Paroisses de La Bouilladisse – La Destrousse – Peypin – Belcodène

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samedi 28 décembre 2013

Homélie de la messe de minuit



Où est Dieu ? Où était Dieu dans tel moment difficile de l’histoire humaine ? Où était Dieu dans tel moment difficile de notre propre histoire ? Ce questionnement qui appartient à tout être humain trouve sa réponse ce soir, cette nuit, car Dieu est là. Dieu est là présent dans ce petit enfant, si frêle qu’on craint de le casser en le serrant contre son cœur, si démuni comme le sont tous les nourrissons que l’on guette toute réaction pour le combler au moindre soubresaut. Aujourd’hui, cette nuit, Dieu prend part de notre histoire humaine.
Mais n’oublions pas trop vite que Dieu demeure Dieu, qu’Il est le Dieu créateur de toute chose, qu’Il est le Dieu créateur de notre propre humanité, qu’Il est au-dessus de tout, principe infini, origine éternel. C’est bien Dieu dans sa grandeur et sa puissance qui a voulu prendre chair, qui a voulu se faire créature, qui a voulu se faire homme et qui s’est fait homme en Jésus Christ.
Et pourtant à la crèche nos yeux de chair ne verraient qu’un simple petit d’homme, qu’un simple nourrisson, un bébé. Oh combien les apparences peuvent être trompeuses. Mais elles ne sont trompeuses que pour ceux qui ne regardent pas vraiment, que pour ceux qui analysent simplement sans prêter attention à ce qui n’est pas démontrable, pas appréhendable, sans prêter attention à ce que leur cœur leur dit.
Les bergers eux ne s’y sont pas trompés. Dans leur simplicité, ils se sont approchés de cet enfant en percevant le mystère bienheureux qui l’entourait. Et les rois mages, qui sont encore en route, eux aussi, savent mystérieusement qu’ils sont à la recherche du plus grand trésor de l’humanité qu’est ce petit être emmailloté de langes, somnolant dans une mangeoire, entouré de ses parents dans une simple étable où l’âne et le bœuf les accompagnent. Et pour nous qui savons, pour nous qui savons qui est ce petit enfant, nous devrions être saisi par le fossé qui sépare ces deux réalités, réalité du dénuement de la crèche et réalité de la présence glorieuse de Dieu, réalité d’un petit bout de chou et réalité de la présence de Dieu origine de toute chose.
Mais malgré ce constat, malgré cela nous nous obstinons bien souvent à ne percevoir de la réalité que ce que nos sens nous permettent d’appréhender, nous avons bien souvent perdu le sens de l’éternité, le sens de la présence divine, le sens de notre vocation éternelle, le sens de notre vie. Nous passons bien souvent à côté du mystère. Nous réduisons bien souvent le mystère à une simple réalité trop bassement humaine.
Et telle est bien l’erreur du monde qui réduit l’homme au néant de la désespérance en évacuant tout mystère. Car l’homme aujourd’hui n’est plus le fruit de l’amour de ses parents il est réduit à n’être que le composé de deux éprouvettes, l’homme n’est pas désiré dans un élan d’amour il est voulu comme un droit, l’homme n’est pas appelé à s’épanouir il doit tout faire pour remplir son portefeuille d’actions, l’homme n’est pas appelé à aimer il doit régner et qu’importe comment, l’homme n’est pas appelé à se donner il doit prendre et profiter au maximum, l’homme n’est pas appelé à l’éternité il se fracassera contre le néant qui conclut l’existence.
Tout est froid telle une équation mathématique que l’homme essaie de résoudre pour souffrir le moins possible. Alors si nous nous interrogeons pour savoir où est Dieu ? Pour savoir où était Dieu dans tel moment difficile de l’histoire humaine ? Pour savoir où était Dieu dans tel moment difficile de notre propre histoire ? Demandons-nous d’abord où est l’homme ? Qui est l’homme ? Qui sommes-nous ? Et si l’homme se réduit à 80 années durant lesquelles il ne cherche qu’à profiter de tout avant le terme inexorable de l’anéantissement total, de la fin du monde ou de la fin de son monde, alors seul le désespoir peut l’accompagner car peu nombreux sont ceux qui réussiront à briller selon les règles du monde, alors le bonheur peut déserter l’humanité car à quoi bon souffrir pour mourir autant tout arrêter. Voilà cette réalité froide vidée du mystère, vidée de la véritable réalité de notre propre humanité.
