Le
récit de la transfiguration marque les esprits dans la manifestation visible de
la divinité du Christ. Cette théophanie porte l’affirmation que le Christ n’est
pas un sage aussi honorable serait-il, que le Christ n’est pas un réformateur
ou bien encore un révolutionnaire, le Christ est vrai homme et vrai Dieu et en
ce dimanche, son humanité transpire de sa divinité, en ce jour, la gloire
divine se donne à contempler. Et cet évènement visible est encore accentué par
l’appel impérieux de Dieu le Père, appel à écouter Dieu le Fils, Dieu fait
homme, appel à écouter le Christ.
Et
si nous entendons ce récit de la transfiguration en ce deuxième dimanche de
Carême c’est pour nous rappeler quelles doivent être les fondations de notre
carême mais aussi plus largement, plus essentiellement, quelles doivent être
les fondations de nos vies. Et ces fondations reposent sur un unique pilier
qu’est celui de la reconnaissance dans la Foi de la personnalité du Christ,
dans la Foi en la divinité du Christ qui permet notre rédemption et c’est cette
Foi sereine et certaine qui nous conduit à être attentifs, à écouter la Parole
que le Seigneur nous adresse et qui traverse les siècles portée par l’Eglise.
Et
si le Christ est notre unique fondation, notre unique pilier, nous sommes tous
appelés à vivre de ce mystère de la transfiguration car il nous faut nous
rappeler que nous sommes tous appelés à être transfiguré, transfiguré non par
nos efforts ou notre volonté, mais transfiguré par l’acceptation toujours plus
entière, toujours plus radicale du Christ Lui-même, nous sommes appelés à
transpirer le Christ. Et si nous considérons les saints qui peuplent l’histoire
de l’Eglise, nombreux sont ceux qui ont vécu cette réalité, nombreux sont ceux
qui, par leurs simples présences, permettaient la présence de Dieu tout
simplement parce que Dieu habitait leurs vies, habitait leurs cœurs et leurs
âmes. Et c’est bien en ce sens que ce que nous donnons à voir est un
témoignage, notre manière de vivre et d’être est un témoignage et ô combien il nous
faut redouter le fait d’être des contres témoignages, combien il nous faut
redouter que, par notre faute, certains puissent se détourner du Christ.
Alors
attachons-nous à vivre du Christ, à être transfiguré par sa grâce, à être
porteur de la joie du Christ, de la paix divine, d’une Foi ardente et
contagieuse. Et il nous faut encore le réentendre, cette transformation de nos
vies, de nos personnes n’est pas d’abord le fruit d’un volontarisme ou
d’efforts surhumains, la transfiguration de nos vies c’est bien le Christ qui
l’opèrera si nous le laissons faire. Rappelons-nous à ce sujet ce que disait
Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, et recevons pour notre méditation de ce dimanche
ce que cette grande sainte, cette docteur de l’Eglise écrivait :
« Moi
je me considère comme un faible petit oiseau couvert seulement d’un léger
duvet. S’envoler comme les aigles, n’est pas en son pouvoir. Le petit oiseau ne va pas même s’affliger.
Avec un audacieux abandon, il veut rester à fixer son Divin Soleil; rien ne
saurait l’effrayer, ni le vent, ni la pluie et si de sombres nuages viennent à
cacher l’Astre d’Amour, le petit oiseau ne change pas de place, il sait que
par-delà les nuages son Soleil brille toujours.
Quel
bonheur pour lui de rester là quand même, de fixer l’invisible lumière qui se
dérobe à sa foi ! Jésus, jusqu’à présent je comprends ton amour pour le petit
oiseau, puisqu’il ne s’éloigne pas de toi…mais je le sais, et tu le sais aussi,
souvent, l’imparfaite petite créature tout en restant à sa place se laisse un peu
distraire de son unique occupation.
Il
prend une petite graine à droite et à gauche court après un petit ver… puis
rencontrant une petite flaque d’eau il mouille ses plumes à peine formées, il
voit une fleur qui lui plaît, alors son petit esprit s’occupe de cette fleur…
enfin, ne pouvant planer comme les aigles, le pauvre petit oiseau s’occupe des
bagatelles de la terre. Parfois il est vrai, le cœur du petit oiseau se trouve
assailli par la tempête, il lui semble ne pas croire qu’il existe autre chose que
des nuages qui l’enveloppent; c’est alors le moment de la joie parfaite pour le
pauvre petit être faible.
Oh
! Jésus, que ton petit oiseau est heureux d’être faible et petit, que
deviendrait-il s’il était grand ? S’il était grand, jamais il n’aurait l’audace
de paraître en ta présence, de sommeiller devant toi.. oui, c’est là encore une
faiblesse du petit oiseau lorsqu’il veut fixer le Divin Soleil et que les
nuages l’empêchent de voir un seul rayon; malgré lui ses petits yeux se
ferment, sa petite tête se cache sous la petite aile et le pauvre petit être
s’endort, croyant toujours fixer son Astre Chéri. À son réveil, il ne se désole
pas. Son petit cœur reste en paix, il recommence son office d’amour, il invoque
les Anges et les Saints qui s’élèvent comme des Aigles vers le Foyer dévorant,
objet de son envie et les Aigles prenant en pitié leur petit frère, le
protègent, le défendent et mettent en fuite les vautours qui voudraient le
dévorer.
[Et
Toi Jésus] Caché sous l’apparence d’une blanche hostie, Aigle éternel, tu veux
me nourrir de ta divine substance, moi, pauvre petit être, qui rentrerais dans
le néant si ton divin regard ne me donnait la vie à chaque instant… Ô
Jésus ! Laisse-moi dans l’excès de ma reconnaissance, laisse-moi te dire
que ton amour va jusqu’à la folie…
Comment veux-tu devant cette folie, que mon cœur ne s’élance pas vers
toi ?
Jésus,
je suis trop petite pour faire de grandes choses… et ma folie à moi, c’est
d’espérer que ton Amour m’accepte comme victime… Ma folie consiste à supplier
les Aigles mes frères de m’obtenir la faveur de voler vers le Soleil de l’Amour
avec les propres ailes de l’Aigle divin…
Aussi
longtemps que tu le voudras, ô mon Bien-Aimé, ton petit oiseau restera sans
forces et sans ailes, toujours il demeurera les yeux fixés sur toi, il veut
être fasciné par ton regard divin, il veut devenir la proie de ton Amour… Un
jour, j’en ai l’espoir, Aigle Adoré, tu viendras chercher ton petit oiseau et
remontant avec lui au Foyer de l’Amour, tu le plongeras pour l’éternité dans le
brûlant Abîme de Cet Amour auquel il s’est offert en victime… »
Alors
laissons-nous emporter par l’Aigle divin, laissons-nous emporter par le Christ,
ne cherchons pas à nous transfigurer mais laissons-le Christ nous transfigurer
et cela en gardant nos âmes aux côtés du Seigneur, en l’aimant, en le priant,
en le recherchant, en vivant avec Lui.
Amen.
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