Paroisses de La Bouilladisse – La Destrousse – Peypin – Belcodène

Site d'information des Paroisses de St Laurent (La Bouilladisse) – St Pierre (La Destrousse) – St Martin (Peypin) – St Jacques le mineur (Belcodène)


Centre paroissial : 7, Bd. Francis CAPUANO - Place Notre Dame 13720 La Bouilladisse

dimanche 17 décembre 2017

Noël ! ! !

Les messes de Noël
24 décembre :
17h : Messe des familles à La Bouilladisse
20h : Messe de la nuit à La Destrousse
23h30 : Messe de Minuit à La Bouilladisse
25 décembre :

10h45 : Messe du jour de Noël à La Bouilladisse


17 décembre - 3ème Dimanche du Temps de l'Avent

« Au milieu de vous se tient Celui que vous ne connaissez pas », cette phrase quelque peu mystérieuse et prophétique que Jean-Baptiste adresse à ceux qui l’interrogent est certes d’abord une annonce de la venue imminente du Seigneur Jésus. Le Seigneur qui va s’approcher de Jean le Baptiste pour recevoir de ses mains le baptême d’eau ; le Seigneur qui, en recevant ce baptême de Jean va consacrer ce geste et l’établir comme sacrement qui nous rejoint aujourd’hui. Mais cette parole de St Jean-Baptiste il nous faut également l’entendre pour nous tous. C’est à nous aujourd’hui que St Jean Baptiste dit : « Au milieu de vous se tient Celui que vous ne connaissez pas ».
            Oui, au milieu de nous, ici-même en cette église se tient le Christ Sauveur. Oh bien sûr me direz vous, nous le connaissons et nous nous rappelons tous ces éléments du catéchisme qui nous permettent de le connaître quelque peu mais il est dans un même temps certain que si nous le connaissions vraiment, si nous avions une connaissance affinée du Christ et donc de Dieu, nous serions saisi par sa bonté, par sa présence, par son Amour infini. Si nous connaissions pleinement le Christ nous l’aimerions  avec une telle force et une telle vigueur que notre vie toute entière ne serait qu’un hymne au Dieu vivant. Alors oui nous Le connaissons, mais notre connaissance est imparfaite, tâtonnante, notre connaissance continue de grandir oh non pas d’abord en nous plongeant dans les livres de théologie mais en nous mettant à l’écoute du Seigneur qui nous rejoint à chaque fois que nous nous tournons vers Lui dans la prière. Et c’est sur ce point que je désire attirer notre attention.
Car oui le Christ se tient au milieu de nous en cette église car le Seigneur Lui-même nous a dit : « lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, Je suis au milieu d’eux » ; oui le Christ est à nos côtés également dans ces temps de prière que nous prenons chaque jour car le Seigneur nous l’a dit : « toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret », car oui le Seigneur est pleinement présent en son eucharistie Lui qui nous a dit : « ceci est mon corps, ceci est mon sang ».
Dieu est réellement, pleinement présent et pourtant il peut nous arriver de reprocher au bon Dieu d’être absent dans telle ou telle situation oh non pas que le bon Dieu soit absent mais parce que le bon Dieu n’agit pas comme nous, nous voudrions. Il peut nous arriver de reprocher au Seigneur d’être absent mais prenons-nous le temps de le rendre véritablement présent en nos vies, en nos âmes et en nos cœurs ? Nous le savons, le bon Dieu sera là si et uniquement si nous l’accueillons. C’est en étant uni au Seigneur que nos yeux s’ouvriront et que nous discernerons cette présence agissante du Seigneur en nos vies et aussi en notre monde.
Et ce peut-être un de points d’attention pour cette dernière semaine qui nous sépare de la belle et grande fête de Noël, ce point d’attention qui consiste à permettre au Seigneur de naître en nos vies, qui consiste à accueillir le Seigneur véritablement, pleinement. Il faut que nous puissions affirmer avec assurance que le Seigneur se tient au milieu de nous c'est-à-dire affirmer que le Seigneur se tient en nous, en moi, en vous, en chacun de nous ! Et pour cela nous le savons, il nous faut l’accueillir en nous abandonnant entre ses mains, en nous laissant combler par sa miséricorde dans le sacrement de la confession comme le propose la célébration pénitentielle de jeudi ; en prenant du temps pour la prière, pour ce cœur à cœur avec le Seigneur ; en écartant de nos vies tout ce qui nous éloigne de Dieu ; en éteignant parfois la télé qui ne cesse de nous relayer toutes les catastrophes en passant sous silence tout le bien qui se fait…
Car oui nous voulons que le Seigneur soit en nous, au milieu de nous, alors ordonnons nos vies pour permettre la venue du Seigneur.

Amen.

mercredi 13 décembre 2017

10 Décembre - 2ème Dimanche du Temps de l'Avent

En ce deuxième Dimanche de l’Avent nous retrouvons la grande et belle figure de St Jean-Baptiste. St Jean Baptiste, lui, la voix qui crie dans le désert, lui, le précurseur, lui dont la seule mission est de préparer la venue du messie, la venue du Christ Sauveur. Cette annonce du messie portée par le Baptiste est d’abord un appel à la conversion. Et il peut être bon de nous interroger sur le pourquoi de cet appel à la conversion, en ce sens ou pourquoi faudrait-il se convertir pour accueillir le Seigneur, est-ce que ce ne serait pas plutôt l’inverse, est-ce que la rencontre du Seigneur ne serait pas l’origine de la conversion ?
Et bien, se convertir pour accueillir le Seigneur, pour Le rencontrer cela désigne cette conversion essentielle qui manque bien souvent à bon nombre de nos contemporains et peut-être même un peu à chacun d’entre nous. Se convertir pour rencontrer le Seigneur, cela désigne cette disponibilité que l’homme doit avoir pour permettre cette rencontre. En effet, nous le savons bien, le bon Dieu ne force pas les portes, Il ne force pas ni notre reconnaissance, ni notre amour. Le bon Dieu se tient à nos côtés attendant de nous que l’accueillions en nos vies. L’homme a ce pouvoir de permettre ou de refuser cette rencontre première avec le bon Dieu. L’homme a ce pouvoir de se rendre disponible ou non à la rencontre avec le Seigneur.
Et bien cette disponibilité première et essentielle, elle est objet de conversion car cette disponibilité est faite de renoncement, de ce renoncement quant à l’illusion que nous avons de nous suffire à nous même, renoncement quant à l’illusion toute moderne que nous n’avons pas besoin d’être sauvé, ou au contraire renoncement quant à l’illusion encore plus dangereuse de croire que quoi que nous fassions nous serons sauvés… Toutes ces illusions, et bien d’autres encore, toutes ces illusions empêche la rencontre première avec le Seigneur, toutes ces illusions sont à démasquer afin de reprendre pied dans la réalité, dans cette réalité que Dieu nous enseigne : en nous rappelant que notre temps d’ici bas est décisif dans l’ordre de l’Eternité, en nous rappelant que notre temps d’ici bas peut nous conduire dans les abîmes effroyables de l’enfer fruit du péché, de l’indifférence ou de refus de Dieu.
Cette conversion de l’homme qui se rend disponible à la présence et à l’action de Dieu est essentielle car elle est première, car elle permet à l’homme d’accueillir le Seigneur en son cœur, en son âme et en sa vie ; elle permet d’initier cette formidable histoire d’Eternité avec le bon Dieu. Et, ne nous y trompons pas, si cette disponibilité est essentielle comme premier pas dans la Foi, cette disponibilité il nous faut y veiller tout au long de notre vie. En effet, nous le savons bien, nous avons tous cette tentation de nous créer un dieu qui nous convient en ne nous laissant plus porter par la Parole du Christ et de l’Eglise mais en considérant nos opinions comme supérieure à la Révélation divine. Tout au long de la vie, il nous faut donc veiller à demeurer disponible à Dieu et pour Dieu, il nous faut veiller à nous laisser porter par la grâce et par la présence divine, en nous laissant enseigner par Dieu. Cette disponibilité constante est bien entendu portée et manifestée tout d’abord par une vie de prière qui manifeste ce désir de se laisser modeler par la grâce.
Ainsi, oui, l’homme est appelé à se convertir afin de se rendre disponible à la rencontre avec le Seigneur mais également tout au long de sa vie de Foi, l’homme doit veiller à demeurer dans cette disponibilité afin que comme le dit St Paul, ce ne soit plus nous qui vivions mais bien le Christ qui vive en nous.
Dès lors nous pouvons tous nous interroger : sommes-nous disponibles à Dieu et pour Dieu ? Sommes-nous disponibles aux motions divines ? Ô, disponible dans tous les sens du terme : disponibilité intérieure de l’âme qui vit de l’amour divin et désire se laisser conduire et modeler par le bon Dieu ; disponibilité de l’agenda dans le temps qui est pris pour la prière quotidienne, pour ce cœur à cœur avec le Seigneur qui nous façonne l’âme ; disponibilité de l’agenda encore pour se laisser nourrir par le Christ en la sainte Eucharistie le dimanche mais aussi en semaine…
Combien de fois disons-nous que nous ne sommes pas disponible, que n’avons pas le temps pour le bon Dieu alors que le bon Dieu, oui le bon Dieu nous offre 24h chaque journée… nous n’avons pas le temps pour le bon Dieu mais nous avons bien du temps pour tant et tant de futilités qui ne nous ouvrirons pas les portes de l’Eternité bienheureuse.
Oh bien souvent je me dis que nous sommes fous car nous perdons le sens de la vie en nous attachant à tant de choses secondes et secondaires, en oubliant l’unique essentiel qu’est Dieu.
Et bien en ce dimanche offrons notre folie inconsciente au bon Dieu, offrons Lui notre indisponibilité volontaire afin que, dans sa miséricorde, le Seigneur Lui-même nous donne la force de faire un pas de plus en notre conversion, afin que le Seigneur Lui-même nous donne d’être véritablement disponible intérieurement et extérieurement. Il nous faut être disponible pour le bon Dieu, il nous faut être disponible à notre propre salut, alors convertissons-nous afin que le Seigneur nous attire à Lui jusque dans la béatitude.

