Alors
qu’hier a été célébré la béatification du Bienheureux Père Marie Eugène,
fondateur de l’institut Notre Dame de vie et auteur d’un ouvrage spirituel
particulièrement remarquable publié sous le titre de « Je veux voir
Dieu », ouvrage que je vous recommande, l’évangile de ce dimanche nous
place en face de la sainteté à travers un saint que nous n’avons peut-être pas
discerné mais que nous connaissons tous sous le pseudonyme du « bon
larron ». Car oui, le bon larron est saint et c’est d’ailleurs le seul saint
canonisé par le Christ par la parole : « Aujourd’hui, avec moi, tu
seras en Paradis ». Et bien ce bon larron a un nom, il s’agit de saint
Dismas et je ne résiste pas à vous conter la petite histoire qui l’accompagne.
Au
temps de la fuite en Egypte, alors que St Joseph, la Vierge Marie et le tout
jeune enfant Jésus fuient la cruelle menace d’Hérode Ier quittant la
Palestine pour aller se réfugier en terre d’Egypte. On raconte que sur la route
deux brigands dévalisèrent la Sainte Famille de son argent et de son âne mais
Dismas intervînt et les leur fit rendre tout ce qu’ils avaient pris, parce que
c'étaient des pauvres gens sur la route de l'exil. L'Enfant-Jésus remercia
Dismas tout en lui promettant qu'il lui revaudrait çà à l'occasion. Chacun
reprit sa route et Dismas continua à être un larron, un voleur, mais Jésus ne
l'oublia pas et à la dernière minute Il lui adressa ces paroles qui lui
ouvrirent les portes du Paradis.
C’est
une jolie histoire qui n’a certes peut-être pas de grands fondements historiques
mais elle manifeste bien combien la charité est récompensée par le bon Dieu en
grâce de salut. Mais revenons à l’évangile.
Dans
ce dernier, saint Dismas nous manifeste l’essence même de la sainteté à savoir
que c’est bien le bon Dieu qui fait les saints, c’est le bon Dieu qui sanctifie
et qui justifie. Saint Dismas n’a fait qu’une chose, au dernier instant de son
existence il s’est confié au Seigneur, sans exigence et même au contraire en
reconnaissant que la justice humaine le condamnait justement mais Il s’est
remis entre les mains du Seigneur Jésus après avoir pris sa défense face au
mauvais larron. Et c’est ainsi que cette simple phrase, ces quelques
mots : « Jésus souviens-Toi de moi quand tu viendras dans ton
Royaume », cette parole là ouvre les flots de la miséricorde divine et
établis Dismas dans le Paradis.
Et
si nous pouvons reconnaître que la rédemption est communiqué gratuitement et
pleinement à l’humanité qui se tourne vers Dieu il nous faut également
réaffirmer qu’il n’est jamais trop tard, jusqu’au dernier souffle de vie chaque
personne peut poser ce choix radical. Et n’y voyons pas un quelconque calcul de
la part de Dismas, il souffre et sait qu’il va mourir, s’il se confie au
Seigneur il le fait en vérité, dans la gravité de l’instant et c’est bien dans
ces dispositions intérieures que chaque personne peut, en vérité, se tourner
vers le Seigneur jusqu’à son dernier instant.
Ô
bien sûr, pour nous, nous n’avons pas attendu ce dernier moment et par grâce
nous vivons d’ores et déjà de la Foi, porté par la présence vivante et
vivifiante du Seigneur Jésus ressuscité, mais cet épisode de St Dismas nous
invite à ne jamais désespérer de ceux qui nous entourent et qui ne vivent pas
dans la Foi. Il nous faut être fondé dans la belle espérance qu’eux aussi
découvrirons le Seigneur tout en priant ardemment pour chacun d’eux et en
essayant de leur manifester l’Amour de Dieu pour eux, en leur manifestant que
le Seigneur Jésus a étendu son règne de gloire uniquement par cette croix qui
se dresse sur le monde, par cette croix qui manifeste le sacrifice auquel Dieu
a consenti pour chacun de nous, que l’autorité du Seigneur n’est pas porté par
le glaive et le sang mais se trouve contenu dans cet amour donné totalement.
Alors
en ce dimanche, porté par l’exemple du Bx Père Marie Eugène, gardons fort à
notre esprit ce désir de sainteté qui doit nous animer, laissons nous saisir
par le Christ et confions nous à Lui à l’image de St Dismas. Prions pour tous
ceux qui sont loin du Christ afin qu’ils découvrent avant leur dernier souffle
le Roi de l’univers, ce roi d’Amour qu’est le Seigneur et qu’avec eux, au
moment venu nous puissions entendre le Seigneur nous dire : « avec
moi, tu seras en Paradis ».
Amen