La
parole du Seigneur en l’évangile de ce dimanche peut nous paraître quelque peu
inaudible. En effet, nous pourrions avoir l’impression que le Seigneur dénonce
les liens familiaux : « Celui qui aime son père ou sa mère, son fils
ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ». Mais le Seigneur bien
sûr respecte ces liens familiaux qui sont d’ailleurs inscrits dans le
décalogue, dans les dix commandements dans le fameux commandement :
« Honore ton père et ta mère » ; le Seigneur respecte ces liens
familiaux mais simplement Il les subordonne au lien éternel qui nous unit à
Dieu Lui-même. Ainsi il n’y a pas opposition entre les deux mais je dirais même
qu’ils sont intrinsèquement liés. En effet, notre attachement à Dieu, premier
servi, notre attachement à Dieu féconde spirituellement nos relations
familiales qui dès lors s’inscrivent dans l’Eternité, on pourrait ainsi aller
jusqu’à dire que nos liens familiaux sont transfigurés car portés par cette
recherche première de l’union à Dieu. Cette réalité qualifie dès lors nos
relations familiales et lorsque les relations familiales sont bonnes cela leurs
donne leurs véritables dimensions transcendantes et lorsque les relations
familiales sont difficiles la primauté de l’amour de Dieu invite à la
miséricorde et à la charité au sein même de la famille. Ainsi, il n’y a pas
d’opposition entre l’Amour de Dieu et les liens familiaux et même au contraire,
la primauté de l’Amour de Dieu sauvegarde les liens familiaux en les fécondant
de la présence divine. Et c’est ainsi que comme le disait Ste Mère Teresa, le
devoir du chrétien commence bien à la maison, commence dans les relations
familiales.
Puis le Seigneur poursuit en nous
disant que : « celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas
n’est pas digne de moi ». Et bien cette parole il nous faut la garder
présente à nos esprits particulièrement lors des difficultés qui ponctuent nos
existences. Car, et c’est là un réflexe humain, car lorsque les choses ne vont
pas comme nous l’aurions souhaité nous avons tôt fait de reprocher au bon Dieu
ce qui nous arrive ou bien de reprocher au bon Dieu de ne pas nous avoir
préservé de ces difficultés. Derrières ces réactions se dessinent la pensée que
si l’on est un bon chrétien et bien nous devrions avoir une vie sans embûche.
Cette pensée là oublie purement et simplement que le Seigneur Lui-même a vécu
les pires vicissitudes qui l’ont conduit jusqu’à la passion et la croix ;
cette pensée là oublie que la Très Sainte Vierge Marie d’Immaculée Conception a
elle aussi connu les difficultés jusqu’à qu’un glaive transperce son cœur pour
reprendre l’image de St Siméon. Ainsi, redisons le en ce dimanche, la Foi ne
nous préserve pas des difficultés de la vie qui peuvent être le simple fruit
des circonstances ou bien le fruit de nos mauvais choix, la Foi ne nous
préserve pas de tout cela mais la Foi nous permet de les traverser porté par la
grâce et la présence divine, le regard tourné jusque dans l’Eternité. Et ce
n’est pas là une simple image consolante pour les moments difficiles, ce n’est pas
là un opium du peuple illusoire, mais c’est bien cette douce réalité qui nous
permet d’être soutenu en tout moment par le Seigneur Lui-même. Cette force
surhumaine qui permet aux martyrs de prier pour leurs bourreaux, cette force
surhumaine qui permet aux âmes d’affronter la déchéance de la maladie ou de la
vieillesse éclairé par la présence divine qui malgré la douleur les établi dans
la paix et la sérénité.
Et
nous pouvons même allé un peu plus loin en affirmant tout d’abord que la
souffrance est un mal et qu’elle n’est jamais à rechercher mais malgré tout la
souffrance a également une vertu cachée, celle de nous rappeler que nous ne
sommes que peu de choses et que la santé et la force qui sont les nôtres
aujourd’hui peuvent nous abandonner demain. La vertu de la souffrance conduit à
l’humilité qui invite à se tourner vers le Seigneur avec encore plus d’ardeur
reconnaissant en Lui seul l’unique secours ; la vertu de la souffrance
nous rappelle cruellement que nous ne sommes pas éternels sur cette terre et
elle nous invite à nous enraciner dans la Foi, porté par l’Espérance, tourné
vers l’Eternelle Béatitude. Et c’est ainsi que nous avons tous fait
l’expérience de cette affirmation de St Augustin : de tout mal Dieu peut
par grâce en faire jaillir un bien mais ce n’est pas pour cela que le mal
devient un bien.
Alors
en ce dimanche, demandons au Seigneur de nous aider à lui donner la première
place en chacune de nos vies et en chacune de nos relations, que nous puissions
Lui confier chacune de nos familles particulièrement si les relations sont
compliqués, que le Seigneur nous aide demeurer ses disciples, disciples de
charité et de miséricorde surtout envers ceux qui nous sont le plus proche. Et
demandons également au Seigneur qu’Il nous aide à Lui demeurer toujours fidèles
et qu’Il nous permette d’affronter les difficultés de nos vies enracinées dans
la Paix de sa présence, affrontant le monde sous sa bannière et dans son Amour.
Voilà la dimension véritable de la Foi qui embrasse chaque instant de nos vies
et nous invite à vivre toujours en compagnie de Dieu Lui-même dans les bons et
les mauvais moments. Dieu est vainqueur, vivons de sa Vie pour être victorieux
avec Lui et Le rejoindre en Son Eternité.
Amen.
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