Les
textes de la liturgie de ce dimanche nous rappellent quelque chose d’essentiel
concernant la parole de Dieu, ils nous rappellent l’unité de la parole divine.
Et cela est parfois bien nécessaire car trop souvent nous opposons la violence
de l’ancien testament à la miséricorde du nouveau créant entre l’ancien et le
nouveau testament un abîme de séparation. Dire qu’il y’a de la violence dans
l’ancien Testament, cela est certain, dire que le nouveau Testament est porté
par la miséricorde cela est également certain mais ce qu’il nous faut bien
saisir c’est la progression de la Révélation divine. Tout comme on ne donne pas
de la nourriture consistante à un nourrisson, le bon Dieu a pris le temps de
conduire la culture et la pensée du peuple d’Israël jusqu’à lui permettre de
recevoir la révélation ultime de Jésus Christ.
Cette
progression nous pouvons la percevoir dans l’ordre moral à travers l’évangile.
En effet, l’Ancien Testament invitait déjà à la régulation de la violence avec
la loi du talion : « œil pour œil, dent pour dent », cette loi
était déjà un progrès qui voulait réguler la violence, c'est-à-dire que si on
m’arrachait un œil j’étais invité à n’en arracher qu’un en retour et non deux par
vengeance. Cette régulation de la violence de l’Ancien Testament était un
premier pas vers l’étape suivante portée par le nouveau Testament, porté par le
Christ Lui-même qui consiste à ne pas répondre à la violence
subie. Il y’a donc une réelle progression dans l’ordre moral jusqu’à la
plénitude portée par le Christ.
Cette
progression est encore perceptible dans le cœur de l’évangile à savoir que
l’ancien testament invitait à
ceci : « Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi » alors
que le Christ invite à cette radicalité : « Aimez vos ennemis, et
priez pour ceux qui vous persécutent ». Plus qu’un progrès, les paroles du
Seigneur nous invitent à faire un saut, le saut de l’amour parfait. Alors, il
n’y a qu’une chose à dire bien chers amis, il nous faut aimer nos
ennemis !
Nos
ennemis, ne pensons pas trop vite aux terroristes de notre temps mais
considérons le mot ennemi au sens large, appliquons le à tous les domaines de
nos vies car le terme d’ennemi désigne tous ceux envers qui nous n’avons pas
d’amitié, ceux envers qui nous avons de l’inimitié, c'est-à-dire tous ceux qui
ne sont pas nos amis.
Ainsi
ce terme d’ennemi est assez large et il permet de recevoir la demande du
Seigneur d’aimer nos ennemis avec une interprétation tout aussi large, interprétation
assez large pour concerner par exemple ce collègue de travail qui nous excède
chaque matin et que nous prenons plaisir à piquer par le verbe ou à ignorer
savamment ; ou encore ce voisin ou cette voisine à qui on adresse pas ou
peu la parole car il ou elle nous énerve ; ou encore cette caissière qui
ne nous dit ni bonjour, ni au-revoir et qui nous montre bien qu’on la
dérange ; ou encore cet automobiliste qui n’avance pas alors qu’il a la
route pour lui, ou encore, ou encore… cette liste pourrait s’allonger à
l’infini et nous tous en considérant la semaine qui vient de s’écouler nous
pourrions agrémenter cette liste d’exemple précis.
Et
bien c’est là que le Seigneur nous demande d’être les disciples de l’Amour avec
un grand A, c’est dans ces moments, avec ces ennemis sans armes et sans
violence que nous sommes invités à demeurer ferme dans la charité vraie. Et
nous savons tous combien il nous faut nous faire violence en ces moments là
pour garder notre langue, pour ne pas manifester notre agacement, nous savons
tous combien il nous faut compter sur la grâce de Dieu pour demeurer disciple
du Christ, pour demeurer chrétiens. C’est bien en cela que nous imiterons le
Seigneur Jésus car nous étions ses ennemis de par notre péché mais le Christ
par sa passion, sa mort et sa résurrection nous a réconcilié avec lui, Il a
fait de nous ses amis et le Seigneur agit toujours envers nous avec cette
charité miséricordieuse qui nous invite à revenir sans cesse à lui, qui nous
rétabli constamment en son amitié.
Alors
débutons en ce dimanche un changement radical en chacune de nos vies, décidons
d’ores et déjà d’aimer nos ennemis, demandons en la grâce avec une foi ardente
et tâchons, déjà cette semaine avant que cela ne concerne toute notre vie,
tâchons de demeurer ferme dans l’amour, tâchons d’aimer nos ennemis, d’aimer
tous ceux qui ne sont pas nos amis car ce sera là un beau témoignage de foi, une
imitation du Christ, un beau témoignage d’attachement au Seigneur, ce sera un
témoignage véritablement chrétien.
Amen.
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