L’évangile de ce dimanche
est rempli d’espérance et source de confiance car le Seigneur nous le
redit : personne ne peut ni ne pourra nous arracher de sa main. Nous qui
désirons être les brebis du Seigneur, nous sommes entre ses mains et jamais le
Seigneur ne nous abandonnera. Dès lors nous savons que nous pourrons toujours
compter sur le Seigneur, nous savons que nous pouvons avoir une confiance
absolue en ses grâces et ses secours, nous savons que le Seigneur ressuscité
nous accompagne et nous accompagnera toujours.
C’est
ainsi que pour chacun de nous, le grand pari de notre vie, l’élan essentiel de
notre existence doivent être de suivre le chemin du Seigneur, de marcher sur
ses voies, de suivre ses commandements et ses préceptes non pas par obligation
mais toujours par amour et dans la joie de l’amour, « amoris
laetitia » comme le Pape François a intitulé son exhortation apostolique.
A
ce sujet laissez-moi m’arrêter avec vous sur ce texte du Pape François. Peut-être
avez-vous pu lire, comme moi, de nombreuses interventions au sujet de ce texte,
interventions qui parfois sont le fruit d’une lecture très libérale faisant
dire au texte ce qu’il ne dit pas. Beaucoup attendait du St Père une réforme
complète du sacrement du mariage allant à l’encontre de l’évangile, une
annulation pure et simple de la non-possibilité pour les personnes divorcées et
remariées civilement de recevoir les sacrements d’eucharistie et de confession
et bien redisons-le, à ce sujet il n’y a pas de changement. Le Pape y réaffirme
la grandeur et la beauté du sacrement de mariage dans l’engagement exclusif qui
est scellé dans la grâce divine, il réaffirme la grandeur de l’amour conjugale
ordonnée par l’hymne à la charité de St Paul sans pour autant en ignorer les
difficultés ou bien même les crises. Ces crises qui peuvent malheureusement
parfois conduire jusqu’au divorce et le Pape rappelle en ce sens que « les
personnes divorcées mais non remariées, qui sont souvent des témoins de la
fidélité conjugale, doivent être encouragées à trouver dans l’Eucharistie la
nourriture qui les soutienne dans leur état. La communauté locale et les
Pasteurs doivent accompagner ces personnes divorcés [mais non remariées] avec
sollicitude, surtout quand il y a des enfants ou qu’elles se trouvent dans de
graves conditions de pauvreté ».
Concernant les personnes divorcés et remariés
civilement le Pape insiste sur le fait qu’ « Il est important de faire en sorte que
les personnes divorcées engagées dans une nouvelle union, que les personnes
divorcés et remariés sentent qu’elles font partie de l’Église, qu’elles
‘‘ne sont pas excommuniées’’ et qu’elles ne sont pas traitées comme telles, car
elles sont inclues dans la communion ecclésiale. Ces situations « exigent
aussi [que ces divorcés remariés bénéficient d’un] discernement attentif et [qu’ils
soient] accompagnés avec beaucoup de respect, en évitant tout langage et toute
attitude qui fassent peser sur eux un sentiment de discrimination ; il faut
encourager leur participation à la vie de la communauté. Prendre soin des
personnes divorcées et remariées ne signifie pas pour la communauté chrétienne
un affaiblissement de sa foi et de son témoignage sur l’indissolubilité du
mariage, c’est plutôt précisément en cela que s’exprime sa charité ».
D’une manière beaucoup plus générale, le St Père
nous invite tous à cette dimension d’accueil et de charité qui sans gommer les
difficultés rappellent la sollicitude divine, l’amour infini du Seigneur. Nous
sommes donc invités à accompagner plutôt qu’à condamner ou à stigmatiser, nous
sommes invités à la charité dans la vérité plutôt qu’à un rejet ou une mise à
l’écart. Oh cela ne signifie pas que dès lors tout est permis mais cela désigne
la position qui doit être la nôtre. Le St Père nous le redit : « Afin
d’éviter toute interprétation déviante, je rappelle que d’aucune manière
l’Église ne doit renoncer à proposer l’idéal complet du mariage, le projet de
Dieu dans toute sa grandeur […] Comprendre les situations exceptionnelles
n’implique jamais d’occulter la lumière de l’idéal dans son intégralité ni de
proposer moins que ce que Jésus offre à l’être humain. […] Cependant, de notre
prise de conscience relative au poids des circonstances atténuantes –
psychologiques, historiques, voire biologiques – il résulte que « sans
diminuer la valeur de l’idéal évangélique, il faut accompagner avec miséricorde
et patience les étapes possibles de croissance des personnes qui se
construisent jour après jour » ouvrant la voie à « la miséricorde du
Seigneur qui nous stimule à faire le bien qui est possible ».
Aucune révolution en tout
cela : les personnes divorcées peuvent trouver dans les sacrements l’aide
et le secours pour vivre dans la fidélité au sacrement de mariage reçu ;
les personnes divorcées et remariées sont invités à un cheminement avec le
Christ dans l’Eglise même si leurs situations ne leur permet pas d’avoir
recours habituellement aux sacrements. Aucune révolution en tout cela mais bien
la réaffirmation d’un accueil fraternel, d’une charité vécue dans la vérité et
le discernement. Et pour chacun de nous, c’est un appel à être disciple de la
miséricorde et de l’amour du Seigneur sans gommer les difficultés mais en
manifestant que le Seigneur nous rejoint nous tous là où nous sommes. L’Eglise,
dont nous sommes, n’est pas une communauté de parfait et elle doit être le
signe de l’Amour de Dieu dans l’exigence de la radicalité évangélique éclairé
par la charité, elle doit rejoindre chacun dans les difficultés et les errances
qui sont les siennes afin de les faire advenir à la pleine lumière de la grâce,
à la pleine lumière de l’amitié vécue avec le Christ ressuscité car il n’y a
pas de saints sans passé ni de pécheurs sans avenirs.
Amen.
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