« Ne
vous faites donc pas tant de soucis », voilà cet appel que nous adresse le
Seigneur et qui résonne en répétition dans l’évangile, « Ne vous faites
donc pas tant de soucis ». Et il nous faut reconnaître que nous nous
faisons du soucis et cela pour beaucoup de choses : pour la famille, pour
la santé, pour le travail, pour la politique, pour l’avenir..etc. Nous nous
faisons du souci en tous ces domaines imaginant le pire, nous préparant au pire
même s’il a peu de probabilité d’advenir. Nous nous soucions de demain alors
qu’en même temps, nous n’avons que peu d’emprises sur demain, seul l’instant
présent nous est donné.
Et
si le Seigneur nous invite à ne pas nous faire tant de soucis ce n’est pas bien
sûr qu’il nous faudrait être totalement insouciant telle la cigale de la fable
si connue, il nous faut bien sûr être prudent quant à demain mais notre
prudence doit être éclairée par la Foi, par cette certitude que Dieu œuvre
également en chacune de nos vies, par cette confiance qui nous fait reconnaître
que Dieu peut agir en nous et dans chacun des moments de nos vies. Se faire du
souci pour demain ne changera pas demain mais confier au Seigneur nos craintes,
nos peurs et même nos angoisses voilà le chemin qui doit être le nôtre, lui
confier tout cela ou bien plus exactement abandonner tout cela entre les mains
du Seigneur, les remettre en sa bonté.
Laissons-nous
éclairer en ce domaine par Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, elle écrivait :
« le propre de l’amour [est] de sacrifier tout, de donner à tort et à travers,
de gaspiller, d’anéantir l’espérance même des fruits, d’agir avec folie, d’être
prodigue à l’excès, de ne jamais calculer. Oh ! l’heureuse insouciance,
heureuse ivresse de l’amour ! L’amour donne tout et se confie ! Mais, bien
souvent, nous ne donnons qu’après délibération, nous hésitons à sacrifier nos
intérêts temporels et spirituels. Ce n’est pas l’amour cela ! L’amour est
aveugle, c’est un torrent qui ne laisse rien sur son passage ! »
Ste
Thérèse nous permet de pressentir que se faire du souci, par delà l’illusion
que cela comporte, se faire du souci s’enracine dans une appropriation de notre
existence alors que notre existence toute entière se doit d’être à Dieu, se
doit d’être porté par l’Amour divin. Nous sommes donc invité à nous
désapproprier de nous même pour nous remettre totalement à Dieu et dès lors,
demain aussi sera à Dieu, demain ne sera plus porteur de souci mais sera
éclairé par la confiance, par cette confiance sereine qui nous fera affronter
chacun des évènements de nos vies éclairé, illuminé de la présence divine.
Ste
Thérèse développe cette douce réalité de la vie chrétienne, elle écrivait telle
une prière adressée au Seigneur : « Jésus ! Que je ne cherche et ne
trouve jamais que toi seul, que les créatures ne soient rien pour moi et que je
ne sois rien pour elles mais toi Jésus sois tout !… Que les choses de la terre
ne puissent jamais troubler mon âme que rien ne trouble ma paix, Jésus je ne te
demande que la paix, et aussi l’amour, l’amour infini sans limite autre que
toi, l’amour qui ne soit plus moi mais toi mon Jésus ».
Oh
ne pensons pas que de tels sentiments, de tels désirs soient réservés à la vie
religieuse, ils nous concernent nous tous car notre Foi nous invite à cet
abandon entre les mains de Dieu afin de travailler, d’œuvrer en nos vies comme
des serviteurs fidèles de la grâce ; afin que chaque moment de nos vies
soient assumés en Dieu ; afin que tous nos projets, tous nos travaux
soient d’abord confié à Dieu dans une confiance entière. Oui, il faut que Jésus
soit notre vie afin que notre vie soit à Lui, afin que sa grâce puisse rayonner
en nos existences. Voilà signifié la radicalité à laquelle le Seigneur nous
appelle, voilà la confiance véritable, voilà la Foi ardente, voilà ce que nous
pouvons demander avec ferveur en ce dimanche.
Amen.
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