Paroisses de La Bouilladisse – La Destrousse – Peypin – Belcodène

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samedi 15 décembre 2018

8 Décembre - 2ème Dimanche de l'Avent


Le début de l’évangile de ce dimanche pourrait nous apparaître comme quelque peu rébarbatif, en effet, nous pourrions nous interroger pour savoir quel est le sens de ces précisions politiques ou factuelles concernant l’empereur, le gouverneur etc… Mais ces précisions nous rappellent quelque chose d’essentiel à savoir que l’évangile, que la venue du Seigneur Jésus, son irruption dans l’histoire humaine appartient à une période historique précise, appartient à un lieu géographique précis. Oui le Christ est né à Bethléem et a parcouru les chemins de Galilée avant de donner sa vie à Jérusalem. Oui le Christ est présent dans un système politique particulier qu’est celui de l’occupation romaine. Oui le Christ appartient à ce peuple d’Israël qui occupe la région. Toutes ces précisions nous rappellent près de deux mille ans plus tard que Dieu s’est rendu pleinement présent en une période de l’histoire précise, en un lieu précis. Cela nous rappelle la réalité de l’incarnation, Dieu s’est fait homme en un temps, un lieu et une histoire.
Ainsi nous ne sommes pas dans l’ordre de l’idée ou de la théorie mais nous embrassons l’ordre de la réalité, nous reprenons conscience de l’affirmation si habituelle de l’incarnation. Et cette irruption de Dieu dans l’histoire humaine a été préparée par l’ensemble des prophètes depuis Abraham et en dernier lieu par le prophète St Jean-Baptiste qui, sur les bords du Jourdain, annonçait la venue du messie.
Et en voyageant en Terre Sainte, c’est bien cette réalité de la présence de Dieu sur cette terre d’Israël, de Palestine, de Jordanie, d’Egypte qui rejoint chaque moment des évangiles. Dieu était là, Dieu a marché ici, Dieu a enseigné là-bas, Dieu a mangé, navigué, demeuré en tel et tel lieu. En définitive, cela nous rappelle à tous que Dieu est proche, Dieu s’est fait proche en se faisant membre de notre humanité et Dieu se fait proche de nous aujourd’hui en se rendant pleinement présent en chaque eucharistie, en chaque moment de prière fervente.
Et nous ici, en ce temps de l’avent, nous sommes tous interpellés par cette voix de St Jean le Baptiste qui nous appelle à nous disposer à recevoir la visite de Dieu Lui-même. Oui Dieu est venu mais Dieu va venir, Dieu veut venir au plus profond de chacune de nos âmes et de nos vies. Il nous faut donc nous préparer à accueillir le Seigneur en ornant nos vies de grâces et de vertus, en nous attachant à la prière, à la rencontre avec le Seigneur. Et si bien sûr nous avons ce désir de préparer la venue du Seigneur particulièrement en ce temps de l’Avent, prenons conscience que notre vie toute entière n’est qu’un avent, notre vie toute entière n’est que ce temps de préparation à la rencontre du Seigneur dans l’Eternité bienheureuse.
Et si notre vie toute entière est comparable à ce temps de l’Avent, soyons certain que le Seigneur Lui-même ne nous abandonne pas sur ce chemin, le Seigneur Lui-même nous donne de recevoir la parole de ses témoins qui nous appellent à nous convertir, qui nous appellent à aimer, à prier, à rechercher dès maintenant l’union à Dieu.
Bien chers amis, soyons attentifs à ce que les témoins du Christ, ces témoins d’aujourd’hui nous disent car Dieu continue de travailler au cœur de notre humanité, car Dieu continue de nous rechercher nous et l’ensemble des membres de notre humanité.
Oui Dieu nous a tout dit en son Fils Jésus Christ mais Dieu se répète, Dieu se répète inlassablement à travers ses témoins vivants que sont les saints, à travers la parole de son Eglise. Oui Dieu continue à nous appeler à Lui alors ne soyons pas sourds à ses appels et comme jadis le peuple d’Israël s’est laissé conduire par St Jean Baptiste jusqu’auprès du Seigneur, laissons nous conduire par ces témoins d’aujourd’hui sur les chemins de la sainteté véritable.
Mais si Dieu continue d’agir en notre faveur en nous aidant sur ce chemin qui nous conduira jusqu’à Lui, Dieu nous demande également quelque chose, oui, Dieu nous demande quelque chose à tous et à chacun en particulier. Dieu nous demande d’être nous-même des St Jean-Baptiste, Dieu nous demande d’être ses témoins, d’être de ceux qui annoncent la venue du Royaume, d’être de ceux qui annoncent la présence de Dieu, qui proclament l’Amour infini du Seigneur.
Combien, cette année encore, vont vivre un Noël sans aucune conscience de ce qu’ils célèbrent ? Combien, cette année encore, vont réduire Noël à n’être qu’une fête de famille, qu’une fête gastronomique, qu’une fête de cadeaux ? Combien, cette année encore, vont ignorer cette venue de Dieu à Bethléem qui les rejoint aujourd’hui ? Surtout ne nous résignons pas à cet état de fait mais demandons au Seigneur de nous aider à être des St Jean Baptiste, à être ses témoins afin d’annoncer au monde la merveille du temps jadis et de notre temps. Ne nous taisons pas mais proclamons la venue du Seigneur. Et si nous avons l’impression de prêcher dans le désert qu’importe, ce fut le cas de St Jean Baptiste et il faut malgré tout entendu. Ne nous taisons pas mais proclamons la venue du Seigneur et dès lors ce temps de l’Avent ne sera pas simplement profitable à notre propre conversion mais il deviendra profitable au monde.
Amen.

