En
arrivant à la fin de l’année liturgique, la Ste Eglise notre Mère nous invite à
considérer plus particulièrement l’Eternité. Cette Eternité qui sera établie
sous le règne du Christ dont nous honorons aujourd’hui la royauté. Cette
royauté du Christ qu’il nous faut bien saisir car le fondement de la royauté du
Seigneur Jésus ce n’est pas d’abord l’exercice d’une autorité mais c’est bien
l’établissement de l’Amour qu’est Dieu et ce, dans sa plénitude. Et aujourd’hui
en reconnaissant et en honorant le Christ Roi de l’univers nous appelons de nos
vœux que ce règne s’établisse comme nous le faisons à chaque prière du Notre
Père : « que ton règne arrive » ; nous appelons donc que ce
règne s’établisse et surtout nous adhérons à l’établissement du règne de Dieu
pour chacune de nos vies, chacune de nos âmes. Oui nous désirons que le Christ
règne sur nous, sur nos âmes mais ce désir n’appartient pas uniquement à une
option fondamentale qui ne serait qu’intellectuelle, ce désir n’appartient pas
uniquement à un ordre spirituel qui serait déconnecté de la réalité et de notre
quotidien, ce désir il doit s’inscrire dans la réalité de l’action présente et
c’est d’ailleurs notre action présente qui porte ce désir jusque dans
l’Eternité.
C’est
bien ce que le Christ nous rappelle par la parabole de l’Evangile de ce
dimanche. En effet, qu’est ce qui va distinguer les boucs des chèvres, qu’est
ce qui va distinguer les âmes disposées à recevoir l’éternité bienheureuse en
héritage et les âmes qui s’en sont exclues ? Le Christ nous le dit :
c’est la charité. Au soir de notre vie c’est sur l’Amour que nous serons jugés.
C’est sur la charité, c’est sur l’amour que nous seront tous jugés.
L’Amour,
la charité, elle revêt bien des visages et permettez-moi pour l’expliciter de
reprendre un passage de cette merveilleuse encyclique « Deus caritas
est » du Pape émérite Benoît XVI qui écrivait : « L’amour du
prochain […] consiste précisément dans le fait que j’aime aussi, en Dieu et
avec Dieu, la personne que je n’apprécie pas ou que je ne connais même pas.
Cela ne peut se réaliser qu’à partir de la rencontre intime avec Dieu, une
rencontre qui est devenue communion de volonté pour aller jusqu’à toucher le
sentiment. J’apprends alors à regarder cette autre personne non plus seulement
avec mes yeux et mes sentiments, mais selon la perspective de Jésus Christ. Son
ami est mon ami. Au-delà de l’apparence extérieure de l’autre, jaillit son
attente intérieure d’un geste d’amour, d’un geste d’attention […]. Je vois avec
les yeux du Christ et je peux donner à l’autre bien plus que les choses qui lui
sont extérieurement nécessaires: je peux lui donner le regard d’amour dont il a
besoin. Ici apparaît l’interaction nécessaire entre amour de Dieu et amour du
prochain ».
Ainsi
oui, nous serons jugés sur la charité effective que nous aurons eu envers le
prochain mais cette charité s’enracine dans la Charité même de Dieu qui rejoint
tous et chacun. Nous sommes appelés à devenir des disciples de la Charité
divine œuvrant pour le bien du prochain, ce bien qui repose certes parfois sur
des besoins matériels mais qui repose toujours sur des besoins spirituels. Être
disciple de la Charité divine c’est donc toujours être missionnaire dans les
faits en pourvoyant aux besoins primaires de la personne mais aussi et
peut-être surtout dans le témoignage de Foi qui adresse aux prochains la Parole
d’Amour de Dieu.
Dès
lors oui nous pouvons tous nous interroger pour savoir si nous aimons
véritablement en nos vies ? Et nous répondrons tous que oui nous aimons
mais avec un peu d’humilité et un brin de réalisme entendrons pour nous même
cette Parole du Seigneur : « Si vous aimez ceux qui vous aiment,
quelle récompense méritez-vous ? […] Et si vous faites du bien à ceux qui vous
font du bien, quelle récompense méritez-vous ? ». Aimer ceux qui nous
aiment, voilà bien la facilité dans laquelle bien souvent nous tombons et qui
nous éloigne de la charité divine qui au contraire doit s’exprimer d’une toute
autre manière comme le Christ nous le dit : « aimez vos ennemis ».
Voilà La Charité, voilà le véritable amour du prochain auquel nous sommes
appelés et sur lequel nous serons jugés.
Cela
peut paraître terrifiant car nous savons bien combien il est difficile d’aimer
nos ennemis, combien il est difficile d’aimer ceux qui nous ont fait du tort.
Et c’est vrai, dans l’ordre humain cela a de quoi être terrifiant mais nous ne
sommes pas de cet ordre humain car c’est en Dieu que nous puisons nos forces,
c’est Dieu Lui-même que nous désirons imiter soutenu par sa grâce. Dieu, Lui
qui s’est offert pour nous, pauvres pécheurs. Dieu, Lui qui s’est offert pour
tous et pour chacun.
Alors
ne considérons pas nos pauvres forces, nos pauvres volontés mais revêtons-nous
de la grâce du Christ en nous tournant d’abord vers Dieu dans la fidélité de la
prière car c’est ainsi que le Christ règnera sur chacune de nos âmes. Et en ce
dimanche, posons un acte de charité, prenons quelques instants, maintenant,
tout de suite, pour confier au Seigneur ceux qui nous ont fait du mal, ceux qui
nous ont fait du tort, demandons au Seigneur de les visiter et de les combler
de sa grâce et de sa miséricorde et demandons au Seigneur la force de pouvoir
pardonner nous-mêmes tout comme le Christ Lui-même nous pardonne.
Amen.
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