C’est la joie
qui doit habiter nos âmes en voyant la Très Sainte Vierge Marie établie au
milieu des anges dans la béatitude éternelle auprès de son divin Fils. Les yeux
de l’âme fixant ce coin du ciel dans cet instant d’éternité qui a vu disparaître
celle qui a donné au monde son Sauveur nous ne pouvons que nous laisser envahir
par cette gloire qui resplendit en ce jour.
Mais, nous
pourrions avoir l’impression d’une fin bienheureuse qui répond dans un même
accord aux premiers instants où Marie s’est vue confiée l’incarnation du
Christ. L’assomption pourrait nous apparaître comme le pendant de la descente
de l’ange Gabriel qui annonçait la naissance de notre divin sauveur. Le bon
Dieu est descendu jusqu’en cette fille immaculée et au terme de sa mission l’a
rappelé en sa gloire. Mais l’assomption de la Vierge Marie n’est pas une
conclusion, bien au contraire, elle est une inauguration, inauguration de ce
temps de l’humanité rachetée, car en Marie accueilli par les anges au paradis
c’est l’ensemble de notre humanité qui reçoit par son intermédiaire cette douce
invitation à nous orienter d’ores et déjà vers notre unique but à savoir
l’entrée dans la béatitude. La Vierge Marie, l’Immaculée Conception, est figure
de notre humanité rachetée et nous préfigure nous tous dans l’accomplissement
de notre propre destinée, dans l’accomplissement de notre propre nature qui ne
se trouve qu’auprès du Seigneur. Et voilà en réalité toute la grandeur et la
beauté de la Vierge Marie qui nous révèle à chacun quelle est la réalité de
l’humanité racheté. Nous qui avançons sur cette terre, emplie de foi mais
porteur du fardeau de notre imperfection nous pouvons et avec raison nous
demander qui nous sommes en réalité. Car le bon Dieu ne nous a pas créé comme
cela, le bon Dieu ne nous a pas créé pécheur mais Il nous a fait à son image et
à sa ressemblance, il nous a établi à ses côtés. Mais le péché est entré dans
le monde et notre humanité porte encore ce dualisme qui l’habite, porte en
elle-même la grandeur de la bonté qui vient de Dieu et l’errement inhérent au
péché. Mais nous n’avons jamais connu ce temps où nous étions nous même
immaculé, nous n’avons jamais connu ce temps où nous étions comblés en toute
chose du bonheur divin. En Marie, Dieu nous permet de lire ce que nous sommes
en réalité, en Marie il nous permet de discerner que nous avons été conçu pour
faire la volonté de Dieu, en Marie nous reconnaissons que nous sommes appelés à
une confiance indéfectible en l’action de Dieu. Et ce jour de l’assomption, le
Seigneur nous permet de voir quel est notre objectif, quel est le but ultime de
notre vie, quel est en réalité l’unique objet qui doit orienter chacune de nos
vies à savoir Dieu Lui-même. Car avec Marie nous voyons bien que
l’accomplissement de l’homme ce n’est pas l’homme lui-même, que
l’accomplissement de l’homme ne se trouve pas non plus dans un sur-homme
quelconque fruit du désir de toute puissance fondé sur notre propre déraison.
L’accomplissement de l’homme c’est Dieu et c’est bien cela que nous dévoile
Marie aujourd’hui. Elle qui est toute pure, préservée du péché originel, elle
qui a donné son corps à Dieu Lui-même pour qu’Il soit son Fils en s’abandonnant
toute entière à sa parole, elle qui a ouvert la mission de son divin Fils le
jour des noces de Cana, elle qui a gardé sa foi pure dans les douleurs de la
croix, elle reçoit aujourd’hui la couronne éternelle qui l’a fait entrer dans
la béatitude, dans le bonheur divin. Et nous qui sommes ici, n’avons-nous pas
ce désir au fond de nous, ce désir d’être tout à Dieu, ce désir de n’agir qu’en
fonction de Lui, de n’être que tout à Lui. Et si ce désir est noyé parmi tant
d’autres, si ce désir d’être tout à Dieu est en concurrence par rapport à
d’autres et bien aujourd’hui, en Marie, le bon Dieu nous rappelle le véritable
but de notre existence, nous rappelle en réalité l’unique source du bonheur.
Par l’assomption de la très sainte Vierge Marie le Seigneur nous montre le
chemin à suivre, nous donne Marie comme exemple pour chacune de nos vies. Et
surtout ne nous disons pas que nous n’y arriverons jamais, que cette gloire
divine à laquelle nous sommes invités nous semble trop lointaine, presque
inatteignable. Car le bon Dieu sait que cela nous est difficile mais Il nous a
Lui-même donnée Marie comme mère afin que, comme toutes les mères, elle nous
aide à grandir, à nous construire et en définitive à devenir ce que nous sommes
à savoir de véritables enfants de Dieu.
Alors oui,
aujourd’hui, levons les yeux vers le ciel pour y percevoir la gloire de Dieu
qui accueille la Très Sainte Vierge Marie, levons les yeux vers le ciel pour
nous rappeler que nous sommes appelés nous même à entrer dans la béatitude
éternelle, laissons nous embraser par la joie divine qui transparaît en ce
jour. Et lorsque nous baisserons les yeux, retrouvant notre réalité alors nous
saurons que Dieu nous accompagne et que Marie elle-même intercède pour nous,
nous obtenant les grâces nécessaires pour nous permettre d’avancer. En Marie,
Dieu nous a donné la figure de notre humanité racheté l’établissant pour
l’éternité Mère de chacun quémandant pour nous tous les grâces nécessaires à
notre salut. Prions-la de tout notre cœur tout particulièrement en ce jour car
comme une mère se démène pour chacun de ses enfants, elle-même se démènera pour
chacun d’entre nous.
Amen
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