Amen.

26 Novembre - Solennité du Christ Roi

En arrivant à la fin de l’année liturgique, la Ste Eglise notre Mère nous invite à considérer plus particulièrement l’Eternité. Cette Eternité qui sera établie sous le règne du Christ dont nous honorons aujourd’hui la royauté. Cette royauté du Christ qu’il nous faut bien saisir car le fondement de la royauté du Seigneur Jésus ce n’est pas d’abord l’exercice d’une autorité mais c’est bien l’établissement de l’Amour qu’est Dieu et ce, dans sa plénitude. Et aujourd’hui en reconnaissant et en honorant le Christ Roi de l’univers nous appelons de nos vœux que ce règne s’établisse comme nous le faisons à chaque prière du Notre Père : « que ton règne arrive » ; nous appelons donc que ce règne s’établisse et surtout nous adhérons à l’établissement du règne de Dieu pour chacune de nos vies, chacune de nos âmes. Oui nous désirons que le Christ règne sur nous, sur nos âmes mais ce désir n’appartient pas uniquement à une option fondamentale qui ne serait qu’intellectuelle, ce désir n’appartient pas uniquement à un ordre spirituel qui serait déconnecté de la réalité et de notre quotidien, ce désir il doit s’inscrire dans la réalité de l’action présente et c’est d’ailleurs notre action présente qui porte ce désir jusque dans l’Eternité.
C’est bien ce que le Christ nous rappelle par la parabole de l’Evangile de ce dimanche. En effet, qu’est ce qui va distinguer les boucs des chèvres, qu’est ce qui va distinguer les âmes disposées à recevoir l’éternité bienheureuse en héritage et les âmes qui s’en sont exclues ? Le Christ nous le dit : c’est la charité. Au soir de notre vie c’est sur l’Amour que nous serons jugés. C’est sur la charité, c’est sur l’amour que nous seront tous jugés.
L’Amour, la charité, elle revêt bien des visages et permettez-moi pour l’expliciter de reprendre un passage de cette merveilleuse encyclique « Deus caritas est » du Pape émérite Benoît XVI qui écrivait : « L’amour du prochain […] consiste précisément dans le fait que j’aime aussi, en Dieu et avec Dieu, la personne que je n’apprécie pas ou que je ne connais même pas. Cela ne peut se réaliser qu’à partir de la rencontre intime avec Dieu, une rencontre qui est devenue communion de volonté pour aller jusqu’à toucher le sentiment. J’apprends alors à regarder cette autre personne non plus seulement avec mes yeux et mes sentiments, mais selon la perspective de Jésus Christ. Son ami est mon ami. Au-delà de l’apparence extérieure de l’autre, jaillit son attente intérieure d’un geste d’amour, d’un geste d’attention […]. Je vois avec les yeux du Christ et je peux donner à l’autre bien plus que les choses qui lui sont extérieurement nécessaires: je peux lui donner le regard d’amour dont il a besoin. Ici apparaît l’interaction nécessaire entre amour de Dieu et amour du prochain ».
Ainsi oui, nous serons jugés sur la charité effective que nous aurons eu envers le prochain mais cette charité s’enracine dans la Charité même de Dieu qui rejoint tous et chacun. Nous sommes appelés à devenir des disciples de la Charité divine œuvrant pour le bien du prochain, ce bien qui repose certes parfois sur des besoins matériels mais qui repose toujours sur des besoins spirituels. Être disciple de la Charité divine c’est donc toujours être missionnaire dans les faits en pourvoyant aux besoins primaires de la personne mais aussi et peut-être surtout dans le témoignage de Foi qui adresse aux prochains la Parole d’Amour de Dieu.
Dès lors oui nous pouvons tous nous interroger pour savoir si nous aimons véritablement en nos vies ? Et nous répondrons tous que oui nous aimons mais avec un peu d’humilité et un brin de réalisme entendrons pour nous même cette Parole du Seigneur : « Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? […] Et si vous faites du bien à ceux qui vous font du bien, quelle récompense méritez-vous ? ». Aimer ceux qui nous aiment, voilà bien la facilité dans laquelle bien souvent nous tombons et qui nous éloigne de la charité divine qui au contraire doit s’exprimer d’une toute autre manière comme le Christ nous le dit : « aimez vos ennemis ». Voilà La Charité, voilà le véritable amour du prochain auquel nous sommes appelés et sur lequel nous serons jugés.
Cela peut paraître terrifiant car nous savons bien combien il est difficile d’aimer nos ennemis, combien il est difficile d’aimer ceux qui nous ont fait du tort. Et c’est vrai, dans l’ordre humain cela a de quoi être terrifiant mais nous ne sommes pas de cet ordre humain car c’est en Dieu que nous puisons nos forces, c’est Dieu Lui-même que nous désirons imiter soutenu par sa grâce. Dieu, Lui qui s’est offert pour nous, pauvres pécheurs. Dieu, Lui qui s’est offert pour tous et pour chacun.
Alors ne considérons pas nos pauvres forces, nos pauvres volontés mais revêtons-nous de la grâce du Christ en nous tournant d’abord vers Dieu dans la fidélité de la prière car c’est ainsi que le Christ règnera sur chacune de nos âmes. Et en ce dimanche, posons un acte de charité, prenons quelques instants, maintenant, tout de suite, pour confier au Seigneur ceux qui nous ont fait du mal, ceux qui nous ont fait du tort, demandons au Seigneur de les visiter et de les combler de sa grâce et de sa miséricorde et demandons au Seigneur la force de pouvoir pardonner nous-mêmes tout comme le Christ Lui-même nous pardonne.

Amen.

19 Novembre - 33ème Dimanche du Temps Ordinaire

Cette parabole que nous livre le Seigneur dans l’Evangile que nous venons d’entendre nous offre une formidable lecture pour l’existence en général et pour notre propre existence en particulier. En effet chaque personne et nous également nous avons débuté dans l’existence porteurs de certains talents, c'est-à-dire porteurs de certaine capacités. Ces capacités elles peuvent nous être naturelles et il est bien vrai, même dans cet ordre naturel, que nous n’avons pas tous les mêmes capacités, et rappelons-nous ici que si nous sommes tous égaux en dignité nous ne le sommes nullement en termes de capacité. Ainsi, nous avons tous reçu et ce naturellement un certain nombre de capacités ; ces capacités naturelles viennent s’ajouter à d’autres capacités qui nous ont été transmises par notre éducation, par le milieu dans lequel nous avons grandi, dans lequel nous avons évolué. Et là encore, remarquons bien que nous ne sommes pas égaux non plus en cet ordre mais que bon nombre de disparité demeurent. Ainsi l’ensemble de ces capacités qui sont nôtres, qu’elles soient innées c'est-à-dire naturelles, ou qu’elles soient acquises c'est-à-dire fruit de notre propre milieu et de notre propre chemin, ces capacités que nous avons, elles peuvent demeurer inutiles si nous ne les utilisons pas tout au long de l’existence. Mais inversement, ces capacités peuvent croître lorsqu’elles sont assumées.
Prenons un exemple extrême, pensons à Mozart. Mozart avait une capacité hors normes dans le domaine de la musique, cette capacité naturelle a été favorisée par le milieu dans lequel il a grandi et qui l’a porté à devenir le plus grand compositeur de tous les temps. Mais si Mozart n’avait pas écrit toutes ces œuvres et bien son talent serait demeuré silencieux, inutile ; et nous n’aurions pas aujourd’hui la joie d’écouter ces œuvres, ces pièces qui ont suscité tant et tant de musiciens, tant et tant de talents jusqu’à nos jours.
Nous le voyons bien, dans l’ordre de l’humanité, cela se vérifie, le talent exploité conduit à un certains degrés de plénitude pour celui qui l’exploite et rejaillit également sur ceux qui le côtoient. Cela est vrai dans l’ordre naturel mais cela est également vrai dans l’ordre spirituel. En effet, tous, le jour de notre baptême nous avons reçu le don de la Foi, nous avons reçu, en nous, Dieu Lui-même. Cette présence divine est venue comme féconder nos capacités naturelles en leur donnant une dimension surnaturelle. Et dès lors, nos capacités naturelles ont reçu une nouvelle mission celle de soutenir et d’accompagner notre chemin de Foi, notre chemin de vie chrétienne, notre chemin de sainteté.
Pour reprendre l’exemple de Mozart, ses capacités exceptionnelles ont été mises à profit pour la Foi et pour la gloire de Dieu car un des chefs d’œuvres les plus reconnus étant bien la messe de requiem qu’il composa.
Ainsi, ne nous y trompons pas, nos grandeurs humaines ne sont pas en concurrences avec notre Foi, avec notre vie spirituelle car notre Foi ne nous créé pas schizophrène mais au contraire, nos grandeurs humaines sont appelées à coopérer à la vie de Foi, nos grandeurs humaines sont appelées à servir Dieu, à servir la présence de Dieu en notre monde.
Vous me direz que nous ne sommes pas tous des Mozart en ce sens où nous n’avons pas tous des capacités hors du commun et bien, le Seigneur le sait et ce que le Seigneur nous demande ce n’est pas de construire des châteaux en Espagne mais ce que le Seigneur nous demande c’est d’agir et d’œuvrer à notre niveau. C’est bien ce que le Christ nous enseigne : « tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ». Œuvrer déjà à notre niveau, dans cette existence qui est la nôtre, dans les rencontres qui la composent, voilà ce que le Seigneur attend de nous. Œuvrer à notre niveau dans cette grande œuvre qu’est la vie paroissiale, voilà ce que le Seigneur attend de nous. Pensons dans le même sens à ce que disait Ste Thérèse de l’Enfant Jésus : « ramasser une épingle avec amour convertit des âmes ». Ramasser une épingle, n’y a-t-il pas geste plus insignifiant dans l’ordre naturel mais le faire avec amour produit des fruits surnaturels infinis.
Ainsi il nous faut agir et œuvrer comme disciples du Christ à notre mesure. Penser que nous n’avons pas la capacité d’agir tels les saints que nous vénérons et dés lors demeurer immobile et statique serait bien la plus grande erreur que nous pourrions faire ici-bas. Car même si nos capacités nous semblent parfois insignifiantes gardons toujours à l’esprit que le Seigneur compte sur nous, Dieu compte sur nous ! Alors ne nous enfouissons pas mais au contraire, agissons, œuvrons, témoignons. Dieu compte sur nous et Dieu nous connaît mieux que nous même, Dieu connaît nos capacités mieux que nous même, et tout comme il suffit d’une pichenette pour démarrer la plus complexe chute de dominos, de même, nos actions, aussi infimes soient-elles, Dieu peut leur faire produire des fruits de grâces incommensurables. Alors surtout, œuvrons, œuvrons pour la plus grande gloire de Dieu car soyons en assuré, Dieu compte sur chacun de nous et nous avons tous une partition à jouer dans cette belle œuvre de Dieu.

