« Vanité des
vanités, tout est vanité », cette phrase du prophète Qohélet pourrait
être, à première vue, celle d’un dépressif au bout du rouleau considérant que
la vie n’est qu’évanescence pure et simple, que la réalité de l’existence n’est
qu’un brouillard sans consistance… Et nous serions dès lors tenté de penser que
cette phrase relèverait presque de la folie.
Mais où se trouve
réellement la folie ? Ne serait-ce pas de la folie que de passer son
existence à rechercher les honneurs du monde, la richesse alors que ces
honneurs et cette richesse de quelques natures qu’elles soient nous ne les
emmèneront pas à travers la mort ? Ne serait-ce pas de la folie que de
vivre notre existence en nous attachant avant toute autre chose à ce que nous
avons plutôt qu’à la manière dont nous vivons ou encore en nous attachant au
pouvoir que l’on aurait sur les autres plutôt qu’à l’amitié et à l’amour fruits
des relations simples ? A contrario, ne serait ce pas de la clairvoyance
que de vivre sa vie en recherchant ce qui demeure, de vivre sa vie en pariant
sur l’Eternité, de vivre sa vie avec le Seigneur qui nous ouvres son cœur et
nous tend la main pour nous faire dès à présent goûter des réalités éternelles,
de sa présence, de son Amour ?
Mais aujourd’hui, dans
notre temps, la folie est devenue la norme. Aujourd’hui, dans la pensée commune,
une vie réussie correspond à : richesse, maison, voiture, honneur, gloire,
pouvoir. Si aujourd’hui nous affirmions qu’une vie réussie est une vie sainte,
la plupart nous regarderait de travers en pensant que nous avons un grain ou
que nous sommes embrigadé dans une secte qui nous aurait lessivé le cerveau… Et
bien, chers amis, c’est bien en ce sens que nous devons vivre à contre-courant,
c’est bien en ce sens que notre Foi nous invite à considérer le monde, le temps
qui passe, les réalités matérielles comme étant simplement des outils
secondaires qui doivent nous permettre de nous approcher du seul but qui
compte, à savoir notre Salut, notre union à Dieu. Comme le dit si bien le
Seigneur en l’évangile selon St Matthieu : « Quel avantage un homme
aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est au prix de sa vie ? Et que
pourra-t-il donner en échange de sa vie ? ». Ce que nous possédons n’a pas
de sens face à l’éternité car comme nous le dit le Seigneur en l’évangile de ce
dimanche : « Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie.
Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ? Voilà ce qui arrive à celui qui
amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. ».
Alors oui, nous avons
besoin de certaines choses pour vivre décemment mais combien de choses non
nécessaires peuplent également notre existence, combien d’attachement nous
mettons parfois pour des choses dont nous pourrions tout à fait nous passer
sans dommage, combien d’énergie nous perdons à désirer le non nécessaire par
effet de mode, d’envie ou de jalousie. Notre société de consommation fonctionne
ainsi comme si l’avoir était l’essentiel, quelle folie, folie dont nous sommes
tous plus ou moins contaminée.
Alors en ce dimanche, considérons
notre quotidien, considérons notre maison, considérons ce que nous avons et
interrogeons-nous pour savoir si cela nous aide à vivre en Dieu, si cela nous
aide à vivre dans la Foi, dans l’Espérance et dans la Charité ? Si la
réponse n’est pas un oui franc, peut-être sommes nous invité à nous dépouiller
quelque peu pour retrouver le véritable sens de la vie qui n’est pas dans
l’avoir mais dans l’être avec Dieu, qui n’est pas dans ce qui passe mais dans
ce qui demeure, qui n’est pas dans l’accumulation mais bien dans le don. Vivons
en vue de l’éternité et dès lors, même si nous sommes fous aux yeux du monde
qu’importe, viendra le temps où l’Eternité s’imposera, où la vérité s’imposera,
où le Christ s’imposera. Amen.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire