Dans
l’évangile de ce Dimanche, le Seigneur nous invite une nouvelle fois à la
distinction entre l’être et le paraître, distinction entre la gloire rendue par
le monde et la réalité de la bonté de la personne ainsi honorée, distinction entre
les dons importants fait par les puissants et la valeur réelle de ces dons
supplantée par l’obole de la petite veuve de l’évangile, distinction entre ce
que nous-même donnons à voir et à connaître et la réalité de notre personne.
On
pourrait penser que cette distinction est seconde dans l’ordre de la vertu et
de la vie chrétienne mais il nous faut reconnaître que nous appartenons à un
temps qui maximise le marketing, qui maximise l’emballage pour bien souvent
faire oublier la réalité. Nous appartenons au siècle de l’apparence qui ne doit
pas être confondu avec l’être, qui ne doit pas être confondu avec la réalité.
Et pour nous chrétiens, le grand danger, serait de paraître appartenir au
Christ sans l’être vraiment, en posant des actes qui ne soient pas en
adéquation avec notre Foi. Il nous faut être attentif à l’unité de nos vies, de
nos consciences, de nos réflexions, il nous faut être attentif à ne pas être
schizophrène en prônant le Christ avec les chrétiens et en le mettant de côté
avec ceux qui malheureusement ne le sont pas. Il nous faut demander comme une
grâce au Seigneur l’unification de nos vies autour du Christ Lui-même. Et c’est
par ailleurs dans le Christ Lui-même que nous trouvons cette unification
parfaite, Lui qui a parlé, Lui qui agit, Lui qui s’est révélé à nous, Lui qui
s’est sacrifié pour nous et pour notre salut n’a pas fait semblant, le Christ
s’est livré tout entier à notre humanité dans la clarté étincelante de la
Vérité qu’Il est en Lui-même. Et c’est bien le Christ que nous sommes appelés à
imiter.
D’autre
part, cette distinction entre l’être et le paraître doit nous conduire à être
particulièrement prudent dans la considération que nous avons des uns des
autres car malgré la volonté actuelle d’un égalitarisme totalitaire, il nous
faut reconnaître que nous sommes tous différents et que ces différences
induisent des comportements différents, comportements différents qui ne peuvent
pas être jugés selon les mêmes critères mais relativement à chaque personne. Ainsi,
si l’ordre moral demeure un absolu qui supplante les particularismes, les
circonstances sont essentielles dans le discernement des personnes et des actes
et ces circonstances influent sur la qualification morale des actes et des
personnes. C’est bien en ce sens que nous sommes appelés à recevoir ce
commandement du Seigneur à ne pas juger car lorsque nous jugeons nous faisons
fi des circonstances qui nous sont inconnues et notre jugement est dès lors
faussé. Ainsi seul Dieu peut juger car Lui seul peut sonder les reins et les
cœurs. Et si nous considérons le jugement divin, remarquons qu’il est
inséparable de la miséricorde et que la miséricorde se moque du jugement. Le
jugement divin n’est donc pas un couperet assassin mais une main tendue à notre
propre faiblesse pour nous relever et nous établir dans cette dignité d’enfant
de Dieu qui est la nôtre. Le jugement divin invite et invoque la charité divine
et c’est là encore, en cette charité que nous sommes appelés à imiter le
Seigneur.
L’unification
de notre personne en Jésus Christ, l’absence de jugement envers notre prochain,
la charité qui doit être déployé pour secourir, tout ceci constitue des points
d’attention pour notre vie spirituelle qui doit féconder notre agir. Je dis
bien : qui dois féconder notre agir car si nous pouvons prendre de bonnes
résolutions, il nous faut toujours chercher le moyen de les mettre en acte. Or
l’unification de notre personne en Jésus
Christ ne peut-être que le fruit d’une véritable relation avec le Seigneur,
relation construite dans l’intimité de la prière. L’absence de jugement envers
les personnes procède quant à lui d’un double mouvement, le premier est celui
du pardon que nous sommes appelés à donner à ceux qui nous ont fait souffrir et
le second celui de la reconnaissance réaliste de notre propre imperfection. La
Charité quant à elle se nourrit de notre prière, de notre attachement au
Seigneur et se déploie dans des secours que nous apportons effectivement.
Alors
en ce dimanche appelons pour chacun de nous les grâces et les secours du Seigneur
et tâchons de coopérer à sa grâce de toute la force de notre volonté.
Amen.
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