« Fils
de David, Jésus, prends pitié de moi ! » tel est l’appel qui résonne
par-delà la foule qui entoure le Seigneur Jésus, cri de l’espérance de cet
aveugle désirant retrouver la vue, cri de tout ceux de notre humanité qui
implore du ciel l’allègement de leur fardeau.
Mais
en ce récit, il nous faut remarquer la manière d’agir du Seigneur, en effet, le
Seigneur ne guérit pas immédiatement mais il demande à l’aveugle d’exprimer sa
demande, non que le Seigneur ne le sache pas mais le Seigneur désire que
l’aveugle soit dans cette disposition d’accueil de la grâce, dans cette
disposition d’accueil du miracle. Et il nous faut suivre cette manière d’agir
du bon Dieu, en nos prières il nous faut exprimer au Seigneur nos demandes, nos
attentes, il nous faut l’exprimer non pas que le Seigneur ne sache pas ce qu’il
nous faut mais pour que nous même ayons conscience des domaines pour lesquels
nous appelons avec force les secours de la grâce. Car la grâce ne s’impose pas
mais elle s’accueille, elle est attendue, implorée.
D’autre
part, il est certain que ce miracle de guérison de l’aveugle demeure également
image de la vision que nous sommes tous appelés à retrouver, vision non pas
physique mais vision de Dieu qui nous sera donné dans l’éternelle béatitude. Le
parallèle est si juste que là encore, notre entrée en paradis ne nous sera pas
imposée, elle ne sera pas méritée mais elle nous sera offerte par le Seigneur
Lui-même. La prophétie de Jérémie évoque cette foule de boiteux et d’aveugles ;
cette foule disparate claudiquant et recevant malgré tout le salut et la
bénédiction du Seigneur. Cette foule c’est l’Eglise. Et donc nous sommes de
cette foule, boiteux car blessé par le péché qui nous empêche de nous élever
jusqu’au ciel en nous clouant à terre, aveugle de la présence divine en nos
vies. Et pourtant c’est bien cette foule que le Seigneur vient chercher, vient
sauver, vient aimer. Non que cette foule le mérite mais parce que cette foule a
Dieu pour père, parce que nous avons Dieu pour père depuis le saint jour de
notre baptême, jour de notre adoption filiale. Alors comme l’aveugle de
l’évangile, aux portes de la mort, n’oublions pas d’avoir ce cri jaillissant de
l’âme : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! »
afin que le Christ nous sauve et nous établisse dans la vision de Dieu.
Et
à ce sujet si essentiel de notre devenir éternel, il nous faut nous laisser
éclairer par la seconde lecture tirée de la lettre aux hébreux et
particulièrement par cette appellation du Christ qui est dit grand prêtre par
établissement divin. Cette identité du Christ prêtre manifeste cette médiation
essentielle qui permet au Christ de s’offrir Lui-même en sacrifice d’expiation
pour mériter le salut pour l’ensemble de l’humanité. Le Christ est prêtre car
il est ce trait d’union qui réunit le ciel et la terre ; le Christ prêtre
est ce pont qui relie la basse réalité de notre existence terrestre blessée par
le péché à la réalité céleste de l’éternelle béatitude. Tous les miracles du
Seigneur, cette guérison dans l’évangile d’aujourd’hui, sont manifestations du
sacerdoce du Christ qui permet l’action du pouvoir divin en notre terre. Dans
la personne du Christ prêtre c’est le ciel tout entier qui vient jusqu’à nous
comme une mise à disposition de toutes les grâces nécessaires à notre salut.
Et
tous les prêtres de l’Eglise du Christ participent du sacerdoce du Seigneur
Jésus, ils ont comme mission d’être les canaux de la grâce par la sainte
eucharistie, canaux de la miséricorde par le sacrement de la confession. Le
prêtre reçoit cet insigne pouvoir qu’il porte en son humanité. Que le prêtre
est quelque chose de grand s’exclamait le St curé d’Ars. Et nous pouvons nous
poser la question : « que serait le monde sans les
prêtres ? », ce serait un monde affamée du pain du ciel, un monde
assoiffée de la miséricorde céleste. Alors n’oublions pas en nos prières
demander des prêtres, de demander beaucoup de prêtres, de demander beaucoup de
saints prêtres.
Et
en plus de cela, en ce dimanche, demandons au Seigneur la grâce de la guérison
de nos aveuglements afin que nous puissions discerner sa présence en nos vies,
afin que nous puissions percevoir la grandeur de tous ceux qui nous entourent,
afin que nous puissions nous laisser illuminer par la grâce, afin que nous
puissions reconnaître nos impuissances, afin que nous puissions nous laisser
aimer et sauver par le Christ, afin que nous puissions nous enraciner dans
l’amitié divine, afin que nous recherchions la sainteté plus que toute autre
chose, afin que nous fassions nôtre ce cri d’amour et d’espérance :
« Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! ».
Amen.
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