« À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes
disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres », cette
finale de l’évangile que nous venons d’entendre replace le commandement du
Seigneur dans le cadre de la vie quotidienne, il permet ce passage de la
théorie à la pratique. Et nous avons bien besoin d’accomplir ce passage,
d’incarner en nos vies ce que le Seigneur nous demande, ce qu’Il nous commande.
« Aimez-vous les uns les autres », ce commandement nous le
connaissons tous, nous savons tous qu’il résume l’ensemble de notre attachement
du Seigneur et qu’il doit qualifier notre vie mais en définitive qu’en
est-il ? Est-ce que cette charité fraternelle dont il est ici question est
véritablement vécue entre nous ? Ô nous nous attachons à vivre de cette
charité fraternelle avec ceux que nous connaissons, ceux qui nous sont proches
mais la communauté chrétienne ne se résume pas à nos connaissances ou à nos
affections. Là encore, nous le savons bien, le Seigneur ne nous invite pas
seulement à aimer ceux qui nous aiment mais le Seigneur nous invite à aimer
jusqu’à nos ennemis, à prier pour eux mais qu’en est-il effectivement en
chacune de nos vies ?
Il nous faut
peut-être opérer un bref examen de conscience quand à la réalité de notre
propre charité fraternelle. Mais avant tout qu’en est-il de la réalité de cette
charité fraternelle, qu’est ce que c’est ? Et bien, la charité fraternelle
doit nous conduire à recouvrir chacune de nos relations de la vertu éminente de
charité c'est-à-dire que dans nos relations la médisance ne doit pas avoir
cours. Cette médisance qui consiste à chuchoter telle ou telle chose que nous
prenons pour véritable concernant untel ou unetelle, ces petites choses qui
conduisent notre interlocuteur à poser un regard au mieux condescendant au pire
vindicatif sur la personne que l’on médit. La médisance est un des maux dont il
nous faut guérir, c'est-à-dire qu’il ne nous faut pas produire ni propager la
médisance et qu’il nous faut avoir le courage et la force de changer de sujet lorsqu’elle
apparaît au fil d’une conversation. Ecartons de nos vies cette attitude de
salon de coiffure qui décoiffe surtout les personnes qui ne sont pas là.
La
médisance, la calomnie, le mensonge vont bien sûr à l’encontre de la charité
fraternelle mais si nous nous interrogeons pour savoir ce qui la favorise et
bien c’est tout simplement la miséricorde. Savoir pardonner à ceux qui nous
entourent leurs manquements, leurs blessures, leurs fatigues et leurs
faiblesses. Cela na signifie pas dire oui à tout car la charité exige aussi que
nous demeurions dans la vérité mais la vérité ne doit être formulée que si elle
peut être entendue, dans cette attention quant à la capacité de l’autre à la
recevoir. C’est aussi la miséricorde qui doit nous conduire à nous soucier de
l’autre, c'est-à-dire à être attentif au moment de découragement pour porter
une parole de réconfort, être attentif au moment de colère pour porter une
parole d’apaisement..etc. Inutile de développer en ce domaine car nous
percevons tous ce qui peut être fait.
Mais en ce
dimanche, c’est à une autre dimension que le Seigneur appelle notre charité
fraternelle qui ne doit pas simplement s’appliquer à nos relations existantes
mais qui doit s’appliquer avant tout à tous les disciples du Seigneur c'est-à-dire
à l’ensemble de notre communauté. Ô je sais bien que nombreux sont ceux qui se
connaissent mais qu’en est-il de ceux qui demeurent inconnus ? Notre
communauté paroissiale doit réussir ce beau pari de la charité fraternelle
entre tous. Connaissez-vous un tant soit peu votre voisin ? Nous sommes
une communauté, communauté établie par la Foi et dans la Foi, fondée sur le
Christ Lui-même alors essayons peu à peu de nous connaître et de nous
reconnaître car celui qui est à côté ou deux bancs derrières m’est un frère et
une sœur en Jésus Christ. C’est en vivant d’une véritable charité fraternelle
que nous pourrons dès lors nous soucier des uns des autres, être attentif à
ceux qui ne sont pas présent et avoir cette attention de leur passer un coup de
fil pour savoir si tout va bien. Essayons de tout faire pour que
l’individualisme de notre temps s’arrête au moins à la porte de l’église car
l’individualisme est presque l’antithèse de la charité fraternelle. Soyons
accueillant même envers ceux qui ne sont pas de nos villages sans leur
reprocher de ne pas fréquenter leurs paroisses mais en les accueillant comme
des frères et sœurs et non comme des étrangers indésirables car notre
communauté elle est paroissiale mais elle est aussi universelle, elle est
l’Eglise.
Je sais bien
que c’est un grand effort que le Seigneur nous demande mais la charité
fraternelle vécue est et sera un des plus beaux témoignages que nous pourront
rendre au monde, témoignage de charité qui peut saisir les cœurs jusqu’à les
conduire auprès du Seigneur. Et c’est bien en ce sens que notre charité
fraternelle se transforme en charité universelle, charité prodiguée à tous dans
l’annonce de Dieu qui est charité.
Amen.