Lors
du dimanche des rameaux nous avons ressaisi le drame de cette semaine dans
laquelle nous sommes, semaine des acclamations de la foule et des hurlements de
condamnation, semaine de l’entrée glorieuse à Jérusalem et de l’abomination de
la croix, semaine de la souffrance, de l’agonie et de la mort. En ces jours
saints nous allons nous arrêter sur chacun de ces moments essentiels qui
tissent la semaine sainte. Et en ce soir, ce sont deux réalités que nous
célébrons : le don du sacrement de l’eucharistie et le geste du lavement
des pieds.
Le
Christ sait quel est cet avenir qui se dessine, monté sur cet ânon, accompagné
des cris de la foule, il sait que la croix se dessine à l’horizon mais c’est
pour cette croix que le Seigneur est venue, c’est pour cette croix que Dieu est
entré dans le monde, c’est pour cette croix que Dieu s’est fait homme. Et le
Seigneur sait que cette croix le conduira à rejoindre la gloire de son Père, Il
sait qu’Il ne pourra plus accompagner les apôtres, les disciples comme Il l’a
fait pendant près de trois années. Mais Dieu ne veut pas abandonner son peuple,
Dieu ne veut pas abandonner ceux qui L’aiment. Dieu a donc voulu demeurer
présent au monde, présent au peuple des fidèles, présent à l’Eglise. Et tout
comme jadis Dieu s’est fait homme le saint jour de Noël, réunissant en la
personne du Christ ces deux réalités si différentes de l’humanité et de la
divinité, tout comme jadis Dieu s’est fait homme, en ce soir Dieu se fait pain
et vin. Il y’a une similitude extraordinaire entre l’union de la nature divine
et de la nature humaine en la personne de Jésus, et la présence pleine et
entière de Jésus dans le pain consacré. Oui, c’est bien Jésus que nous
recevons, c’est bien le Christ total qui se donne en nourriture, c’est bien
Dieu qui se rend pleinement présent dans cette hostie consacrée que nous
pouvons tenir dans une main. Dieu se donne à nous, Il se livre à nous.
Et
lorsque nous recevons le très saint corps du Seigneur en communion, ô combien
il nous faut nous rappeler toute la grandeur de la présence divine qui est
comme cachée sous cette apparence si simple d’un morceau de pain. Dieu est là,
vraiment là, pleinement là ! Nous devrions en avoir le souffle coupé, nous
devrions tomber en adoration à chaque fois que le prêtre nous présente la
sainte eucharistie, nous devrions tomber à genoux devant un si grand mystère…
Comme le disait le St Curé d’Ars : « La nourriture de l’âme, c’est le
corps et le sang de Dieu. Il y a de quoi, si l’on y pensait, se perdre pour
l’éternité dans cet abîme d’amour !… ». Et c’est bien par amour que Dieu a
voulu se livrer totalement en présence et en nourriture. Et bien sûr nous ne
sommes pas dignes de recevoir Dieu en communion, nous ne sommes pas dignes mais
comme le disait encore le St curé d’Ars : « Ne dites pas que vous n’en
êtes pas digne. C’est vrai : vous n’en êtes pas digne, mais vous en avez besoin
». Dieu se livre à nous pour nous, Dieu se livre à nous car nous avons besoin
de Dieu pour vivre en ce monde en Lui demeurant uni.
Et
ce mystère infini de l’eucharistie que Dieu a institué, ce mystère ineffable est
porté par des hommes qui sont choisis et établis pour être les ministres de ce
sacrement inouï. Ainsi, en ce soir, ce sont également les prêtres qui nous sont
donnés, c’est également le sacerdoce qui est institué. Et là encore, quelle
folie de Dieu que de compter encore sur cette humanité qui l’a conduit à la
mort sur la croix. Quelle folie mais aussi quel amour qui conduit Dieu à
compter sur l’homme malgré sa faiblesse et sa petitesse. Et je ne peux, en ce
soir, que vous inviter à prier pour vos prêtres, à prier pour vos évêques qui
sont ordonnés au mystère divin mais qui n’en reste pas moins pétris de faiblesse,
cherchant tout comme vous la conversion et la sainteté. Et c’est par le geste
du lavement des pieds que le Seigneur nous rappelle qu’elle est le sens de
toute mission chrétienne : le service. Servir Dieu dans le service de ses
frères : voilà bien sûr la définition du ministère ordonné mais voilà
aussi la définition de la vie chrétienne : Servir Dieu dans le service de
ses frères.
Et
le Christ n’est pas un orateur qui imposerait sans s’impliquer, le Christ n’est
pas le promoteur du « faites ce que je dis et non ce que je fais ».
Ce que le Christ nous demande de vivre, ce que le Christ nous invite à être, Il
le vit avant nous pour nous ouvrir la voie tel le premier de cordée.
Alors
en ce soir, rendons grâce au Seigneur pour le don qu’Il a fait de Lui-même en
s’offrant en sacrifice d’immolation pour le salut du monde, rendons grâce au
Seigneur pour le don qu’Il fait de Lui-même à chaque eucharistie se livrant en
présence et en nourriture au peuple de l’Eglise, rendons grâce au Seigneur pour
le don qu’Il fait de Lui-même en permettant d’être convoqué par ses prêtres sur
tous les autels du monde, rendons grâce au Seigneur pour le don qu’Il fait de
Lui-même et cela par amour, par cet amour fou et infini dont Dieu nous comble,
Lui qui n’est pas venu pour juger mais pour offrir au monde le salut, Lui qui
ne se révèle pas à nous comme le juge implacable qui condamne mais comme celui
qui vient jusqu’à nous, qui se met à genou devant nous pour nous laver les
pieds, geste d’une humilité infini pour nous et combien plus pour Dieu.
Voilà
tout ce que le Seigneur fait pour nous et bien plus encore ! Ô combien
cela doit être pour nous la source de notre propre amour de Dieu, ô combien
cela doit nous conduire à imiter le Seigneur en nos vies par le service de Dieu
dans le service de nos frères, par le sacrifice de notre propre vie pour le
prochain tel le colonel Beltrame l’a manifesté éclairé qu’il était par une foi
ardente et qui a été égorgé pour son prochain.
Rappelons-nous
toujours que notre propre vie n’a de prix que dans l’ordre divin, que dans
l’ordre de l’éternité, notre vie n’a de prix qu’uni au Christ dans le quotidien
d’une existence vécu en sa présence, notre vie n’a du prix que si elle est
donnée totalement, livrée à l’action divine.
Alors
oui en ce soir rendons grâce au Seigneur mais surtout, demandons au Seigneur la
grâce de Lui être toujours plus fidèle, demandons au Seigneur la force de nous
abandonner entre ses mains.
Amen.
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