Le
sang a été répandu, la mort a fait son œuvre imposant son silence, l’effroi
saisit nos âmes en levant nos yeux vers cette croix où se trouve suspendu entre
ciel et terre le Roi de l’univers, le créateur de toutes choses. Nos yeux se
lèvent vers Dieu crucifié portant sur son corps les traces de l’abject
supplice. Face à nos yeux se dresse la plus grande injustice de l’histoire, se
déploie toute cette capacité humaine à faire le mal, à produire ce mal absurde
et sanglant, face à nos yeux s’impose le pouvoir de la mort implacable.
Le
Christ est mort, voilà la réalité de l’instant, Dieu est mort voilà ce qui
s’impose à nous. Et la question du Pourquoi trouverais une belle réponse
factuelle dans les évangiles car nous avons vu se dessiner cette opposition radicale
au Christ, opposition à la vérité qu’est le Christ, opposition au véritable
visage de Dieu que nous révèle le Christ. Cette opposition des scribes, des
pharisiens, des grands prêtres, cette opposition prenant forme par la trahison
de Juda, cette opposition a conduit à anéantir le Christ Lui-même, à
anéantir : LE Bien, LA Vérité. Mais ce regard historique s’il nous permet
de saisir ce rejet qui a conduit le Christ à être condamné ne répond pas à la
question du pourquoi car nous l’avons entendu, le Christ choisi de parcourir ce
chemin, le Christ choisi de se laisser arrêter, le Christ choisi de se laisser
condamner, de se laisser flageller, de se laisser couronner d’épines, de se
laisser ridiculiser, le Christ choisi de se laisser crucifier. Ce choix du
Seigneur nous est révélé lorsque le Christ dit à Pierre : « Crois-tu
que je ne puisse pas faire appel à mon Père ? Il mettrait aussitôt à ma
disposition plus de douze légions d’anges ». Ainsi le Christ choisi de
vivre cette douloureuse passion jusqu’à son dernier souffle. Les scribes, les
pharisiens, les grands prêtres n’ont qu’un pouvoir illusoire sur la personne de
Jésus car tout dépendait de la volonté du Seigneur à subir tout cela. Mais
alors pourquoi, pourquoi le Christ a-t-il choisi de supporter tout cela ?
Voilà
la question essentielle en ce soir : pourquoi le Christ a-t-il choisi de
supporter tout cela ? car à cette question il ne peut exister qu’une seule
et unique réponse : pour nous ! C’est pour nous, c’est pour chacun de
nous que le Christ a choisi de supporter cette passion mortifère, c’est pour
chacun de nous personnellement, individuellement que le Christ a choisi de
supporter cette passion mortifère. C’est par sa passion et sa crucifixion, c’est
par sa mort, c’est dans le sacrifice de Lui-même que le Christ nous manifeste
de quel Amour Il nous aime. L’Amour de Dieu pour chacun de nous résonne à
chaque claquement de fouet, il résonne à chaque raillerie, il résonne à chaque
coup de marteau. Dieu donne ainsi sa vie par Amour de cette humanité qui
pourtant le condamne et le rejette car l’Amour de Dieu est éternel, infini,
l’Amour de Dieu est indéfectible.
L’amour
de Dieu est indéfectible voilà ce que manifeste le Seigneur Jésus dans le sang,
la sueur et la mort. Et c’est bien ainsi que le Croix devient non plus un signe
mortifère mais le signe éclatant de l’Amour divin, le Signe éclatant de ce don
total que Dieu fait de Lui-même pour chacun de nous. Ô combien cette réalité
devrait s’imposer à tous, ô combien cette réalité devrait convertir le monde
l’emportant dans cet Amour infini qui éclate dans la croix du Seigneur. Ô
combien la croix du Seigneur devrait faire de nous tous des saints dans la
reconnaissance de ce don que Dieu fait de Lui-même par amour de chacun. Oui, la
passion et la mort du Seigneur devrait nous faire prendre conscience à quelle
mesure nous sommes aimés de Dieu et cette mesure infini de l’Amour divin nous
appelle à nous laisser guider par lui, à nous laisser saisir, à nous laisser
habiter. Car au milieu des soucis et des tracas de l’existence Dieu nous redit
à tous « Je t’aime et Je désire te donner la Vie véritable », la vie
véritable qui s’inscrit dans l’Eternité.
En
ce soir, laissons-nous saisir par la croix du Seigneur, par cette manifestation
ineffable de l’Amour divin, accueillons le Christ qui se donne à nous, qui nous
sauve et nous invite à le suivre et laissons s’exercer en nos vies la maternité
de celle qui nous est donnée comme Mère par le Seigneur Lui-même, confions-nous
à l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie.
Amen.