Amen.

dimanche 19 novembre 2017

12 Novembre - 32ème Dimanche du Temps Ordinaire

« La cigale et la fourmis » voilà comment La Fontaine a traduit en un conte pour enfant la réalité de la parabole de ce dimanche. La finale de ce conte que nous connaissons tous donne en substance ceci : « La Cigale, ayant chanté tout l'Été, se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue. [..] Elle alla crier famine chez la Fourmi sa voisine, la priant de lui prêter quelque grain pour subsister […] « Que faisiez-vous au temps chaud ? dit [la fourmi] à cette emprunteuse. « Nuit et jour à tout venant je chantais, ne vous déplaise ». « Vous chantiez ? J'en suis fort aise. Eh bien ! Dansez maintenant ». Tout comme pour la parabole, l’insouciance n’est pas récompensée et bien au contraire, elle est renvoyée à sa propre inconsistance.
Ainsi, le Seigneur Lui-même nous averti contre cette insouciance qui peut saisir et qualifier une vie qui n’attend qu’une chose : que le temps passe et qui ne se préoccupe que de profiter de l’instant, vivant dans un carpe diem qui ne voit pas plus loin que le jour. Et quand la vie arrive à son terme, un regard en arrière suffit pour constater la simple inconsistance de cette existence vécue dans une insouciance volontaire. A ce sujet, c’est bien à notre vie spirituelle qu’il nous faut appliquer cet avertissement du Seigneur. En effet, dans l’ordre matériel nous ne sommes pas pour la plupart parmi ces insouciants, nous prévoyons et si telle dépense nous prend de court et bien c’est au régime de pâte que nous aurons droit. Mais dans l’ordre spirituel, force est de constater que d’une manière habituelle, l’insouciance est plutôt de mise, la nécessité de la messe du dimanche est bien facilement écarté pour tout autre projet, la confession est elle-même repoussée au mieux jusqu’à Noël si ce n’est jusqu’à Pâques sans parfois préciser l’année, la prière quotidienne est, elle aussi, bien souvent remise à cet éternel demain. Oh bien sûr, me direz-vous, nous avons bien des excuses et il est certain que nous sommes bien souvent passé maître dans cette capacité à nous trouver des excuses qui même si elles sont bien souvent bancales nous suffisent à garder un semblant de bonne conscience.
Et bien chers amis, en ce dimanche, il nous faut rejeter cette insouciance spirituelle, ne soyons pas des cigales de l’existence mais soyons de ces fourmis qui font de cette vie le tremplin de l’Eternité. La cigale spirituelle à la fin de sa vie se trouvera bien dépourvue et face à l’infini Amour de Dieu elle ne pourra que présenter ses regrets de n’avoir pas pris sa vie au sérieux. La fourmi spirituelle à la fin de sa vie se trouvera également bien dépourvue mais face à l’Amour divin elle pourra tout de même compter sur toutes les œuvres de Salut qu’elle aura accompli, œuvres qui la porteront au plus prés du Seigneur.
Ainsi, évacuons de nos vies cette insouciance spirituelle, reprenons conscience que notre vie d’ici bas est le prélude à notre Eternité, reprenons conscience que nous pouvons aimer Dieu dès maintenant, que nous pouvons nous laisser aimer par Dieu dès maintenant, que nous pouvons nous laisser combler de toutes les grâces que le bon Dieu nous destine si nous  nous disposons à les recevoir.
Notre salut, notre Eternité se construit dès maintenant alors prenons au sérieux la Parole du Seigneur qui nous redis avec force : « veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure ». Alors veillons, gardons nos âmes auprès du bon Dieu afin que si notre vie devait s’arrêter en cet instant nous ayons simplement la joie de retrouver le Seigneur que nous aurons aimé et servi au long de notre vie.
Amen.


samedi 11 novembre 2017

5 Novembre - 31ème Dimanche du Temps Ordinaire

« Faites ce que je dis et non pas ce que je fais », voilà transcrit dans ce que l’on pourrait nommer comme un proverbe commun, voilà transcrit l’enseignement du Seigneur Jésus dans l’Evangile de ce Dimanche. Et, à ce sujet, il est toujours appréciable de noter que certains enseignements évangéliques, certaines paroles du Christ sont passés dans le langage courant.
« Ils disent et ne font pas », « Faites ce que je dis et non pas ce que je fais », par delà les mots, c’est bien une réalité sur laquelle il nous faut être attentif car c’est bien souvent ce que l’on reproche aux chrétiens. En effet, les chrétiens vont à la messe, manifestant leur attachement au Seigneur et aux valeurs évangéliques et pourtant, et pourtant certains vont reprocher à certains chrétiens de ne pas être de meilleurs personnes que les autres, de ne pas être porteur de la joie évangélique, de poser des actes qui vont bien à l’encontre du Christ et de l’Evangile. Et il nous faut reconnaître avec un brin d’humilité que c’est bien vrai et même pour nous même, tout du moins pour ceux qui parmi nous ne sont pas encore saints…
Et oui, il est vrai que les chrétiens ne sont pas parfaits. Mais cette constatation ne devrait pas nous désarçonner car le premier élan de la vie chrétienne n’est pas porté par une perfection morale, le premier élan de la vie chrétienne est porté par la rencontre avec le Christ ressuscité, rencontre qui change notre vie tout en nous rejoignant dans nos faiblesses et nos difficultés. Si pour être chrétien il fallait être parfait, et bien nous pourrions refermer nos missels et partir nous terrer chez nous. Ce qui nous fait chrétien c’est donc la rencontre avec le Christ ressuscité et il est certain que cette rencontre nous conduit à rechercher sans cesse notre propre conversion en nous laissant transformer par l’amour de Dieu.
Tout cela pour dire qu’il nous faut dénoncer deux erreurs. La première est celle portée par la Parole même du Seigneur Jésus « Ils disent et ne font pas » en ce sens où nous ne sommes pas les annonciateurs d’une morale, d’une éthique nous sommes les annonciateurs de la Foi en Jésus Christ et donc lorsque nous disons, lorsque nous parlons ce doit être d’abord pour annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu et si cela nous amène à dénoncer une pratique dans l’ordre moral, il nous faut toujours le faire avec une charité immense, avec une charité qui est portée par la volonté de condamner le péché sans jamais condamner le pécheur. Car notre parole ne doit pas être d’abord une parole de condamnation de l’autre comme si nous lui étions supérieurs, mais notre parole doit toujours être un appel à la conversion et cela dans la reconnaissance que nous sommes nous même aux prises avec notre propre conversion.
La deuxième erreur est celle de la vision habituelle du monde sur la réalité chrétienne. Bien souvent le monde ne voit dans l’Eglise qu’un opposant réactionnaire condamnant et fustigeant à tout va, l’Eglise n’est bien souvent vue que comme gardienne d’une morale alors que l’Eglise est d’abord porteuse de la mission de l’annonce de la Foi. Oh bien sûr il ne s’agit absolument pas d’opposer foi et moral mais de considérer le principe de la réalité ecclésiale qui est bien la Foi. Dans cette vision erronée du monde, si l’Eglise est considérée comme gardienne d’une morale il est certain que tout écart du peuple chrétien est perçu comme un élément décrédibilisant l’ensemble de l’Eglise mais surtout, si l’Eglise est vue uniquement comme gardienne d’une morale tout ceux qui sont éloignés de cette morale se considèrent éloignés du message de l’Eglise et donc du Christ Lui-même et cet éloignement constaté peut conduire jusqu’à la lutte contre l’Eglise, contre l’illusion de ce dogme moral condamnant.
Ces deux erreurs, il nous faut bien les garder à l’esprit afin de parfois changer notre rapport avec le monde afin que notre parole ne soit pas d’abord une parole de morale mais qu’elle soit toujours une parole de Foi et d’annonce du Christ ressuscité Lui qui est venu non pas pour les bien portants mais pour les malades, Lui qui est venu non pas pour les justes mais bien pour les pécheurs. Et il est certain que si le peuple chrétien redevient d’abord cet annonciateur de la Bonne Nouvelle et bien peu à peu la considération du monde changera et verra peu à peu en l’Eglise non pas une structure moralisante condamnante mais bien plutôt cet hôpital de campagne qui désire rejoindre tous et chacun afin de leurs permettre cette rencontre unique du Christ ressuscité qui changera leurs vies et les fera peu à peu grandir sur le chemin de la vie chrétienne.
Alors en un mot soyons chrétien, véritablement chrétiens, travaillant à notre propre conversion avec humilité et cherchant à imiter le Seigneur Jésus dans toutes nos rencontres. Que le Christ soit notre vie, notre appui et l’unique objet de nos proclamations.