25 Novembre - Solennité du Christ Roi


En ce week end de crise sociale, il est providentiel de célébrer la solennité du Christ Roi de l’univers qui nous permet de ressaisir que si chacune de nos vies est appelé à être présidée par le Christ Lui-même, si chacun de nous avons comme désir ardent de vivre toujours plus intensément dans le Christ, il nous faut reprendre conscience que la société elle-même, dans sa personnalité communautaire, est appelée à se laisser éclairer et guider par le Christ Lui-même.
Dire cela en notre société laïc et parfois même laïciste peut être quelque peu dérangeant mais il nous faut bien saisir que si nous désirons que le Christ soit le guide de notre société c’est bien parce que nous reconnaissons, dans le chemin qu’est le Christ Lui-même, nous reconnaissons le chemin de la plénitude de l’humanité en générale. Cette royauté universelle du Christ qui s’enracine d’abord en nos vies et qui doit tendre à embrasser l’ensemble des réalités communes n’est donc pas emprunt d’un autoritarisme déviant qui écraserait les aspirations humaines, bien au contraire, la royauté universelle du Christ doit permettre à l’humanité de se réaliser dans la justice et dans la paix, dans la vérité et dans la charité.
Car oui, le Christ est Roi, mais un roi serviteur : « Je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir » ; le Christ est Roi, mais un roi rédempteur : « Je suis venu pour donner ma vie en rançon pour la multitude » ; le Christ est Roi, mais un roi pauvre pour qu’en servant les pauvres nous partagions sa dignité royale ; le Christ est Roi, mais un roi obéissant au Père jusqu’au mépris de sa vie pour que par cette même obéissance nous recevions de Lui la dignité royale car comme le disait St Ambroise de Milan : « celui qui soumet son propre corps et régit son âme sans se laisser submerger par les passions peut-être appelé roi ».
Ainsi, la fête du Christ Roi est un appel adressé aux chrétiens et donc à chacun d’entre nous qui sommes dépositaires de son autorité royale d’éveiller en chaque homme l’amour du vrai et du bien en les conduisant, par leurs témoignages, à la connaissance de la vraie religion et de l’Eglise du Christ. Et le Pape Pie XI affirmait que « Si les hommes venaient à reconnaître l’autorité royale du Christ dans leur vie privée et dans leur vie publique, des bienfaits incroyables : une juste liberté, l’ordre et la tranquillité, la concorde et la paix publique se répandraient infailliblement sur la société toute entière ».
Cette autorité royale du Christ est donc bien loin des autorités politiques que nous connaissons habituellement car l’autorité du Christ ne se construit pas dans un consensus mais dans La Vérité qu’Il est en Lui-même, l’autorité du Christ ne se construit pas dans une imposition forcenée mais dans un appel à L’aimer en réponse à Son Amour dont Il nous comble. Point de barricades, point d’incendies mais la croix  qui se dresse sur le monde appelant à la Rédemption et au Salut. L’autorité Royale du Christ n’est rien d’autre que l’Amour avec un grand A, cet Amour exigeant mais de cette exigence du cœur qui désire être établi dans la plénitude de la relation avec le Christ Lui-même.
Mais si nous pouvons recevoir une dimension sociale de la réalité de la royauté universelle du Christ, ne restons pas au simple niveau des idées et considérons-nous nous même en nous interrogeant pour voir comment nous pouvons laisser le Christ étendre son règne en chacune de nos vies ? Pour voir comment nous pouvons être davantage les sujets du Christ Roi de l’univers ? Comment nous pouvons aussi travailler davantage, sous la conduite de l’Esprit Saint, à la venue et à la révélation de l’universelle royauté du Christ ? Et pour répondre à cela en nos vies, gardons cette prière qui peut nous accompagner en chaque moment de notre journée, prière qui ne réside qu’en ces quelques mots : « Seigneur donne-moi de faire non pas ce que je veux mais ce que Tu veux ».
Amen

