L’Evangile de ce dimanche nous donne de soulever quelque peu le voile sur cette réalité éternelle qui nous échappe. Et ce sont deux figures qui nous sont présentées, celle de Lazare et celle d’un homme riche, deux figures qui ont un destin éternel bien opposé, Lazare étant comblé de bonheur, l’homme riche comblé de malheur. Remarquons tout d’abord qu’il n’y a point de demi-mesure, seules deux alternatives éternelles sont établies : le bonheur et le malheur.
Ces
deux alternatives, nous y goutons dès ici-bas car nos vies sont tissées du
bonheur et du malheur de nos existences mais dans l’éternité c’est bien la
notion d’absolu qui va qualifier aussi bien le bonheur que le malheur ;
bonheur absolu d’un côté, malheur absolu de l’autre. Ces deux états éternels
ont été nommés : le paradis étant cet état de bonheur éternel ;
l’enfer étant cet état de malheur éternel. Notons bien que le paradis et
l’enfer ne se côtoient pas, on ne peut passer de l’un à l’autre, séparés par un
grand abîme ce sont bien des états éternels.
Mais
si cette considération de ces états d’éternité sont importants, le Seigneur
Jésus ne désire pas d’abord nous enseigner précisément par rapport à eux, Il
désire simplement nous éclairer sur les deux objets éternels qui nous sont
offerts : l’enfer et le Paradis car si le but est important, le chemin qui
y conduit l’est d’autant plus. Si le paradis est cette éternité qu’il nous faut
désirer, il nous faut connaître le moyen, le chemin pour l’atteindre.
Lazare
a connu le malheur, la misère la pauvreté ici-bas et il connaît le bonheur
éternel en Paradis. L’homme riche a connu le bonheur et la richesse ici-bas et
il connaît le malheur éternel. Dans une lecture un peu trop rapide, nous
pourrions donc nous dire qu’il nous faut demeurer dans la misère en vu du
Paradis et qu’il nous faut rejeter tout bonheur ici-bas, toute richesse ici-bas
pour fuir l’enfer. Mais il est certain que la formulation même de cette lecture
nous montre combien elle ne peut tenir car la misère comme la richesse
d’ailleurs ne sont pas forcément choisies, car la misère ne garantie pas la
bonté, tout comme la richesse ne garantie pas la méchanceté ou l’indifférence.
Il
ne peut donc s’agir de pauvretés ou de richesses matérielles. Tout comme dans
le récit des béatitudes, la pauvreté désigne cette attitude humaine qui attend
de Dieu secours et miséricorde ; la richesse désigne cette suffisance
illusoire de l’homme qui désire se construire sans Dieu si ce n’est contre
Dieu. La pauvreté est le fruit de la Foi véritable, la richesse le fruit d’un
humanisme athée. Et c’est bien la Foi qui va donner sa véritable valeur à la
personne l’orientant au bonheur d’être comblé par Dieu en Paradis ; c’est
bien le rejet de Dieu qui peut conduire la personne au malheur de vivre sans le
bonheur qu’est Dieu durant l’éternité. Et en ce sens, la misère matérielle vécue
avec la Foi ouvre au Paradis car elle conduit à tout attendre de la charité, à
tout attendre de Dieu dans sa divine providence et considérons par exemple
ces peuples d’Afrique qui n’ont rien mais qui pourtant sont heureux d’un
bonheur qui semble échapper à nos sociétés opulentes ; Il en est de même pour
la richesse qui vécue avec la Foi ouvre aussi au Paradis car dans la Foi
l’argent trouve sa véritable valeur en la charité qu’elle permet. Et inversement,
la misère vécue sans la Foi peut devenir l’antichambre des ténèbres par la
misère morale qu’elle peut engendrer, par la révolte intérieure qu’elle peut
susciter ; tout comme la richesse vécue sans la Foi peut devenir
l’antichambre des ténèbres par la suffisance orgueilleuse qu’elle peut
engendrer, par l’illusion de supériorité qu’elle peut susciter.
Dès
lors, qu’importe notre état de vie, ce qui est essentiel c’est bien la Foi en
Dieu qui gouvernant nos actes nous orientera vers l’éternité bienheureuse.
Bien
chers amis, il nous faut craindre l’enfer c’est vrai, rappelons-nous les
paroles du Seigneur Jésus à Ste Catherine de Sienne, je vous les
rapporte :
« Ma
fille, ma langue ne pourra jamais dire ce que souffrent ces pauvres âmes. Il y
a trois vices principaux: l’amour-propre, l’estime de soi-même et l’orgueil,
qui en découle, avec toutes ses injustices, ses cruautés, ses débauches et ses
excès ; il y a aussi dans l’enfer quatre supplices qui surpassent tous les
autres : le damné est d’abord privé de ma vision, et cette peine est si grande,
que, s’il était possible, il aimerait mieux souffrir le feu et les autres
tourments, et me voir, qu’être exempt de toute souffrance et ne pas me voir.
Cette peine en produit une seconde, qui est le ver de la conscience qui la
ronge sans cesse. Le damné voit que, par sa faute, il s’est privé de ma vue et
de la société des anges, et qu’il s’est rendu digne de la société et de la vue
du démon. Cette vue du démon est la troisième peine, et cette peine double son
malheur. Les saints trouvent leur bonheur éternel dans ma vision ; ils y
goûtent dans la joie la récompense des épreuves qu’ils ont supportées avec tant
d’amour pour moi et tant de mépris pour eux-mêmes. Ces infortunés, au
contraire, trouvent sans cesse leur supplice dans la vision du démon, parce
qu’en le voyant ils se connaissent et comprennent ce qu’ils ont mérité par
leurs fautes. Alors le ver de la conscience les ronge plus cruellement et les
dévore comme un feu insatiable. Ce qui rend cette peine terrible, c’est qu’ils
voient le démon dans sa réalité ; et sa figure est si affreuse, que
l’imagination de l’homme ne pourrait jamais le concevoir. […] Le quatrième
supplice de l’enfer est le feu. Ce feu brûle et ne consume pas, parce que
l’âme, qui est incorporelle, ne peut être consumée par le feu comme la matière
[…]. Ces quatre principaux tourments sont accompagnés de beaucoup d’autres,
tels que le froid, le chaud et les grincements de dents. Voilà comment seront
punis ceux qui, après avoir été convaincus d’injustice et d’erreur pendant,
leur vie, ne se seront pas convertis et n’auront pas voulu, à l’heure de leur
mort, espérer en moi et pleurer l’offense qu’ils m’avaient faite plus que la
peine qu’ils avaient méritée. »
Oui,
il nous faut craindre l’enfer mais il nous faut bien plus désirer le paradis
qui nous donnera d’être éternellement comblé du bonheur de la présence divine.
Mais notre désir du Paradis doit nous porter en notre vie à agir en vue
d’atteindre ce but bienheureux dans la Foi, l’Espérance et la Charité. Le
Christ nous a ouvert la porte de la béatitude, imitons le Christ ici-bas pour
Le suivre jusque dans l’éternité.
Amen.
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