Par
la parabole de l’évangile de ce Dimanche, le Seigneur Jésus nous retrace la
grande histoire de notre salut. De cette histoire qui s’origine en la personne
d’Abraham, qui se poursuit par l’élection du peuple d’Israël, ce peuple choisi
par Dieu, ce peuple avec qui Dieu fit alliance et qui pourtant ne fut pas
fidèle à cette alliance. Comme nous le dit le prophète Isaïe, Dieu « en
attendait le droit, et voici l'iniquité ; Il en attendait la justice, et voici
les cris de détresse ». Le peuple d’Israël s’est perverti jusqu’à faire
périr les prophètes du Seigneur. Mais dans sa bonté, Dieu le Père a tenu à
demeurer fidèle à son Alliance et c’est ainsi qu’Il a envoyé le Fils, le Fils
unique, le Christ notre Seigneur. Mais même Lui fut rejeté, tué, crucifié. Ce peuple
choisi par Dieu fut celui qui dans son aveuglement tua Dieu de la plus atroce
des manières. Et rendons-nous compte que ceci n’est pas un conte pour enfant,
cela appartient à l’Histoire, à cette histoire vécue qui constitue une large
part de l’histoire de l’humanité. Mais, même la mort du Christ ne vint pas à
bout de la bonté de Dieu qui se constitua un peuple nouveau, le peuple des
chrétiens, le peuple de l’Eglise de laquelle nous sommes. L’Eglise a reçu du
Seigneur le Royaume de Dieu, non qu’elle le possède mais que l’Eglise en est
constituée la voie commune d’accès.
Et c’est bien dans cette histoire
que se révèle l’identité de Dieu, la bonté infinie du Seigneur, sa miséricorde,
sa patience, en un mot son amour. Car Dieu aurait pu tout arrêter, Il aurait pu
se lasser des infidélités, il aurait pu se lasser de notre inconsistance et
pourtant, Dieu persévère, il persévère par volonté et par amour. Comme des
parents s’exaspèrent parfois des erreurs de leurs enfants mais qui, malgré tout,
demeurent à leurs côtés, par amour.
Et
aujourd’hui, nous, peuple chrétien, enfants de l’Eglise, nous devons prendre
conscience de la mission qui est la nôtre, nous devons prendre conscience que
c’est à nous que le Seigneur a confié sa vigne, que nous avons comme mission de
faire porter du fruit à la Parole que le Seigneur nous a confiée. Mais ne nous
y trompons pas, ne nous égarons pas en pensant que ce sera par volontarisme que
nous y arriverons. Nous ne sommes que des instruments entre les mains du
Seigneur qui agît à travers nous, qui nous guide si tant est que nous nous
laissons faire par le bon Dieu.
C’est
bien ainsi qu’il nous faut recevoir l’appel de St Paul en la première
lecture : « ne soyez inquiets de rien ». N’être inquiet de rien
non par aveuglement ou par naïveté, mais n’être inquiet de rien car comptant
sur l’action et la présence de Dieu, n’être inquiet de rien en travaillant dans
le monde comme si tout dépendait de nous tout en sachant que tout dépend de
Dieu. Au contraire, l’inquiétude, tel est un des maux de notre modernité qui se
fait illusion en pensant tout maîtriser et qui est terrassée lorsque la réalité
de son impuissance lui est cruellement rappelée. Une piqure de moustique peut
signer la fin de l’aventure avec Ebola, la grippe aviaire, les maladies de
toute sorte sans parler des catastrophes naturelles tout cela peut mettre un
terme à notre vie et pourtant nous vivons bien souvent en pensant que nous
sommes immortels jusqu’au moment où l’illusion s’efface pour laisser place à
une inquiétude dévastatrice.
Dernièrement
j’évoquais avec un prêtre africain cet épisode dramatique du virus Ebola et il
a eu cette réponse pleine de sagesse : « la vie de l’africain est
dans la main de Dieu ». Mais et nous, et notre vie à nous, elle est certes
plus préservées qu’en terre africaine mais nous ne sommes pas plus grand, ni
plus fort qu’eux simplement nous avons oublié que l’existence humaine ne fait
que passer et ne fait que passer vite, très vite. Cet appel de St Paul
« ne soyez inquiets de rien » est un appel à poser un regard sur nos
vies et sur le monde en le fondant sur Dieu Lui-même, dont la bonté nous est
révélée, dont la miséricorde nous est acquise, dont l’amour est infini. C’est
un appel à nous rappeler que notre vie à tous est dans la main de Dieu. C’est un
appel à nous rappeler que si notre vie d’ici-bas passe vite, très vite elle est
appelée à l’éternité. C’est seulement en Dieu que tout peut être ébranlé autour
de nous sans que nous perdions la paix.
Cela
me fait penser au Cardinal Van Thuan qui fut arrêté en 1975 et emprisonné par
le régime vietnamien et ce pendant 9 années dont cinq en isolement. Le Cardinal
écrivait en prison : « Dans ma nuit peuplée de silence et de
solitude, je pense à vous tous, à chacun, et je vous offre tous à Dieu. Dieu
m’a donné les heures les plus belles de ma vie. Jamais prières n’avaient été
plus ardentes, ni messes plus ferventes, ni plus favorables les occasions de
s’unir à l’amour de Dieu pour manifester l’amour où il y a la haine et semer
l’espérance dans le désespoir. On peut
tout perdre matériellement, mais si Dieu reste, on a encore tout. Dieu est
Amour. L’amour m’encourage à aimer comme Dieu aime. Je n’ai plus rien. Mais
chaque jour, j’offre à tous l’amour de Dieu dans le cœur de Jésus et Marie ».
Alors
ne soyons inquiet de rien, on peut tout perdre, mais si Dieu reste, on a encore
tout et c’est ce tout que nous allons recevoir dans quelques instants en
l’hostie consacrée, c’est ce tout qu’il nous faut annoncer au monde qui se
perd. Ne soyons inquiet de rien, on peut tout perdre, mais si Dieu reste, on a
encore tout.
Amen.
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