Être guéri de la lèpre, en ces temps anciens qui ont vu le Seigneur parcourir notre
terre cette maladie ravageuse conduisait inévitablement à la mort et elle était
précédée par une mise à mort sociale dans l’exclusion que cette maladie
impliquait. La guérison de la lèpre était chose impossible mais les dix lépreux
de l’évangile ont perçu en Jésus cet homme de Dieu capable d’accomplir des
miracles à l’image d’Elisée qui avait guéri en son temps Naaman le Syrien. Ces
dix lépreux vont donc trouver le Seigneur Jésus et vont lui demander de prendre
pitié de chacun d’eux. Ils ne font pas explicitement la demande de leur
guérison mais c’est bien ce qu’ils désirent de tout leur être. Et la réponse de
Jésus peut surprendre car de manière habituelle le Christ agit immédiatement,
la guérison intervient à sa parole mais ici, le Seigneur Jésus invite les
lépreux à aller se montrer aux prêtres. Et cette invitation est pleine de sens
car, nous en conviendrons tous, le Christ est bien plus important que tous les
prêtres et grands prêtres de tous les âges mais en même temps le Christ
reconnaît ceux qui ont été établis par Dieu pour garder la première alliance,
Il reconnaît ceux qui ont été institués par Dieu ministre de l’alliance. Les
dix lépreux s’en retourne donc peut-être quelque peu déçu mais ils suivent
l’invitation du Seigneur et c’est sur la route que le miracle intervient, c’est
sur la route que tous les dix sont guéris. Mais même si tous sont guéris un
seul retourne rendre grâce au Seigneur Jésus et c’est alors que le Christ lui
dit ces mots : « ta foi t’a sauvée ». Or nous aurions pu penser
que ce lépreux délivré de sa lèpre était déjà sauvé mais le salut que nous
apporte le Seigneur dépasse bien largement le bien être du corps, le salut que
nous apporte le Seigneur nous ouvre vers l’éternité.
Et
pour chacun d’entre nous cet évangile est riche d’enseignement. En effet, dans
nos prières quotidiennes nous adressons bien souvent de nombreuses demandes au
Seigneur et c’est une bonne chose car le Seigneur se soucie de tout ce qui
constitue notre existence. Mais il nous arrive parfois d’oublier de rendre
grâce, d’oublier de remercier le Seigneur pour une grâce obtenue, pour une
demande exaucée. Rappelons-nous le soin que nous mettons pour apprendre aux
plus petits à ne pas oublier de dire merci dans la simple reconnaissance de ce
qui leur est donné et bien nous devons nous aussi parfois réapprendre à dire
merci au Seigneur pour tout ce qu’Il accomplit en nos vies. Mais pour dire
merci il faut d’abord reconnaître cette action, cette présence agissante du
Seigneur en nos vies et c’est bien là qu’il nous faut parfois convertir notre
regard sur les évènements de nos vies. Il nous faut faire attention aux signes
que le Seigneur nous laisse en chacune de nos journées et je dis bien en
chacune. Ne balayons pas les grâces que le Seigneur nous fait en les mettant
sur le compte du hasard car comme le disait Marguerite Yourcenar, le hasard et
le prête-nom de la providence divine. Il nous faut donc relire nos journées en
y cherchant l’action de Dieu à travers un regard, un sourire, une présence ou
un évènement ou bien même simplement dans la joie et la paix qui a pu habiter
nos âmes et alors nous pourrons rendre grâce de tout notre cœur pour la
présence agissante du Seigneur.
Mais
dans un même temps, si nous nous réjouissons pour les grâces dont le Seigneur
nous comble il ne nous faut pas oublier que le Seigneur est allé jusqu’au bout
de l’amour pour une demande bien plus essentielle que toutes les autres à
savoir notre salut, à savoir notre entrée dans la béatitude éternelle. La
demande décisive, la demande existentielle qui doit habiter nos prières c’est
d’être uni au Seigneur dans l’éternité bienheureuse et cela baigné dans sa
miséricorde. Notre vie d’ici-bas n’a de sens que si elle est orientée vers le
ciel.
De
tout temps, la plus grande lèpre qui a atteint l’humanité c’est bien le péché,
ce péché qui sépare l’homme de Dieu et l’entraîne vers le néant. Alors
n’hésitons pas approchons nous du Seigneur, recevons sa miséricorde, discernons
sa présence en nos vies, rendons-lui grâce pour tout ce dont Il nous comble et
surtout demandons Lui de le rejoindre dans l’éternité. Amen.
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