11 Novembre - 32ème Dimanche du Temps Ordinaire


A l’écoute de l’Evangile de ce dimanche et en imaginant tout à fait la scène de cette pauvre veuve déposant sa précieuse obole nous pourrions rester sur la simple considération de la générosité de la veuve qui, comme le souligne le Seigneur, offre à Dieu en prenant sur son nécessaire. Cette générosité est en effet remarquable mais elle ne constitue que l’aspect visible de l’attitude intérieure de cette femme.
En effet, cette femme est généreuse pour le Seigneur mais par delà cette générosité, elle manifeste également la confiance qu’elle place en Dieu. Ce qu’elle donne au Seigneur fait parti de son budget nécessaire à sa subsistance et même, le Seigneur nous le dit, elle donne tout, tout ce qu’elle avait pour vivre. Avec notre esprit de moderne, nous pourrions dès lors penser à un acte de désespérance de cette veuve, elle donne tout à Dieu avant de rentrer chez elle pour mourir. Mais ce n’est pas ce que sous tend l’Evangile et nous ne voyons pas comment le Seigneur pourrait louer un tel geste qui conduirait à une issue funeste. Non, si la veuve donne tout ce qu’elle possède à Dieu c’est bien parce qu’elle met sa confiance en Dieu, sa Foi l’établi dans une confiance sereine qui lui permet d’être assuré que ce qu’elle a donné à Dieu, Dieu le lui rendra et cela au centuple. Cette attitude de la veuve est d’ailleurs loué par le Seigneur dans un autre passage en l’Evangile selon St Matthieu : « Ne vous souciez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez, ni, pour votre corps, de quoi vous le vêtirez. La vie ne vaut-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que les vêtements ? Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson, ils n’amassent pas dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Vous-mêmes, ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? ». Ainsi oui, la veuve a une telle confiance en Dieu qu’elle se dépouille de ce qu’elle a en se fondant uniquement sur la providence divine. Et si la veuve peut agir ainsi, c’est parce qu’elle n’a pas charge de famille, elle ne doit subvenir qu’à ses propres besoin et dès lors elle s’engage seule sur ce beau chemin de la confiance et de l’abandon.
A partir de là, que nous enseigne le Seigneur en ce dimanche. Tout d’abord, le Seigneur nous invite à ne pas juger, ne pas juger ce que nous voyons. Car tout comme dans l’Evangile nous aurions tôt fait de juger de la générosité des gens en fonction du montant qu’atteint leur don. Plus on donne, plus on est généreux. Mais cette lecture là est fausse car les plus pauvres peuvent donner bien davantage que les plus riches proportionnellement à ce qu’ils possèdent. Gardons nous donc de juger ce que font les autres et pour notre part essayons de trouver la juste mesure dans l’aide que nous pouvons apporter.
Ensuite, le Seigneur nous invite également à mettre notre confiance en Dieu à l’image de cette veuve que le Seigneur nous donne en exemple. Mettre notre confiance en Dieu, oh nous savons que c’est ce qu’il nous faut faire mais dans la pratique comment agissons nous, comment pensons nous les projets, les besoins qui sont les nôtres. Mettre sa confiance en Dieu ne signifie pas non plus manquer de prudence mais c’est bien permettre au Seigneur d’être celui sur qui l’on peut compter, Celui sur qui l’on s’appui. Bien souvent, nous menons nos affaires comme nous l’entendons sans que le Seigneur soit impliqué dans nos projets, dans nos choix, notre quotidien. Et c’est seulement si les choses ne vont pas comme nous le voulons que nous nous tournons alors vers le Seigneur que l’on considère alors un peu comme la dernière chance, la roue de secours. Mettre sa confiance en Dieu ce n’est pas cela. Au contraire c’est permettre au Seigneur d’être présent à chaque moment, de l’élaboration à la mise en œuvre car nous croyons que le Seigneur nous donnera la grâce du discernement pour faire les choix judicieux.
