« Accomplis toute
chose dans l’humilité, et tu seras aimé plus qu’un bienfaiteur » nous dit
Ben Sirac le Sage, « Béni soit le Seigneur : il élève les humbles »
avons-nous chanté pour le psaume, « Quiconque s’élève sera abaissé, qui
s’abaisse sera élevé » nous enseigne le Seigneur Jésus. Ce dimanche est
bien placé sous le signe de l’humilité. Et il nous faut tout d’abord réaffirmer
que l’humilité n’est pas une faiblesse de caractère, elle n’est pas non plus
une négation de soi ou de ses capacités, l’humilité est et demeure une vertu.
Afin de ressaisir la
teneur de cette vertu d’humilité, nous pouvons écouter St Thomas d’Aquin qui
nous dit que : « le propre de l’humilité est qu’on s’abaisse, pour ne
pas se porter à des choses qui sont au-dessus de soi ». Ainsi, l’humilité
n’est pas un reniement de ses propres capacités mais la connaissance exacte de
ses propres capacités sans se croire meilleur que ce que l’on est, sans se
considérer moins bon que ce que l’on est. L’humilité c’est donc la juste considération
de soi-même qui ne peut que reposer que sur le fait de se connaître soi-même,
sans duperie, sans tromperie, mais dans la réalité de nos forces et de nos
faiblesses. L’humilité nous donne d’être en vérité face à l’autre et aussi face
à nous même.
C’est dans cet ordre là
que St Thomas poursuit en nous disant que : « Tout homme qui
reconnaît en lui un défaut doit se soumettre à un autre par l’humilité ;
cependant il ne doit pas se soumettre à tout homme indistinctement, mais à
celui dans lequel il croit que ce défaut n’existe pas ». Dès lors, la
juste et humble connaissance de nous-même doit nous faire renoncer à agir si
l’un de nos compagnons est plus doué que nous mais si nous demeurons, malgré
notre propre insuffisance, le mieux qualifié alors c’est à nous d’agir en étant
toujours porté par la charité. L’humilité vraie s’exerce toujours sans orgueil
car l’orgueil est bien le contraire de l’humilité. L’humilité vraie nous
conduit à chercher à demeurer être au service de ceux qui nous entoure sans
négliger aucunement de demander de l’aide quand quelqu’un est plus compétent.
Cette
considération de l’humilité doit donc nous conduire à poser sur nous un regard
vrai qui doit nous permettre ensuite de nous positionner avec justesse dans
notre relation avec les autres. C’est vrai et essentiel mais là où l’humilité
prend toute sa force et sa valeur c’est dans notre relation à Dieu. En effet,
si l’humilité doit nous conduire à considérer avec justesse nos forces et nos
faiblesses, elle nous amène surtout à considérer combien Dieu, Lui seul, possède
en plénitude le bien dans toutes ses capacités. Ainsi, face à Dieu, l’humilité
nous conduit à tout attendre de Dieu, à permettre à Dieu d’user de nos pauvres
capacités si tel est son bon plaisir. C’est ainsi que St Jean Chrysostome
disait que : « L’humilité est la mère, la racine, la nourrice, le
fondement, le lien de toutes les autres vertus » car elle nous place face
à Dieu dans la reconnaissance de sa puissance, de sa bonté et de sa plénitude,
car elle nous place face à Dieu dans une disposition accueillante à l’influx de
sa grâce. C’est en ce sens là que nous pouvons, à l’image de Ste Thérèse par
exemple, aimer notre propre petitesse oh non pas dans un misérabilisme feint
mais parce que notre petitesse nous rappelle toujours combien il nous faut être
accueillant à la grâce que nous communique le Seigneur, parce que dans notre
petitesse jaillit la bonté de Dieu qui s’offre à nous.
Et pour bien saisir toute l’amplitude
de cette vertu de l’humilité je ne résiste pas à prier avec vous cette litanie
du Cardinal Merry Del Val :
Ô Jésus, doux et humble de cœur, rendez mon cœur semblable au
Vôtre.
Du désir d’être estimé, délivrez-moi Seigneur,
Du désir d’être affectionné, délivrez-moi Seigneur,
Du désir d’être recherché, délivrez-moi Seigneur,
Du désir d’être honoré, délivrez-moi Seigneur,
Du désir d’être loué, délivrez-moi Seigneur,
Du désir d’être préféré, délivrez-moi Seigneur,
Du désir d’être consulté, délivrez-moi Seigneur,
Du désir d’être approuvé, délivrez-moi Seigneur,
Du désir d’être compris, délivrez-moi Seigneur,
Du désir d’être visité, délivrez-moi Seigneur,
De la crainte d’être humilié, délivrez-moi Seigneur,
De la crainte d’être méprisé, délivrez-moi Seigneur,
De la crainte d’être rebuté, délivrez-moi Seigneur,
De la crainte d’être calomnié, délivrez-moi Seigneur,
De la crainte d’être oublié, délivrez-moi Seigneur,
De la crainte d’être raillé, délivrez-moi Seigneur,
De la crainte d’être soupçonné, délivrez-moi Seigneur,
De la crainte d’être injurié, délivrez-moi Seigneur,
De la crainte d’être abandonné, délivrez-moi Seigneur,
De la crainte d’être refusé, délivrez-moi Seigneur,
Que d’autres soient plus aimés que moi, accordez-moi,
Seigneur, de le désirer,
Que d’autres soient plus estimés que moi, accordez-moi,
Seigneur, de le désirer,
Que d’autres grandissent dans l’opinion et que je diminue,
accordez-moi, Seigneur, de le désirer,
Que d’autres soient loués et que je sois oublié,
accordez-moi, Seigneur, de le désirer,
Que d’autres soient employés et que je sois mis de côté,
accordez-moi, Seigneur, de le désirer,
Que d’autres soient préférés en tout, accordez-moi, Seigneur,
de le désirer,
Que d’autres soient plus saints que moi, pourvu que je le sois
autant que je puis l’être, accordez-moi, Seigneur, de le désirer.
~
Ô Jésus, doux et humble de cœur, rendez mon cœur semblable au
Vôtre.
Délivrez moi Seigneur du désir d’être estimé, du désir
d’être affectionné, d’être recherché, d’être honoré, d’être loué, d’être
préféré, d’être consulté, d’être approuvé, d’être compris, d’être visité.
Délivrez-moi encore Seigneur, de la crainte d’être humilié, de
la crainte d’être méprisé, d’être rebuté, d’être calomnié, d’être oublié,
d’être raillé, d’être soupçonné, d’être injurié, d’être abandonné, d’être
refusé.
Seigneur accordez moi de désirer que d’autres soient plus
aimés que moi, de désirer que d’autres soient plus estimés que moi, que d’autres
grandissent dans l’opinion et que je diminue, que d’autres soient loués et que
je sois oublié, que d’autres soient employés et que je sois mis de côté, que
d’autres soient préférés en tout. Accordez-moi, Seigneur, de désirer que
d’autres soient plus saints que moi, pourvu que je le soit autant que je puis
l’être.
Ainsi soit-il.