En cette
sainte nuit, prenons le temps de ressaisir l’ensemble du drame qui s’est
déroulé ces dernières heures. Rappelons-nous d’abord cette arrivée triomphale
du Seigneur Jésus à Jérusalem, rappelons-nous ces foules l’acclamant à grands
cris, ces palmes agitées, ces manteaux jetés comme un immense tapis pour
accueillir le Roi du ciel. Cette joie, cette liesse populaire semble
aujourd’hui bien lointaine et bien dépassé car Jérusalem a refermé sur le
Christ ses bras étreignant jusqu’à l’asphyxie et la mort de celui qu’elle
accueillait. Mais avant cette issue funèbre, n’oublions pas de nous rappeler ce
dernier repas du Seigneur, ce don incommensurable du sacrement de l’eucharistie
qui fut scellée à jamais et donné comme témoignage de la présence du Seigneur à
son Eglise. Le Christ savait que sa fin était proche, Il a promené son regard
sur ses apôtres s’arrêtant, le cœur attristé, sur celui qui allait le livrer.
Mais si sa destinée tendait à s’accomplir, le Christ a voulu demeurer présent
et s’est rendu présent, se rend présent aujourd’hui, ce soir, sous le voile du
pain consacré. En ce don de l’eucharistie Dieu a fait un cadeau à notre
humanité bien qu’Il savait que ce serait par la main de cette humanité, de
notre humanité, que la douleur et la mort l’atteindront.
Et Juda
s’en alla vendre celui qu’il aimait pourtant comme sa pendaison nous le
démontre. Et Jésus partit au jardin des oliviers où l’angoisse de la mort le
faucha en son humanité. Mais l’angoisse ne l’arrêta pas, sa peur si humaine ne
l’arrêta pas, le Christ attend ceux qui doivent l’arrêter et c’est par un
baiser qu’Il leur est livré. Un baiser, un baiser, signe si doux de l’amitié et
de l’amour qui devient alors symbole de mort. Et puis les chaînes l’ont cerné,
les brimades ont commencées. Oh mon Dieu, mais comment avons-nous pu en arriver
là, comment avons-nous pu aller jusqu’à t’atteindre en ton être Toi qui
pourtant n’avait rien fait de mal, Toi qui pourtant a enseigné aux foules
l’amour des béatitudes, qui a illuminé les foules par ces miracles si nombreux.
Mais si les liens t’ont enserré c’est surtout parce que tu es la Vérité et que
la Vérité tend toujours à être détruite par l’erreur orgueilleuse.
Et la
prison n’a été que le début, le reniement de Pierre ponctué par le chant du coq
signa l’abandon que tu vécu. Et ce n’était pas fini. Le fouet a lacéré
tes chairs imbibant les dalles du palais de ton sang si précieux. La couronne
d’épines dans une dérision sanglante te transperça les chairs. Et ce n’était
pas fini. Devant cette foule qui t’acclamait tantôt tu as entendu ce cri
qui déchira ton âme « crucifie-le ». Horreur de ce cri abominable que
nous entendons encore résonner à travers les siècles comme l’expression la plus
inhumaine du rejet de Dieu et de la Vérité. Et ce n’était pas fini. La
croix chargea tes épaules jusqu’à l’épuisement qui ne fut vaincu que par ta
volonté d’aller jusqu’au bout oh non par fierté mais bien par amour ! Et
ce n’était pas fini. Le marteau s’élança et dans une douleur aigüe termina
cette œuvre démoniaque qui cloua Dieu sur une croix. Dans la douleur indicible
qui étreignait ton cœur, dans la douleur infinie qui étreignait ton âme Tu as
pourtant encore pensé à nous en nous donnant ta mère. Et la mort cueilla ton
être dans un dernier souffle scellant la cruauté de cette humanité que pourtant
tu venais de sauver.
Ce dernier
souffle stoppa le temps. Tout semblait fini. La mort semblait avoir mis
un point final à cette aventure extraordinaire de Vérité et de Bonté, le mal
semblait avoir gagné. Ton corps sans vie fut remis à ta mère et confié à ce
tombeau qui te garda en ses entrailles. Le silence dû s’établir en tes apôtres
et disciples, silence de la mort pour Juda qui ne pouvait concevoir d’être
pardonnable pour son geste, silence du regret et de la honte pour Pierre, silence
de l’absence pour tous, temps des ténèbres.
