recevoir en communion dans une habitude dévastatrice. Recevoir véritablement le Seigneur c'est accepter de Le rencontrer intimement, existentiellement et c’est s’établir dans une vie de communion avec Lui.
Ainsi oui, Dieu se donne en communion afin que nous soyons en communion avec Lui et c’est cette communion avec Dieu qui décrit si bien la vie Eternelle, le Paradis, le Royaume. La sainte communion n’est pas une potion magique mais elle est ce don que Dieu nous fait de Lui-même pour nous inviter à vivre de sa vie, la sainte communion c’est la rencontre la plus essentielle de toute notre vie d’ici-bas, c’est le seul acte que nous posons qui a valeur d’Eternité car duquel découle notre relation à Dieu, notre relation à l’Eternel.
C’est bien en étant attaché à cette réalité qu’il nous faut préserver ce temps après la communion comme étant ce temps de la rencontre avec le Christ. Ô combien il est dommageable de voir certains retrouver leurs places après avoir reçu la sainte communion et se mettre à discuter avec leurs voisins attendant la suite et la fin de la messe. Mais c’est Dieu que nous recevons, c’est Dieu qui se présente à nous alors prenons le temps de vivre de sa présence, prenons le temps de Le rencontrer dans l’intimité de nos cœurs.
Alors surtout, prêtre ou laïc, il nous faut garder toujours à l’esprit la grandeur de ce mystère que nous célébrons et chasser de nos cœurs et de nos esprits tout sentiment d’habitude afin de demeurer toujours émerveillé par l’anéantissement auquel Dieu consent pour nous rejoindre, pour nous nourrir de sa présence et nous convier à l’Eternelle béatitude et cela afin que nous nous disposions toujours à vivre de Celui que nous aurons reçu c'est-à-dire à vivre de Dieu. Amen.