Il y’a maintenant
quelques années, lorsque j’ai été ordonné diacre, j’avais choisi comme image
d’ordination une représentation de l’évangile que nous venons d’entendre car il
manifestait pour moi ce pas de la Foi que je faisais en m’avançant pour
recevoir l’ordre sacré. Et bien souvent je repense à ce passage car que l’on
soit diacre ou prêtre ou que l’on soit laïc, ce pas de la Foi est constitutif
de notre être chrétien.
Mais
reprenons quelque peu la scène de l’évangile. St Pierre est dans la barque, les
vagues s’éclatent contre la coque. St Pierre est un marin et s’il a l’habitude
de naviguer il connaît également la dureté de ces flots qui ont engloutis tant
de marins. L’inquiétude et la maîtrise sont unies et gouvernent cette barque.
Puis, au milieu des vagues se dessinent une silhouette qui s’approche.
L’ensemble des apôtres sont saisis de crainte jusqu’à entendre la voix du
Seigneur qui ne réussit pas totalement à les calmer mais qui les garde
interloqués. Est-ce vrai ? Un homme qui marche sur les flots ça ne s’est
jamais vu… St Pierre ose alors demander au Seigneur de le rejoindre ce que fait
le Seigneur. St Pierre passe alors par-dessus-bord et se retrouve à marcher sur
les eaux, son regard doit être abimé dans celui du Seigneur. Et d’un coup, il
se rend compte de ce qu’il fait, de ce qui se passe, son regard quitte celui du
Seigneur et se porte sur tout ce qui l’entoure et le doute l’envahi c’est alors
qu’il sombre mais avant qu’il ne se noie, la main du Seigneur le secourt et le
laisse avec cette simple question : « Pourquoi as-tu douté ? ».
Si de
nombreuses lectures spirituelles peuvent jaillir de ce texte laissez-moi vous
en livrer une. Cette barque battue par les flots cela représente notre vie,
notre existence battue par les difficultés, les contradictions, battue par le
mal et le péché. La barque représente cette sécurité que nous tentons d’établir
en nos existences même si tel une barque au milieu de l’océan, cette sécurité
semble bien insignifiante. Rappelons-nous cette petite phrase qui a accompagné
le lancement du Titanic : « même Dieu ne pourrait pas le
couler » et ce n’est pas Dieu qui le coula un simple morceau de glace… Et
bien quels que soient les sécurités de nos existences tout peut basculer en un
instant, la barque de nos vies peut prendre l’eau jusqu’à nous faire sombrer.
Mais si nous portons notre regard un peu au-delà de nos vies, si nous
recherchons l’unique sécurité c’est bien le regard du Seigneur que nous
croisons. Le bon Dieu nous invite à quitter nos sécurités, nos habitudes pour
venir jusqu’à Lui car Dieu sait bien que nos vies finiront pas être englouties
dans les abîmes des ténèbres et Dieu désire nous sauver, venir à notre aide.
Quitter nos sécurités et suivre le bon Dieu voilà ce qui est bien difficile à
faire pour nous qui aimons tout contrôler ou qui plutôt voulons tenir ferme
l’illusion de tout contrôler. C’est en définitive un réalisme auquel le
Seigneur nous invite dans la reconnaissance que, comme le dit le psaume :
« l’homme est semblable à un souffle, ses jours sont comme l’ombre qui
passe ». Il nous faut balayer l’illusion de toute puissance et recevoir
cet appel vibrant du Seigneur à Le rejoindre : « Viens ! »,
nous dit le Seigneur.
Il nous
faut donc faire confiance au Seigneur, abandonner nos illusions et nos
sécurités, passer par-dessus bord pour suivre le Seigneur. Tel est le pas de la
Foi mais ce pas de la Foi n’est pas fait une fois pour toute, il est à
renouveler chaque jours, chaque instant. Car tout comme St Pierre s’est mis à
douter et à sombrer, nous pouvons nous aussi sombrer si nous ne tenons pas
ferme l’Espérance qui est en nous ; si nous ne tenons pas vive notre Foi,
notre attachement au Seigneur. Car malgré le pas de la Foi la mer continuera à
mugir mais c’est dans le regard aimant du Seigneur que nous mettrons à nos
pieds ces flots impétueux. Et ce pas de la Foi qui inaugure notre attachement
quotidien au Seigneur cela doit avoir des résurgences, des conséquences en
notre manière de vivre. On ne peut pas garder un pied dans la barque, on ne
peut pas suivre le Seigneur à moitié. Mais si nous plongeons notre regard dans
celui du Seigneur alors nous découvrirons tout son amour pour nous, alors nous
découvrirons combien Dieu nous aime et cette découverte doit provoquer en nous
cette conversion radicale de toute notre vie qui se manifestera dans notre agir
ancrée dans les commandements divins. Ne séparons jamais Foi et vie morale et
éthique, ne séparons jamais notre vie spirituelle de notre vie sociétale, nous
ne sommes pas schizophrène et si nous sommes chrétien nous le sommes en chaque
instant, en chaque moment, en chaque situation.
Alors chers
amis, passons par-dessus bord, plongeons notre regard dans celui du Seigneur,
recherchons soutenu par la grâce divine la conversion de chaque seconde de nos
vies et alors nous mettrons à nos pieds toutes les difficultés de l’existence
car notre vision nous abîmera en Dieu Lui-même. La vision de Dieu, voilà ce
qu’il nous faut rechercher. Amen.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire