A
l’écoute de l’Evangile de ce dimanche et en imaginant tout à fait la scène de
cette pauvre veuve déposant sa précieuse obole nous pourrions rester sur la
simple considération de la générosité de la veuve qui, comme le souligne le
Seigneur, offre à Dieu en prenant sur son nécessaire. Cette générosité est en
effet remarquable mais elle ne constitue que l’aspect visible de l’attitude
intérieure de cette femme.
En
effet, cette femme est généreuse pour le Seigneur mais par delà cette
générosité, elle manifeste également la confiance qu’elle place en Dieu. Ce
qu’elle donne au Seigneur fait parti de son budget nécessaire à sa subsistance
et même, le Seigneur nous le dit, elle donne tout, tout ce qu’elle avait pour
vivre. Avec notre esprit de moderne, nous pourrions dès lors penser à un acte
de désespérance de cette veuve, elle donne tout à Dieu avant de rentrer chez
elle pour mourir. Mais ce n’est pas ce que sous tend l’Evangile et nous ne
voyons pas comment le Seigneur pourrait louer un tel geste qui conduirait à une
issue funeste. Non, si la veuve donne tout ce qu’elle possède à Dieu c’est bien
parce qu’elle met sa confiance en Dieu, sa Foi l’établi dans une confiance
sereine qui lui permet d’être assuré que ce qu’elle a donné à Dieu, Dieu le lui
rendra et cela au centuple. Cette attitude de la veuve est d’ailleurs loué par
le Seigneur dans un autre passage en l’Evangile selon St Matthieu :
« Ne vous souciez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez, ni, pour
votre corps, de quoi vous le vêtirez. La vie ne vaut-elle pas plus que la
nourriture, et le corps plus que les vêtements ? Regardez les oiseaux du ciel :
ils ne font ni semailles ni moisson, ils n’amassent pas dans des greniers, et
votre Père céleste les nourrit. Vous-mêmes, ne valez-vous pas beaucoup plus
qu’eux ? ». Ainsi oui, la veuve a une telle confiance en Dieu qu’elle se
dépouille de ce qu’elle a en se fondant uniquement sur la providence divine. Et
si la veuve peut agir ainsi, c’est parce qu’elle n’a pas charge de famille,
elle ne doit subvenir qu’à ses propres besoin et dès lors elle s’engage seule
sur ce beau chemin de la confiance et de l’abandon.
A
partir de là, que nous enseigne le Seigneur en ce dimanche. Tout d’abord, le
Seigneur nous invite à ne pas juger, ne pas juger ce que nous voyons. Car tout
comme dans l’Evangile nous aurions tôt fait de juger de la générosité des gens
en fonction du montant qu’atteint leur don. Plus on donne, plus on est
généreux. Mais cette lecture là est fausse car les plus pauvres peuvent donner
bien davantage que les plus riches proportionnellement à ce qu’ils possèdent.
Gardons nous donc de juger ce que font les autres et pour notre part essayons
de trouver la juste mesure dans l’aide que nous pouvons apporter.
Ensuite,
le Seigneur nous invite également à mettre notre confiance en Dieu à l’image de
cette veuve que le Seigneur nous donne en exemple. Mettre notre confiance en
Dieu, oh nous savons que c’est ce qu’il nous faut faire mais dans la pratique
comment agissons nous, comment pensons nous les projets, les besoins qui sont
les nôtres. Mettre sa confiance en Dieu ne signifie pas non plus manquer de
prudence mais c’est bien permettre au Seigneur d’être celui sur qui l’on peut
compter, Celui sur qui l’on s’appui. Bien souvent, nous menons nos affaires
comme nous l’entendons sans que le Seigneur soit impliqué dans nos projets,
dans nos choix, notre quotidien. Et c’est seulement si les choses ne vont pas
comme nous le voulons que nous nous tournons alors vers le Seigneur que l’on
considère alors un peu comme la dernière chance, la roue de secours. Mettre sa
confiance en Dieu ce n’est pas cela. Au contraire c’est permettre au Seigneur
d’être présent à chaque moment, de l’élaboration à la mise en œuvre car nous
croyons que le Seigneur nous donnera la grâce du discernement pour faire les
choix judicieux.
