« Es-tu
celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre », cette
interrogation de l’évangile de ce dimanche nous pouvons la recevoir pour nous
même oh certes en la modifiant quelque peu : « Seigneur es-tu celui
qui est venu pour nous sauver ou devons-nous attendre notre salut d’un
autre ? », cette question est bien actuelle car elle repose la belle
question de l’espérance, elle repose la question de savoir quelle est notre
espérance ? Est-ce que notre espérance s’enracine dans notre attachement
au Seigneur Jésus, à ses promesses, à ses paroles et à ses enseignements ?
Est-ce que notre espérance est fondée dans cette unité de l’Eglise du Christ,
dans la vie sacramentelle, dans la fidélité de la prière et de la rencontre
quotidienne avec le Seigneur ?
Ou
bien au contraire, est-ce que notre espérance est celle du progrès de la
science ? Est-ce que notre espérance se trouve dans le politique, dans
l’espoir de l’émergence d’un monde politique idéal particulièrement dans ces
moments de contestations ? Est-ce que notre espérance se trouve dans le
désir d’un confort idéal ou dans tout autre domaine relatif ?
Mais
qu’est ce que l’espérance ? Le Larousse nous dit que l’espérance est un
sentiment de confiance en l'avenir, qui porte à attendre avec confiance la
réalisation de ce qu'on désire. Mais on perçoit déjà que l’espérance chrétienne
diffère quelque peu de cette définition car l’espérance n’est pas un sentiment
mais elle s’enracine dans la Foi, dans la certitude des promesses divines, elle
est enracinée dans la vérité que Dieu ne peut ni se tromper, ni nous tromper.
Notre espérance n’est donc pas indéterminée, mais elle est une, portée par la
rédemption obtenue par le Christ, fondée sur l’infini miséricorde divine. Et
notre espérance ne vise pas un avenir mais elle vise l’éternité. Et c’est bien
ici qu’il nous faut distinguer l’espérance de l’espoir, deux termes qui sont
considérés comme synonymes mais qui comportent des nuances qui les distinguent.
L’Espérance
tout d’abord, elle est une vertu, une vertu théologale dont l’objet principal
est le salut, la béatitude éternelle, la participation à la gloire de Dieu.
Cette vertu dispose le chrétien à mettre sa confiance dans les promesses du
Christ, à prendre appui non sur ses forces, mais sur le secours de la grâce du
Saint Esprit, cette vertu conduit par le fait même, à résister au mal et à
l’épreuve et à garder confiance en l’avenir. L’espoir quant à lui se porte sur
des réalités possibles, accessibles et temporelles.
Ainsi,
l’espérance concerne l’éternité, l’espoir concerne l’accessible dans le temps.
L’espérance ne peut jamais être balayée par des conjonctures car elle
s’enracine sur le salut obtenu par le Christ ; notre espérance c’est le
Christ ! L’espoir, quant à lui, peut être balayé et remplacé par les choix
personnels changeants ou par des conjonctures néfastes.
Et
l’on voit ainsi se dessiner deux réalités au sein de l’humanité, une humanité
portée par la belle espérance et une humanité réduite à l’espoir sans
perspective éternelle. Dans cette constatation, nous pouvons déjà rendre grâce
au Seigneur de nous avoir donné l’espérance qui doit nous conduire à
relativiser les évolutions mondaines afin que, tout en nous en préoccupant,
notre cœur demeure ferme et paisible auprès du Seigneur. Mais ce trésor de
l’espérance qui est le nôtre, nous sommes bien sûr appelés à le partager avec
tous ceux qui espèrent le salut d’une réalité secondaire, temporelle ; nous
sommes appelés à partager l’espérance avec tous ceux qui n’ont pas d’espérance,
avec tous ceux qui n’ont que l’espoir… Car nous, nous le savons, le Christ est
celui qui est venu pour nous sauver, et le salut, fruit de la croix et de la
résurrection, nous le poursuivons dans la Foi et l’amour divin, nous
n’attendons plus, nous savons et nous vivons de ce doux mystère. Mais il nous
faut être tenaillé par le désir de faire partager la réalité salvifique à tous
ceux qui ne la reconnaisse pas. Et en ce temps de l’Avent, ces deux humanités
que j’évoquais, l’humanité de l’espérance et l’humanité de l’espoir, ces deux
humanités cohabitent et manifestent leurs différences. L’humanité de
l’espérance se prépare à faire mémoire de la naissance du Sauveur, l’humanité
de l’espoir se prépare à fêter on ne sait quoi dans un déferlement de
victuailles, de boissons et de cadeaux ; ils ne savent pas ce qu’ils vont
fêter, ils savent simplement qu’ils le doivent, qu’ils doivent profiter de
cette occasion pour faire la fête. Et bien ce peut-être pour nous une belle
mission en ce temps de l’Avent que de redonner le véritable sens de la sainte
nuit qui approche afin de faire naître l’espérance là où il n’y a que l’espoir,
de faire naître l’espérance là où il n’y a que les espoirs, de faire naître
l’espérance là où il n’y a que désespoirs…
Amen.
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