Alors
qu’hier, en la belle fête de la Toussaint, nous contemplions cette foule
immense des saints du Ciel, la sainte Eglise notre Mère, nous invite
aujourd’hui à prier pour tous les fidèles défunts. Et il nous faut peut-être
retrouver le sens premier de la prière pour nos défunts.
Car
en effet, nous le savons, notre prière n’est pas utile pour les âmes qui sont
en Paradis. En effet, ces âmes là sont déjà établies dans la gloire du Ciel et
si nous prions pour elle, je suis certain qu’elles déversent nos prières en
faveur d’âmes qui en ont besoin. Mais alors, quelles sont les âmes qui ont
besoin de nos prières ?
Pour
répondre à cette question, il nous faut malheureusement évoquer les âmes qui
sont en enfer. Ces âmes qui ont rejetées Dieu et son Salut et qui se sont
condamnées à être séparées de Dieu jusque dans l’Eternité s’établissant en cet
état éternel que nous appelons l’enfer. Là non plus, nos prières ne sont pas
utiles à ces âmes qui se sont damnées car elles se sont coupées elle-même de la
source de la grâce.
Si
nos prières ne sont utiles ni pour les âmes qui sont établies dans la gloire du
Ciel, ni pour les âmes qui se sont condamnées à l’enfer, alors pour qui nos
prières sont-elles utiles ?
Nos
prières sont utiles aux âmes qui sont aujourd’hui en purgatoire qui est comme l’antichambre
du Paradis. En effet, l’Eglise notre Mère nous enseigne que :
Ceux
qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés,
bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification,
afin d’obtenir la sainteté nécessaires pour entrer dans la joie du ciel.
St
Grégoire le Grand nous enseigne que : « Pour ce qui est de certaines
fautes légères, il faut croire qu’il existe avant le jugement un feu
purificateur, selon ce qu’affirme Celui qui est la Vérité, en disant que si
quelqu’un a prononcé un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera
pardonné ni dans ce siècle-ci, ni dans le siècle futur. Dans cette sentence
nous pouvons comprendre que certaines fautes peuvent être remises dans ce
siècle-ci, mais certaines autres dans le siècle futur.
Dès
les premiers temps, l’Église a honoré la mémoire des défunts et offert des
suffrages en leur faveur, en particulier le sacrifice eucharistique, afin que,
purifiés, ils puissent parvenir à la vision béatifique de Dieu. L’Église
recommande aussi les aumônes, les indulgences et les œuvres de pénitence en
faveur des défunts.
Nos
prières sont donc plus que précieuses, elles sont essentielles pour toutes les
âmes qui sont aujourd’hui en purgatoire attendant l’instant d’entrer pleinement
dans la béatitude éternelle.
Mais
une question peut alors surgir, comment pouvons-nous savoir si une âme est en
purgatoire ? Et bien reconnaissons humblement que cela échappe à notre
entendement. Nous savons, par la grâce de l’Eglise, quelles sont celles qui
sont dans la Gloire du Ciel lorsque l’Eglise reconnaît la sainteté par la
proclamation de la canonisation. Mais, nous l’avons dit, la fête de la
Toussaint célèbre tous les saints du Ciel ceux qui sont reconnus c'est-à-dire ayant
été proclamés saint par l’Eglise mais également tous ceux qui sont inconnus.
D’autre part, si l’Eglise reconnaît la sainteté de quelques uns de ses membres,
a contrario l’Eglise n’a jamais décrétée qu’une âme était en enfer.
Ainsi,
lorsque nous prions pour les défunts de nos familles, nous les confions à la
miséricorde divine et s’ils sont déjà au Ciel nous pouvons demander au Seigneur
d’appliquer nos prières et nos sacrifices à l’âme la plus oubliée du
purgatoire. Alors oui, prions de tout notre cœur pour nos défunts et pour tous
les défunts car c’est bien la seule chose mais aussi la chose la plus
essentielle que nous pouvons faire. Par nos prières nous ne faisons pas que
penser à nos défunts mais nous allons au-delà car nous leurs faisons du bien,
nous leur venons en aide. La prière demeure cette manifestation de notre amour
envers ceux qui nous sont chers et qui sont déjà entré dans l’éternité.
Et
si nous avons des regrets pour tel ou tel défunt, regrets de disputes non
résolues, de tensions et bien gardons bien à l’esprit que par notre prière nous
agissons en leur faveur et d’une manière bien plus essentielle que ce que nous
pouvions faire ici-bas.
Et
dans l’ordre de la prière, le fait d’offrir une messe pour le repos de l’âme
d’un défunt c’est appliquer à cette âme particulière la grâce infinie de la
rédemption du Seigneur et cela demeure ainsi le plus beau cadeau que nous
pouvons leur faire.
Alors
en ce soir, prenons le temps de la prière pour nos défunts, présentons au
Seigneur tous ceux de nos familles qui nous ont précédés dans la mort, confions
à la miséricorde divine toutes les âmes du purgatoire car c’est bien là un acte
éminent de charité que nous posons. Et n’hésitons pas non plus à offrir notre
communion de ce jour pour nos défunts. Notre prière sincère et confiante touche
toujours le cœur de Dieu et demain, lorsque le moment sera venu, nous
percevrons tous les fruits éternels que nos prières ont suscités. Nous avons un
fabuleux pouvoir dans la prière alors n’hésitons pas, n’hésitons jamais.
Amen.