Quelle
joie en ce dimanche, alors que nous sommes encore illuminés de la joie de la
résurrection du Seigneur, quelle joie que de pouvoir célébrer la miséricorde
divine.
Mais
avant toute chose, qu’est-ce que la miséricorde ? La miséricorde désigne étymologiquement
la pitié du cœur, cette pitié du cœur qui conduit à pardonner, qui conduit à la
clémence et à l’indulgence. Ainsi oui, en ce dimanche nous honorons la capacité
qu’à Dieu de nous pardonner, de poser sur nous un regard de bonté, d’indulgence,
de miséricorde. Et gardons bien à l’esprit que si nous même avons une certaine
capacité à faire miséricorde, gardons à l’esprit que la miséricorde de Dieu est
infinie. Il n’y a pas de limites à la miséricorde de Dieu tout simplement parce
qu’il n’y a pas non plus de limite à l’Amour de Dieu. C’est bien parce que Dieu
nous aime d’un amour infini qu’Il demeure Celui qui nous recherche, nous relève
et nous pardonne. Ainsi, la miséricorde de Dieu n’est pas un attribut qui
viendrait s’ajouter aux différentes qualités divines, la miséricorde divine
elle qualifie l’être même de Dieu, elle en est le fruit naturel.
Et
en évoquant la miséricorde divine, c’est bien entendu à nous que nous pensons
car oui, nous pouvons nous même compter sur la miséricorde d Dieu, nous pouvons
reconnaître que Dieu est toujours prêt à nous rejoindre et à nous pardonner,
nous pouvons dès lors reconnaître que nous tous, nous avons du prix aux yeux du
Seigneur Lui qui va jusqu’au bout du sacrifice pour nous pardonner en toute
justice. Car ne croyons pas que la justice divine serait comme lésée par la
miséricorde divine, non, car Dieu Lui-même a payé pour nous la dette de notre
propre péché, Il l’a fait en s’offrant Lui-même aux souffrances de sa passion,
à la mort sur la croix. C’est bien en toute justice que Dieu nous rétabli dans
notre dignité d’enfants de Dieu, c’est bien en toute justice que Dieu nous fait
miséricorde. Ainsi, ne pensons jamais que nous sommes trop loin de Dieu, ne
pensons jamais que la miséricorde de Dieu ne serait pas suffisante pour nous
rétablir dans l’amitié de Dieu, ne pensons jamais cela car sinon nous dirions
que le sacrifice du Christ serait insuffisant alors que le sacrifice est d’une
valeur de rachat infinie. Nous ne sommes jamais trop loin de Dieu, car quel que
soit notre état le désir de Dieu de nous faire miséricorde, le désir de Dieu de
nous racheter est toujours plus grand que notre éloignement. Gardons toujours
cela à l’esprit. Dieu veut nous faire miséricorde comme nous le manifeste le
prix infini qu’Il a réglé pour nous.
Cette
réalité de la miséricorde divine nous la recevons d’une manière assez naturelle
pour nous, personnellement, mais nous avons parfois du mal à l’appliquer aux
plus grands pécheurs de notre temps, car oui, à eux aussi, Dieu désire faire miséricorde.
Et c’est là que cela devient compliqué car il nous faut tenir d’une main la
nécessaire application de la justice humaine qui doit préserver le bien de la
société et qui doit imposer des mesures coercitives aux individus les plus
malfaisants et de l’autre main, il nous faut tenir que Dieu désire rétablir ces
êtres malfaisants dans son Amour et dans sa présence. Il n’y a pas d’opposition
entre le nécessaire et juste exercice de la justice humaine et l’infinie
miséricorde de Dieu. En ce sens, pensons à l’histoire de PRANZINI, jugé pour le
triple meurtre de l’avenue Montaigne le 9 juillet 1887 devant la Cour d'assises
de la Seine. Le 13 juillet, après deux heures de délibéré, il est reconnu
coupable et condamné à la peine capitale. Aucun de ses recours en grâce n'est
accepté : Pranzini est guillotiné le 31 août 1887. Et Ste Thérèse de l’Enfant
Jésus et de la Sainte Face écrivait : « J'entendis parler d'un grand
criminel qui venait d'être condamné à mort pour des crimes horribles, tout
portait à croire qu'il mourrait dans l'impénitence. Je voulus à tout prix
l'empêcher de tomber en enfer, afin d'y parvenir j'employai tous les moyens
imaginables : sentant que de moi-même je ne pouvais rien, j'offris au Bon Dieu
tous les mérites infinis de Notre Seigneur, les trésors de la Sainte Église,
enfin je priai [ma sœur] Céline de faire dire une messe dans mes intentions,
n'osant pas la demander moi-même dans la crainte d'être obligée d'avouer que
c'était pour Pranzini, le grand criminel. Je ne voulais pas non plus le dire à
Céline, mais elle me fit de si tendres et si pressantes questions que je lui
confiai mon secret ; bien loin de se moquer de moi elle me demanda de m'aider à
convertir mon pécheur, j'acceptai avec reconnaissance, car j'aurais voulu que
toutes les créatures s'unissent à moi pour implorer la grâce du coupable. Je
sentais au fond de mon cœur la certitude que nos désirs seraient satisfaits,
mais afin de me donner du courage pour continuer à prier pour les pécheurs, je
dis au Bon Dieu que j'étais bien sûre qu'Il pardonnerait au pauvre malheureux
Pranzini, que je le croirais même s'il ne se confessait pas et ne donnait
aucune marque de repentir, tant j'avais de confiance en la miséricorde infinie
de Jésus, mais que je lui demandais seulement « un signe » de repentir pour ma
simple consolation… Ma prière fut exaucée à la lettre ! Malgré la défense que
Papa nous avait faite de lire aucun journal, je ne croyais pas désobéir en
lisant les passages qui parlaient de Pranzini. Le lendemain de son exécution je
trouve sous ma main le journal. Je l'ouvre avec empressement et que vois-je ?…
Ah ! mes larmes trahirent mon émotion et je fus obligée de me cacher… Pranzini
ne s'était pas confessé, il était monté sur l'échafaud et s'apprêtait à passer
sa tête dans le lugubre trou, quand tout à coup, saisi d'une inspiration
subite, il se retourne, saisit un Crucifix que lui présentait le prêtre et
baise par trois fois ses plaies sacrées !… Puis son âme alla recevoir la
sentence miséricordieuse de Celui qui déclare qu'au Ciel il y aura plus de joie
pour un seul pécheur qui fait pénitence que pour 99 justes qui n'ont pas besoin
de pénitence !… ».
Ainsi,
bien chers amis, ayons assez de Foi pour reconnaître l’infinie miséricorde de
Dieu pour nous, ayons assez de charité pour la désirer pour tous ceux qui en
ont besoin et en ce sens, condamnons toujours le péché sans jamais condamner le
pécheur et qu’au contraire nous puissions prier pour la conversion des plus
grands pécheurs de notre temps.
Amen.
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