Et je me permets de citer une petit exemple d’un prêtre qui raconte : « Quand j’étais aumônier militaire, j’ai dû régler une situation pour le moins complexe qui a traîné sur plusieurs semaines. Je ne voyais pas comment m’en dépatouiller : j’avais beau tourner la question dans tous les sens, c’était inextricable, ingérable. Malgré mon engagement, les rencontres que j’avais proposées, les discussions enclenchées, les propositions autres issues de sortie, rien, nada, que dalle ! C’était, pour moi, une situation d’échec sur toute la ligne. Un jour, à la Messe – je célébrais seul – écœuré, j’ai dit au Seigneur : « Je n’en peux plus, je n’y arrive pas ; maintenant c’est Votre problème, votre affaire : je Vous refile “le pot de pus” : Vous Vous débrouillez avec ! » Je termine la célébration de la Messe et je commence à retirer les ornements, quand le téléphone sonne. C’était une des personnes liées à cette situation délicate qui me dit texto : « Padre : vous n’allez pas le croire – c’est inexplicable – mais il a dit oui, enfin ! » Mes yeux se sont remplis de larmes et j’ai bafouillé deux-trois trucs inaudibles tellement j’étais sous le choc avant de raccrocher. Instinctivement, j’ai tourné le regard vers la croix de l’autel et j’ai dit « Mais quel c… ! » Cela faisait plusieurs semaines que je me débattais avec cette affaire et pas une fois – moi qui suis prêtre de Jésus – je n’ai pensé à la Lui remettre explicitement entre les mains ! Bien sûr, je Lui en avais parlé mais comme on évoque un souci. Je ne Lui avais pas demandé de m’aider, d’éclairer ces personnes, de prendre les choses en main ! Je me croyais assez fort, suffisamment intelligent, raisonnablement diplomate pour régler la crise. Tu parles ! Quel orgueil ! C’est Dieu et Dieu seul qui est le Maître de la vie, du monde, du temps ».
Oh combien parfois nous oublions que Dieu désire avoir sa place pleine et entière en chacune de nos vies, combien nous oublions que Dieu peut bien plus que ce nous même pouvons faire, alors comptons sur le Seigneur en vivant à ses côtés, ayons une confiance absolue en Lui, de cette confiance ancrée dans l’Amour infini que Dieu nous porte.
Et en ce dimanche du centenaire de l’armistice, nous ne pouvons que penser à tous ces hommes qui ont donné leurs vies pour notre terre de France. Eux qui étaient cernés par la souffrance, le sang et la mort. Dans ces paysages funèbres nombreux sont les soldats qui ont permis à Dieu de les accompagner et voici deux petits exemples parmi une multitude :
Le Lieutenant Pierre Fourier de Rozières écrit à sa mère « si ma vie ne doit pas répondre à l’idéal que je me suis proposé, le Bon Dieu me fera la grâce de me reprendre à l’instant même où j’accomplirai un devoir utile. Il fera toujours pour le mieux ».
Pour Noël Groslière, soldat natif de Clermont-Ferrand, blessé au front, écrivant à sa mère le 20 avril 1917 de l’hôpital auxiliaire de Laval, sa « chance est due aux exercices de piété que [sa mère] a dû faire et aux reliques qu’il avait sur [lui] »
Même au milieu de l’enfer de ce conflit atroce, Dieu demeurait présent aux côtés de ceux qui comptaient sur Lui. Alors nous, en ces temps qui sont les nôtres, dans ces combats qui sont les nôtres bien moins atroces que ceux évoqués, comptons sur le Seigneur, abandonnons-nous à Lui et dès lors la paix s’établira en nos âmes car nos vies seront conduites par le Christ Lui-même.
Amen.

