Nous voilà arrivé déjà à
la moitié du carême, c’est aujourd’hui le 4ème dimanche de carême,
le dimanche dit de « Laetare », le Dimanche de la joie. Et bien au
cœur de ce carême il est bon de se rappeler combien la joie doit être une des
composantes de nos vies car un des fruits premiers de notre Foi.
Ô combien il est
dommageable de voir des chrétiens habituellement triste car leur tristesse est
en elle-même un contre témoignage et je ne parle pas là des circonstances
malheureuses de nos vies qui peuvent nous ébranler pour un temps mais bien
d’une habitude de tristesse ou tout du moins d’une habitude d’absence de joie.
En son temps, Nietzsche ne s’y était pas trompé lorsqu’il affirmait :
« Je croirai aux chrétiens quand ils auront des airs de sauvés » ou
bien encore comme le regrettait le Pape François dénonçant que les chrétiens
ont parfois des airs de carême sans Pâques, phrase de circonstance s’il en est.
Il nous faut avoir des airs de sauvés, il
nous faut vivre de la sainte nuit de Pâques, il nous faut être abîmé dans la
joie de la miséricorde et du salut. Et « le vrai secret de la joie chrétienne c’est l’amour
miséricordieux du Père »
nous disait le pape Benoît
XVI.
Et cette
joie chrétienne elle ne peut que cohabiter avec la souffrance qui ponctue chacune de nos vies. Ne rêvons pas
d’une vie ou souffrance et tristesse seraient absentes car ce serait se faire
illusion quant à la réalité de la joie chrétienne qui cohabite avec la
souffrance. Et c’est bien le fait de « savoir que Dieu n’est pas loin
mais proche, qu’il n’est pas indifférent mais plein de compassion, qu’il n’est
pas étranger mais Père miséricordieux qui nous suit avec amour en respectant
notre liberté : [voilà quel] est le motif d’une joie profonde que les diverses
péripéties de la vie quotidienne ne peuvent entamer. La joie chrétienne a une caractéristique unique,
celle de pouvoir cohabiter avec la souffrance, car elle est entièrement fondée
sur l’amour. En effet, le Seigneur qui nous « est proche », au
point de se faire homme, vient transmettre sa joie, la joie d’aimer. C’est le seul moyen de comprendre la joie sereine
des martyrs y compris au cœur de l’épreuve, ou le sourire des saints de la
charité face à celui qui souffre : un sourire qui n’offense pas mais qui
console ». Notre joie chrétienne cohabite avec
la souffrance qu’elle permet de transcender.
Pour expliciter cela, laissez-moi-vous raconter ce témoignage de
Jacques LEBRETON, lui qui perd accidentellement l'usage de ses mains
et de ses yeux à l’âge de 20 ans. Il raconte : « J'ai montré mes moignons à
Dieu et j'ai hurlé : " Si tu es bon, montre-le ! …" Et le Seigneur
m’a dit intérieurement : " Je
suis là Jacques, Je suis en toi un Dieu aveugle et sans mains ". Alors j'ai
pleuré de joie sur mon lit d'hôpital … La joie des infirmes est la plus belle
preuve de l'existence de Dieu ».
La
joie chrétienne n’est pas une absence de souffrance, elle n’est pas le fruit
des aléas de nos vies mais elle est le fruit exclusif de Dieu Lui-même, de la
reconnaissance de l’amour divin, de la miséricorde infinie du Seigneur, du
sacrifice auquel Il a consenti pour nous, de sa présence en nos vies, du don de
sa grâce dans les sacrements… Disons le, notre joie chrétienne elle est divine,
elle procède de Dieu et s’origine en Lui. Et ne pensons pas que cela est une
composante optionnelle de notre Foi car comme le disait le vénérable Marcel
VAN : « Plus j’avance, plus je vois
que la sainteté c’est une vie où il faut changer la tristesse en joie »,
nous devons contaminer le monde de la joie véritable, de notre joie chrétienne
et avant cela nous devons nous laisser contaminer par la joie divine.
Alors au cœur de ce carême
demandons avec zèle et ardeur au Seigneur la grâce de la joie, de la joie
véritable, que nous embrassions nos vies le sourire aux lèvres, que nous
accompagnons la souffrance dans la joie du salut, que la joie triomphe comme
manifestation de la tendresse du Père à notre encontre et à l’encontre de
l’ensemble du genre humain.
Amen.
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