Hier,
nous honorions dans la joie la foule immense de tous les saints du Ciel et,
pour beaucoup, à cette occasion, nous avons honoré nos défunts hier, allant sur
leurs tombes déposer quelques fleurs et prier pour eux face à ces stèles de
marbre. Et pourtant c’est aujourd’hui que nous sommes invités à prier pour nos
défunts, à prier pour les défunts. Et certains pourraient se dire que c’est
aujourd’hui et non hier qu’il fallait se rendre sur la tombe de nos défunts
comme si nous avions fêté un anniversaire avec un jour d’avance. Et bien pour
ma part, j’ai toujours pensé que si les défunts étaient honorés le jour de la
Toussaint c’est porté par la belle espérance que nos défunts se trouvent déjà
unis à la foule immense de tous les saints du ciel et qu’ils ne sont pas
enfermés dans les ténèbres de la mort. Nous voulons que nos défunts soient en
Paradis et nous manifestons notre désir en les honorant avec tous les saints du
ciel. Oh bien sûr, nous savons que nos défunts n’étaient pas parfaits mais nous
comptons sur la miséricorde divine, nous comptons sur Dieu Lui-même, sur son
Amour et sur sa grâce.
Et
bien voilà comme mise en œuvre l’espérance chrétienne, cette espérance qui
s’enracine dans l’enseignement du Seigneur Jésus, qui s’enracine dans la
résurrection du Christ et qui nous fait poser sur la mort elle-même un regard
différent. Car oui nous le savons et nous en avons fait l’expérience ayant tous
connus le décès d’un prochain, nous savons que la mort demeure ce drame
irrémédiable qui enserre dans le froid et les ténèbres les corps de ceux qui
l’ont croisée. La mort terrifiante car soudaine, s’imposant à tous des plus
jeunes aux plus vieux, la mort qui tel le couperet d’une guillotine semble
mettre un point final à l’existence humaine. Tout cela c’est l’expérience qui
nous l’apprend et cette expérience purement humaine n’est portée que par la
douleur et par les larmes et elle nous rappelle à tous que notre quotidien peut
s’arrêter d’un claquement de doigt, d’un claquement de mort, elle nous rappelle
la vacuité de l’existence et en définitive cette expérience nous porterait à la
désespérance, elle nous porterait à la désespérance si Dieu Lui-même n’avait
pas soulever ce voile de la mort et s’Il ne nous avait pas révéler cet après
qui nous attend, cet après qui donne sens et poids à notre vie d’ici-bas.
Grâce
à Dieu nous savons que la mort a été vaincue, vaincue non dans cet étape de
l’existence qui demeure le lot de tout être humain, la mort a été vaincue car
elle n’est plus qu’une étape, une porte qui s’ouvre vers l’éternité. La mort
est cette étape décisive, implacable mais une étape seulement. Et dans cet
instant de la mort, le jugement s’établira : l’enfer, le purgatoire ou le
paradis. L’enfer, état terrifiante et perpétuel de l’âme qui s’est séparé de Dieu
s’en privant pour l’Eternité, état de souffrance car état de l’absence de Dieu.
L’enfer n’est pas une fable pour faire peur aux enfants, mais bien cette
réalité, cette géhenne de feu qui rend brûlant l’absence de Dieu. Rappelons-nous
que « Dieu ne prédestine personne à aller en enfer ; il faut pour cela une
aversion volontaire de Dieu (un péché mortel), et y persister jusqu’à la
fin » (CEC 1037). Contraire absolu de l’enfer : le Paradis, cet état
de l’âme qui demeure uni à Dieu dans l’Eternité, plongée dans l’Amour divin
l’âme est établie dans une plénitude de bonheur et de joie. Vous le savez, pour
parler du Paradis, il nous faut simplement nous rappeler ces instants de
bonheur que nous avons pu vivre ici-bas, ces instants de bonheur qui nous ont
fait exprimer le désir que cela ne s’arrête jamais, ce bonheur plein et entier,
ce bonheur comblant, voilà le Paradis mais à la hauteur du degrés de puissance
de l’Amour divin. L’enfer et le paradis sont des états éternels contrairement
au purgatoire qui est un état passager. Le purgatoire, la sainte Eglise notre
mère nous enseigne que : « Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié
de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel,
souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté
nécessaires pour entrer dans la joie du ciel ». Le purgatoire est donc cet
état de purification de l’âme qui s’apprête à entrer en Paradis. Antichambre du
Paradis, le purgatoire est un lieu de souffrance en ce double sens de l’impatience
de l’âme qui désire être uni à Dieu et dans un même temps du regret, de la
contrition ardente pour ses imperfections. Et bien si en ce jour nous prions
pour nos défunts, nous prions pour ceux qui ne sont pas encore entré dans la
gloire du Paradis, pour ceux qui demeurent en purgatoire. St Jean Chrysostome y
invitait d’une manière ardente : « Portons-leur secours et faisons
leur commémoraison. Si les fils de Job ont été purifiés par le sacrifice de
leur père (cf. Jb 1, 5), pourquoi douterions-nous que nos offrandes pour les
morts leur apportent quelque consolation ? N’hésitons pas à porter secours à
ceux qui sont partis et à offrir nos prières pour eux ». Oui, en ce soir,
n’hésitons pas à prier pour nos défunts afin qu’ils soient établis dans la
béatitude éternelle, prions pour eux en ce soir et ne les oublions pas au long
de l’année. Et nous le savons, la plus grande et belle prière est celle que le
Christ a offert Lui-même dans le sacrifice de la Croix, cette belle et unique
prière du Christ, l’Eglise l’offre à chaque eucharistie, à chaque messe et
c’est bien en ce sens que lorsque nous offrons une messe pour nos défunts, nous
unissons notre prière à l’unique prière du Christ par son Eglise. Offrir une
messe pour un défunt c’est bien le plus beau cadeau que nous pouvons leur
faire, tout comme nous avions pour eux de nombreuses attentions de leurs
vivants, portés par l’espérance et la miséricorde divine, nous présentons à
Dieu par la victoire du Christ ressuscité nos défunts en leur appliquant d’une
manière particulière les mérites du sacrifice du Christ.
Alors
oui en ce soir, prions avec ardeur pour chacun de nos défunts, prenons quelques
instants pour les nommer intérieurement, pour les confier au Seigneur en cette
eucharistie, en ce soir, et tout au long de notre vie.
Amen.
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