En
ce dimanche, je désire m’arrêter avec vous sur la première lecture, sur ce
dialogue étonnant entre Dieu et Abraham. Le sujet de cette discussion concerne
le châtiment qui est à infliger à une ville, Sodome et Gomorrhe, pour punir ses
nombreux crimes. Ce châtiment semble être conséquent car la faute qui pèse sur
cette ville est une faute lourde. Les actions de cette ville semblent la
conduire droit à l’éradication pure et simple.
Face
à cette délibération de châtiment, Abraham se lève et avec humilité il
intercède en faveur de cette ville. Et il y’a déjà à cet instant un bel
enseignement qu’il nous faut recevoir car nous pourrions tout à fait penser une
réaction différente de la part d’Abraham. En effet, Abraham aurait pu se
réjouir du châtiment à venir, ou, tout du moins, sans se réjouir il aurait pu tout
simplement prononcer cette phrase que nous entendons si souvent, elle l’a bien
cherché, elle l’a bien mérité, ce n’est que justice, ou toute autre formule du
même acabit. Abraham ne se situe pourtant pas du tout dans ce registre, il ne
se situe pas en pourfendeur de la justice mais bien comme intercesseur, comme
apôtre de miséricorde.
Et
c’est ainsi que le dialogue s’instaure entre Dieu et Abraham, ce dernier
cherchant à sauver cette ville sans renier la faute dont elle est porteuse mais
en mettant en avant que dans cette ville il peut se trouver au moins cinquante,
quarante cinq, quarante, trente, vingt ou enfin même dix justes. A cause de ces
justes, le châtiment serait inique. Et c’est là que se situe le deuxième
enseignement en ce sens où, bien sûr que nous ne jugeons pas des villes
entières mais nous avons cette capacité de jugement les uns sur les autres. Et
même si nous savons que celui qui se pose en juge se considère lui-même comme
critère du bon, du bien et du vrai, le jugement fait parti de notre manière de
fonctionner mais tout en disant cela il nous faut affirmer que notre jugement a
besoin d’être aiguisé, a besoin d’être éduqué. Ainsi, avant de juger l’action
de quelqu’un et de prononcer un jugement définitif, irrévocable, nous pouvons
laisser Abraham nous interroger pour savoir s’il n’y pas au moins cinquante,
quarante cinq, quarante, trente, vingt ou enfin même dix pour cent de bon en
cette personne. Cela ne signifie pas qu’il ne doit pas y avoir de châtiment à
cause de ces dix pour cent de bon mais plutôt qu’à cause de ces dix pour cent
de bon le châtiment doit être mesuré pour ne pas être inique, pour ne pas être
injuste. C’est seulement à ce prix que la justice s’accorde avec la charité.
Et
prenons ici un peu de hauteur en considérant notre histoire humaine. Sans trop
tergiverser, nous pouvons reconnaître que, pris dans sa globalité et dans la
grandeur de l’histoire, le monde entier est porteur d’une faute lourde, dès
lors nous pouvons reconnaître que le châtiment du monde devrait être la pure et
simple destruction. Ce monde si mauvais, si injuste, si méchant, si sale, ce
monde ne mérite pas de subsister. Cette réflexion n’est pas étrangère par
ailleurs à notre modernité. Ce monde ne mérite pas d’être. Et bien peut-être
que c’est bien le cas, peut-être que le châtiment que le monde mérite est bien
celui de la destruction. Mais, n’y a-t-il pas cinquante, quarante cinq,
quarante, trente, vingt ou enfin même dix juste dans le monde ? En
reprenant le psaume 143 qui nous dit, je cite : « aucun vivant n’est
juste devant Toi Seigneur », nous pouvons affirmer qu’il n’y a pas même un
seul juste qui mériterait que le monde soit sauvé. Triste constat pour notre
humanité. Et c’est là que se dessine et se rend visible toute la bonté divine
qui a permis qu’un juste appartienne à notre humanité et cela par
l’incarnation. Dieu se fait homme en Jésus qui parce qu’Il est Dieu est
pleinement juste et parce qu’Il est homme permet qu’un homme juste habite le
monde. Et c’est ainsi qu’à cause de ce seul et unique juste, c’est ainsi que
grâce au Christ notre monde subsiste et grâce au Christ chaque personne humaine
peut demeurer dans l’éternelle béatitude. Laissons-nous inonder par la
constatation de la bonté de Dieu à l’égard de notre monde, à l’égard de chacun
de nous.
Le
troisième enseignement de ce passage de l’écriture concerne l’intercession en
tant que telle, concerne la prière d’intercession. Abraham intercède pour cette
ville afin de lui éviter la destruction et Dieu est attentif à sa prière, Dieu
est attentif à l’appel à la clémence que lance Abraham. Et bien il nous faut
nous aussi reprendre conscience de la valeur de notre prière, de la valeur de
notre prière d’intercession. Lorsque nous prions pour untel ou untel, Dieu est
attentif à notre prière et Il se laisse attendrir par nos supplications.
Lorsque nous prions pour une personne malade, intercédons pour elle,
c'est-à-dire, intercédons pour sa guérison et, si cela ne peut être, pour
qu’elle puisse se préparer à entrer dans l’éternité. Lorsque nous prions pour
une personne qui connaît de grandes difficultés, intercédons pour qu’elle
puisse trouver force et soutient dans une attention plus grande au Seigneur
dans sa vie. Lorsque nous prions pour la conversion d’une personne, intercédons
afin que Dieu ne cesse jamais de frapper à la porte de son cœur dans
l’espérance que cette personne s’ouvrira à la bonté et à la présence divine.
Prenons conscience que nous avons tous cette belle mission d’intercéder les uns
pour les autres et si nous regardons un peu autour de nous, si nous considérons
notre microcosme nous ne pouvons que prendre conscience combien notre prière
est essentielle et surtout, nous ne pouvons que prendre conscience du fabuleux
mystère de la prière car c’est seulement lorsque nous serons au ciel que nous
pourrons voir tous les fruits de nos prières qui sont des fruits parfait
discrets mais bien souvent si essentiels.
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