Voilà
une certitude que nous enseigne l’évangile de ce Dimanche et qui est issue de
la bonté de Dieu : le Seigneur appelle, le Seigneur ne cesse d’appeler
l’humanité. Tout comme ce roi de la parabole, le Seigneur envoie ses serviteurs
pour appeler le monde à l’éternité, pour appeler le monde au bonheur et à la
béatitude. Dieu n’a de cesse de rechercher chaque personne humaine, notre Dieu
est en quête de l’homme et de chaque homme.
Mais
si Dieu est à la recherche de chaque homme, comment comprendre ceux qui disent
« qu’ils aimeraient avoir la foi mais qu’ils ne l’ont pas », comment
les comprendre si Dieu se tient devant la porte de leur cœur et de leur âme
pour les appeler à le reconnaître, pour les appeler à le connaître, pour les
appeler à se laisser aimer par Lui et à L’aimer. Si Dieu appelle, si Dieu
invite à avoir Foi en Lui alors la Foi est accessible à tout homme de bonne
volonté. Mais la grande difficulté se trouve en réalité dans la considération commune
de la Foi. En effet, pour un bon nombre et même peut-être pour nous, la Foi
doit se sentir, se ressentir, doit effleurer notre sensibilité, doit nous
embraser de cette chaleur intérieur qui manifeste l’amour infini de Dieu pour
nous, doit nous ravir l’âme et l’esprit.
Ainsi on aurait la Foi si, et uniquement si, ses effets pouvaient être
ressenti. Mais cette vision de la Foi est réductrice car dans l’ensemble de la
Tradition spirituelle, et comme nous l’enseignent ces grands amis de Dieu que
sont les saints tels St Jean de la Croix ou bien encore la Bienheureuse Mère
Teresa, ils nous enseignent que la Foi dépasse la sensibilité. Car, ces saints
ont vécu dans l’amitié avec le Seigneur qui embrasait leurs vies mais ils
vivaient également ce qui est communément appelé la nuit de la Foi.
Qu’est-ce
que la nuit de la Foi ? Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte
Face la décrit à partir de cette image : « Moi je me considère comme
un faible petit oiseau couvert seulement d'un léger duvet ; je ne suis pas un
aigle, j'en ai simplement les YEUX et le COEUR car malgré ma petitesse extrême
j'ose fixer le Soleil Divin, le Soleil de l'Amour et mon cœur sent en lui
toutes les aspirations de l'Aigle... Le petit oiseau ne va même pas s'affliger.
Avec un audacieux abandon, il veut rester à fixer son divin Soleil ; rien ne
saurait l'effrayer, ni le vent ni la pluie, et si de sombres nuages viennent à
cacher l'Astre d'Amour, le petit oiseau ne change pas de place, il sait que
par-delà les nuages son Soleil brille toujours, que son éclat ne saurait
s'éclipser un instant. Parfois, il est vrai, le cœur du petit oiseau se trouve
assailli par la tempête, il lui semble ne pas croire qu'il existe autre chose
que les nuages qui l'enveloppent ».
La
nuit de la Foi décrit cet état de l’âme qui ne voit plus, qui ne ressent plus
le Seigneur mais c’est par la Foi que l’âme sait que le Seigneur demeure
toujours là comme le soleil au-dessus des nuages. Et cet état de l’âme doit la
conduire à la foi parfaite, à cette foi qui sait par son intelligence, qui sait
par la Révélation, que Dieu demeure là certes voilé mais bien présent ; et
par sa volonté l’âme veut croire à cette présence diffuse mais réelle, à cette
présence qui n’est pas ressentie mais qui est certaine. Ainsi la Foi n’est pas
affaire de sensibilité même si Dieu, par grâce, nous rejoint parfois en
elle ; la Foi est un acte humain, un acte fruit de la volonté et de
l’intelligence. Dans l’ordre de la Foi, il nous faut donc vouloir. Et c’est
bien ce que nous dit la parabole de l’Evangile, les premiers invités ne veulent
pas, ils refusent l’invitation, leurs volontés sont contraires à l’appel du
Roi, à l’appel divin. Ces invités refusent la Foi à laquelle ils étaient
pourtant invités. Et c’est ainsi que tous sont invités, les mauvais comme les
bons car tout homme est appelé à la Foi. Les mauvais comme les bons sont
appelés à reconnaître l’amour infini du Seigneur pour eux, ils sont appelés à
reconnaître cet amour qui ensuite les conduit à la conversion.
Mais
la parabole nous rapporte un évènement qui peut nous paraître étrange, en
effet : « [le roi] vit un homme qui ne portait pas le vêtement de
noce, et lui dit : 'Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de
noce ?' L'autre garda le silence. Alors le roi dit aux serviteurs : 'Jetez-le,
pieds et poings liés, dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des
grincements de dents.'
Qu’est-ce
que ce vêtement de noces si ce n’est ce vêtement blanc que nous avons reçu le saint jour de
notre baptême, ce vêtement blanc qui manifeste notre rachat par la passion la
mort et la résurrection du Seigneur, ce vêtement blanc qui manifeste ce don de
la Foi qui nous a été fait par notre baptême. Rappelons-nous ce passage de
l’évangile selon St Marc chapitre 16 : « Celui qui croira et qui sera
baptisé sera sauvé [mais celui qui ne croira pas sera condamné] » (Mc
16,16). La Foi est intimement liée au sacrement de baptême qui demeure la voie
royale du salut.
La
Foi nous est communiquée par le sacrement de baptême qui nous établit dans la
relation avec le Seigneur, qui nous y établit tous, bon ou mauvais mais la Foi
se doit d’être reçue dans sa plénitude, elle se doit d’être portée par notre
intelligence qui creuse les mystères divins, par notre volonté qui décide de
croire et qui cherche à accorder l’ensemble de l’existence à Dieu Lui-même. Et
soyons certains que Dieu invite tout homme car la volonté du Seigneur c’est que
tout homme soit sauvé et parvienne à la connaissance du Salut.
Et
pour nous qui sommes ici présent, nous répondons chaque jour à cette invitation
du Seigneur, nous tâchons d’être toujours davantage fidèle à notre baptême.
Mais combien sont ceux qui refusent l’invitation du Seigneur et qui par-là,
s’excluent eux-mêmes du repas du Royaume. Constatation que le Seigneur a fait
Lui-même dans son dialogue avec Ste Marguerite Marie ALACOQUE lorsqu’Il
disait en montrant son Sacré Cœur : « Voilà ce Cœur qui a tant aimé
les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur
témoigner son amour. Et pour reconnaissance je ne reçois de la plupart que des
ingratitudes ». Et en reprenant la finale de l’Evangile, soyons certain que la
multitude des hommes est appelée mais si les élus sont peu nombreux c’est parce
que nombreux sont ceux qui refusent de croire.
Il
nous faut donc rendre grâce au Seigneur de cette invitation universelle au
Salut qu’Il a fait à l’humanité par le bois de la croix, il nous faut
entretenir notre Foi par notre intelligence et notre volonté dans la certitude
de la présence attentive du Seigneur et il nous faut prier pour tous ceux qui
aujourd’hui n’ose pas faire ce pas de la Foi, pour tous ceux qui ne connaissent
pas le Seigneur. Car nous tous sommes invités par le Seigneur au banquet
éternel mais nous sommes aussi ces serviteurs envoyés aux quatre coins du monde
pour y appeler l’humanité. Le Seigneur appelle l’humanité à la béatitude, le
Seigneur nous appelle à la béatitude ayons Foi en Lui et le moment venu Il nous
accueillera en son banquet éternel.
Amen.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire