C’est
bien le salut, notre salut, notre avenir éternel dont il est question en
l’évangile de ce dimanche. Et c’est bien une interrogation que nous devons
faire nôtre que nous livre l’évangile : qui seras sauvé ? Est-ce que
le nombre des sauvés est infime, est-il immense ?
Cette
question du salut rejoint même notre modernité qui se réfugie bien souvent dans
l’affirmation que nous irons tous au paradis dans une apocatastase universelle.
Ce salut universel donné à tous tend à répondre à cette angoisse existentielle
qui habite chaque personne humaine. Je dis bien chaque personne humaine car par
delà le paraître, par delà les belles envolées lyriques sur la finitude des
choses et leur engloutissement dans le néant, lorsque l’homme se retrouve seul,
cette question l’assaille malgré tous les faux semblants. Et pour exorciser
cette angoisse, on tend à affirmer que le salut est à tous. Et bien non, le
salut n’est pas à tous mais il est bien pour tous. C'est-à-dire que nul ne peut
se dire sauvé mais tous nous sommes sauvable. C'est-à-dire que nous ne
possédons pas le salut, il n’est pas nôtre, mais nous le recevons et nous le
recevons de celui qui l’a inauguré, le Christ Jésus.
Et
c’est bien là que se dessine la porte étroite qui tend à désigner cette
relation unique qui doit nous permettre, au jour qui sera le nôtre, qui doit
nous permettre de recevoir le salut des mains du Seigneur Jésus. Dès lors nous
n’irons peut-être pas tous au Paradis même si c’est bien là une belle espérance
mais ce que nous pouvons affirmer c’est que nous sommes tous appelés par le
Christ Lui-même à y trouver notre demeure éternelle. Car oui, le Christ est
mort pour tous, Il est ressuscité pour tous, Il est vivant pour tous et Il tend
la main à tous. Et la porte étroite ne pourra s’ouvrir pour chacun des membres
de notre humanité uniquement si tous reconnaissent le Christ Seigneur et
l’aimant, désirent être uni à Lui dans l’éternité.
Et
si aujourd’hui, maintenant, je demandais à chaque personne humaine si elle veut
entrer dans l’éternité, je suis pratiquement certain que tous répondront oui
mais l’éternité n’est pas un concept qui permettrait à l’homme d’échapper à la
mort et de posséder ce pouvoir immortel qui le ferait vainqueur du temps.
L’éternité a un visage, c’est celui de le Trinité Sainte, l’éternité a un seul
accès c’est le Christ et l’Eglise, l’éternité se poursuit en un chemin qui est
celui de la sainteté.
Alors
oui, le salut est possible, mais la damnation l’est également. L’enfer existe
et les grands spirituels nous disent qu’il est peuplé. L’enfer n’est pas un
grand méchant loup inventé pour dompter les adultes, l’enfer est cette réalité
de la négation de Dieu, du refus du Christ et de son salut. Notre éternité a
donc potentiellement ces deux visages et l’ensemble de notre existence oriente
notre choix qui ne sera posé qu’au moment de notre mort. Et ici, maintenant,
reprenons conscience que Dieu attend jusqu’au dernier moment, jusqu’à notre
dernier souffle, Dieu guette de la part de chacun un élan vers Lui pour
l’orienter vers l’éternelle béatitude. Dieu patiente jusqu’au dernier moment,
jusqu’au dernier battement de notre cœur. Et Dieu patiente par amour.
O
bien sûr il y’a des vies plus maléfiques que d’autres et les évènements nous en
donnent quelques visages, mais même pour ceux là, Dieu patiente et désire
répandre sa miséricorde. Et cela nous fait mal de l’admettre car l’image d’un
dieu vengeur rôde encore en nos esprits. Mais prenons un exemple. Prenons
l’exemple d’une mère qui a deux fils, l’un est parfait aux yeux du monde, il a réussi,
diplômé, embauché, riche, tout va pour le mieux. L’autre fils quant à lui a
tout râté, ses études, son avenir, il sombre dans la délinquance, la drogue, le
crime. Il est vrai que certaine mère aurait tôt fait de déshériter le second
fils mais d’autre mères demeureront fidèle à cet amour charnel, à cet amour
maternel et continueront, malgré tout, de soutenir, d’accompagner et d’essayer
d’aider ce fils, elles continueront d’aimer ce vilain petit canard. Et jusqu’au
bout elles espéreront une conversion, un mouvement de retour. Et bien Dieu agît
ainsi avec nous tous, Dieu est cette mère pétrie de patience, cette mère emprunte
d’une folle miséricorde car Dieu nous aime tous d’un amour infini et Il n’a
qu’un seul désir, que nous le laissions nous serrer contre son Sacré Cœur.
Et
cet exemple peut tout à fait expliciter la finale de l’évangile :
« il y’a des derniers qui seront
premiers et des premiers qui seront derniers » car ce second fils au
milieu de ses frasques aura peut-être fait une petite place au Seigneur au
milieu de sa misère morale et, se confiant à Lui malgré tout, atteindra
peut-être le ciel alors que le premier fils, celui qui a réussi aux yeux du
monde, pétri de sa suffisance, aura peut-être évacué totalement le bon Dieu
jusqu’à le rejeter consciemment. Il y’a bien des derniers qui seront premiers
et des premiers qui seront derniers…
Alors
en ce dimanche, prions les uns pour les autres afin que notre attachement au
Christ soit réel en notre vie et qu’il nous ouvre à l’éternité bienheureuse et
prions également pour tous les membres de notre humanité, les bons comme les
méchants, prions pour qu’ils reconnaissent le Christ, qu’en le reconnaissant
ils l’aiment ardemment et qu’en l’aimant ils se laissent tous combler de la
miséricorde divine pour entrer dans le Royaume Eternel.
Amen.