L’unique
objet du carême qui débute en ce jour est contenu dans cette phrase qui
accompagnera dans quelques instants l’imposition des cendres :
« convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». Le Carême est donc
bien un temps de conversion oh non pas que notre conversion serait
exclusivement à rechercher durant les quarante jours du carême mais simplement
que ce temps du carême est le temps le plus favorable.
Ceci
étant dit, à quelle conversion sommes-nous appelés ?
On
pourrait se dire que le carême est personnel, les irascibles et les énervés
doivent rechercher la patience, les râleurs doivent laisser place à la
joie..etc. En un sens ce n’est pas
totalement faux car nous avons tous à travailler sur nos propres déficiences
afin de faire de notre vie une vie évangélique. Mais bien souvent, nous
considérons tous ces domaines d’un point de vue volontariste, il faut que nous fassions des efforts, il faut
que nous nous corrigions. Mais cette
vision de la conversion est bien souvent vouée à l’échec et conduit bien
souvent à l’épuisement ; à force de faire des efforts on a plus de force.
C'est pourquoi il nous faut bien prendre conscience que le propre de la
conversion, le moteur de la conversion ce n’est pas d’abord nous même mais
c’est Dieu en nous.
Ce
n’est pas une petite précision que cela car dès lors le seul effort que nous
sommes invités à faire est celui d’une vie de prière plus ardente, plus fidèle,
d’une vie plus unie au Seigneur, d’une vie donnée, abandonnée au Seigneur
Lui-même. Ainsi, le seul effort que nous sommes invités à faire c’est de nous
jeter dans le brasier de l‘Amour divin et c’est cet Amour divin en nous qui
produira de véritables fruits de conversion. Par conséquent, il ne nous faut
pas chercher à nous convertir mais il nous faut chercher à nous laisser
convertir par le Seigneur Lui-même.
En
vous disant cela, je ne mets pas à bas le travail de la volonté mais je nous
rappelle l’objet premier de notre volonté qui doit être celui de l’union à
Dieu, le reste suivra. C’est ce que dis St Augustin par sa phrase si
connue : « Dilige et quod vis fac » c'est-à-dire Aime et fais ce
que tu veux. La première chose à rechercher c’est l’Amour du Seigneur, tout le
reste s’ordonnera ensuite à cet Amour divin mais la première chose à rechercher
c’est l’Amour divin. C’est bien cet ardeur dans l’Amour du Seigneur qui nous
conduira à écarter tout ce qui est contraire à Dieu, tout ce qui ne favorise
pas cette union et ainsi les irascibles et les énervés prendront le chemin de
la patience non par volontarisme mais par Amour de Dieu, les râleurs quant à
eux se verront illuminer de la joie de la présence divine..etc.
Voilà
ainsi dressée la toile de fond de notre carême, voilà ce qui doit porter les
trois axes du carême, les fameux trois « P » c'est-à-dire la prière,
la pénitence et le partage. La prière est bien l’axe principal car la prière
nous enracine en Dieu, puis la pénitence fait participer notre corps à notre
sanctification et le partage nous fait nous tourner vers les autres qui sont
eux aussi appelés à la vie divine.
Dès
lors pour nous qui voulons que notre carême soit réussi demandons-nous d’abord
comment faire plus de place au Seigneur, considérons le temps que nous
consacrons à la prière, considérons notre participation à la messe en semaine,
considérons notre vie sacramentelle..etc. tout cela c’est du concret, tout cela
c’est une histoire d’agenda. Quant à la pénitence, essayons de voir comment
notre corps peut participer à notre désir de Dieu et pour cela, si nous le
pouvons, pratiquons le jeûne et l’abstinence dans des matières qui nous
permettrons de favoriser le climat de prière de nos vies. Quant à l’aumône,
ayons le souci de ceux qui nous entourent et si nous pouvons faire une aumône
financière, très bien mais n’oublions pas l’aumône que nous pouvons faire de
notre temps pour écouter, consoler, soutenir..etc.
Un
de mes professeurs de séminaire me disait jadis que pendant le carême on n’est
pas forcément invité à faire plus mais on est invité à faire bien ce qui est
notre devoir. Et en un sens ce n’est pas faux mais uniquement si on considère
le terme de devoir au sens large, au sens du devoir chrétien et le devoir du
chrétien c’est d’être tout au Christ… Alors pendant le carême, soyons
véritablement chrétien, soyons tout au Christ, prenons les moyens d’être tout
au Christ.
Amen
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire