Déjà, déjà le carême débute, ce temps de
pénitence qui va durer pendant quarante jours. Mais la pénitence est bien
souvent mal comprise, elle est parfois perçue comme un acharnement à se faire
souffrir en vue d’une vague expiation de ses fautes. Alors que la pénitence
chrétienne ne se reçoit jamais comme une finalité en soi, la pénitence est
voulue pour nous rapprocher du Seigneur. La pénitence n’est donc qu’un moyen en
vue de notre fin, elle est un moyen en vue de notre union à Dieu. La pénitence
doit nous permettre de revenir à l’essentiel en se séparant de ce qui est
secondaire.
Et par
exemple le fait de réduire le temps passé devant la télévision est peut être
une bonne chose en soi mais réduire le temps passé devant la télévision sera
une véritable pénitence chrétienne si cela permet de s’occuper davantage de
notre âme, de notre union à Dieu. Par exemple sauter un repas peut être une
bonne chose diététique et hygiénique mais cela ne deviendra une pénitence
chrétienne si cela permet d’user du temps gagné pour affermir notre union à
Dieu. La pénitence chrétienne ne désire donc pas la souffrance pour elle-même
mais elle doit nous permettre de nous recentrer sur l’essentiel qu’est Dieu.
Et donc, pendant quarante jours, toute
l’Eglise va chercher à retrouver l’essentiel de l’existence qu’est Dieu à
travers la pénitence. Mais comment affermir notre union à Dieu. Nous avons dit
que la pénitence devait être un moyen pour cela mais comment. Et bien c’est
l’évangile qui nous éclaire, la pénitence doit nous permettre de nous
concentrer sur l’aumône, la prière et le jeûne.
L’aumône se fonde sur la vertu de charité qui
doit nous amener à nous soucier de nos frères, certes d’un point de vue
matériel et financier mais aussi d’un point de vue spirituel. La charité
matérielle doit être complétée par la charité spirituelle, par l’annonce du
Christ aussi infime soit elle. Notre aumône nous permettra de vivre plus
ardemment l’enseignement de saint Jean lui qui nous dit : « Celui qui
a de quoi vivre en ce monde, s'il voit son frère dans le besoin sans se laisser
attendrir, comment l'amour de Dieu pourrait-il demeurer en lui ? Mes
enfants, nous devons aimer, non pas avec des paroles et des discours, mais par
des actes et en vérité. ». Nous sommes toujours convoqués à la charité et
le carême doit nous permettre de croître en charité.
La prière est le second pilier du carême. La
prière est ce cœur à cœur avec le Seigneur qui est indispensable à toute vie
chrétienne. Comment pourrions-nous aimer celui que nous ne rencontrons pas,
comment pourrions-nous aimer le Seigneur sans le retrouver dans la prière. La
prière doit être pour nous comme notre respiration, comme étant indispensable à
notre existence. Oh je sais bien que la vie trépidante de la société ne
facilite pas ces temps donnés au Seigneur et bien le carême doit nous permettre
de redonner une véritable place à la prière et si nous avons la grâce d’avoir
déjà une véritable vie de prière et bien le carême nous invite à faire que ces
temps soient toujours plus fructueux peut-être pas en en rajoutant mais en
vivant plus intensément ces temps de prières. Et la prière qui nous met en
relation avec le Seigneur, qui nous unit à Dieu peut être également un
formidable lieu de charité lorsque nous prions les uns pour les autres, lorsque
nous prions pour la paroisse, lorsque nous prions pour notre pays. Et
rappelons-nous toujours ces paroles du Seigneur Jésus : « "Et
moi, je vous dis: demandez et l'on vous donnera; cherchez et vous trouverez;
frappez et l'on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit; qui cherche trouve;
et à qui frappe on ouvrira. ». Investissons-nous dans la prière,
retrouvons le Seigneur dans l’intimité de notre cœur.
Le troisième pilier du carême est le jeûne.
Tout comme pour la pénitence, le jeûne auquel nous sommes invités tout
particulièrement le mercredi des cendres c'est-à-dire aujourd’hui et les
vendredis de carême, mais également tous les autres jours, le jeûne n’est pas
une invitation à souffrir, n’est pas une invitation à une cure
d’amaigrissement, le jeûne qui plaît au Seigneur est celui du cœur, ce jeûne du
cœur qui consiste en l’orientation de notre cœur vers Dieu. Et nous sommes des
êtres de chairs, nous sommes incarnés et notre corps lui-même participe de
cette orientation du cœur. Le jeûne qui prive quelque peu notre corps nous
rappelle en notre corps que nous désirons le Seigneur. La faim que nous pouvons
éprouver est une simple manifestation physique de notre désir d’être à Dieu.
Ainsi ce n’est pas avoir faim pour avoir faim, mais c’est avoir faim pour avoir
faim de Dieu. Et rappelons-nous ces paroles du Seigneur Jésus :
« "Quand vous jeûnez, ne vous donnez pas un air sombre comme font les
hypocrites: ils prennent une mine défaite, pour que les hommes voient bien
qu'ils jeûnent. En vérité je vous le dis, ils tiennent déjà leur récompense.
Pour toi, quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage, pour que ton
jeûne soit connu, non des hommes, mais de ton Père qui est là, dans le secret;
et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. "Ne vous amassez point
de trésors sur la terre, où la mite et le ver consument, où les voleurs percent
et cambriolent. Mais amassez-vous des trésors dans le ciel: là, point de mite
ni de ver qui consument, point de
voleurs qui perforent et cambriolent. Car où est ton trésor, là sera aussi ton
cœur. ». Le jeûne doit donc conduire notre cœur auprès de notre trésor,
c'est-à-dire auprès du bon Dieu.
L’aumône, la prière et le jeûne sont donc ces
moyens que le Seigneur nous invite à employer pour nous rapprocher de Lui, le
carême est ce temps qui nous rappelle que nous sommes en tension vers cette
éternité divine à laquelle le Seigneur nous appelle. Et les cendres que nous
allons recevoir dans quelques instants nous rappellent que nous sommes
poussières et que nous retournerons à la poussière, nous rappelle que nous ne
sommes pas fait pour la contingence du monde mais que nous sommes fait pour
l’éternité et pour l’union à Dieu. Et si nous considérons le but, le terme de
notre existence à savoir le paradis, à savoir l’éternelle béatitude alors il
nous faut tout faire pour l’atteindre, il
nous faut nous convertir et croire à la bonne nouvelle.
Alors en cette eucharistie, en ce début du
carême demandons au Seigneur qu’Il nous aide à discerner les efforts que nous
pouvons faire, qu’Il nous donne la force de faire ces efforts que nous aurons discernés
et qu’Il nous donne la grâce d’atteindre le saint jour de pâques renouvelé dans
notre union à Lui, plus proche de son Sacré Coeur.
Amen.
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