Oh comme il faudrait que le monde se réveille, comme il faudrait que le monde se laisse réveiller par les pleurs du petit enfant Jésus qui pleure déjà sur lui, comme il faudrait que le monde se laisse gagner par le mystère de la présence de Dieu en notre propre humanité. Prenons bien conscience que si Dieu se rapproche de nous en se faisant l’un de nous, si Dieu va se révéler à nous, Dieu s’emploie surtout à nous révéler à nous même, à nous rappeler qui nous sommes, à nous rappeler d’où nous sommes, à nous rappeler où nous allons.
A la crèche, Dieu nous crie que nous avons été voulus et créé par Lui, que nous sommes faits pour le rejoindre dans l’éternité, que nous sommes faits pour le bonheur de la vie avec Lui. Dieu hurle la vérité de l’homme qui est véritablement homme lorsqu’il se tourne vers Dieu. Car l’homme qui sait qu’il vient de Dieu, qui sait du plus profond de son être qu’il est aimé de Dieu, qui sait qu’il est appelé à l’éternelle béatitude, qui sait que rien ne peut le séparer de l’amour du Christ, un tel homme est déjà heureux. Et en se faisant petit enfant, Dieu nous dit tout cela. Il nous dit qu’Il nous aime au point de nous rejoindre quittant l’éternité pour la temporalité. En embrassant l’humanité Dieu nous rejoint tous. Et par sa présence, Dieu nous redit à quel point Il désire que nous le retrouvions pour l’éternité, Dieu nous révèle le chemin qui nous conduit à la béatitude. Redisons le haut et fort, l’homme ne peut se comprendre sans Dieu, et c’est pourquoi Dieu se donne à lui comme un petit enfant, c’est pourquoi Dieu se donne à nous comme un petit enfant. Notre existence toute entière n’a de sens que si nous la recevons de Dieu.
Et ce qui est le plus étonnamment dramatique c’est que tout comme les bergers ont pressenti le mystère de l’enfant Jésus, le monde sent cela. Le monde sait que le mal le conduira inexorablement à sombrer dans le malheur, le monde sait que le bien véritable le conduira inexorablement au bonheur mais malgré cela, le monde sombre dans le malheur en poursuivant le mal ou pire, en grimant le mal pour le faire passer pour un bien et en dénigrant le bien jusqu’à le décrire comme nuisible à la plénitude de ce qu’il croit être l’humanité. Il semblerait que le monde met toutes ses forces pour atteindre plus rapidement ce néant du désespoir qu’il redoute pourtant.
Et c’est bien dans ce funeste constat que nous percevons avec d’autant plus d’éclat que cette nuit est encore une bonne Nouvelle pour notre humanité. Car cet enfant que nous célébrons nous a délivré les véritables valeurs de notre propre humanité en nous rappelant notre origine en Dieu, en nous rappelant là où se trouve le bien c'est-à-dire dans la vertu, dans une vie droite et juste, dans une vie construite sur sa parole qui est relayée par son Eglise, en nous rappelant notre vocation à la sainteté qui est une vocation au bonheur, en nous rappelant la prière qui nous oriente vers Lui et nous fait tout recevoir de sa grâce, en nous rappelant notre espérance qui nous attire vers l’éternelle béatitude. C’est là que se déploie le mystère de la vie, le mystère de l’existence, le mystère de l’homme et le mystère même de Dieu. Et c’est pour nous révéler tout cela que cette nuit Dieu s’est fait homme, Dieu s’est fait homme pour l’homme, pour le sauver de la désespérance, pour lui révéler l’éternelle béatitude qui se dessine déjà dans le sourire enfantin du petit Jésus.
Alors chers amis, ce soir, cette nuit, choisissons avec ardeur de nous laisser saisir par le regard de l’enfant Jésus qui nous cherche pour nous combler, acceptons le dans notre vie, laissons le Christ naître et grandir pleinement en nos existences car dès lors nous abriterons le bonheur, dès lors nous serons pleinement homme car nous serons en Dieu.
Amen.

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