Amen.

2 Novembre - Commémoraison des Fidèles Défunts

Hier, nous honorions dans la joie la foule immense de tous les saints du Ciel et, pour beaucoup, à cette occasion, nous avons honoré nos défunts hier, allant sur leurs tombes déposer quelques fleurs et prier pour eux face à ces stèles de marbre. Et pourtant c’est aujourd’hui que nous sommes invités à prier pour nos défunts, à prier pour les défunts. Et certains pourraient se dire que c’est aujourd’hui et non hier qu’il fallait se rendre sur la tombe de nos défunts comme si nous avions fêté un anniversaire avec un jour d’avance. Et bien pour ma part, j’ai toujours pensé que si les défunts étaient honorés le jour de la Toussaint c’est porté par la belle espérance que nos défunts se trouvent déjà unis à la foule immense de tous les saints du ciel et qu’ils ne sont pas enfermés dans les ténèbres de la mort. Nous voulons que nos défunts soient en Paradis et nous manifestons notre désir en les honorant avec tous les saints du ciel. Oh bien sûr, nous savons que nos défunts n’étaient pas parfaits mais nous comptons sur la miséricorde divine, nous comptons sur Dieu Lui-même, sur son Amour et sur sa grâce.
Et bien voilà comme mise en œuvre l’espérance chrétienne, cette espérance qui s’enracine dans l’enseignement du Seigneur Jésus, qui s’enracine dans la résurrection du Christ et qui nous fait poser sur la mort elle-même un regard différent. Car oui nous le savons et nous en avons fait l’expérience ayant tous connus le décès d’un prochain, nous savons que la mort demeure ce drame irrémédiable qui enserre dans le froid et les ténèbres les corps de ceux qui l’ont croisée. La mort terrifiante car soudaine, s’imposant à tous des plus jeunes aux plus vieux, la mort qui tel le couperet d’une guillotine semble mettre un point final à l’existence humaine. Tout cela c’est l’expérience qui nous l’apprend et cette expérience purement humaine n’est portée que par la douleur et par les larmes et elle nous rappelle à tous que notre quotidien peut s’arrêter d’un claquement de doigt, d’un claquement de mort, elle nous rappelle la vacuité de l’existence et en définitive cette expérience nous porterait à la désespérance, elle nous porterait à la désespérance si Dieu Lui-même n’avait pas soulever ce voile de la mort et s’Il ne nous avait pas révéler cet après qui nous attend, cet après qui donne sens et poids à notre vie d’ici-bas.
Grâce à Dieu nous savons que la mort a été vaincue, vaincue non dans cet étape de l’existence qui demeure le lot de tout être humain, la mort a été vaincue car elle n’est plus qu’une étape, une porte qui s’ouvre vers l’éternité. La mort est cette étape décisive, implacable mais une étape seulement. Et dans cet instant de la mort, le jugement s’établira : l’enfer, le purgatoire ou le paradis. L’enfer, état terrifiante et perpétuel de l’âme qui s’est séparé de Dieu s’en privant pour l’Eternité, état de souffrance car état de l’absence de Dieu. L’enfer n’est pas une fable pour faire peur aux enfants, mais bien cette réalité, cette géhenne de feu qui rend brûlant l’absence de Dieu. Rappelons-nous que « Dieu ne prédestine personne à aller en enfer ; il faut pour cela une aversion volontaire de Dieu (un péché mortel), et y persister jusqu’à la fin » (CEC 1037). Contraire absolu de l’enfer : le Paradis, cet état de l’âme qui demeure uni à Dieu dans l’Eternité, plongée dans l’Amour divin l’âme est établie dans une plénitude de bonheur et de joie. Vous le savez, pour parler du Paradis, il nous faut simplement nous rappeler ces instants de bonheur que nous avons pu vivre ici-bas, ces instants de bonheur qui nous ont fait exprimer le désir que cela ne s’arrête jamais, ce bonheur plein et entier, ce bonheur comblant, voilà le Paradis mais à la hauteur du degrés de puissance de l’Amour divin. L’enfer et le paradis sont des états éternels contrairement au purgatoire qui est un état passager. Le purgatoire, la sainte Eglise notre mère nous enseigne que : « Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté nécessaires pour entrer dans la joie du ciel ». Le purgatoire est donc cet état de purification de l’âme qui s’apprête à entrer en Paradis. Antichambre du Paradis, le purgatoire est un lieu de souffrance en ce double sens de l’impatience de l’âme qui désire être uni à Dieu et dans un même temps du regret, de la contrition ardente pour ses imperfections. Et bien si en ce jour nous prions pour nos défunts, nous prions pour ceux qui ne sont pas encore entré dans la gloire du Paradis, pour ceux qui demeurent en purgatoire. St Jean Chrysostome y invitait d’une manière ardente : « Portons-leur secours et faisons leur commémoraison. Si les fils de Job ont été purifiés par le sacrifice de leur père (cf. Jb 1, 5), pourquoi douterions-nous que nos offrandes pour les morts leur apportent quelque consolation ? N’hésitons pas à porter secours à ceux qui sont partis et à offrir nos prières pour eux ». Oui, en ce soir, n’hésitons pas à prier pour nos défunts afin qu’ils soient établis dans la béatitude éternelle, prions pour eux en ce soir et ne les oublions pas au long de l’année. Et nous le savons, la plus grande et belle prière est celle que le Christ a offert Lui-même dans le sacrifice de la Croix, cette belle et unique prière du Christ, l’Eglise l’offre à chaque eucharistie, à chaque messe et c’est bien en ce sens que lorsque nous offrons une messe pour nos défunts, nous unissons notre prière à l’unique prière du Christ par son Eglise. Offrir une messe pour un défunt c’est bien le plus beau cadeau que nous pouvons leur faire, tout comme nous avions pour eux de nombreuses attentions de leurs vivants, portés par l’espérance et la miséricorde divine, nous présentons à Dieu par la victoire du Christ ressuscité nos défunts en leur appliquant d’une manière particulière les mérites du sacrifice du Christ.
Alors oui en ce soir, prions avec ardeur pour chacun de nos défunts, prenons quelques instants pour les nommer intérieurement, pour les confier au Seigneur en cette eucharistie, en ce soir, et tout au long de notre vie.

Amen.

1er Novembre - Solennité de la Toussaint

En ce jour, solennellement, nous honorons tous les saints du ciel, nous honorons ces saints connus tels ceux qui ornent notre église de Ste Anne au St Curé d’Ars en passant par Ste Thérèse ou encore St Antoine, ces saints nous les connaissons et nous les honorons en nous confiant bien souvent à leurs intercessions, en nous laissant guider par leurs vies à eux, par leurs expériences de Dieu, par leurs paroles, leurs exemples. Et il est certain que bien souvent, en considérant ces grandes et belles figures de sainteté nous nous considérons éloignés d’eux dans le quotidien de nos vies, éloignés de leur foi ardente, de leurs actions toutes empreintes de Dieu. Et il y’a un risque à cela, c’est de nous considérer quelque part comme étant incapable nous même de suivre leur chemin, de parcourir à leur suite le chemin de la sainteté. Et bien la fête de ce jour est faite pour nous. Car si nous honorons tous les saints que nous connaissons, en ce jour nous honorons également tous les saints inconnus, ces saints inconnus qui n’ont peut être pas accomplis de grandes choses aux yeux des hommes, ces saints qui sont passés inaperçus à nos yeux mais pas aux yeux de Dieu.
Et aujourd’hui nous sommes invités à changer notre propre regard sur la sainteté car la sainteté ne s’enracine pas d’abord dans des actions merveilleuses ou fructueuses, elle ne se manifeste pas d’abord dans des actions éclatantes ou dans des fondations d’ordres religieux, la sainteté ne s’enracine pas dans le faire mais la sainteté s’enracine dans l’être et dans l’être avec Dieu, dans l’être pour Dieu. La sainteté n’est pas relative à telle ou telle personne et pour nous en rendre compte il suffit de percevoir combien les saints sont différents les uns des autres. Ste Thérèse disait à ce sujet : « Dieu a voulu créer les grands saints qui peuvent être comparés aux Lys et aux roses, mais il en a créé aussi de plus petits et ceux-ci doivent se contenter d’être des pâquerettes ou des violettes destinées à réjouir les regards du bon Dieu lorsqu’il les abaisse à ses pieds, la perfection consiste à faire sa volonté, à être ce qu’il veut que nous soyons ». Ainsi, la sainteté n’est pas relative à tel ou tel, la sainteté elle est uniquement à Dieu qui désire nous élever jusqu’à Lui en nous comblant de Sa propre perfection.
Dès lors, ce qui fait les saints ce n’est pas une particularité personnelle mais c’est Dieu, c’est bien Dieu qui fait les saints. Ainsi avant que de considérer les œuvres des saints, il nous faut toujours nous attacher à cette relation qu’ils ont tissés au long de leurs vies avec Dieu, relation avec Dieu qui les a transformé peu à peu, qui les a modelé jusqu’à faire d’eux ces saints que nous les connaissions ou pas. Et dès lors, un saint c’est simplement celui ou celle qui a porté en plénitude cette relation que nous avons tous avec Dieu, cette relation qui s’enracine dans notre baptême. Car nous sommes tous nés saints le jour de notre baptême. Et c’est peut-être cela qui peut nous paraître comme étant quelque peu terrifiant ou tout du moins dérangeant, nous avons tous reçu Dieu, nous partons tous de la même base dont Dieu nous a doté par grâce mais nous ne vivons pas tous de ce don qui nous est fait, nous ne vivons pas tous en prenant véritablement au sérieux la présence de Dieu, notre vocation.
Rappelons nous ce que disait Ste Mère Teresa : la différence entre un saint et celui qui ne l’est pas c’est simplement je veux ou je ne veux pas. Est-ce que je veux vivre de ce don que Dieu fait de Lui-même en chaque instant, en chaque moment ou bien est-ce que je veux vivre selon mes opinions, mes passions, ma volonté propre. Oh nous le savons bien, nous sommes bien souvent partagé entre ces deux orientations de nos vies : orientation pour Dieu, orientation pour nous même et bien les saints eux ne sont pas partagés, ils sont unifiés et unifiés en Dieu.
Ainsi lorsque nous considérons les saints du ciel ne nous disons jamais que nous ne pouvons pas être saint car la puissance de Dieu peut tout mais elle peut tout si nous nous offrons nous même en victime de sa grâce ; lorsque nous considérons les saints du ciel ne nous disons jamais que nous ne pouvons pas mais admettons que bien souvent nous ne voulons pas, admettons que bien souvent nous demeurons dans cette abjecte tiédeur qui dans un sens vit de l’amour divin mais qui demeure dans un même temps attaché à tant d’amours humains… Mais on ne peut pas être saint à demi, on ne peut pas être saint à moitié…
Et en ce jour solennelle se déploie sous les yeux de nos âmes cette foule innombrable des saints du ciel, cette foule immense qui nous invite à vivre ce chemin unique de l’union à Dieu, de l’unification de nos vies sous le regard divin. Cette foule immense nous invite à reconnaître que nous pouvons tous, je dis bien tous, elle nous invite à reconnaître que nous pouvons tous être saint, et cela simplement en appliquant toute notre volonté, tout notre désir à vivre de Dieu, à vivre en Dieu, à vivre pour Dieu, simplement en aimant Dieu non dans une demi mesure mais pleinement, en aimant Dieu comme Dieu nous aime, voilà bien là la véritable sainteté, voilà bien là notre véritable vocation.
Amen


