En ce soir
de Noël, laissez-moi vous raconter cette histoire qui a traversé les temps.
Simon était
un commerçant de Bethléem, il était vendeur d’huile, de cette huile qui était
utilisée pour les lampes. Tous les soirs Simon aimait se promener avant d’aller
se coucher.
La nuit
était déjà tombée mais ce soir Simon tenait à faire sa promenade quotidienne.
Il prit sa cape et emprunta le chemin habituel. Quittant le village et
s’aventurant un peu dans la campagne, il aimait ce moment qui lui permettait de
réfléchir. Et ce soir, il réfléchissait à ses difficultés dans son commerce, à
ses parents qui prenaient de l’âge, il réfléchissait aux difficultés qu’il
avait avec Matthieu son ami d’enfance. Ses pieds connaissaient le chemin et
Simon ne levait que rarement la tête pour savoir où il en était de son petit
parcours. Mais tout d’un coup, le silence se fît. Un silence intense qui
n’était pas celui de la nuit toujours troublé par le souffle du vent, le
bruissement des herbes folles où le hululement des chouettes. D’un seul coup
plus rien. Instinctivement Simon s’arrêta. Il regarda autour de lui mais rien
ne bougeait, tout semblait s’être arrêté. Il distingua au loin un peu de
lumière dans une sorte de cabane au milieu d’un champ. La lumière était le seul
mouvement quand d’un seul coup, un cri résonna, un cri étonnant, troublant. Un
cri ou bien plutôt des pleurs, oui c’était bien des pleurs, des pleurs
d’enfant, d’un bébé. Simon fut saisi par ces pleurs au plus profond de lui mais
il n’en éprouva ni crainte ni énervement, ces pleurs résonnaient en lui comme
la plus douce des musiques. Simon décida de s’approcher mais il était comme
attiré par cette bicoque. Il atteint rapidement la petit fenêtre de côté et ne
résista pas, il regarda par la fenêtre et découvrit un scène qui se grava en
son esprit. Un couple était là saisi dans la contemplation du nouveau-né qui
déjà leur souriait paisiblement. Simon se prit à sourire, touché par cette
scène. Mais d’un seul coup, ses yeux rencontrèrent ceux du nourrisson. Et là le
temps s’arrêta de nouveau et Simon ne put que ressentir une chaleur intense en
sa poitrine. Simon fut envahie par un amour infini, en cet instant il se savait
aimé, aimé à la folie d’un amour incroyable, d’un amour infini. Une douce
musique se fit entendre dans le lointain jusqu’à devenir intense, Simon pensait
que cela venait de lui mais l’enfant quitta son regard pour le diriger vers le
ciel. Simon fit de même et il vit une multitude d’ange virevolter au-dessus du
toit de chaume et leur chant se précisa dans un Gloire à Dieu qui emplissait la
campagne. Simon ne pouvait bouger, saisit par ce spectacle il le contemplait
sans bruit ni mouvement. Puis il vit arriver des bergers, arrivant comme en
procession jusqu’à cette pauvre maison. Les bergers n’avaient d’yeux que pour
l’enfant qui posa sur chacun d’eux son regard. Après un long moment, après que
les anges eurent regagné les cieux, les bergers eux-mêmes s’en retournèrent
vers leurs pâturages, l’enfant venait de s’endormir entre les bras de sa mère.
Simon lui-même sentit qu’il fallait poursuivre la route, sans bruit il
s’éloigna et regagna sa maison. Assis chez lui, Simon se sentait heureux, oh
bien sûr il savait qu’il avait toujours les mêmes ennuis dans son commerce, que
ses parents continuaient à vieillir et que son ami Matthieu était toujours
aussi difficile mais tout cela était secondaire car ce qu’il avait découvert
dans les yeux de ce nourrisson ce soir c’était un amour intense. « Je suis
aimé de Dieu », voilà les mots qu’il ne cessait de
se répéter un sourire béat imprimé sur la figure. La nuit finalement l’emporta
dans un sommeil heureux et Simon depuis ce soir-là changea car il voulait aimer
en retour celui qui l’aimait d’un amour intense, car il voulait aimer Dieu qui
l’aimait d’un amour infini.
Cette petite
histoire, c’est ce soir qu’elle peut arriver pour chacun de nous. Tout comme
Simon nous avons quitté la chaleur de nos maisons, enfilé nos blousons pour
affronter le froid. Nous avons tous franchi la première étape. Nous sommes venu
en cette église oh bien sûr porté par la joie de Noël nous tâchons d’enfouir
nos soucis au plus profond de nos cœurs au moins le temps de cette soirée que
nous voulons tous exceptionnelle, joyeuse, différente. Mais nous savons que la
réalité nous rattrapera et que ce soit demain ou après-demain la vie reprendra
ses droits et nous rappeler à la réalité. Difficultés professionnelles,
familiales, amicales, tout cela reprendra sa place. Mais ce soir tout peut
changer. Laissons-nous tous attirer par le silence de cette nuit, attachons
nous à ce silence en nos âmes en nos cœurs pour entendre résonner le cri de
l’avènement du Seigneur. Approchons nous de la fenêtre de nos cœurs pour
contempler Celui qui est né ce soir. Dieu est là. Aucune menace en Lui, aucune
colère ni ressentiment, Dieu est là en un nourrisson impuissant. Dieu est là et
Il cherche notre regard, Il l’appelle alors surtout en cette nuit ne détournons
pas le regard, dans le silence de nos âmes laissons-nous regarder par le
Seigneur et regardons le Seigneur, découvrons nous aussi à quel point nous
sommes aimés de Dieu, aimés par Dieu qui nous rejoint en notre humanité en se
faisant nourrisson, aimés par Dieu qui se remet tout entier entre nos mains
comme ces nouveau-nés si fragiles. Si nous faisons cet effort de croiser le
regard du bon Dieu alors oui nous regagnerons nos maisons, oui nous les
regagnerons avec nos difficultés nos soucis mais rien ne sera comme avant parce
que nous saurons que ce soir c’est l’amour infini de Dieu qui est venu jusqu’à
nous, parce que nous saurons que nous sommes aimés de Dieu oh non pas comme une
simple idée si générale qu’elle en perd de son intensité. Non, ce soir la
découverte c’est que je suis aimé à la folie par le bon Dieu qui vient jusqu’à
moi, c’est que tu es aimé à la folie par le bon Dieu qui vient jusqu’à toi, toi
personnellement, tu es aimé de Dieu. Voilà le cadeau que le bon Dieu désire
nous faire en cette sainte nuit de Noël, alors acceptons ce cadeau et
laissons-nous saisir par l’amour de Dieu.
Amen.
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