En ce dimanche,
n’hésitons pas à réentendre cette révélation portée par St Paul :
« Dieu notre Sauveur, […] veut que tous les hommes soient sauvés et
parviennent à la pleine connaissance de la vérité ». Oui, Dieu veut que
tous les hommes soient sauvés, mais attention, il n’est pas dit que Dieu sauve
tous les hommes mais bien que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, c’est
une réalité, du côté de Dieu, aucun doute mais la force de la Révélation
divine. Dieu veut que tous les hommes soient sauvés mais, la difficulté, c’est
que trop souvent l’homme n’a pas le sentiment d’avoir besoin d’être sauvé et
dès lors, l’homme ne se tourne pas humblement vers Dieu pour accepter de Lui le
salut.
Pourquoi ? Et bien
tout simplement parce que nous sommes souvent portés par une illusion, oh une
illusion dont nous sommes nous-même la source et qui est amplifiée par notre
société. Cette illusion consiste dans le fait que nous considérons bien souvent
que pour nous tout va bien, même si nous connaissons parfois quelques difficultés
nous pouvons vivre la plupart du temps dans l’insouciance avec un toit sur la
tête, un frigo rempli, une voiture, un boulot, enfin bref, un confort qui fait
que le temps qui passe, s’écoule relativement paisiblement. Et nous vivons dans
l’illusion car nous voulons penser que tout cela durera. On vit dans le carpe
diem, dans l’insouciance et les plaisirs de l’instant sans nous interroger sur
le sens de l’existence, sur le sens de ce monde, sur le sens et la réalité de
Dieu.
Quand j’étais plus jeune,
non pas que je sois bien vieux mais on me disait que les églises étaient
remplies de personnes âgées et que donc que la Foi finirait par se perdre. Au
début c’est un constat que je faisais mais petit à petit j’ai pu prendre
conscience qu’avec l’âge, l’amplitude de la vie s’amenuise, la retraite arrive,
les enfants sont casés et ils sont loin. Et quand le calme s’impose, quand tout
ce qui faisait la vie cesse d’exister, la question du sens de l’existence
refait surface avec force et Dieu peut alors retrouver sa place, cette place
qu’Il avait dû, bien malgré Lui, céder à d’autres occupations. Ainsi, l’âge
permet à l’homme de chasser quelque peu l’illusion du monde pour retrouver le
sens de sa vie qui s’enracine en Dieu. Avec l’âge l’homme fait le point sur son
existence, il prend conscience que tout ce qui lui semblait important ne fait
plus parti de sa vie lui montrant, par-là, qu’il se berçait dans l’illusion que
c’était important. Lorsque l’homme fait le point sur son existence en se noyant
dans son insignifiance il peut alors entendre résonner en son cœur cet appel de
Dieu qui l’invite à l’accueillir, à vivre de sa vie, à se laisser sauver de son
néant pour naître à l’éternité. Lorsque l’homme perd ses assurances, lorsqu’il
perd l’illusion de ses assurances alors il peut laisser Dieu le rejoindre et,
dans l’humilité, il peut accueillir la rédemption emportée par la miséricorde
divine.
Ainsi pour nous, il nous
faut prêter attention à ne pas nous laisser emporter par le flot de la vie, il
ne nous faut pas donner aux choses plus d’importances qu’elles n’en ont. C’est
d’ailleurs le sens de l’évangile quant à l’argent qui peut prendre toute la
place jusqu’à chasser Dieu Lui-même ; l’argent qui devient l’image de tout
ce que nous possédons et qui gouverne aussi une grande part de ce que nous
faisons alors que, rappelons-nous, tout cela va disparaître, s’évaporer comme
l’illusion qui gouverne le monde et qui tend à gouverner nos vies.
Alors oui, réaffirmons
que Dieu notre Sauveur veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à
la pleine connaissance de la vérité et redisons avec toute la force de la Foi
combien nous avons besoin d’être sauvé par Dieu afin que nous puissions vivre
dès maintenant de l’éternité à laquelle Il nous appelle. Et en ce sens, rendons-nous
compte que nous pouvons dès aujourd’hui combattre l’illusion du monde et poser
des actes d’éternité, lorsque nous recevons le sacrement de la confession nous
posons un acte en faveur de la miséricorde de Dieu pour nous, lorsque nous
recevons la sainte communion nous posons un acte en faveur de la présence de
Dieu en nos vies, lorsque nous prions nous posons un acte en faveur de notre
relation à Dieu. Ces actes-là ne sont pas des illusions, ils resteront et ils
façonnent déjà nos âmes en les apprêtant en vue de l’éternité. Ces actes
d’éternité sont essentiels, primordiaux, et vécus pleinement ils ordonnent
toute notre vie remettant chaque réalité à sa juste place. C’est ainsi que nous
pouvons rejoindre Ste Thérèse d’Avila et prier avec elle :
« Que rien ne te
trouble, que rien ne t'épouvante, tout passe, Dieu ne change pas, la patience
obtient tout ; celui qui possède Dieu ne manque de rien : Dieu seul suffit.
Elève ta pensée, monte au ciel, ne t'angoisse de rien, que rien ne te trouble.
Suis Jésus Christ d'un grand cœur, et quoi qu'il arrive, que rien ne
t'épouvante. Tu vois la gloire du monde ? C’est une vaine gloire ; il n'a rien
de stable, tout passe. Aspire au céleste, qui dure toujours ; fidèle et riche
en promesses, Dieu ne change pas. Aime-Le comme Il le mérite, Bonté immense ;
mais il n'y a pas d'amour de qualité sans la patience. Que confiance et foi
vive maintiennent l'âme, celui qui croit et espère obtient tout. Même s'il se
voit assailli par l'enfer, il déjouera ses faveurs, celui qui possède Dieu.
Même si lui viennent abandons, croix, malheurs, si Dieu est son trésor, il ne
manque de rien. Allez-vous-en donc, biens du monde ; allez-vous-en, vains
bonheurs : même si l'on vient à tout perdre, Dieu seul suffit. Amen ».