Ô
comme il est heureux qu’au cœur de ces 24 heures pour Dieu la liturgie de ce
jour nous livre l’évangile du pharisien et du publicain, évangile qui manifeste
si bien le chemin d’appel à la miséricorde divine qui doit être le nôtre
particulièrement en cette année jubilaire.
La
figure du pharisien nous apparaît comme étant celle de l’homme suffisant,
content de lui et qui se présente face au bon Dieu drapé de sa suffisance. Mais
ce qui est peut-être le plus terrible en lui, réside dans ce regard plein de
condamnation qui est posé sur le publicain. Lui n’est pas comme cet homme là,
sous entendu que lui n’est pas pêcheur comme cet homme là, que d’orgueil en
cette pensée, que d’absence de charité, que d’absence de miséricorde.
La
figure du publicain nous apparaît quant à elle comme celle du pécheur repenti.
Le publicain a bien conscience de ses péchés, il sait qu’il n’a pas suivi comme
il l’aurait dû la voie que le Seigneur lui indiquait par la Révélation. Mais
malgré son péché il s’approche de Dieu, son péché ne l’empêche pas de
s’approcher de Dieu mais son péché le conduit à une véritable humilité emprunt
de réalisme, le conduit à une contrition pleine et entière.
Et
la finale de l’évangile est sans équivoque, celui qui est justifié par Dieu
c’est bien le publicain, c’est bien le pécheur repenti et non l’orgueilleux
suffisant.
Et
bien, chers amis, il nous faut nous laisser transpercer par cet évangile et
peut-être bien particulièrement au cœur de ces 24 heures pour Dieu. Car, avec
un brin de réalisme, il nous faut constater que nous adoptons bien souvent la
posture du pharisien, reconnaissant que nous ne sommes pas si mal que cela,
reconnaissant nos mérites, nos attentions, nos temps de prières, nos chapelets,
nos bonnes œuvres, nos actes de dévotions, notre attachement à la vrai foi. Et
n’étant pas si mal que cela, nous nous approchons parfois du Seigneur le cœur
léger mettant en avant tout le bien qui habite nos vies comme si cela nous
donnait droit à un accès direct à quelque salon VIP céleste. Oh bien sûr, cela
ne signifie pas que nos bonnes œuvres n’ont pas de place devant le Seigneur
mais nos bonnes œuvres ne nous rendent pas pour autant juste face à Dieu,
rappelons-nous les termes du psaume 143 : « aucun vivant n’est juste
devant Toi Seigneur ». Ainsi, nos bonnes œuvres manifestent notre
attachement au Seigneur mais ne nous prévalent pas du salut, ne nous donnent
pas droit au salut. S’attacher au bien en nos vies ne fait de nous que des
amoureux du Seigneur, ne fait de nous que des êtres établi dans la vérité
divine, mais nous demeurons toujours des serviteurs inutiles, nous
correspondons à notre vocation première, celle de l’attachement à Dieu. Et si
nous voulons nous en convaincre, il nous suffit pour cela de regarder les
saints, eux qui nous édifient par leurs vies toutes remplies de Dieu, toutes
vouées à la grâce divine. Les saints sont également ceux qui ont une acuité
particulière dans la considération du péché, dans la considération de tout ce
qui les éloigne de Dieu. Jusqu’au bout de leurs existences terrestres les
saints se présentent comme des pécheurs devant Dieu et pourtant, et pourtant,
de notre côté, nous aurions tôt fait de les déclarer parfait considérant leurs
petits manquements comme insignifiants. Mais les saints ont bien saisi que le
bien de leurs existences, que leur sainteté même, n’était que le fruit de la
grâce divine à laquelle ils se sont ouverts pleinement. Comment présenter nos
bonnes œuvres au Seigneur alors qu’Il en est Lui-même l’auteur et que nous
n’avons fait que nous placer sous son regard, que nous laisser modeler par sa
présence, alors que surtout le bien de nos vies cohabite également avec la
malice.
Il
nous faut donc rejeter de nos âmes cet orgueil de suffisance,
d’autojustification, afin de nous présenter toujours devant le Seigneur les
mains vides, attendant de sa grâce les merveilles de bonté, de grâce et de
sainteté. Et cela nous permettra de poser un regard de miséricorde sur les publicains
de nos vies, sur ceux qui sont peut-être manifestement plus pécheur que nous
mais qui sont, tout comme nous, appelés à vivre de la miséricorde et de la
grâce. Qu’importe le degré de péché car St Paul nous l’enseigne en sa
lettre aux Romains au chapitre 5ème : « là où le péché a
abondé, la grâce a surabondé ». Le pécheur d’aujourd’hui peut être le
saint de demain comme le manifeste d’ailleurs St Paul en sa vie, alors aimons, soutenons,
secourons le pécheur d’aujourd’hui.
Ainsi,
en ce matin, il nous faut prendre de cette parabole une petite part de la
figure du pharisien dans l’attachement qui doit être le nôtre à vivre
amoureusement des préceptes divins, et il nous faut prendre une petite part du
publicain pour nous reconnaître toujours pécheur devant Dieu quémandant sa
grâce et sa miséricorde, et enfin il nous faut garder une bonne part de nous
même car la sainteté se décline, en chacun, d’une manière particulière et c’est
bien la sainteté qu’il nous faut désirer ardemment en la recherchant sans cesse
en notre relation à Dieu. C’est Dieu qui justifie alors laissons-nous justifier
par Dieu particulièrement en ses sacrement, c’est Dieu qui fait les saints
alors laissons-nous faire par la grâce afin que nous, qui sommes les pécheurs d’aujourd’hui
soyons aussi les saints de demain.
Amen.
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