Aujourd’hui
nous fêtons la solennité du Christ-Roi et si nous en venons à considérer ce
titre de Roi il nous renvoie bien souvent à l’image médiévale d’un roi opulent,
siégeant paresseusement sur son trône ou bien encore, d’un roi chevauchant un
cheval blanc, le sabre au clair pourfendant ses ennemis pour assoir son pouvoir
et étendre son royaume. Mais la royauté du Seigneur n’est pas de ce genre, car
si le Seigneur siège sur son trône de gloire Il demeure celui qui se soucie de
chacun de ses fidèles, de chacun de nous ; Il demeure celui qui cherche à
secourir par sa grâce et sa présence chacun de ses fidèles, chacun de nous. Et
le Seigneur n’assoit pas son pouvoir sur la force de son glaive ou de ses
légions d’anges mais sur la puissance infinie de son amour qui est sa force,
sur la puissance de sa croix qui demeure la manifestation de son Amour.
Mais l’évangile de ce dimanche est
aussi un évangile de jugement, jugement du roi face à ses sujets, jugement qui
ne s’effectue pas selon un épais code civil ou bien plutôt code divin mais qui
s’effectue uniquement sur la règle de la charité, sur la règle de l’Amour. Le
Seigneur gouverne avec Amour et seul l’Amour régie son royaume. Et si nous
voulions résumer l’évangile de ce jour nous pourrions le faire en quelques mots
en disant que :
l’Amour
vraie rapproche de Dieu jusqu’à l’éternité bienheureuse et que l’absence
d’Amour éloigne de Dieu jusqu’à le rendre absent dans l’éternité car tel est le
châtiment éternel.
Dès
lors, ce n’est pas Dieu qui nous jugera mais nos propres actions c'est-à-dire
le degré d’amour dont nous aurons fait preuve en notre vie. Secourir l’affamé,
l’assoiffé, l’étranger, celui qui est nu, qui est malade ou en prison voilà ce
qui appelle sur l’humanité la bénédiction du Seigneur.
Mais
prenons garde l’affamé n’est pas seulement celui qui a faim de nourriture mais
également celui a faim de la Parole de Dieu, l’assoiffé n’est pas seulement
celui qui a soif d’eau mais également celui qui a soif de Dieu, l’étranger
n’est pas seulement celui qui n’appartient pas à notre pays mais aussi celui
qui est étranger à la Foi, celui qui est nu n’est pas seulement celui qui est
dépourvu de vêtement mais également celui qui n’a pas reçu le vêtement immaculé
du baptême, celui qui est malade n’est pas seulement celui qui est atteint de
maladie virale ou bactérienne mais aussi celui qui est malade du péché, celui
qui est en prison n’est seulement celui
qui est enfermé dans nos prisons de pierre et de fer mais également celui qui
est enfermé dans la désespérance du péché. Voilà tous les domaines auxquels
nous convoque l’Amour du Seigneur, domaines primaires et matériels et domaines
spirituels et éternels. Nous ne sommes pas dans l’ordre théorique mais bien
dans l’ordre pratique de ce qui peut être fait ici et maintenant, n’attendons
pas pour aimer, il nous faut aimer.
Mais
prenons garde encore une fois, le thème de l’amour est galvaudé par notre temps
qui lui fait perdre son visage divin, l’amour n’est pas indéfini, l’amour est
déterminé car il a un visage qu’est celui de Dieu, qu’est celui du Christ. Et
par exemple, aujourd’hui, sous prétexte d’amour la société nous dit que l’on
peut tuer par euthanasie ceux qui sont pourtant aimés, mais quel est ce visage
de l’amour qui produit la mort et qui refuse l’accompagnement soulageant, de la
main tenue dans les affres de la souffrance soulagée par la médecine
palliative. Oh bien sûr on souffre de voir souffrir, on souffre de voir un
proche diminué mais est-ce une juste réponse que d’éliminer ce qui nous fait
souffrir ? Quelle folie que de pouvoir penser : « je te tue
parce que je t’aime ». L’amour soulage, soutient, accompagne, refuse
l’acharnement mais l’amour vrai ne tue pas. L’amour a un visage qu’est celui du
Christ. Et aujourd’hui, appelons de nos prières l’établissement du règne du
Christ d’abord en nous-même puis en notre temps.
Car
oui, le Christ désire régner en nos âmes et son règne est celui de l’Amour dès
lors posons-nous cette simple question : est-ce que nous aimons ?
Est-ce que vous époux vous aimez vos épouses est-ce que vous épouses vous aimez
vos époux malgré les difficultés du quotidien en usant de miséricordes,
d’attentions, de tendresse ? Est-ce que vous célibataires aimez ceux que
vous croisez en leur ouvrant vos cœurs, en prenant le temps de l’écoute, de la
disponibilité ? Est-ce que moi curé je vous aime vous paroissiens ? Est-ce
que nous aimons ?
Ô
nous sentons bien que nous sommes perfectibles dans cet ordre de l’amour, que
nous n’aurons jamais fini d’aimer davantage car nous n’aurons jamais fini de laisser
le Seigneur régner en nos âmes. Mais l’amour se construit au jour le jour, dans
une relation d’intimité profonde portée par la prière, dans une vie où notre
volonté cherche à accomplir ce qui est conforme à l’Amour qu’est Dieu. Il nous
faut aimer car c’est en aimant que nous serons bénis du Seigneur, c’est en
aimant que nous permettrons au règne du Christ de se développer, c’est en
aimant que nous permettrons au règne de l’Amour avec un grand A de s’établir en
nous, en nos familles, en nos cités, en notre monde. Il nous faut aimer.
Amen.
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