« Tu as reçu le
bonheur, et Lazare, le malheur. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation,
et toi, la souffrance », cette parole de l’évangile de ce dimanche
pourrait prêter à confusion. En effet, cela pourrait sous-entendre que plus on
est malheureux en ce monde et plus on serait heureux dans l’autre et
inversement ; et, des lors, si nous voulions être heureux dans l’éternité
il faudrait donc chercher à être le plus malheureux possible en ce monde. Nous
voyons bien que cela n’aurait absolument aucun sens et l’évangile ne nous
conduit pas à rechercher le malheur mais il est au contraire porteur de joie et
de bonheur. De plus, dans le début de la phrase « Tu as reçu le
bonheur et Lazare le malheur », le « Tu as reçu », pourrait
également conduire à en déduire que c’est Dieu qui nous donne le bonheur ou le
malheur et que donc nous ne sommes que des marionnettes entre les mains de Dieu
qui conduirait nos vies dans les ténèbres ou la lumière. Là encore, cette
interprétation ne résiste pas à l’annonce évangélique. Mais alors, qu’en
est-il ? Que veut dire cette phrase ?
Tout
d’abord, le bonheur dont il est ici question est un bonheur mondain, il désigne
uniquement l’opulence de la vie de ce riche de la parabole, ce riche qui semble
avoir tout ce dont on peut rêver. Mais sa richesse le rend aveugle, son orgueil
l’empêche de voir le misérable qui est pourtant juste devant son portail. Oh il
doit pourtant le croiser à chaque fois qu’il sort mais jamais il n’a eu le
moindre mouvement pour soulager les misères, jamais il ne lui a donné ne serait
ce qu’un morceau de pain alors que de somptueux festins étaient servis dans se
demeure. Ainsi, le gros problème du riche ce n’est pas tant sa richesse mais
c’est son orgueil qui le conduit à l’indifférence, à l’aveuglement volontaire.
De
l’autre côté se trouve Lazare, le pauvre Lazare. Lui qui est perclus d’ulcères
et qui gît devant le portail de cette magnifique demeure, entendant les
services du festin se succéder alors que la faim le tenaille. Mais Lazare ne
maudit pas le riche, il ne condamne pas le riche à cause de sa richesse, il
espère un peu de charité mais son espérance est pure, sans revendication.
Lazare, au beau milieu de sa misère, demeure d’une grande humilité et d’une
grande charité.
D’autre
part, la parabole nous rappelle un lieu commun de l’existence car le riche et
le pauvre viennent à mourir nous rappelant, comme le dit si bien le
psaume : « aussi cher qu’il puisse payer, toute vie doit finir »
(Ps. 48). Ainsi oui, le riche est mort malgré sa richesse. Et tous deux entrent
dans l’éternité. Mais le riche sombre aux séjours des morts c'est-à-dire en
enfer. Ce n’est pas sa richesse qui le conduit en enfer, mais son orgueil et sa
suffisance. Cette suffisance qui conduit le riche à penser qu’il se suffit à
lui-même et qu’il n’a besoin de personne ni même de Dieu. Le pauvre Lazare,
lui, entre dans la béatitude, non pas à cause de sa pauvreté mais bien à cause
de son humilité, son humilité qui a appelé les anges à venir l’emporter dans la
Royaume éternel.
Ainsi,
cette parabole constitue pour nous tous un rappel, un rappel fort car il
concerne notre avenir éternel, il concerne notre propre éternité. Et pour
gouverner nos vies dans l’ordre de la charité reprenons cette parole en
l’épître de St Jean : « Celui qui a de quoi vivre en ce monde, s’il
voit son frère dans le besoin sans faire preuve de compassion, comment l’amour
de Dieu pourrait-il demeurer en lui ? ». N’endurcissons pas nos cœurs mais
demeurons humble en faisant preuve de charité, chassons de nos âmes l’orgueil
qui nous invite à la suffisance et demeurons ferme dans l’espérance. Et
surtout, ne prenons pas ces paroles à la légère car cela concerne notre avenir
éternel. Ne faisons pas semblant de rien afin que nous ne soyons pas dans le
même cas que ce riche qui reconnaît ses mauvais choix une fois qu’il est trop
tard… Le Seigneur nous montre la voie de la béatitude, empruntons résolument ce
chemin afin que nous soyons au côté du Seigneur pour l’éternité. Amen.
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