« Celui-ci est le
Roi des Juifs », cette inscription qui sonne comme une épitaphe couronne
la croix du Seigneur agonisant. Quel paradoxe que de voir s’unir ce titre de
Roi avec les supplices endurés. Mais ce tableau recèle en son sein toute la vérité
de la royauté du Christ. Car la royauté du Seigneur ne se déploie pas dans la
multitude des armées, dans les armes de guerres ou autres manifestations du
pouvoir coercitif ou d’expansion. La Royauté du Seigneur désigne un tout autre
pouvoir qui est totalement porté par la croix. Le pouvoir royal du Christ tient
dans ce sacrifice auquel Il consent pour notre salut, pour notre rédemption. Le
pouvoir royal du Seigneur Jésus est pouvoir de salut éternel. Et prenons un
instant pour bien réaliser combien ce pouvoir de salut éternel est bien plus
essentiel que toute autre forme de pouvoir, combien la royauté du Seigneur est
bien plus essentielle que toute autre forme de royauté. Ainsi oui, le Christ
est Roi mais c’est un Roi humilié, torturé, crucifié pour nous.
Et se déploie alors sous
nos yeux le véritable sens de tout exercice du pouvoir à quelques degrés qu’il
le soit : dans la famille, l’état ou même l’Eglise. Tout pouvoir doit être
porté par le don de soi en faveur de ceux dont nous avons la charge, qui nous
sont confiés. Le véritable pouvoir s’établi dans l’ordre du service.
Et le Christ par le don
immense du salut de l’humanité, fruit de son sacrifice, demeure le Roi par
excellence. Sa couronne n’est pas constituée d’un quelconque métal précieux
mais d’épines tressées, son sceptre n’est pas orné de diamant mais il est
constitué par la croix, son anneau royal n’est pas en or mais il est de sang,
ce sang qu’Il verse pour le salut de tous et pourtant le Christ demeure le Roi
par excellence. Quel renversement de valeur.
Considérons celui qui
semble avoir le plus de pouvoir militaire, américain ou chinois, considérons
celui qui semble avoir le plus de pouvoir monétaire, qu’importe quel grand nom
nous vient à l’esprit, considérons la star la plus adulée. Tous ces pouvoirs là
ne sont que chimères qui passeront. Et pourtant le monde se construit en
recherche de ces biens-là. Quelle folie du monde qui ne se rappelle plus qu’il
ne fait que passer et qui trompe les hommes en les arrachant à leur destinée
éternelle pour les clouer au sol. Par sa croix, le Christ manifeste pourtant au
monde entier que tout cela ne fait que passer en lui donnant accès à l’éternité
par sa passion et par sa croix. Le Christ appelle l’humanité à changer
d’orientation et à clamer avec le bon larron : « Jésus, souviens-toi
de moi ! ».
Et cela nous rappelle
combien nous aussi il nous faut peut-être opérer ce changement de valeur en ne
nous laissant pas emporter par l’illusion de ces pouvoirs du monde de l’argent
ou de la gloriole humaine, en ne nous laissant pas emporter par l’exercice du
pouvoir jusqu’à le dénaturer en en faisant un pouvoir à notre propre service et
non pas au service de ceux dont nous avons la charge, en ne nous laissant pas
tromper sur le sens même de ce pouvoir qui doit s’exercer dans la recherche des
biens éternels. Nous aussi, il nous faut permettre au Christ de régner sur nos
âmes, il nous faut nous mettre à genoux devant le Roi des Rois en faisant
monter cette humble clameur « Jésus, souviens-toi de moi ».
Amen.
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