29 Octobre - 30ème Dimanche du Temps Ordinaire

Tout au long de notre vie nous nous posons intérieurement la question de savoir comment bien agir, quelle est la meilleure décision, le meilleur choix, la meilleure orientation. Ce questionnement habituel est pour chacun de nous enraciner dans la recherche de la volonté de Dieu et cela dans la certitude que la volonté de Dieu correspond au meilleur chemin que nous pouvons parcourir, correspond à la croissance de la plénitude de notre être et de notre sainteté. Ainsi, pour nous, nous nous demandons toujours quelle est la volonté de Dieu pour ce choix, cette décision et parfois la volonté de Dieu peut nous sembler obscure et bien aujourd’hui, en ce dimanche, le Christ nous donne le fondement de cette volonté de Dieu et par là nous donne une clef pour résoudre tous ces questionnements existentiels. En effet, le Christ nous dit bien aujourd’hui que ce qui doit gouverner notre vie c'est-à-dire ce qui doit commander notre existence tel un capitaine commande son navire ce sont ces deux harmoniques :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même »
Et en cela, remarquons que le Seigneur ne nous laisse pas des interdits, le Seigneur ne nous dit pas ce qui nous interdit dans une logique de morale d’obligation, le Seigneur nous dit quel doit être l’élan de notre existence et cet élan, cette dynamique vitale est celle de l’Amour, l’Amour de Dieu et du prochain. Ainsi c’est porté par cette recherche de l’Amour de Dieu et du prochain que doit se déployer notre existence, que doivent se fonder nos choix, nos orientations. Et ne pensons pas trop vite que cela nous laisserait dans une certaine abstraction car l’Amour de Dieu et du prochain voilà bien là des choses concrètes qui vont bien à l’encontre de l’élan porté par notre temps qui ne cherche que l’amour de soi-même dans un égocentrisme effréné, qui ne désire que le bien-être pour soi.
Ainsi, le Christ nous invite à suivre une autre voie que celle de notre temps et cette voie est portée d’abord par notre amour de Dieu, par cet Amour de Dieu qui nous fera Le rechercher en chaque instant, en chaque moment et qui nous fera également poser sur chaque personne le même regard que le bon Dieu Lui-même, qui nous conduira à l’amour du prochain et de tous nos prochains. Gardons bien à l’esprit que notre amour du prochain découle de notre amour de Dieu ; l’Amour de Dieu est source de la véritable charité. Dès lors, l’unique questionnement qui doit habiter notre existence est bien celle de savoir comment aimer le bon Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit et bien la seule réponse à cette question réside dans l’Amour même qu’est Dieu car c’est l’Amour qui provoque l’amour, c’est l’Amour de Dieu à notre encontre qui provoque et suscite notre amour de Dieu. Dieu nous aime, nous le savons mais en quoi cet amour de Dieu s’est manifesté et se manifeste encore ?
Il est certain que l’ensemble de la vie du Seigneur Jésus est un signe des plus éminents de l’Amour de Dieu. L’incarnation, la passion, la mort et la résurrection du Seigneur en notre faveur, en faveur de notre salut voilà l’expression de l’amour divin mais l’amour divin ne s’arrête pas à cela, il est pleinement actuel dans ce don que Dieu fait de Lui-même à chaque eucharistie, dans le don de sa miséricorde dont Il nous comble à chaque confession, dans sa présence aimante à chaque prière que nous Lui adressons, dans le travail de la grâce en nous qui peu à peu nous établi dans une communion plus grande avec Lui. L’amour de Dieu il est là, actuel, agissant mais agissant dans le silence et dans l’intimité, agissant au plus profond de nos âmes, nous transformant peu à peu. Découvrir l’Amour de Dieu pour nous nécessite simplement que nous prenions le temps de le découvrir dans le silence de la prière et de la contemplation laissant nos âmes être saisi par Lui.
Alors en ce dimanche oui attachons nous à vivre guidé par ces deux commandements divins : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Tu aimeras ton prochain comme toi-même » mais surtout attachons-nous à découvrir sans cesse cet Amour fou que Dieu a pour chacun de nous car voilà le véritable élan de notre vie, de notre existence, de notre conversion, de notre vertu, de notre sainteté. Oui, nous sommes aimés de Dieu et nous sommes invités à vivre de l’Amour divin.

Amen.

22 Octobre - 29ème Dimanche du Temps Ordinaire

« Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu », cette réponse du Seigneur Jésus à la controverse lancée par les pharisiens semble être une pirouette langagière permettant au Seigneur de ne pas tomber dans le piège tendu. En effet, si le Christ avait dit qu’il fallait payer l’impôt il aurait été accusé de collusion avec l’occupant Romain, si le Christ avait dit qu’il ne fallait pas payer l’impôt il aurait été accusé de révolte contre l’empire… Il est donc vrai que la réponse du Seigneur est pleine de finesse cependant, elle nous enseigne également quelque chose de fondamental.
Au premier abord cette phrase « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » semble séparer ces deux sphères de la société que sont le politique et la religion et c’est d’ailleurs cette vision qui est brandit lorsque l’Eglise porte une parole sociétale ; le politique ne devrait pas interférer dans la religion et surtout la religion ne devrait pas interférer dans la  politique... Mais en réalité, cette séparation n’est qu’illusoire, elle n’est que langagière. Pour s’en rendre compte il suffit simplement de se poser la question de savoir qui donne à César d’être et d’exister ? Sans chercher trop loin, c’est bien Dieu qui donne à César d’être et d’exister ainsi ce qui est à César est à Dieu. Pour le dire autrement on ne peut affirmer que Dieu est principe et origine de toute chose et dans un même temps exclure Dieu de la conduite de nos sociétés.
Certain dirait que la Foi ne concerne pas l’ensemble des membres de la société et c’est peu de le dire aujourd’hui et que dès lors la Foi ne peut être éclairante dans l’ordre communautaire. Mais l’enseignement divin, parce qu’il conduit l’homme à atteindre sa plénitude peut être le fil directeur pour toute société même laïque en ce sens qu’en portant les commandements divins qui s’adressent et concernent l’homme, en sauvegardant la vertu, nous n’allons pas contre l’homme, bien au contraire. Dieu, la foi catholique ne vont pas contre l’homme, bien au contraire. C’est bien dans ce sens que l’Eglise se doit de rappeler à toutes les sociétés les valeurs fondamentales qui doivent les porter et parmi elles de rappeler en particulier la dignité de toute personne humaine de sa conception à sa mort naturelle.
Mais la difficulté pour nous français, c’est que la laïcisation de la société a produit une séparation qui se veut non poreuse entre la Foi qui est personnelle et la politique au sens large du terme qui est communautaire. Mais la Foi ne peut être mise au placard même dans l’ordre politique car si la Foi nous donne de nous tourner vers Dieu, la Foi nous donne également de recevoir la véritable identité de l’homme. L’homme ne peut être schizophrène en s’attachant au Seigneur dans le cadre privé et en le reniant dans le cadre public car il ne suffit pas de se dire catholique pour l’être mais il faut agir comme tel et oui, il y’a un agir catholique même en politique.
Dans cette considération là, nous pourrions nous sentir quelque peu exclu car nous ne sommes pas, pour la plupart, des personnages politiques publics mais en réalité, cette unité de vie si elle doit être l’apanage des élites politiques, elle doit être également au cœur de notre propre chemin de vie. L’unification de nos êtres dans le Christ, voilà ce qui doit atteindre chaque cœur et chaque âme, unification de notre agir avec notre Foi, unification de notre pensée avec notre Foi, unification de notre personne dans le Christ. Et si aujourd’hui nous nous laissions nous même interroger par le Seigneur en considérant ce qui dans nos vies est à Dieu et en considérant tout ce qui ne l’est pas, quelle serait la part de Dieu en nos existences ? Appartenons-nous à César ou bien appartenons-nous à Dieu ?...

