Le
choix du texte d’évangile de ce dimanche pourrait nous paraître quelque peu
étonnant. En effet, alors que nous sommes encore dans le temps Pascal,
célébrant et honorant la résurrection du Christ, l’Evangile nous fait revenir
au moment de la dernière cène, du dernier repas du Seigneur qui constitue le
premier évènement initiant le temps de la passion. Mais en réalité, même si la
chronologie nous fait revenir en arrière, dans l’ordre du Salut, tous les
évènements de la passion et de la résurrection du Seigneur forme un tout
unifié. En effet, le Christ a souffert sa passion jusqu’à la mort sur la croix
afin de pouvoir manifester à l’humanité sa victoire et son salut et cela par sa
résurrection. La dernière cène du Seigneur appartient donc au message porté par
la résurrection. En ce sens, rappelons-nous toujours que lorsque nous célébrons
la sainte messe, nous ne célébrons pas que la dernière cène, nous célébrons la
passion, la mort et la résurrection du Christ. Ainsi, si la dernière cène
demeure l’évènement fondateur, la messe revit tous ces moments qui nous
communiquent le salut.
Et
l’évangile de ce dimanche nous permet de toucher du doigt cette réalité de
l’unité de l’action du salut. Lors de la dernière cène, le Christ nous dit que
Dieu le Père va bientôt Le glorifier. Or, cette gloire du Christ elle est
portée par son sacrifice. La gloire du Christ s’établi dans la crucifixion et
resplendit dans la résurrection. La gloire du Christ c’est sa mort, sa mort et
sa résurrection. Mais où se trouve la gloire de mourir ? La mort n’est une
gloire que lorsqu’elle s’accompli en faveur d’un plus grand nombre. La mort
n’est une gloire que lorsqu’elle manifeste le don de sa vie en faveur des
autres. Pour reprendre un élément de l’actualité, les deux soldats qui sont
morts pour délivrer deux ressortissants français, ils ont eu une mort glorieuse
tout comme auparavant le Colonel Beltrame. Pour le Christ la réalité glorieuse
est multipliée exponentiellement car si le Christ meurt c’est pour nous, ainsi
la mort du Christ est sa gloire car c’est bien par elle que le Christ offre à
l’humanité le salut et c’est cette gloire qui resplendit en sa résurrection.
Et
en vous disant cela, je m’interroge et vous avec moi, est-ce que nous aurons
une mort glorieuse ? Peut-être, Dieu seul le sait, car en un sens cela ne
nous appartient pas. Par contre, ce qui nous appartient c’est l’aujourd’hui qui
nous est donné, c’est ce temps présent que nous modelons en fonction de nos
choix. Alors est-ce que nous avons une vie glorieuse ? Glorieuse au sens
divin du terme certain que nous sommes tous conscients que les glorioles
humaines de pouvoir, d’argent ou de notoriété ne sont que des brouillards
égocentriques qui se dissipent bien vite. Avons-nous une vie glorieuse
c'est-à-dire avons-nous une vie qui soit ancrée dans le salut obtenu par le
Christ et qui soit tournée vers les autres dans la mission d’annonce et de
témoignage qui est la nôtre ?
Car
oui, il nous faut vivre dans la réalité de la résurrection du Seigneur, dans la
réalité de sa présence et de son amour et il nous faut être tourné vers les
autres afin de leur témoigner de la réalité de la Foi, de la réalité du Salut,
de la réalité de l’amour divin. C’est bien ce qui est contenu dans ce
commandement que nous livre le Seigneur en ce dimanche. « Comme je vous ai
aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres ». Il nous faut aimer à la
mesure du Christ, voilà notre témoignage qui s’enracine dans l’amour même de
Dieu que l’on doit chercher à imiter. Et cet amour du prochain, il concerne le
concret de nos existences nous conduisant à écarter toute médisance, toute
méchanceté, toute idée de vengeance, toute rancune pour s’enraciner dans la
miséricorde, la compassion, la charité en acte. Il nous faut entrer dans une
réelle dynamique du don , don de nous-même pour rejoindre l’autre, cet autre
que nous n’avons pas choisi, cet autre qui peut-être même nous répugne. Et cela
débute aussi dans la paroisse. « Aimez vous les uns les autres »,
c’est d’abord à nous assemblée du Seigneur que cet appel s’adresse. Considérons
notre voisin, est-c eque nous le connaissons, est-ce que nous connaissons ses
joies et ses peines, ses difficultés ou bien n’est ce qu’un visage que l’on
connaît ? Nous ne pouvons venir à la messe comme on va au supermarché, on
ne peut pas venir à la messe pour communier et s’en retourner rapidement chez
soi. La messe demeure ce lieu de grâce où le Seigneur se livre à nous tous
ensemble, et cet ensemble que nous constituons doit déjà être un lieu de
charité, d’amour, de considération.
Alors
en ce dimanche, prenons la résolution de nous rencontrer, de nous connaître
afin que déjà entre nous nous puissions tisser des liens de charité, afin que
déjà entre nous nous puissions vivre du commandement du Seigneur, afin que déjà
entre nous nous formions une véritable communauté du Seigneur qui pourra témoigner
au monde, par la charité vécue, de la présence et de l’action du Seigneur.
Amen
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