Mais ce
n’était pas fini car l’inimaginable s’est produit. La mort implacable qui
atteint tous les fils d’Adam est vaincue. Les ténèbres ont été vaincues oh non
pas par la violence de l’épée, mais bien par la puissance de l’Amour par la
puissance de Dieu qui est amour. Le
Christ est ressuscité. Ressuscité, un terme inventé pour décrire cette
nouveauté que le Christ établie comme une perspective pour chacun de nous. Le
Christ est vivant. Les ténèbres l’avaient crucifié, la mort l’avait saisie mais
le Christ les a balayés pour révéler au monde sa véritable destinée qu’est Dieu
Lui-même. Le Christ est vivant ! Les apôtres vont le voir, vont manger
avec Lui ; des milliers de disciples vont également le voir avant cette
ascension du Christ qui ravit le ressuscité au regard du monde. Et nous aussi,
ne soyons pas jaloux de ces visions du ressuscité car le Christ demeure celui
qui nous est plus proche que nous même, Celui qui touche nos âmes en Lui
donnant sa paix, Celui qui nourrit nos âmes en la sainte eucharistie, Celui qui
nous pardonne en la sainte confession. Car le Christ ressuscité a vaincu la
mort, le temps n’a plus aucun pouvoir sur Lui et Il demeure maintenant établi
dans ce présent d’éternité qui le rend contemporain à tous les hommes de tous
les siècles.
Et si ce
drame de la passion se termine par la résurrection c’est parce que la passion
toute entière doit constituer le signe de l’amour de Dieu pour chacun de nous.
Chaque coup de fouet, chaque injure, chaque blasphème, chacun des clous,
chacune des trahisons que le Seigneur a soufferts étaient nécessaires à notre
rachat. C’est pour nous que le Christ a souffert tout cela. Pourquoi ? Et
bien tout simplement pour nous racheter de la dette infinie du péché qui nous
éloignait de Dieu. Seul le Christ pouvait satisfaire à la justice pour nous
permettre de retrouver la communion avec Dieu et le Christ y a consenti
jusqu’au don ultime de sa vie. Pourquoi y’a-t-il consenti ? Tout
simplement parce que Dieu nous aime, Dieu nous aime d’un amour infini et encore
aujourd’hui Il ne peut se résoudre à nous voir loin de Lui.
Et par sa
résurrection le Christ nous montre le chemin afin qu’Il soit le premier des
ressuscités, afin de montrer à l’humanité le chemin de la vie véritable, du
bonheur sans fin, de la vérité, de la bonté, de la justice, du BIEN qu’est Dieu
Lui-même.
Ce soir, le
Christ nous révèle que nous sommes faits pour le ciel ! Et nous pouvons
accéder à ce ciel que nous désirons si nous nous plaçons sous l’étendard du
Christ pour mériter par sa passion, pour être illuminer par sa
miséricorde, pour être transfigurer par sa grâce, pour être sanctifié jusqu’à
devenir uni à Dieu dans l’éternité. Le chemin est tracé, nous le connaissons et
combien parfois nous sommes paresseux, lancinant à prendre résolument le chemin
que le Christ nous indique. Mais pourtant, nous savons que le Christ est
l’unique voie qui nous conduit au salut, et pourtant nous nous attachons à ce
qui nous éloigne de Lui.
Et face au
jugement éternel pourrons-nous dire au Seigneur que nous n’avons pas eu le
temps ? Pourront nous Lui dire que malgré les évangiles et l’enseignement
de l’Eglise nous nous sommes laissé porter par les idées du monde en
considérant comme bonne des choses si aisément condamnables.
Alors, oui
le Christ est ressuscité, oui le Christ ressuscité nous offre sa grâce et son
salut mais nous ne pouvons l’accepter du bout des lèvres ou bien plutôt du bout
du cœur. Le Christ n’a pas fait les choses à moitié et son corps glorifié
témoigne encore de sa résolution amoureuse à nous acquérir le salut alors
n’hésitons pas et suivons le Christ car notre éternité en dépend.
Et ce soir,
l’un d’entre nous va poser un geste d’éternité, un geste d’éternité que nous
avons posé pour beaucoup d’entre nous il y’a bien longtemps. Jonathan tu vas
recevoir le baptême et tu sais combien ce sacrement va t’unir au Seigneur, tu
sais combien le Seigneur va déverser en ton âme sa grâce et sa miséricorde, tu
vas devenir l’enfant de Dieu, uni à Lui en ton être profond. Reste fidèle au
Seigneur, reste fidèle au Christ ressuscité Lui qui a donné sa vie pour toi et
qui t’aime infiniment. Tiens bien sa main, recours à sa miséricorde et avance
sur le chemin qu’Il a établie jusqu’à la gloire éternelle, emprunte ce chemin
qui passe par la croix mais qui est porté par les chants de louange acclamant
la résurrection.
Et pour
nous ce soir, que ce baptême de Jonathan nous rappelle notre propre baptême,
nous rappelle que nous sommes enfants de Dieu et que nous sommes appelés à le
rejoindre dans l’éternité. Le Christ est ressuscité, Il nous appelle à
ressusciter avec Lui et Il nous montre le chemin qui est celui de la vertu,
alors n’hésitons pas et que cette fête de Pâques nous renouvelle dans notre choix
du Christ. Le Christ est ressuscité pour nous ! Le Christ est
ressuscité ! Alléluia !
Amen.
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