Alors en ce dimanche tâchons de redonner au Seigneur la première place en nos vies c'est-à-dire en chaque instant de nos vies, que le Christ soit présent dans chaque moment de nos vies, dans chaque rencontre, dans chaque action, dans chaque discussion oh non pas comme un étendard mais comme cette présence aimante de Dieu qui soutient notre personne et toute notre personne. Amen.

15 Octobre - 28ème Dimanche du Temps Ordinaire

Il est certain que la parabole que nous livre le Seigneur Jésus avait comme objet premier de dénoncer le manque de Foi d’une grande part du peuple d’Israël, ce peuple choisi par Dieu qui ne reconnu pourtant pas Dieu venu à leur rencontre et qui déclina l’invitation à la Foi et au Salut. Par suite de leur refus, cette invitation fut adressé à l’ensemble de l’humanité qui est encore aujourd’hui convié à reconnaître le Seigneur Jésus et, dans la Foi, à accepter le Salut qu’Il a établi par le sang de sa croix. Mais cette parabole, par delà cette réalité essentielle de l’universalité du salut nous rappelle quelque chose d’essentiel, c’est le don gratuit de Dieu.
En effet, la parabole commence simplement par préciser que le roi invite au festin des noces de son Fils. Les invités n’ont donc aucuns mérites à être convié à ces festivités et il en est de même pour le bon Dieu. Dieu nous invite à vivre de sa vie, et son invitation ne rejoint pas nos qualités, ne fait pas suite à nos réussites, il n’y a pas de sélection en fonction de quelques critères que ce soit. Dieu invite l’ensemble de l’humanité. Reprenons conscience en ce dimanche que l’incitative de notre naissance à la vie divine et de notre vie spirituelle, l’initiative de la grâce qui inonde nos âmes, l’initiative de la miséricorde divine dont nous pouvons être comblés, l’initiative même de notre salut, tout cela Dieu nous en est l’unique auteur. Dieu est à la recherche de l’homme, Dieu est à la recherche de chacun de nous et Il se livre à nous de manière pleine et entière, de manière gratuite.
Mais si cela est vrai pour les prémices de la vie de la grâce en nos âmes, cela est également vrai pour la suite. Toujours et partout, lorsque nous nous remettons face au Seigneur, lorsque dans l’intimité de la prière nous le rejoignons, lorsque nous recevons sa grâce, lorsque nous le recevons en communion, nous ne pouvons jamais nous prévaloir d’avoir mérité ces dons immenses qui nous sont faits même si nous tâchons d’en être digne car nous ne sommes jamais à la hauteur de la perfection qu’est Dieu. Dieu nous donne tout et cela à chaque instant. Voilà bien cette douce réalité qui devrait nous saisir l’âme en nous faisant certes ressentir notre petitesse mais surtout en nous révélant l’attention divine pour chacun de nous, cette attention divine qui donne du prix à chacune de nos vies, à chacune de nos existences. Oui, nous sommes aimés de Dieu, de cet amour désintéressé et totale qui conduit Dieu à se livrer à nous, à nous accompagner, à nous soutenir, à nous pardonner, à nous relever. L’Amour de Dieu n’est donc pas de cette mièvre guimauve qui peut inonder les romans à l’eau de rose, l’Amour de Dieu est complet total, Il s’inscrit dans ce don sanglant qu’Il fait de Lui-même pour nous et pour notre salut, tout cela sans que nous n’ayons mérité quoi que ce soit. Bien chers amis, c’est cette conscience là, cette réalité là qui dans la contemplation fait jaillir un nous cet amour de Dieu qui nous fera tâcher de Le rechercher davantage et là encore non pas par devoir de réciprocité car nous ne pouvons rien rendre à Dieu que nous ne l’ayons reçu de sa main, non par une réciprocité commerciale mais simplement comme une réponse amoureuse au don totale que Dieu fait de Lui-même pour chacun de nous.
Alors en ce dimanche, tâchons simplement de recevoir cette invitation au Salut que nous adresse à tous le Seigneur et avant même de penser y répondre par le don de nos vies, goûtons l’Amour infini de Dieu qui éclaire cette invitation personnelle au Salut, laissons-nous irradier par cet Amour divin qui seul pourra nous permettre de répondre à cette invitation avec un amour ardent.
Amen.


8 Octobre - 27ème Dimanche du Temps Ordinaire

Cette parabole des vignerons homicides nous la connaissons bien, déployant l’ensemble de l’histoire du peuple d’Israël, la parabole en saisi les éléments essentiels. Et ce qui est bien certain c’est que du point de vue des vignerons c'est-à-dire du peuple d’Israël, l’histoire n’est pas très glorieuse après avoir malmené les serviteurs du maître de la vigne c'est-à-dire les prophètes, ils ont été jusqu’à l’assassinat du Fils du Maître de la vigne, jusqu’à l’assassinat du Seigneur Jésus Christ et cela pour d’obscurs motifs.
Du point de vue du peuple d’Israël ce n’est pas très glorieux mais si nous considérons quelque peu le maître de la vigne, figure de Dieu le Père alors nous pouvons être édifié. En effet, nous pouvons d’abord percevoir la bonté initiale du maître qui va faire confiance à ces vignerons : la vigne leur est confié et en leur faisant confiance le maître leur donne de pouvoir exercer leurs métiers et leur donne aussi de vivre de leur travail. Et cela est image de la bonté de Dieu qui fait confiance au peuple d’Israël qu’Il constitue et auquel Dieu donne de pouvoir recevoir peu à peu la Révélation divine et d’initier une relation existentielle avec Lui. Et tout comme il n’y a aucun mérite à l’endroit des vignerons qui ne font que leur ouvrage profitant de l’offre d’emploi qui leur est faite, de même il n’y a aucun mérite du côté du peuple d’Israël qui reçoit ce choix divin qui le constitue et se voit délivrer la Révélation divine comme un présent inattendu.
Puis arrive le moment de la remise des fruits de la vigne et là c’est bien la patience infini du maître de  la vigne que nous enseigne la parabole. Il envoit des serviteurs qui sont malmenés et tués, de notre côté cela aurait suffit à exterminer les vignerons mais tel n’est pas le cas du Maître de la vigne qui envoie une nouvelle fois d’autres serviteurs qui vont subir le même sort et qui va ensuite envoyer son propre fils. Et bien oui Dieu agit ainsi avec le peuple d’Israël, malgré l’infidélité de ce peuple Dieu garde patience et continue de lui prodiguer ses soins, lui délivrant ses dons même si ces derniers sont parfois rejeté ou mis à l’écart. Et Dieu le Père a voulu alors combler ce peuple en lui envoyant Dieu le Fils mais Dieu le Fils fut assassiné, cloué sur une croix. Cette patience de Dieu qui se déploie dans l’histoire du peuple d’Israël est immense et elle ne peut-être porté que par l’amour qui seul peut conduire au don de soi, au sacrifice ultime.
Mais ce n’est pas tout, la parabole va encore plus loin que ce que nous pourrions imaginer. En effet, si les grands prêtres et les anciens réclament en un sens l’extermination des vignerons homicides, tel n’est pas le cas du Seigneur Jésus qui précise simplement que la vigne sera enlevé aux vignerons homicides et qu’elle sera confiée à d’autres vignerons qui donneront les fruits en temps voulu. Nulle trace d’extermination mais simplement une mise à l’écart, une douce mise à l’écart si l’on considère l’agissement criminel des vignerons homicides, douce mise à l’écart qui manifeste encore une fois la patience du Seigneur tout comme sa miséricorde. Et il nous faut bien convenir que la manière d’agir du maître de la vigne est bien éloignée de notre propre manière d’agir si nous avions dû affronter pareille situation et il est bien vrai d’affirmer que la bonté de Dieu, sa patience, sa miséricorde dépasse tout ce que l’on peut imaginer.
Et bien, ce que nous apprend la finale de l’évangile c’est que cette vigne elle nous est confiée à nous, à nous membre de l’Eglise, membre de ce nouveau peuple constitué par le Christ Lui-même et qui a comme mission de vivre de la grâce et de la dispenser au monde. Nous sommes nous aujourd’hui les vignerons dans la vigne du Seigneur. Comme tel, nous ne pouvons pas ignorer le sort de nos prédécesseurs et nous ne pouvons que redouter pour nous même les erreurs qui les ont conduites à être évincées. Ainsi il nous faut nous attacher à la Parole que Dieu nous adresse par tous ses serviteurs qu’Il nous envoie, par tous les saints qui nous indiquent la voie à suivre, il nous faut nous attacher à la Parole de Dieu par laquelle Dieu nous rejoint, à la Parole de l’Eglise par laquelle Dieu nous enseigne et surtout, surtout il nous faut accueillir le Fils, l’accueillir véritablement en nos vies, en nos cœurs et en nos âmes. Et quelle joie, quel plaisir que de pouvoir travailler à la vigne du Seigneur, que de pouvoir être nourri de la grâce, que  de pouvoir éprouver toute la bonté, la patience, l’Amour et la miséricorde du Seigneur. Dieu nous confie le Royaume, établissons-nous dans sa grâce pour le recevoir dans l’éternité.

