C’est la
maladie de la lèpre qui est au cœur des lectures de ce dimanche, la lèpre, ce
mal d’un autre temps qui plaçait celui qui en était touché à l’écart de toute
relation sociale. Ce mal incurable pendant longtemps qui était synonyme de mort
et de souffrance. Et pourtant, l’évangile nous rapporte cette rencontre
étonnante entre le Seigneur Jésus et un lépreux qui alla jusqu’à tomber à ses
genoux. Cette proximité avec le mal que représentait la lèpre aurait du
conduire à un recul de Jésus, aurait dû conduire Jésus à repousser cet individu
malade, cet individu impur, telle aurait été du moins la réaction de la plupart
mais il n’en est rien et même au contraire, le Seigneur va l’écouter, va
étendre la main jusqu’à le toucher. Et le miracle s’est accompli, la lèpre fut
vaincue. Aujourd’hui, nous pourrions considérer cette histoire comme un élément
d’antan car le Seigneur ne pourrait nous guérir de la lèpre, cette maladie
ayant déserté nos contrées mais la lèpre est bien synonyme de tout ce qui
conduit à la mort, la lèpre est paradigme de tout mal aussi bien maladif que
peccamineux. Dés lors, le Seigneur peut encore agir envers nous en nous
purifiant des racines du mal et du péché qui nous habite, oui, Dieu a cette
capacité. Mais attardons-nous sur la simple demande du lépreux : « Si
tu le veux, tu peux me purifier », « si tu le veux ». Le lépreux
n’ordonne pas au Seigneur de le guérir, il n’y a pas d’impératif dans sa
demande qui reconnaît la puissance du Seigneur, qui reconnaît la capacité du
Seigneur à agir contre son mal mais qui en même temps le laisse libre de son
action. Et ce peut-être un bel enseignement pour nous en ce dimanche car bien
souvent nous traitons avec le Seigneur en lui demandant d’agir de telle ou
telle manière, en demandant au Seigneur de suivre nos voies, nos perceptions,
nos désirs. Nous agissons bien souvent envers le Seigneur comme envers un
distributeur de boisson. Pour un distributeur nous mettons une pièce et nous
obtenons en échange la boisson que nous désirons, avec le Seigneur on a parfois
la tentation de dire une prière pour obtenir en échange ce que nous demandons
et si nous n’obtenons pas ce que nous voulons nous réagissons comme envers un
distributeur qui nous aurait avalé notre pièce sans nous donner notre boisson,
nous réagissons contre le Seigneur comme s’Il avait rompu un contrat déterminé.
Comment, j’ai prié 45 chapelets, j’ai fait un pèlerinage à genoux jusqu’à
Jérusalem et tu ne me donnes pas ce que je veux, c’est une honte… Nous pouvons
sourire mais spirituellement c’est un peu comme cela que nous réfléchissons,
que nous agissons. Dans l’évangile, le lépreux a la juste attitude, il se
soumet à la volonté du Seigneur et pourtant son cas n’admet que deux issues, la
guérison miraculeuse ou la mort. Et bien nous aussi il nous faut révérer la
volonté du Seigneur en la plaçant au-dessus de la nôtre même s’il nous semble
que notre demande est des plus légitimes car nous ne détenons pas la vision
totale du monde, de notre petit monde et même de nous-même. Révérer la volonté
du Seigneur c’est lui faire confiance en sachant que son action ou son inaction
éventuelle est ce qui est le meilleur. Et le Seigneur Jésus a agit de même
envers son Père, rappelons-nous au jardin des oliviers, pressentant la mort qui
approche le Seigneur Jésus a demandé d’être délivré de cette heure mais il a
conclu sa prière en disant : « non pas ce que Je veux mais ce que Tu
veux ». Et bien, ne cessons jamais de le dire, il nous faut imiter le
Seigneur en nos vies et conclure chacune de nos prières par ce « non pas
ce que je veux mais ce que Tu veux », non dans une résignation soumise
mais dans une confiance éclairée. C’est bien ce que nous dis St Paul en sa
lettre aux Corinthiens : « Imitez-moi comme moi aussi j’imite le
Christ » et cela en toute circonstance.
Nous avons
tous des intentions particulières, nous avons tous en nos cœurs, en nos âmes
des demandes que nous portons régulièrement devant le Seigneur en lui demandant
d’agir de telle ou telle manière, continuons tout en laissant à Dieu qui est plein de bonté, tout en laissant au Seigneur
qui agit envers ses enfants de la meilleure des manières, tout en laissant au
bon Dieu l’initiative de son agir dans une confiance absolue, dans un abandon
amoureux.
Amen.
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