3 Novembre - 31ème Dimanche du Temps Ordinaire


L’Evangile de ce dimanche nous donne de recevoir du Seigneur Jésus les deux commandements les plus importants à savoir : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Ces commandements sont quelque peu déroutants car, d’une manière générale nous préférons avoir des directives claires qui recoupent l’ensemble des domaines qui composent l’existence, nous préférons un manuel des plus précis car il est toujours plus confortable de savoir ce qui doit être fait plutôt que de le rechercher soi même. Mais force est de constater que le Seigneur ne nous donne pas un annuaire de directives et de commandements, le Seigneur ne nous livre que deux réalités : l’amour de Dieu et l’amour du prochain.
L’amour tout d’abord. L’amour, aujourd’hui, l’amour est bien souvent réduit à n’être qu’un sentiment, sentiment éphémère qui va et qui vient en fonction des humeurs. Mais ce n’est pas la réalité de l’amour vraie qui, au contraire, est un amour combattif qui tend à l’éternité.
Dans la Parole du Seigneur nous pourrions retrouver la considération de l’amour comme étant un sentiment lorsque le Seigneur nous invite à aimer : de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit », jusque là tout va bien car ce sont des réalités quelque peu évanescente mais le Seigneur poursuit en nous invitant à aimer : « et de toute ta force ». Et oui, l’amour est aussi une question de force c'est-à-dire de volonté, l’amour se construit avec des efforts de la volonté. Ainsi oui, l’amour demeure certes un sentiment en son origine car l’amour nous porte vers ce qui est aimable, vers un bien qui nous apparaît comme tel. L’amour comme sentiment favorise le début de l’histoire mais c’est bien la volonté qui prend ensuite le relais. Oh non pas dans un volontarisme sec et exacerbé mais dans la volonté de préserver l’amour et de le faire grandir jour après jour. C’est bien cet amour là dont il est question dans l’Evangile. L’amour vraie prend sa source dans la reconnaissance du bien et se développe dans l’exercice de la volonté qui cherche à préserver et à faire grandir l’attachement au bien.
Et cela se vérifie bien dans l’ordre de l’amour de Dieu car en découvrant Dieu dans la réalité de son identité nous découvrons que Dieu est aimable et nous désirons vivre de sa grâce, de son salut, de sa présence. Cette découverte de Dieu nous conduit ensuite à mettre en jeu notre volonté afin de préserver et de faire grandir notre amour de Dieu.
Puis, c’est notre amour de Dieu qui nous fait ensuite nous tourner vers nos frères et sœurs, vers chacun de nos prochains. Eux que nous recevons non pas d’abord dans leur individualité mais que nous recevons dans cette communion de l’Amour que Dieu leur porte et que Dieu nous porte.
L’amour du prochain est un fruit nécessaire de l’amour de Dieu. Et en ce sens St Jean l’affirme d’une manière on ne peut plus claire lorsqu’il écrit : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur ». L’amour du prochain est un fruit nécessaire de l’amour de Dieu.
Mais dans l’un et l’autre domaine celui de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain, il y’a bien un combat qui est livré, combat porté par notre volonté. Dans l’ordre de l’amour de Dieu c’est ce combat contre nous-mêmes afin de permettre à Dieu de prendre toute Sa place. Et reconnaissons le, il faut un effort de la volonté pour prendre le temps de la prière quotidienne, il faut un effort de la volonté pour vivre en la présence continuelle du Seigneur, il faut un effort de notre volonté pour faire de notre vie une vie chrétienne. Et ce combat il est tout aussi vrai en faveur de l’amour du prochain, combat contre nous-mêmes encore, contre nos impatiences et exaspérations, contre nos inclinaisons naturelles, afin de pouvoir être bien disposé envers chacun… Et là encore, reconnaissons le, il faut un effort de notre volonté pour accueillir l’autre quel qu’il soit, il faut un effort de la volonté pour se rendre disponible à rendre service, il faut un effort de volonté pour demeurer toujours témoin de la charité envers tous.
Mais à ce moment là, considérant tous les combats qui sont à mener, tous les efforts à faire volontairement, et bien cela nous semble impossible. Et en nous considérant nous-mêmes avec un brin de réalisme nous ne pouvons que constater combien notre volonté est faible et inconstante… Combien de fois avons-nous vraiment voulu quelque chose sans pourtant tenir l’élan qui nous aurait fait atteindre le but. Oui notre volonté est faible. Mais comme toujours, lorsque nous n’arrivons pas tout seul à faire quelque chose et bien nous demandons de l’aide ; alors pourquoi ne pas le faire dans l’ordre de l’amour de Dieu et du prochain. Et bien sûr cette aide si précieuse qui fortifiera notre volonté c’est bien Dieu Lui-même et cela par sa grâce. C’est uniquement en nous appuyant sur le bon Dieu que nous pourrons peu à peu progresser dans l’ordre de l’Amour de Dieu et du prochain. Cela ne signifie pas que nous n’avons rien à faire, bien au contraire car comme nous l’enseigne Ste Thérèse de l’Enfant Jésus : « il faut toujours prier comme si l’action était inutile et agir comme si la prière était insuffisante ».
            Alors permettons à Dieu de nous porter jusqu’à Lui en faisant dans un même temps tout ce que nous pouvons faire, je dis bien tout ce que nous pouvons faire et si nous nous abandonnons à Dieu, et bien Dieu Lui-même fera le reste et je dirai même plus, Dieu Lui-même fera l’essentiel.
Amen.