Amen.

1er Octobre - 26ème Dimanche du Temps Ordinaire

En ce dimanche, nous pourrions résumer l’enseignement du Seigneur Jésus et particulièrement la parabole en disant que ce qui est important ne réside pas tant dans le fait de dire ce que nous allons faire mais dans ce que nous faisons réellement. Et s’il est vrai que nous pouvons vérifier cela dans la vie courante, cela est également bien vrai dans notre vie spirituelle.
Dans la vie courante, nous sourions parfois intérieurement en entendant certains nous rendre compte de tout ce qu’ils vont faire dès demain, nous sourions intérieurement car nous savons que ce ne sont que des mots et que lorsqu’il faudra mettre la main à la pâte et bien, de fait, tout semblera disparaître et les belles paroles, les beaux désirs seront simplement rangés dans l’extase du moment. Oh bien sûr nous sourions intérieurement en entendant certains mais il nous faut aussi parfois reconnaître que nous parlons nous aussi parfois un peu trop vite. Rappelons-nous toujours de la parabole de la paille qui est dans l’œil du voisin et de la poutre qui est dans le nôtre.
Dans la vie courante, nous pouvons tous l’affirmer, il vaut mieux faire plutôt que dire que l’on va faire mais c’est également vrai dans la vie spirituelle. En considérant chacun de nos cœurs, nous y percevons tous les désirs de grandeur, ô non pas grandeur aux yeux du monde mais bien aux yeux de Dieu, tous ces désirs de sainteté, de conversion, de charité et dans notre prière nous les manifestons au Seigneur, dans ces temps de prière où il nous semble être emporté au ciel. Mais ensuite, lorsque l’on souffle la bougie mettant fin à ce temps de prière, qu’adviennent nos désirs… Trop souvent le quotidien reprend le pas et rien ne semble évoluer, nos décisions d’antan prise dans les moments de grâce semblent anéantis par le temps qui passe…
En réalité, que ce soit pour la vie courante ou la vie spirituelle, bien souvent nous désirons sans vouloir. Désirer sans vouloir, il nous semblerait que cela est impossible mais désirer sans vouloir cela signifie que nous désirons dans l’ordre des idées, nous désirons dans notre imaginaire mais nous ne voulons pas car nous ne mettons pas en œuvre nos désirs, nous n’actons pas nos désirs.
Nous pourrions, après avoir fait cette constatation, nous dire qu’il nous suffit de refreiner nos désirs quitte à les supprimer totalement, comme ça plus de problèmes : pas de désir, pas de volonté à mettre en œuvre. Mais en réalité ce serait un problème encore plus grand car sans désir l’homme n’a plus d’élan, plus de mouvement et telle une eau stagnante il fini par croupir… Il nous faut conserver nos saints désirs et mêmes les entretenir car ce sont eux qui orientent nos existences. Ainsi, la solution n’est pas dans la suppression des désirs, chose qui d’ailleurs semble impossible tant l’homme est un être de désir. La solution ne se trouve pas dans la suppression des désirs mais bien dans la mise en œuvre de notre volonté.
Et c’est bien ainsi dans notre vie spirituelle, c’est ce qui a d’ailleurs conduit Ste Mère Teresa à dire : il n’y a qu’une seule différence entre les saints et ceux qui ne le sont pas : je veux / je ne veux pas. Résumant en une formule dérangeante pour nous tous, cette réalité de la distance entre le désir et la volonté mise en œuvre. Mais alors s’agirait-il de sombrer dans un volontarisme à outrance ? Pour répondre à cela, il nous faut peut-être prendre exemple sur Ste Thérèse de l’Enfant Jésus que nous honorons en ce jour car Ste Thérèse avait de grands désirs et elle nous montre la voie d’accomplissements de ces saints désirs, elle écrivait :
« Je pensais que j’étais née pour la gloire, et cherchant le moyen d’y parvenir, le Bon Dieu […] me fit comprendre que ma gloire à moi ne paraîtrait pas aux yeux des mortels, qu’elle consisterait à devenir une grande sainte !!!... Ce désir pourrait sembler téméraire si l’on considère combien j’étais faible et imparfaite et combien je le suis encore après sept années passées en religion, cependant je sens toujours la même confiance audacieuse de devenir une grande sainte, car je ne compte pas sur mes mérites n’en ayant aucun, mais j’espère en Celui qui est la Vertu, la Sainteté Même, c’est Lui seul qui se contentant de mes faibles efforts m’élèvera jusqu’à Lui et, me couvrant de ses mérites infinis, me fera Sainte. ».
Alors bien chers amis, ayons de grands et saints désirs, ayons ce désir premier d’être des saints et mettons en œuvre notre volonté mais attention, non pas d’abord pour accomplir nos désirs car notre volonté est bien trop faible pour cela, mettons en œuvre notre volonté pour nous abandonner entre les mains de Dieu car c’est Lui seul qui nous modèlera par sa grâce pour correspondre à nos saints désirs, c’est Lui seul qui est notre vertu, notre sainteté, notre sanctification. Nous abandonner entre les mains du Seigneur, voilà l’objet premier de notre volonté.
Amen.

24 Septembre - 25ème Dimanche du Temps Ordinaire

« Mes pensées ne sont pas vos pensées, mes chemins ne sont pas vos chemins », cette parole du Seigneur portée par le prophète Isaïe nous invite tout d’abord à reconnaître la Toute Puissance divine, cette puissance qui permet à Dieu de féconder l’histoire, de féconder l’histoire du monde ainsi que notre propre histoire. Dieu créateur de toute chose, possède en sa main chaque élément du monde. Dieu origine de toute existence possède cette vision globale sur l’univers qui échappe à l’esprit humain. Toute chose appartient donc à l’entendement divin tout comme le déroulé de l’histoire humaine.
Ainsi, même si l’histoire du monde est portée par les décisions prises par le genre humain, Dieu Lui-même se fait acteur de cette histoire à tel point que même au milieu des mauvais passages de l’histoire humaine fruit de ces mauvais choix humains, Dieu était présent. Et pour prendre un exemple de cela, on a souvent accusé Dieu d’être absent de cet obscur temps des chambres à gaz alors que même au milieu de cette histoire dramatique, inhumaine, Dieu était présent et agissant et nous pouvons en ce sens penser au Père Maximilien Kolbe qui prit la place d’un prisonnier père de famille et qui fut exécuté à sa place, donnant sa vie, livrant sa vie à l’ignominie pour préserver un tant soit peu le bien. Et combien sont nombreux les autres exemples qui manifestent cette action de Dieu à travers ses disciples.
Mais en réalité, ce que l’on reproche bien souvent à Dieu c’est de ne pas agir directement, je dirai même brutalement dans l’histoire humaine et même dans notre propre histoire. Nous aimerions en effet que le bon Dieu intervienne en annihilant, en détruisant le mal ainsi que les méchants. Et c’est peut-être dans ces moments que la parole divine portée par le prophète Isaïe atteint toute sa portée, prend toute sa valeur. Car si nous aimerions que Dieu intervienne tel un Zeus exerçant son pouvoir pour anéantir le mal et les méchants, si nous aimerions cela, et bien ce n’est pas la manière d’agir de Dieu et c’est bien en ce sens que nos pensées ne sont pas celles de Dieu, que notre manière de voir les choses n’est pas celle de Dieu. Et nous pourrions être frustré de cette différence, nous pourrions être frustré que Dieu n’agisse pas en fonction de nos désidérata, de nos points de vue, de nos opinions, en définitive, nous pourrions être frustré que Dieu n’agisse pas en fonction de nous, et nous sentons bien là un égocentrisme empli d’orgueil qui voudrait nous placer au-dessus de Dieu. Mais cette frustration doit être balayée par la confiance, cette confiance qui reconnaît à Dieu sa bonté essentielle et qui reconnaît que Dieu agit dans le monde de la meilleure manière qui soit. Oh bien sûr, cela peut sembler difficile à saisir dans les moments noirs de l’histoire humaine ou dans les moments noirs de nos histoires personnelles mais ce n’est pas parce que nous ne saisissons pas tout que Dieu serait absent, ce n’est pas parce que nous ne comprenons pas tout que Dieu n’agit pas de la meilleure manière qui soit car la connaissance de Dieu nous dépasse bien largement, car les pensées divines sont bien plus élevées que les nôtres, tout comme ses chemins sont bien plus précis.
Ainsi en ce dimanche, nous pouvons demander au Seigneur cette première grâce de ne jamais nous considérer comme détenteur de la vérité du monde et du temps et même de l’évènement afin qu’avec humilité nous laissions le Seigneur nous aider à discerner la meilleure manière d’agir et de réagir. Car si les pensées de Dieu, si les chemins de Dieu nous dépassent, Dieu désire malgré tout nous conduire sur ses chemins à Lui et Dieu désire nous permettre de participer à ses pensées à Lui. Et c’est seulement en nous abandonnant à la pensée divine, aux chemins divins, qu’empli de confiance en Dieu nous avancerons dans le monde et dans la vie éclairée non par nos opinions mais bien porté par Dieu Lui-même.

Amen.

