Quelle
douce nuit que cette nuit là, quelle sainte nuit. Et malgré la douceur de notre
temps de Provence nous sommes tous convoqués tels les bergers à rejoindre en
nos âmes la petite ville de Bethléem et loin des palais, nous nous retrouvons
devant cette pauvre étable perdu dans la campagne de Judée. Extérieurement,
rien ne semble transparaître de cette pauvre masure mais en poussant
délicatement la porte vermoulu, quel spectacle merveilleux. Spectacle qui
touche notre humanité au cœur en nous invitant à la tendresse et à la douceur
contemplant celui qui vient de naître il n’y a que quelques instants, spectacle
du fabuleux mystère de la vie qui jaillit de notre humanité. Mais ce spectacle
n’est qu’un tableau émouvant car par delà ce qui nous est donné de contempler,
un plus grand mystère tend à se révéler. Ce père, cette mère, cet enfant, là
sous nos yeux, diffèrent de toutes les familles du monde car cet enfant, ce
nourrisson, ce bambin c’est Dieu.
Oh,
nous n’aurions jamais assez de toutes les nuits de notre vie pour embrasser ce
mystère étonnant de l’abaissement de Dieu qui vient jusqu’à nous au point de se
faire petit enfant. Cette réalité nous échappe tant elle nous semble
impossible. Cet abaissement de Dieu prend le contre pied de nos propres rêves
de grandeur. Et dans cette réalité de la crèche, Dieu nous livre pourtant un
condensé de l’Evangile, un résumé de tout ce qu’Il va dire et faire au long de
sa vie.
En
effet, en cette sainte nuit, Dieu vient jusqu’à nous dans la faiblesse et
l’innocence d’un nourrisson, aucune place pour des gardes ou des légions
angéliques surarmés, sa seule compagnie hormis ses parents se résument à cet
âne et ce bœuf ruminant à ses côtés.
Dieu se fait accessible et rien ne nous empêche de l’atteindre si nous
le voulons vraiment. Et cette crèche elle-même n’est pas un endroit où il
faudrait montrer patte blanche pour y pénétrer, le seul obstacle est cette
porte qui ne peut-être fermé à clef. Et pourtant, oh combien nombreux sont ceux
qui vont placer le Seigneur bien loin d’eux, enfermés dans un ciel qu’ils ne
peuvent atteindre. Et bien non, Dieu est proche, Dieu est toujours disposé à
nous recevoir et cela dans une simplicité désarmante.
En
cette sainte nuit, Dieu vient jusqu’à nous pour réaliser la mission qu’Il s’est
donné. Cette mission, les bergers la connaissent eux qui en reçoivent la
révélation de l’ange qui leur dit qu’un Sauveur est né, que ce Sauveur est
Christ et Seigneur. Ainsi, Dieu se fait petit enfant pour accomplir l’œuvre de
notre Salut, de notre Rédemption, de notre rachat. Et c’est peut-être cette
réalité qui échappe le plus à nos esprits modernes. En effet, pourquoi et de
quoi aurions-nous besoin d’être sauvé ? Et cette nécessité de notre salut
ne peut se découvrir que dans la considération du mal qui habite le monde et
qui habite chacune de nos vies. Le mal, le péché constitue cette réalité qui
nous éloigne de Dieu et de nous même, cette réalité qui peut nous emporter dans
les ténèbres de l’enfer. Mais aujourd’hui, le mal semble parfois devenir la
norme, le péché semble dépassé, considéré comme étant « has been » et
l’enfer est réduit à n’être qu’un conte pour rendre les enfants sages.
Positionnement idéalogique qui va à l’encontre même de notre propre conscience
qui nous donne de discerner le mal en nos vies, ce mal qui nous rend
nécessairement malheureux contrairement au bien qui nous rend bienheureux. Et
bien cette nuit de Noël nous rappelle que le mal est une réalité qu’il nous
faut combattre en nos vies, le péché est cette capacité que nous avons de nous
éloigner de Dieu en choisissant le mal qui Lui est contraire, l’enfer est une
réalité éternelle qu’il nous faut fuir. Tout cela est vraie car en cette nuit
Dieu vient jusqu’à nous pour nous appeler à venir jusqu’à lui dans l’Eternité
bienheureuse. Cet anéantissement de Dieu qui se fait homme a bien comme unique
objet de nous sauver du mal et du péché et de nous permettre de chercher et de
trouver le Royaume Eternel.
En
cette sainte nuit, c’est également toute la bonté et la miséricorde de Dieu qui
se déploie déjà. Dieu ne se met pas en colère de devoir naître dans une étable,
la colère Lui étant bien étrangère. Dieu ne va pas convoquer les plus sages du
peuple mais il va chercher ceux qui vivent bien loin de la communauté humaine,
Dieu va convoquer ces simples bergers rustres et sans éducation, sans statut
social. Dieu ne se présente pas à l’humanité dans ses atours de gloire et de
puissance qu’Il mérite pourtant plus que tous ceux qui se les attribue. Et si
nous n’étions pas encore saisi par la bonté et la miséricorde de Dieu, il nous
suffirait de poser notre regard sur ce poupon dorloté par sa mère pour
qu’immédiatement notre cœur se laisse gagner par la tendresse et disons le, par
l’amour.
En
cette sainte nuit, Dieu se dit à nous et dès ce soir, le Seigneur nous invite à
le recevoir dans la réalité de son identité qui transparaît si bien en ce
nourrisson qu’Il est. Et en cette nuit, nous avons retrouvé le Seigneur
babillant dans ses langes, nous nous sommes laissés envahir par cet amour
infini de Dieu qui jaillit de ce simple petit bout de chou alors recevons nous
aussi cet appel que le Seigneur nous transmet, cet appel à l’accueillir, à le
choisir, à l’aimer, à vivre à ses côtés. Dieu se livre à nous, à chacun de nous
alors surtout ne le rangeons avec ces décorations de fêtes qui ornent nos
maisons mais accueillons vraiment en nos vies, en nos cœurs, en nos âmes. Dieu
vient pour nous, pour toi, ne l’ignorons pas mais demeurons fidèles à sa
présence par la prière, par la messe, par le sacrement de la confession autant
d’élément d’une vie qui manifestent cet unique désir d’être auprès du Sauveur
qui nous aime d’un amour infini, qui nous aime à un tel point qu’il se livre à
nous dans un simple poupon.
Amen.
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