Et
je me permets de citer une petit exemple d’un prêtre qui raconte :
« Quand j’étais aumônier militaire, j’ai dû régler une situation pour le
moins complexe qui a traîné sur plusieurs semaines. Je ne voyais pas comment
m’en dépatouiller : j’avais beau tourner la question dans tous les sens,
c’était inextricable, ingérable. Malgré mon engagement, les rencontres que
j’avais proposées, les discussions enclenchées, les propositions autres issues
de sortie, rien, nada, que dalle ! C’était, pour moi, une situation d’échec sur
toute la ligne. Un jour, à la Messe – je célébrais seul – écœuré, j’ai dit au
Seigneur : « Je n’en peux plus, je n’y arrive pas ; maintenant c’est Votre
problème, votre affaire : je Vous refile “le pot de pus” : Vous Vous
débrouillez avec ! » Je termine la célébration de la Messe et je commence à
retirer les ornements, quand le téléphone sonne. C’était une des personnes
liées à cette situation délicate qui me dit texto : « Padre : vous n’allez pas
le croire – c’est inexplicable – mais il a dit oui, enfin ! » Mes yeux se sont
remplis de larmes et j’ai bafouillé deux-trois trucs inaudibles tellement
j’étais sous le choc avant de raccrocher. Instinctivement, j’ai tourné le
regard vers la croix de l’autel et j’ai dit « Mais quel c… ! » Cela faisait
plusieurs semaines que je me débattais avec cette affaire et pas une fois – moi
qui suis prêtre de Jésus – je n’ai pensé à la Lui remettre explicitement entre
les mains ! Bien sûr, je Lui en avais parlé mais comme on évoque un souci. Je
ne Lui avais pas demandé de m’aider, d’éclairer ces personnes, de prendre les
choses en main ! Je me croyais assez fort, suffisamment intelligent,
raisonnablement diplomate pour régler la crise. Tu parles ! Quel orgueil !
C’est Dieu et Dieu seul qui est le Maître de la vie, du monde, du temps ».
Oh
combien parfois nous oublions que Dieu désire avoir sa place pleine et entière
en chacune de nos vies, combien nous oublions que Dieu peut bien plus que ce
nous même pouvons faire, alors comptons sur le Seigneur en vivant à ses côtés,
ayons une confiance absolue en Lui, de cette confiance ancrée dans l’Amour
infini que Dieu nous porte.
Et
en ce dimanche du centenaire de l’armistice, nous ne pouvons que penser à tous
ces hommes qui ont donné leurs vies pour notre terre de France. Eux qui étaient
cernés par la souffrance, le sang et la mort. Dans ces paysages funèbres
nombreux sont les soldats qui ont permis à Dieu de les accompagner et voici deux
petits exemples parmi une multitude :
Le
Lieutenant Pierre Fourier de Rozières écrit à sa mère « si ma vie ne doit
pas répondre à l’idéal que je me suis proposé, le Bon Dieu me fera la grâce de
me reprendre à l’instant même où j’accomplirai un devoir utile. Il fera
toujours pour le mieux ».
Pour
Noël Groslière, soldat natif de Clermont-Ferrand, blessé au front, écrivant à
sa mère le 20 avril 1917 de l’hôpital auxiliaire de Laval, sa « chance est due
aux exercices de piété que [sa mère] a dû faire et aux reliques qu’il avait sur
[lui] »
Même
au milieu de l’enfer de ce conflit atroce, Dieu demeurait présent aux côtés de
ceux qui comptaient sur Lui. Alors nous, en ces temps qui sont les nôtres, dans
ces combats qui sont les nôtres bien moins atroces que ceux évoqués, comptons
sur le Seigneur, abandonnons-nous à Lui et dès lors la paix s’établira en nos
âmes car nos vies seront conduites par le Christ Lui-même.
Amen.
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