17 Septembre - 24ème Dimanche du Temps Ordinaire

L’Evangile de ce dimanche nous met face à cette réalité parfois si difficile, réalité du pardon et de la miséricorde entre nous, entre les membres de notre humanité. Et la question de St Pierre est elle-même signifiante en cet ordre ; en effet St Pierre demande combien de fois il doit pardonner, il ne demande pas combien de fois il devrait éventuellement, combien de fois il est invité ou il pourrait pardonner mais bien combien de fois il doit pardonner. Le pardon est donc dès la question posé en termes de devoir mais quelle est le nature de ce devoir ? Nous pourrions penser que ce devoir est de l’ordre moral, s’imposant à nous comme une obligation morale le pardon serait dès lors purement et simplement obligatoire. Nous serions ici dans une lecture légaliste du pardon mutuel. Mais nous sentons bien que cette lecture est quelque peu dérangeante oh non pas d’abord parce que nous n’aimerions pas les règles, elles sont nécessaires mais bien plutôt parce que la règle ne semble pas pouvoir s’appliquer par nature au pardon. Et nous aurions raison car le pardon ne se vit pas d’abord dans l’ordre du devoir moral, le pardon n’a pas comme moteur premier la loi car tout comme on ne peut obliger quelqu’un à aimer, on ne peut pas non plus obliger quelqu’un à pardonner véritablement c'est-à-dire intérieurement.
Le moteur du pardon, nous le savons tous c’est l’amour. Et si nous voulions nous en convaincre il suffit de remarquer combien nous tolérons bien plus les outrages de ceux qui nous avons de l’affection que pour ceux qui nous sont plus ou moins étranger. Le pardon est donc bien une histoire d’amour. Ainsi, si nous devons pardonner, c’est l’amour qui nous y oblige.
Mais dès lors autre dilemme, en quoi l’amour nous obligerait à pardonner quelqu’un qui nous a fait souffrir au pont que l’affection que nous avions peut-être pour cette personne a été anéantie par la douleur, ou bien même, en quoi l’amour nous obligerait à pardonner quelqu'un pour qui nous n’avions jamais d’affection ?
Et bien c’est Christ qui nous donne la réponse à ce dilemme car si l’amour nous oblige à pardonner ce n’est pas d’abord l’amour de l’autre, ce n’est pas d’abord l’affection que nous avons pour l’autre ; si l’amour nous oblige à pardonner c’est de l’Amour de Dieu dont il est question. C’est bien parce que nous savons que Dieu désire nous faire miséricorde, que Dieu désire nous pardonner que nous sommes convoqués nous aussi, à son image, à pardonner à ceux qui nous ont fait du tort. Et pour bien prendre conscience de cette réalité, il nous faut prendre conscience que la moindre offense accomplie envers Dieu par le péché est bien plus grave que toutes les offenses qui peuvent nous être faites de manière habituelle et pourtant, et pourtant Dieu offensé nous fait toujours miséricorde si nous nous tournons vers Lui porté par une véritable contrition. Dieu nous fait toujours miséricorde et nous nous ne voudrions pas faire miséricorde à ceux qui nous ont fait du tort…
Ainsi donc, c’est parce que Dieu nous fait miséricorde que nous devons pardonner, c’est pace que Dieu nous fait miséricorde jusqu’à 70 fois 7 fois que nous devons pardonner jusqu’à 70 fois 7 fois.
De plus, il y’a une réalité tout à fait humaine, signe de notre origine en Dieu, qui marque bien ce devoir de pardonner porté par la miséricorde même de Dieu. Ce signe c’est qu’un refus de pardonner peut conduire l’âme toute entière et donc la personne à sombrer dans une aigreur languissante qui, clouant l’âme au sol, l’empêche tout simplement de vivre. Le refus de pardonner peut agir comme un poison jusqu’à l’effondrement intérieure de la personne.
Et si nous avons un ou des pardons difficiles à donner laisser moi vous conter cette histoire :
L’affaire avait fait grand bruit en juillet 2009. Martin Mervoyer, 19 ans, est mort cet été là, tué d’une balle en plein cœur à la sortie d’une boite de nuit alors qu’il essayait de calmer une discussion qui tournait mal. Ses parents, Martine et Frédéric, avaient alors expliqué qu’ils pardonnaient à l’assassin de leur fils au nom de leur Foi.
« Pardon et libération c’est le même mot en grec, ça veut dire que quand on pardonne on se libère, parce que la haine c’est un poison, on se libère et on libère l’autre, au niveau des bonnes relations humaines, le pardon est une voie universelle… » confie le père de Martin.
Le père de Martin qui poursuit en disant : « « Je m’inscris dans la foi chrétienne, je fais alliance avec Dieu depuis toujours, poursuit le père endeuillé. Je laisse Dieu s’exprimer en moi, cette compassion fait partie de ma foi, elle ne m’appartient pas, c’est presque comme le pardon du Christ qui me traverse et qui doit aller au monde […] Bien sûr que face à Dominique (l’assassin de mon fils), je ne vais pas lui dire « tu as tué mon fils c’est bien », le fait est brutal, condamnable, mais en tant qu’homme je peux quand même t’aimer. Le père de Martin avait même déclaré à propos du meurtrier de son fils : « Je pourrais le serrer dans mes bras s’il acceptait » ».
Quelle leçon de Foi qui ne peut nous encourager à vivre aussi pleinement de notre Foi, à pardonner porté par la miséricorde infinie du Seigneur.
Amen.

jeudi 14 septembre 2017

10 Septembre - 23ème Dimanche du Temps Ordinaire

Bien chers amis, l’évangile de ce dimanche, ne nous donne pas un de ces grands principes si essentiels pour gouverner nos vies, l’évangile de ce dimanche, le Christ Lui-même nous donne une pratique à mettre en œuvre, pratique qui s’enracine dans la véritable charité mais pratique qui va bien à l’encontre de notre manière de procéder de façon habituelle et je dirai presque de façon naturelle.
En effet, lorsque quelqu’un nous fait du tort, nous agissons habituellement d’une manière différente à celle de l’évangile. C'est-à-dire que lorsque quelqu’un nous a fait du mal nous avons parfois cette habitude de le répéter à ceux qui nous entourent, proche ou moins proche et dans une sorte de proclamation discrète nous annonçons à tous ce que cette personne a fait. Et c’est seulement et éventuellement dans un second temps que nous allons trouver cette personne pour la mettre face au mal qu’elle a provoqué en nous.
Mais le Christ dans l’Evangile nous invite à aller directement trouver la personne qui nous a fait du tort et nous invite donc à ne pas proclamer à tous le mal commis à notre encontre : « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul ».
Mais pourquoi agissons-nous ainsi, pourquoi avons-nous cette tentation de proclamer le mal commis par autrui à notre encontre avant que d’aller éventuellement trouver la personne concernée ?
Nous pourrions tout d’abord penser que partager notre douleur avec d’autres amenuiserait cette douleur. A ce sujet Kafka écrivait : « Quand tu es devant moi et que tu me regardes, que sais-tu des souffrances qui sont en moi et que sais-je des tiennes ? Et si je me jetais à tes pieds en pleurant et en te parlant de moi, que saurais-tu de plus que ce que tu sais de l’enfer quand quelqu’un te raconte qu’il est chaud et terrible ? ». La douleur est intime et le fait de la partager ne conduit pas toujours les autres à la reconnaître et même au contraire, ils l’évacuent parfois par ces simples mots « ce n’est pas grave » produisant en nous un sentiment de solitude face à la douleur subie réellement.
Nous pourrions également agir ainsi c'est-à-dire partager la douleur subie afin de faire souffrir la personne qui nous a fait souffrir et cela en abimant l’image que les autres se font de cette personne, en dévoilant les torts que cette personne nous a fait ; il y aurait là comme un esprit de vengeance inavoué.
Mais le Christ nous indique une autre voie, une autre manière d’agir, Il nous indique la manière chrétienne d’agir qui doit nous conduire à aller directement trouver la personne qui nous a fait souffrir et le Christ semble quelque peu mystérieux : « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère ». « S’il t’écoute tu as gagné ton frère », qu’est ce que cela peut dire si ce n’est qu’en allant trouver la personne qui nous a fait du tort et en mettant cette personne face aux torts qu’elle nous a fait, nous lui permettons de prendre conscience du mal commis et nous lui permettons également de demander pardon et de grandir sur le chemin de la conversion, sur la voie de la vertu. Ainsi, le Christ nous invite à demeurer fidèles dans nos rapports les uns avec les autres, à demeurer fidèles à la dynamique de vérité, de pardon et de miséricorde.
Et le Christ ne fait pas non plus dans l’angélisme car si la personne ne reconnaît pas le mal qu’elle a produit, les torts qu’elle a fait cela peut conduire jusqu’à la considération d’être en dehors de l’Eglise. Il ne s’agit donc pas ici de bon sentiment, mais bien d’un réalisme qui prend en considération chaque personne mais qui s’enracine dans la vérité et la miséricorde.
Mais à travers tout cela, si nous considérons ceux qui nous ont fait du tort, il nous faut également nous considérer nous même dans le tort que l’on peut faire aux autres, dans le tort que l’on peut faire directement à Dieu dont nous blessons la relation par le péché, dans le tort que l’on fait à Dieu à travers le mal que nous faisons aux autres. Gardons à l’esprit cette autre phrase évangélique : « qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton voisin alors que tu ne vois pas la poutre qui est dans le tien ». Ainsi, il nous faut également être assez humble pour reconnaître ses torts, être assez humble pour demander pardon, assez humble pour être pardonné. Et si cela est vrai dans nos relations interpersonnelles, cela l’est bien plus envers le bon Dieu qui nous propose toujours sa miséricorde dans le sacrement de la confession. Dieu qui par ce sacrement nous donne en plus de sa miséricorde la force et le courage d’être nous même disciples de miséricorde envers ceux qui nous entourent.
Alors en ce dimanche, demandons tout d’abord au Seigneur la force et le courage d’aller toujours trouver ceux qui nous ont fait du tort avant que d’en avertir la terre entière, et demandons également au Seigneur de faire grandir en nous la vertu d’humilité afin que souvent nous nous remettions face à Lui dans le sacrement de la confession, source de l’Amour divin et donc source de toute miséricorde.

Amen.