En
ce dimanche de la joie, la sainte Eglise notre mère nous donne d’entendre cette
parabole du Fils prodigue, ou du père prodigue que nous connaissons bien. Et la
figure de ces deux fils demeure toujours symbole de chacun d’entre nous. Nous
qui sommes parfois comme le benjamin et empruntons des chemins de traverse en
nous éloignant du Seigneur par manque de charité, par colère ou par choix délibéré
de toute autre nature contraire à notre amour de Dieu. Nous qui sommes
également parfois comme ce fils aîné, demeurant fidèlement auprès du Seigneur,
tenté par l’orgueil et la prétention. Mais en ce quatrième dimanche de carême,
en ce dimanche de la joie, ce n’est pas sur nous qu’il nous faut centrer notre
méditation. Car il n’y a pas initialement de joie à se considérer pécheur, il
n’y a pas de joie à considérer sa propre déficience, ses propres manquements.
La joie de ce dimanche elle ne procède donc pas d’abord de notre état de
pécheur mais elle se concentre bien entendu sur Dieu représenté si bien par ce
père de la parabole. Dieu agit en effet de la même manière que ce père
c'est-à-dire que Dieu nous attend toujours, Dieu guette l’horizon espérant
toujours nous voir revenir à Lui. Cette espérance de Dieu est signe de Son
Amour pour nous car on attend et on ne désire que ceux que l’on aime. Ainsi
oui, Dieu nous espère à ses côtés, Dieu guette notre retour. Et lorsque nous
revenons à Dieu, Dieu ne nous rempli pas de reproches et pourtant, ô combien
Dieu le pourrait. Dieu ne nous rempli pas de reproches mais Dieu nous rétabli
dans notre dignité d’enfant de Dieu. Et c’est bien là que se trouve la
véritable joie, cette joie que nul ne devrait pouvoir nous ravir, qu’aucun
évènement ne devrait pouvoir ébranler. Dieu nous aime, Dieu nous attend, Dieu
nous espère pour nous combler sans reproches. La seule chose que nous avons à
faire c’est de toujours revenir à Lui porté par une contrition véritable, porté
par le désir de demeurer à ses côtés.
Et
il est certain que le sacrement de la confession demeure le signe efficace de
notre retour à Dieu. Mais ô combien ce sacrement semble difficile car méconnu.
En effet, certains vont se considérer comme étant trop pécheur pour recevoir le
pardon de Dieu mais alors ils mettent une limite à la miséricorde divine, ils
empêchent Dieu de leur faire miséricorde car ils ne considèrent pas que la
bonté de Dieu soit si importante que cela, quelle erreur !!!
Rappelons-nous cet enseignement de St Paul : « là où le péché abonde,
la grâce a surabondé ». Alors surtout ne mettons pas de limites à la
miséricorde divine.
Puis
il y’a ceux qui, à l’inverse, vont se considérer sans péché. Et là, quelle
méconnaissance de leur propre misère qui rejette le sacrifice du Christ. Car si
le Christ est mort et ressuscité c’est pour nous racheter de la mort et du
péché, si nous pensons être sans péché cela revient à dire au Seigneur que son
sacrifice était inutile… Alors bien sûr qu’il y’a de grands et de petits
pécheurs mais comme l’assure le psaume : « aucun vivant n’est juste
devant Toi Seigneur ». Le péché ne se réduit pas au meurtre, à l’adultère
ou à je ne sais quoi, le péché désigne tout ce qui nous éloigne de Dieu, tout
ce qui nous éloigne de Dieu et en ce sens, qui peut dire qu’il est toujours
auprès de Dieu alors que les plus grands saints se reconnaissaient les plus
misérables parmi les hommes ; qui peut dire qu’il vit d’une charité
parfaite. Je dis cela, non pas pour nous décourager, mais bien pour que nous
prenions tous conscience que nous avons tous besoin du bon Dieu, que nous
prenions tous conscience que Dieu a livré son Fils pour nous, pour chacun de
nous dans cet acte d’amour dramatique qui nous rachète de tous péchés.
Rappelons-nous ce que nous dit St Jean en sa première
épître : « Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous
nous égarons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. Si nous reconnaissons
nos péchés, lui qui est fidèle et juste va jusqu’à pardonner nos péchés et nous
purifier de toute injustice. Si nous disons que nous sommes sans péché, nous
faisons de lui un menteur, et sa parole n’est pas en nous ». Alors oui,
reconnaissons-nous pécheur en vérité afin que Dieu nous fasse miséricorde.
Et
puis, il y’a une troisième catégorie de personne qui estime que le sacrement de
la confession n’est pas une obligation et qu’il suffit de se confier à la croix
du Seigneur. Mais là encore, cela revient à dire au Seigneur qu’Il se trompe
lorsqu’Il a donné mission à ses apôtres d’être les canaux de dispensation de sa
miséricorde. Rappelons-nous cette parole du Seigneur adressée aux apôtres et à
leurs successeurs les évêques et les prêtres : « À qui vous remettrez
ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront
maintenus ». Ne laissons jamais nos opinions aller à l’encontre de
l’enseignement du Seigneur car sinon nous ne suivons plus le chemin du Christ
mais notre propre chemin qui n’est pas un chemin de salut.
Ainsi,
oui, la miséricorde divine est accessible à tous ceux qui désirent s’établir
auprès du Seigneur en se laissant purifier par sa miséricorde, en se
reconnaissant humblement pécheur et en usant du sacrement de la confession que
le Seigneur nous a donné. Alors demandons au Seigneur que durant ce carême nous
demeurions toujours dans la joie de la certitude que Dieu nous aime, Dieu nous
attend, Dieu nous espère pour nous combler sans reproches et demandons aussi au
Seigneur que nous puissions vivre une belle et sainte confession afin d’être
totalement disposé à vivre de sa résurrection.
Amen.